Histoire de Navarrenx (Bastide-64)
Navarrenx est situé dans les Pyrénées-Atlantiques, en région Nouvelle-Aquitaine, à 30 km à l'ouest de Pau et 20 km au nord d'Oloron-Sainte-Marie. Navarrenx est l'une des plus ancienne cité du Béarn. Etape sur les chemins menant à Compostelle, cette bastide médiévale a pour particularité d'être également la première cité bastionnée de France... On trouve des traces de son existence dès le 1er siècle après Jésus-Christ. Son nom vient du latin "Sponda Navarrensi", signifiant "la bordure de la Navarre". Elle fut, dans la première moitié du XVIe siècle, la principale place forte du Béarn.
Cette ancienne bastide est membre de la très cotée Association des Plus beaux villages de France, et détient par ailleurs le label de station verte. C'est son patrimoine historique exceptionnel et mis en valeur de manière pertinente qui explique cette reconnaissance. Partez à la découverte de la riche histoire de cette cité situé en plein cœur du Béarn des Gaves. Explorez cette bastide datant du XIIIe siècle, pour un voyage à travers les époques, grâce aux vestiges de ce patrimoine marqué par l’histoire. Maison dite de Jeanne d’Albret, la Poudrière, l’Eglise Saint Germain, l’Arsenal, la Fontaine militaire.
Sa situation surplombant le gave d’Oloron au niveau d’une voie d’accès à la Navarre a de longue date eu un rôle stratégique important . Partez à la découverte de son histoire
A Navarrenx, les pierres ont une histoire. Des traces d'habitats sur le site remontent aux premiers siècles de notre ère. La cité de Navarrenx est signalée dans un cartulaire de XIème siècle. En effet, vers 1078 une charte fait pour la première fois mention écrite du nom de la commune. Navarrenx (Navarrensis et non sponda Navarrensis) y est citée cinq fois.
Il s'agit d'un accord perpétuel entre Centulle V de Béarn dit le jeune, vicomte de Béarn et d'Oloron, comte de Bigorre et son vassal Raimond-Guillaume Ier dit Salamace vicomte de Soule. Celui-ci se présentera à Navarrenx pour réparer les torts faits aux Béarnais par les Souletins. Il pourra en faire raison et justice soit par serment, soit en payant une amende, soit par ordalie. Dans ce cas le texte dit que le duel se fera, non pas sur la rive du gave du côté de la Soule, mais en la rive du côté de Navarrenx (Quod bellun fiet non in ripa Soulensi, sed in sponda Navarrensi). L'endroit est encore connu de nos jours sous le nom de camp batalhè.
Ce fut, dès l'origine, une ville frontière. En 1188, une charte de Gaston VI dite du "pont de Navarrenx" prévoit la construction d'un pont de pierre, l'établissement d'un marché par quinzaine ainsi qu'un périmètre de "sauveté" avec "hospitau" et chapelle. Les limites du marché sont fixées dans cet espace resserré entre le Gave et le ruisseau qui passe au château et terminé d'un côté par le village et de l'autre par le chemin de Navarre qui passe par Meritein où la croix sert de borne.
Le premier château fort a été édifié par les vicomtes du Béarn afin de contrôler l’accès aux cols de Somport et Roncevaux non loin de là, frontières naturelles avec le royaume de Navarre.
Soit notoire à tous que Mgr Gaston a considéré l'honneur et le profit qui revient à lui et à sa terre de Navarrenx. d'établir cette charte. Le pont est finalement construit, non loin de son confluent avec le ruisseau de Laroderr. Il facilite l'accès aux cols pyrénéens et à la Navarre, notamment pour les pèlerins du chemin de Saint Jacques de Compostelle. En effet, le village est une étape importante sur la voie du Puy au carrefour des chemins conduisant au col du Somport à l'est et de Ronceveaux à l'Ouest.
