Histoire de la Charente-Maritime (17)
Les premiers hommes qui choisirent le département pour villégiature s'installent au paléolithique inférieur (de 780 000 à 180 000 ans avant J.-C.). Ils vivent sur la plage, brisent des galets pour s'en faire des armes et tentent d'apprivoiser le feu. Puis c'est le paléolithique moyen (180 000 à 31 000 ans avant J.-C.). Les chercheurs ont retrouvé des traces de la civilisation acheuléenne, en Charente.
A cette époque, l'Homo-erectus chasse le bison ou le lion, il possède pointes, racloirs et scies en silex et a domestiqué le feu. Dans la région de Saint-Césaire, non loin de Saintes, le squelette d'une jeune néanderthalienne, âgé de 34 000 ans a été découvert en 1979, elle fut baptisée " Pierrette ". Les paléontologues ont trouvé à ses côtés des outils qu'ils attribuèrent à la période de l'homme de Cro-Magnon.
Au néolithique (de 7 500 à 2 500 ans avant J.-C.), l'autochtone devient résident et se lance dans l'agriculture, il cultive le blé et l'orge, certes de manière sommaire mais tout de même ! Il élève également des ovins et des caprins (élevage toujours en vigueur dans la région). La généralisation du polissage et de la céramique l'entraîne petit à petit vers l'artisanat et le travail des métaux (bronze et cuivre). Il devient également bâtisseur, outre les dolmens (table de pierre) il érige aussi des monuments qu'il voue au culte des morts.
Antiquité
L'âge du bronze conduit les Celtes vers une période gallo-romaine (du Ier au IIIe siècle) plutôt faste dans le département. Le Poitou-Charentes fait partie de la grande province du Sud-Ouest, l'Aquitaine (dont la capitale est Saintes) et qui correspond aux régions actuelles d'Aquitaine, de Poitou-Charentes et du Limousin, provinces romanisées qui connurent une réelle prospérité.
Les peuples gaulois des Pictons, ainsi nommés parce qu'ils se peignaient le visage en bleu et rouge pour effrayer leurs ennemis (l'origine des noms " Poitou " et " Poitiers ") et des Santons (l'origine des noms " Saintes ", " Saintonge ") se sont ralliés assez vite à la cause romaine au lendemain de la défaite de Vercingétorix à Alésia (en 52 avant J.-C.). La grande ville de l'époque gallo-romaine est Mediolanum Santorum (" la ville du milieu de la plaine ", Saintes). Au IIIe siècle, le christianisme progresse en Gaule et apparaît dans le département suite à l'édit de Milan qui établit la liberté religieuse en 313 sous le règne de Constantin Ier le Grand (Caïus Flavius Valerius Aurelius Contantinus).
Moyen-âge
L'Empire romain vacillant en Gaule, les Barbares envahissent le département. En 418 l'empereur romain Flavius Honorius cède aux Wisigoths l'autorité sur tout le Sud-Ouest. La Gaule reste sous cette influence jusqu'à l'arrivée de Clovis Ier qui devient roi des Francs Saliens de Tournai au décès de son père Childéric Ier. Les Wisigoths occupent la région durant près d'un siècle et créent des domaines notamment à Gourvilette, près de Matha. Ils sont délogés par les Francs à Vouillé en 507.
Quatre ans plus tard, la mort du premier roi des Francs (511) ouvre une nouvelle période de troubles. Selon la coutume franque, le royaume de Clovis est partagé entre ses quatre fils. Tout juste conquise, l'Aquitaine est morcelée. C'est ainsi que Poitiers connu plus de 20 seigneurs en moins de deux siècles. Charles Martel, maire du palais d'Austrasie et de Neustrie (tout le nord de la Loire, y compris une partie de la Belgique et de l'Allemagne de l'ouest) arrête l'invasion sarrasine à Poitiers en 732, lors d'une bataille inscrite dans tous les manuels d'histoire. Cette victoire est la première de l'occident chrétien sur les musulmans.
En 781, la Saintonge devient partie intégrante d'u nouveau royaume d'Aquitaine fondé par Charlemagne, fils de Pépin le Bref et petit-fils de Charles Martel qui sera couronné Empereur d'occident à Rome en l'an 800. Durant quelques décennies, la région connaît une période de paix qui prend fin en 843 avec l'arrivée des premiers drakkars vikings. L'Aunis et la Saintonge deviennent des proies faciles pour les Normands qui installent quelques bases et pillent la côte charentaise, avides de ses richesses comme le sel et le vin. Ils parviennent même jusqu'à Royan, Saujon et Saintes ! Face à la faiblesse de l'autorité royale, les seigneurs locaux réagissent en bâtissant des châteaux (Surgères, Matha) et en installant notamment la tour de Broue.
