Niché au creux d'un vallon de la vallée de la Risle, où coule le Becquet, petit ruisseau de moins de 10 km de long aux eaux canalisées par les moines, Le Bec-Hellouin est un adorable village avec ses maisons à colombages entourées de verdure, déposé entre deux longues phalanges forestières. Ce ruisseau coule langoureusement au gré de moulins, granges et petites fermes normandes. Le Becquet invite à la déconnexion et au calme dans le cadre verdoyant de la campagne.
Le village tire son nom du ruisseau le Bec, appellatif normand d'origine norroise signifiant précisément "ruisseau", du scandinave bekkr "ruisseau". Hellouin se rapporte au bienheureux Herluin, fondateur de la célèbre abbaye de ce lieu. Nom de personne d'origine germanique Herlewinus formé des éléments Herle, de sens obscur, mais qu'on retrouve dans Arlette, issu de Herleva (Herlève) et dans Arlequin, issu de Herlacyning, nom français Hellequin, Hennequin et win, ami. Son nom évoque donc ses origines
Le nom de la localité est attesté sous les formes Beccus Herlevini vers 1160 dans la charte de Henri II, dans le Monasticon anglicanum, Beccus Helloini vers 1190 dans la registre Philippe Auguste, Beccus Heluyni en 1261 dans le cartulaire du Bec, Bec Heloyn en 1416, Bechelwim en 1428 aux archives de l’Eure, Bois Helloin en 1451 dans le trésor des chartes, Behellouin en 146925, Bec Aeluyn en 1521 (aveu des religieux).
Fondée aux alentours de 1034 dans la riante vallée du Bec, par un chevalier du comte normand de Brionne, un dénommé Herluin, ou Hellouin, l’Abbaye Notre-Dame du Bec est devenue rapidement un centre important de la chrétienté. Très tôt, les moines de l’abbaye ont favorisé la naissance du village pour disposer de main-d’œuvre à proximité. L’abbaye est rapidement devenue un important centre chrétien grâce à deux hommes religieux exceptionnellement puissants : Lanfranc de Pavie, qui encourage un grand programme de construction, et Anselme d’Aoste, qui favorise la pensée chrétienne. Tous deux vont rendre célèbre ce petit coin de Normandie, diffusant la profonde spiritualité développée au Bec bien au-delà des frontières, notamment en Angleterre. L’Abbaye Notre-Dame du Bec donna ainsi à l’Angleterre nombre de ses archevêques et abbés et reste toujours très liée à l’Université de Cambridge.
L’année 1417, pendant la seconde moitié de la guerre de Cent Ans, s’avère être une année particulièrement sombre ; l’abbé de l’époque, craignant une attaque dévastatrice des troupes anglaises en maraude, applique une politique de la terre brûlée qui provoque la destruction du village mais n’empêche pas l’ennemi anglais de prendre le contrôle de l’Abbaye Notre-Dame du Bec. A la Révolution, les bâtiments monastiques sont transformés en caserne de cavalerie. Les moines ne reviennent qu’en 1948, suivis, l’année suivante, par quelques religieuses, qui font construire un couvent séparé. Aujourd'hui, une communauté de moines bénédictins occupe toujours les lieux. Le site se visite tous les jours, soit en visite libre soit en visite guidée.
Le Bec-Hellouin est aussi un village qui mérite la visite. Tous ici sont tournés vers l’Abbaye Notre-Dame du Bec , vivant au gré de ses hauts et de ses bas, des moments de grande joie aux moments de désespoir. Le village étant petit, on peut facilement se représenter la vie foisonnante d’un village médiéval lorsque l’abbaye bénédictine rayonnait. Le visiteur peut imaginer les décors d’antan au milieu des rues pavées, des façades à colombages et la relation étroite avec la nature environnante. Les façades des petites maisons à colombages ont été préservées et les voiries et espaces publics fleuris ont été refaits à neuf. Les fleurs jonchent les murs, les balcons et les rues. Le Bec-Hellouin se distingue non seulement par son patrimoine religieux mais aussi par son cadre agréable.