Du château-fort à la bastide
Sur la hauteur à l'ouest, au confluent du gave et du Larroder, se trouvait le château vicomtal "la Casterasse" (forteresse). Edifiée pour servir de base de départ à la reconquête du Royaume de Navarre, la place ne put jamais remplir son office. En revanche, son nom se trouve associé aux deux crises majeures qui mirent définitivement fin à l’indépendance du Béarn et de la Basse-Navarre. En 1286, dans son testament, Gaston VII Moncade vicomte de béarn stipule, en accord avec les vieux fors, que ce château ne peut être ni aliéné ni hypothéqué.
En 1316, ayant obtenu le for de Morlaàs, elle dotée par la vicomtesse Marguerite Mathilde, d'une charte de Bastide, dont la place centrale et les rues à angle droit de Navarrenx gardent le souvenir. Le bourg reçoit donc le statut de bastide. Le site s’y prête bien, de par la présence d’un éperon rocheux au dessus de la rivière, et d’une fontaine débitant 1700 litres d’eau à l’heure en toutes saisons. Le bailliage de Navarrenx englobait en 1343 les communes d'Araujuzon, Audaux, Dognen, Gurs, Méritein, Sus, Laàs, Ossenx et le hameau de Geup (Castetbon).
En 1385, Navarrenx comptait 85 feux et Bérérenx 10. Il y avait à Bérérenx une abbaye laïque, vassale de la vicomté de Béarn. En 1388, Gaston Fébus, comte de Foix, vicomte de Béarn fait emprisonner les jurats de Navarrenx jusqu'à ce que les habitants acceptent de contribuer aux réparations de son moulin sur le gave. Entre 1412 et 1415, de nouvelles réparations furent effectuées par les cagots de l'arribère, sous la direction de Berduquet de Caresuran, architecte de valeur.
Le 24 juillet 1507, la ville prête foi et hommage à Catherine de Navarre pour le moulin fondat en lo fluby deu gabe. Par privilège ce fort beau moulin appartiendra plus tard à la communauté de Navarrenx, dont les archives mettent en évidence le grand nombre de réparations effectuées. Lors de la suppression des droits féodaux l'État le séquestra pour le revendre en 1813 par adjudication publique. En 1523, les Castillans conduits par Philibert de Chalon, Prince d'Orange, s'emparent de la ville et détruisent ses défenses.
Les premières fortifications modernes
Les premiers chantiers modernes débutent en 1538. Henri II d’Albret, beau-frère et allié de François Ier, transforme Navarrenx en une forteresse bastionnée du royaume de Navarre, face à l’Espagne de Charles Quint. Le projet pour les remparts est dessiné par l’ingénieur italien Fabricio Siciliano ; le chantier est dirigé par François Girard, maître maçon bayonnais. Ces constructions s’achèvent en 1547.
L’enceinte comprend deux bastions à orillons, deux demi-bastions à orillons et une demi-lune. Ces ouvrages sont répartis sur les fronts de campagne des remparts et sont précédés de fossés secs. Les flancs situés le long du cours d’eau sont composés d’une simple muraille. Un arsenal en U est édifié à l’intérieur du corps de place.
Elles furent dotées d'un nouveau système de fortifications bastionnées dès 1538 à 1549 : Henri d'Albret et Marguerite d'Angoulême, rois de Navarre, par l'architecte italien Fabricio Siciliano, avec 1,66 km de remparts hauts de 10 mètres, aux murs calfeutrés de terre et percés de portes fortifiées, quatre bastions sur le modèle de la citadelle de Lucques, en Toscane, redans, demi-lune, échauguettes, galeries souterraines de contre-mines59,60. Un magasin à poudre et une fontaine militaire (1700 l/h en été) complètent ce système défensif ainsi qu'un arsenal construit ultérieurement (1680).
Entre 1550 et 1569, Jeanne d’Albret, fille d’Henri II d’Albret et mère d’Henri IV de France, renforce les défenses de la place qui devient un réduit de sûreté du Béarn et de la Navarre, ainsi qu’une place protestante. En 1562, le Seigneur de Béarn, Antoine de Bourbon, meurt en combattant sous les murs de Rouen. Sa veuve, Jeanne d’Albret, mère du tout jeune Henri de Bourbon, futur Henri II de Foix-Béarn, Henri III de Navarre et Henri IV de France, assume alors seule le pouvoir, son fils n’ayant que 9 ans.