Le Xe siècle voit la création d'une nouvelle entité, l'Aunis, et l'arrivée des premiers pèlerins qui traversent la région de Poitiers à Pons en passant par Melle, Aulnay, Saint-Jean-d'Angély et Saintes. Aux Xe et XIe siècles les comtes du Poitou et de l'Angoumois règnent sur la région jusqu'à la mort Guillaume X qui, sans héritier mâle, cède le duché d'Aquitaine à sa fille Aliénor. Le XIIe siècle est une période faste.
À l'image de La Rochelle, la région prospère grâce au sel produit dans les salines des îles de Ré et d'Oléron et voit l'établissement de plusieurs abbayes et de nouveaux moulins. En 1137, Aliénor d'Aquitaine, dotée du sud-ouest de la France, épouse le prince Louis, futur roi de France, Louis VII. Mais en 1152, le divorce est prononcé.
Deux mois plus tard, l'ancienne reine française épouse Henri Plantagenêt - qui deviendra roi d'Angleterre en 1154 - et lui apporte le duché d'Aquitaine dont elle a repris possession. Henri II, puis Richard Cœur de Lion, et Jean sans Terre, ses fils, se succèdent sur le trône d'Angleterre. Après avoir promulgué le premier code maritime d'Europe (les rôles d'Oléron), Aliénor accorde en 1199 des libertés communales à quelques villes dont Saintes et Saint-Jean-d'Angély (La Rochelle a bénéficié d'une charte en 1175). À sa mort, en 1204, à 82 ans, le roi Philippe Auguste s'empare de Poitiers, mais le Poitou ne sera annexé qu'en 1224 après le rattachement de l'Aunis et de la Saintonge au royaume de France.
Après l'arrivée de la peste et la trêve d'un an, le roi de France lance une offensive sur Saint-Jean-d'Angély, Soubise et Surgères. En 1360, a lieu la troisième bataille de Poitiers, à Nouaillé-Maupertuis, où Jean le Bon est battu et fait prisonnier par le Prince Noir. Le 8 mai, le fameux Traité de Brétigny redonne le Poitou, l'Aunis, la Saintonge et l'Aquitaine aux Anglais. La fin du XIVe siècle est marquée par de nombreuses batailles qui conduisent à la prise de places fortes. L'île d'Oléron, l'île de Ré, l'île d'Aix et Saintes ouvrent leurs portes aux armées françaises. Le Poitou revient dans le giron français grâce aux troupes de Du Guesclin en 1373. Charles VII est couronné à Poitiers en 1422. La bataille de Castillon met fin à la guerre de Cent Ans en 1453.
De la Renaissance à la Révolution
Deux ans après la découverte de l'Amérique par Colomb, le futur François Ier naît à Cognac en 1494, il succède à Louis XII, son cousin, en 1515. Le " roi-chevalier " sera l'un des fondateurs de l'Etat moderne. Il ouvrira la France au mercantilisme favorisant ainsi la montée de la bourgeoisie. En 1539, l'Ordonnance de Villers-Cotterêts fait remplacer le latin par le français dans les actes notariés, les jugements et les registres d'état civil.
La région retrouve une certaine prospérité grâce au commerce du sel et à la pêche à la morue, mais elle se trouve frappée par des révoltes liées à la gabelle. Dès 1562, les guerres de Religion qui voient s'affronter huguenots et catholiques représentent un désastre sur le plan humain et économique. Il faut attendre 1598 et la proclamation de l'édit de Nantes pour que le pays retrouve calme et prospérité.
En 1533, Jean Calvin qui conteste la toute-puissance du pape est condamné par le parlement de Paris. Il se réfugie en Charente, où il continue de prêcher et d'écrire. Il est reçu à Poitiers, ville intellectuelle et bouillonnante, où son prosélytisme fait merveille. Il y recrute de nombreux disciples. Recherché, il retourne se cacher dans la campagne angoumoisine avant de fuir vers Genève. L'exil du maître n'empêche pas ses idées de se propager dans la région.