Dans ce bourg, l'ambiance est délicieusement surannée, empreinte de sérénité. Par la simple présence de l'abbaye, la flânerie chez les antiquaires ou la petite pause en terrasse d'un café prend, que l'on soit croyant ou non, une dimension particulière... Les maisons aux colombages colorés sont regroupées autour de l’église Saint-André. Bâtie en 1039, cette dernière dépendait tout d’abord de l’abbaye. Juste après la Révolution Française, en 1792, le tombeau du Bienheureux Hellouin fut déplacé au sein de l’édifice. De nos jours, il se trouve au centre de l’abbaye.
Le visiteur passera le porche du mur d'enceinte de l’Abbaye Notre-Dame du Bec où vit une communauté d'une quinzaine de moines bénédictins de la congrégation de Sainte-Marie de Mont-Olivet. À droite, la tour Saint-Nicolas s’élève gracieusement au-dessus des bâtiments religieux des environs. Datant de la fin du XVe siècle, elle domine les longs bâtiments monastiques et l'église abbatiale. Vestige le plus ancien de l'abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin, la tour Saint-Nicolas, joyau gothique a résisté aux destructions de la guerre de Cent Ans et de la Révolution. À chaque angle de la tour, deux statues monumentales représentent sainte Marie, saint Benoît, saint Nicolas, saint Jean, saint Michel, saint Jacques, saint Louis et saint André. Dans leur atelier, les religieux fabriquent en silence des faïences artisanales vendues au magasin de l'abbaye près de la librairie.
Il faut également découvrir le cloître, d'inspiration classique avec sa terrasse italienne, et le monumental escalier des mâtines. Si la tour Saint-Nicolas, le cloître et l'église abbatiale vous ont impressionné, l'architecture grandiose des bâtiments conventuels vous laissera pantois. Les bâtiments actuels ont été reconstruits aux XVIIe et XVIIIe siècles par les moines de la congrégation de Saint-Maur. Disposés en une double équerre, ces bâtiments, reconstruits entre 1742 et 1750 par les moines affichent un style Régence très proche de l'architecture civile alors en vogue : immenses baies plein cintre à clés ornées de cartouches rocaille, linteaux en arc de cercle, consoles décorées de feuilles d'acanthe, frontons d'armoire, balustrades en fer forgé…
Si vous le pouvez, allez jeter un oeil à la bibliothèque, toute lambrissée de chêne massif. Enfin, dans la nouvelle église abbatiale, ancien réfectoire mauriste, les amateurs de chants grégoriens assisteront à l'office, qui prend une résonance encore plus magique le dimanche, quand les moniales du monastère de Sainte- Françoise-Romaine se joignent aux moines…
En plus de son abbaye, Le Bec-Hellouin possède également un monastère à deux kilomètres, le monastère Sainte Françoise Romaine construits en 1950. Le monastère Sainte-Françoise Romaine abrite des sœurs "oblates" de l'abbaye Notre-Dame du Bec, qui viennent également de Cormeilles-en-Parisis. Elles ont rejoint les moines dès 1949 après avoir construit leur monastère, installées à proximité de l'abbaye des frères conformément à la tradition léguée à l'Église par sainte Françoise Romaine dès le XVe siècle. Le monastère des sœurs a à sa tête une prieure élue par la communauté. Pour leur profession monastique les sœurs novices remettent leurs vœux entre les mains de l'abbé, à l'abbaye. Également, les jours de fête et les dimanches, les sœurs se rendent à l'abbaye pour participer aux offices majeurs (messes, vêpres, vigiles).
À la sortie du village, une ancienne station de gare ne voit guère passer plus de train. Comme si le temps s'était arrêté dans ce petit paradis. Il est agréable de se balader sur les chemins calme de la campagne et le long de la voie verte en contrebas du village, à pied ou à vélo depuis les venelles où s'épanouissent d'odorantes plantes vivaces du Bec-Hellouin. Ces petits chemins parcourent le bocage, que l’on suit sans savoir où ils mènent, et qui débouchent sur un ancien lavoir, en bord de ruisseau. Une petite pause pour contempler le magnifique paysage est toujours agréable. Vous pourrez aussi pousser jusqu'à Pont-Audemer, surnommée la Petite Venise normande ou le village d'Harcourt avec son château médiéval et son arboretum remarquable.