Huit ans après la mort d’Henry d’Albret, le 1 er avril 1563, le jour de Pâques, Jeanne d’Albret se convertit au Protestantisme dont elle fait profession publique à Navarrenx. Elle l’impose alors par la force, selon les coutumes de l’époque, à ses fiefs, le Royaume de Navarre et le Béarn. Dans les circonstances de l’époque, Jeanne devint l’un des chefs politiques du protestantisme “français”.
En 1568, alors qu’elle venait de rejoindre Condé et Coligny à La Rochelle, le Roi de France, Charles IX, considére que cette retraite au milieu des Huguenots, alors révoltés contre lui, comme un acte d’hostilité. Il profite donc de son absence pour envoyer au secours des catholiques béarnais une armée dite “de protection”, commandée par le Général Antoine de Lomagne, Seigneur et Vicomte de Terride, avec pour mission d’investir et de “délivrer” le Béarn.
Incapable de pourvoir à la défense de toutes les cités béarnaises, le Lieutenant Général de la Reine, Bernard d’Arros, parvient à se replier dans Navarrenx. Avec l’aide du gouverneur chargé de la défense de la place, Bertrand de Gabaston, seigneur de Bassillon, il allait animer la défense de la ville. Bernard d’Arros disposait de 400 à 500 soldats que rejoignit une partie de la garnison d’Oloron, ayant échappé à la capture; beaucoup étaient des “Bisognes”, recrues inexpérimentées, mais animés d’une solide motivation. Sous l’autorité de ces deux hommes, le commandement des divers “quartiers” se partage entre les capitaines Brassaley, Lamote, Cortade et Moret.
Dans le camp adverse, l’effectif dont aurait effectivement disposé Terride varie du simple au triple selon les estimations. 12 000 hommes selon certaines, dont 4000 Gascons sous les ordres de Sainte-Colomme, 6000 Navarrais et Souletins commandés par le Comte de Luxe et 2000 volontaires catholiques béarnais. Sans doute plus proches de la vérité, d’autres sources parlent de 33 compagnies françaises et de quelques centaines de Béarnais, soit environ 4000 hommes au total, voire 800 seulement certains jours !
Quoiqu’il en soit, cette armée manquait de cohésion, son ravitaillement laissait à désirer et Terride semblait être un médiocre capitaine. L’avant-garde de Terride se présenta devant les remparts le 27 avril 1569 et la ville reçut les premiers boulets de l’artillerie ennemie le 24 mai.
Les assaillants disposaient de trois batteries de quatre pièces chacune: celle de Montballon (située sur la colline du même nom) battait le bastion de Méritein et la Castérasse; celle de Bérérenx tirait sur la porte Saint-Germain et celle installée de l’autre côté du gave, à Susmiou, contre le pont et la Porte Saint-Antoine. Mais toutes les pièces étaient à près de 800 mètres des remparts, soit la portée maximale des canons de l’époque, et, aucun réglage précis n’était possible à cette distance.
De plus, ce tir était obtenu en tirant à toute volée, c’est-à-dire en donnant à la pièce la plus grande inclinaison possible, celle d’un angle de 45 degrés, mais sans possibilité de viser. Le boulet ainsi envoyé décrivait une parabole et retombait ensuite presque verticalement, avec pour seul effet de traverser un toit ou d’atteindre, totalement par hasard, quelque habitant ou soldat. La portée de “but en blanc”, c’est-à-dire en visant un point déterminé, était infiniment moins forte et ne dépassait pas 4 à 500 mètres.
Les assiégés avaient, de leur côté, installé leur artillerie sur les plates-formes des bastions et concentré plusieurs pièces à la Castérasse.