En 1557, Poitiers accueille la première assemblée pastorale de la Réforme. En 1558, un important colloque se tient dans la cité sur le thème de la prédestination. Poitiers, encore, accueille un synode national en 1561. L'année suivante, la ville passe tantôt aux mains des catholiques, tantôt à celles des huguenots. Finalement, les catholiques prennent le dessus. En 1568, La Rochelle, qui avait rallié le camp de la Réforme, devient un centre protestant, interdisant le culte catholique de 1588 à 1599.
La propagation du protestantisme touche la plupart des villes moyennes. Le début du XVIIe siècle est aussi celui du retour à la paix et du départ de grands explorateurs comme Pierre Dugua de Mons et Samuel de Champlain, qui fondera la ville de Québec en 1608. En 1627 intervient le fameux siège de La Rochelle : Richelieu interdit l'accès au port en construisant une immense digue. La cité rochelaise résiste une année entière puis capitule. En perdant son principal bastion dans le département, la Réforme recule.
Des temples sont démolis, les places de sûreté retournent sous le giron catholique et royal. Les huguenots abjurent leur foi ou s'expatrient. Le protestantisme ne parvient à perdurer qu'en milieu rural. La révocation de l'édit de Nantes, en 1685, porte un coup terrible aux derniers espoirs des réformés. Dragonnades, persécutions, emprisonnements se multiplient. Des côtes de Charente-Maritime, plusieurs milliers de personnes quittent la France. Le protestantisme se résume alors aux prêches des pasteurs itinérants, aux assemblées clandestines...
De la Révolution au XXIe siècle
Au XVIIIe siècle, sous l'impulsion des intendants, dont Guéau de Reverseaux de La Rochelle, Saintes se dote d'un urbanisme moderne avec le percement de grands axes. La construction de digues accélère le colmatage naturel et l'assainissement de l'anse de l'Aiguillon. La période est également propice au développement de l'artisanat et de l'agriculture avec l'introduction du maïs et l'amélioration des techniques de production de l'eau-de-vie.
Mais le XVIIIe siècle est aussi marqué par des vagues de froid jusqu'en 1789 et la richesse des ports, à l'image de La Rochelle qui pratique le commerce triangulaire. Seul Brouage, victime d'envasement, décline. Le siècle des Lumières voit la création à La Rochelle de l'Académie des belles lettres et l'École de médecine navale à Rochefort, tandis qu'un homme, le jeune marquis de La Fayette, embarque sur la frégate L'Hermione - désormais reproduite à l'identique - pour délivrer des informations secrètes au général George Washington. En 1789, Paris fait sa révolution et l'année suivante, le 4 mars 1790, l'Assemblée constituante crée le département de la Charente inférieure (l'Aunis et la Saintonge).
Le choix du chef-lieu départemental est cornélien et c'est finalement Saintes qui est choisi. La Terreur sévit aussi chez nous. Rochefort devient le seul grand arsenal de la République. Surtout, la ville est dotée d'un tribunal révolutionnaire qui commet les pires exactions. Le XIXe siècle s'ouvre avec la venue de Napoléon. Désireux d'inspecter les fortifications du littoral, il fonde La Roche-sur-Yon l'année de son sacre en 1804. En 1806, il met en place le blocus continental dans le but de priver l'Angleterre de ses débouchés commerciaux.
Quatre ans plus tard, l'empereur établit un décret octroyant à La Rochelle la place de chef lieu aux dépends de Saintes qui gardera cependant le siège de la cour d'assises. En 1815, Napoléon passe ses dernières heures en terre française, il embarque de l'île d'Aix et pense pouvoir se mettre sous la protection de ses anciens ennemis et rejoindre les États-Unis. La modernité avance sur des rails entre Poitiers et La Rochelle, avec l'ouverture d'une ligne de chemin de fer en 1857. Le développement du train rend le littoral plus accessible et favorise l'émergence des stations balnéaires (Fouras, Châtelaillon, Royan, Saint-Trojan-les-Bains).
Le début du XIXe siècle est aussi l'âge d'or de la production d'eau-de-vie. Mais deux ans après la proclamation de la troisième République, un parasite, le phylloxéra, décime la majeure partie des vignobles charentais et saintongeais. La Saintonge se tourne alors vers l'agriculture, la culture céréalière notamment et l'élevage de bovins. Eugène Biraud fonde la première laiterie coopérative de France en 1888, à Chaillé près de Surgères.