Chaque jour, se poursuivit un duel d’artillerie, par salves espacées et peu meurtrières. Nul bombardement n’était en mesure de réduire la place: seul un assaut pouvait l’enlever, “ mais la vigueur de l’attaque fût toujours inférieure à celle de la défense ”. Le 27 mai, Terride fit une tentative pour forcer le pont et atteindre la Castérasse. Ses hommes furent repoussés et d’Arros fit murer le pont et creuser un fossé. Les troupes catholiques commencèrent alors à creuser des tranchées pour se rapprocher des remparts.
De leur côté, les assiégés effectuèrent une série de sorties victorieuses poussant souvent fort loin leurs reconnaissances, et détruisirent les tranchées devant la Castérasse et la batterie de Méritein.
Début août, l’arrivée en Béarn d’une armée protestante de secours commandée par Montgomery sonna le glas des troupes de Terride, qui levèrent le siège le 8 août et essayèrent de se réfugier à Orthez, où ils durent se rendre quelques jours plus tard. Les chefs catholiques qui s’étaient rendus avec promesse d’avoir la vie sauve furent conduits à Navarrenx. Six d’entre-eux, considérés comme coupables de lèse-majesté en leur qualité de Béarnais furent massacrés traîtreusement.
Après les dégâts provoqués par les troupes de Terride, le Béarn dut souffrir des représailles sanglantes et destructrices de celles de Montgomery, ajoutant une nouvelle page noire à cette période inhumaine des Guerres de Religion. A Navarrenx, le gouverneur Bassillon fut “ massacré sur la rue, car disait-on, il avait intelligence avec l’ennemi ”. Montgomery le remplaça par Arnaud de Gachissans, seigneur de Sales, qui gouverna la cité jusqu’en 1620, laquelle était devenue pendant cette période de 50 ans une place de sûreté, un refuge pour les protestants béarnais.
En 1569, elle devait prouver son efficacité en permettant aux huguenots béarnais de résister aux troupes françaises de Terride, de mars à juillet, jusqu'à l'arrivée des secours de Gabriel de Montgommery. Les églises béarnaises et bigourdanes qui se trouvèrent sur le passage du régicide involontaire du roi Henri II subirent un vandalisme irréparable.
En 1572, Jeanne d’Albret mourrait, laissant la souveraineté du Béarn et de la Navarre à son fils Henri alors âgé de 21 ans. En 1584, la mort du Duc d’Anjou fit du Béarnais l’héritier de la couronne de France. En vue des luttes qu’il prévoyait, celui-ci établit à Navarrenx sa place d’armes et son arsenal. De plus, il confia la régence du Béarn à sa soeur Catherine qui pendant 2 ans et demi vint se réfugier à l’abri des remparts. La place conservait une réelle capacité militaire et jouait un rôle important dans l’échiquier des guerres politiques et religieuses en Aquitaine.
Assassiné par Ravaillac en 1610, Henri IV laissait le Royaume de France à son fils Louis XIII. Malgré l’opposition du Parlement de Navarre, celui-ci est bien décidé à lier définitivement le sort du Béarn et de la Navarre à celui de la France. Un édit fût d’ailleurs pris dans ce sens le 31 décembre 1616.
Le siège de 1620 ou le coup médiatique de Louis XIII.
En 1620, la place est prise par Louis XIII qui proclame l’union du Béarn à la France et y restaure le catholicisme. A cette époque, le gouverneur de Navarrenx, M. de Sales, fils du précédent, est âgé de plus de 80 ans au moment où Louis XIII vient rétablir son autorité par la promulgation de l’Edit d’Union du Béarn, de la Navarre et de la France, et par la même occasion, faire appliquer l’Edit de Fontainebleau, restaurant le culte catholique en Béarn.
Reçu très froidement à Pau par la population et le Parlement de Navarre, Louis XIII se dirigea vers Navarrenx, place “ en bon état et bien fournie en provisions de guerre et de bouche, mais dont la garnison était très insuffisante ”. Le Roi fit savoir à de Sales qu’il serait élevé au rang de Maréchal de Camp et recevrait une récompense de 60 000 livres si la place se rendait sans difficultés. Les portes furent ouvertes: “ il n’en coûta pas la mèche d’un canon ”, que la suite de Louis XIII ne possédait d’ailleurs pas. À cette date, la ville cesse d'être "place de sûreté" pour les Huguenots.