La même année Boulanger est élu député de Charente-Inférieure. Le 18 août 1890, Sadi Carnot, alors président de la République, inaugure le port de La Pallice à La Rochelle tandis que la mode des bains de mer modifient le littoral. Les stations balnéaires se transforment, accueillant villas balnéaires, hôtels modernes et casinos. En cette fin de siècle, le chef-lieu du département est en effervescence. Il accueille en 1895 un homme qui déchaîne les passions : Albert Dreyfus. Le capitaine est transféré à la citadelle de Saint-Martin-de-Ré avant d'être déporté vers les îles du Salut.
De nos jours
En 1905, Emile Combes, anti-calotins notoire, maire de Pons (Charente-Inférieure) et président du Conseil de 1902 à 1905, prépare et fait voter, avec Georges Clemenceau (né en Vendée et président du Conseil de 1906 à 1909) la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Mais Emile Combes assiste également à l'inauguration du réseau de chemin de fer sur l'île d'Oléron le 24 avril 1904. " L'Economique " desservira Saint-Denis depuis Saint-Trojan, jusqu'en 1930. Le début du XXe siècle est d'ailleurs le théâtre de la pire catastrophe ferroviaire qu'ait connu la Charente-Maritime. Le 14 août 1910, un train de voyageurs percute un train de marchandises dans la gare de Saujon occasionnant la mort de 38 personnes. Comme dans d'autres départements, le 1er août 1914, les cloches des églises annoncent le début de la guerre. Trois ans plus tard, le site de Talmont est choisi par les Américains pour abriter un port en eau profonde. Le projet " Wilson " prévoit d'accueillir plusieurs cargos et la création d'une voie ferrée ainsi qu'une vaste gare de triage. La signature de l'armistice met fin au projet.
L'exode rural et le premier conflit mondial ont fait perdre 8 % de sa population à la Région Poitou-Charentes. Mais durant l'entre-deux-guerres, l'économie reprend avec la construction du port de la Pallice, la vigueur des chemins de fer de Saintes et celle des stations balnéaires qui connaissent les années folles.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Charente-Inférieure subit l'occupation allemande. Le littoral est fortifié, comme en témoignent aujourd'hui encore les nombreux blockhaus. Un important dépôt de munitions - le deuxième de France - est aménagé dans les carrières d'Heurtebise, près de Jonzac, et une base sous-marine est construite à La Rochelle. En 1941, la Charente n'est plus Inférieure mais Maritime.
A la libération, ce sont au tour des Allemands de faire de la résistance dans les poches de Royan et de La Rochelle. Libérée, Royan n'en demeure pas moins détruite à 85 %. La ville est alors choisie pour être " laboratoire de recherche sur l'urbanisme ". En 1966, Oléron perd son caractère insulaire. C'est la première île française à être rattachée au continent par un viaduc de 3 027 mètres de long.
La Région Poitou-Charentes naît en 1972, en même temps que l'institution des " établissements publics régionaux ". En 1976, trois ans après l'ouverture du port des Minimes, la Charente-Maritime est frappée par le terrible incendie qui ravage la forêt de la Coubre. Le zoo de la Palmyre est sauvé de justesse par les secouristes et son fondateur, Claude Caillé. Cinq ans plus tard, avec l'avènement de la loi Deferre, de nombreuses compétences sont transférées de l'Etat vers la Région, tandis que l'exécutif des préfets revient au président du conseil régional.
Le tracé du Parc naturel régional du Marais poitevin, Val de Sèvre et Vendée est institué en 1979. En 1988, l'île de Ré rejoint sa grande sœur dans le deuil de l'insularité. Elle est reliée au continent par un viaduc long de 2 960 mètres. En 1993, les rochelais goûtent à deux bonheurs. D'une part, ils se rapprochent inexorablement de la capitale avec l'arrivée du TGV. D'autre part, ils peuvent poursuivre leurs études grâce à la création de l'université. La fin du XXe siècle est placée sous le signe des catastrophes naturelles.
En 1982 et puis 1994 la côte de la Charente franchit des sommets. Le fleuve sort de son lit pour déverser son trop plein d'eaux dans les communes environnantes. Saintes se retrouve une fois de plus inondée. Avant de franchir le cap du XXIe siècle, la Charente-Maritime est frappée par une tempête d'une rare violence.
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