Le souverain rétablit le culte catholique à Navarrenx en assistant à une messe chantée par l'évêque Arnaud IV de Maytie dans l'église même où sa grand-mère Jeanne d'Albret, reine de Navarre et souveraine de Béarn, avait publiquement fait profession d'attachement au calvinisme le jour de Pâques 1563. Pour conserver la mémoire de cet événement, il fit placer au-dessus du portail de l'église une couronne de lauriers avec l'écusson de France. Ce faux siège permit à Louis XIII de s’emparer de ce qui restait du trésor des rois de Navarre, de désarmer la population et de faire célébrer la messe dans l’église qui était devenue temple depuis plus de 50 ans. Il y nomma ensuite un nouveau gouverneur catholique, Bernard de Poyanne.
Entre 1569 et 1626 se déroula la construction de la demi-lune de Méritein. En 1680, Vauban ou l’un de ses collaborateurs procède à une rénovation de l’enceinte, sans en altérer l’apparence générale. De nouvelles casernes sont également construites. Sébastien Le Prestre de Vauban, qui dit dans ses mémoires avoir été influencé par Siciliano, semble s’être peu intéressé à la place dont il fit dresser un plan en 1685. Celui-ci est conservé aux Archives du Génie, mais aucun mémoire n’est joint à ce plan.
En 1718, Pinsun, ingénieur de Louis XV, présenta un plan pour “paver les chemins de ronde, établir six guérites de pierres aux angles des bastions, nettoyer les galeries, refaire la porte Saint-Germain, et surtout construire le bastion de la Castérasse ”. Mais ces travaux ne furent que partiellement exécutés.
Vers 1720, on installa dans la ville un Hôpital Militaire en face de la porte de la demi-Lune. Il ne s’agissait pas en fait d’un bâtiment militaire à proprement parler mais d’une maison louée par le Roi à un particulier qui assurait également l’entreprise des fournitures à l’hôpital et en assumait la direction. Seuls le chirurgien-major et son assistant sont membres de l’armée. L’hôpital pouvait accueillir 72 malades dans 36 lits à 2 places. Il semble établi que la ville disposait également d’un Magasin d’Artillerie avec Fonderie non loin de l’église.
Lentement, le démantèlement du potentiel de Navarrenx commencera jusqu’à la révolution française de 1789. Au fil des ans, l’artillerie de la place fut dispersée soit vers les places de la région comme Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port, soit pour soutenir des expéditions lointaines. Elle abritait encore un important dépôt d’armes et possédait à demeure une très faible garnison, mais son rôle militaire était limité.
À la Révolution française, Navarrenx fut choisie le 4 mars 1790 comme premier chef-lieu du département des Basses-Pyrénées, avant que la ville de Pau ne lui succède, le 14 octobre 1790. Le 23 juillet 1791, se crée à la hâte la "Société des Amis de la Constitution" dont les délibérations ne manquent pas de piquant comme en témoigne le cahier encore consultable à ce jour.
Si à Paris la guillotine faisait son œuvre, à Navarrenx on faisait des palabres et les bonnes intentions ne manquaient pas : « ceux de Navarrenx, aux Pyrénées, perdus dans les montagnes, avec si peu de ressources, n'ayant pas la communauté du langage, bégayant le français du Nord, offrent à la patrie leur cœur, leur impuissance même ». A la lecture du cahier on ne peut manquer de remarquer que lors de la Terreur dans les premiers mois de 1794 les absences se multiplient aux réunions de la Société, malgré les menaces de sanctions.
Cette léthargie de Navarrenx sera réveillé en 1814 au cours de la retraite des troupes napoléoniennes d’Espagne. L’armée du Maréchal Soult essayait de retarder la poussée des Alliés, commandés par Wellington. Après que celui-ci ait franchi les Pyrénées, Soult espérait néanmoins retenir les troupes alliées à hauteur du Gave de Pau et de l’Adour. Pendant que se déroulaient les préparatifs et la bataille d’Orthez, 1 560 hommes sous les ordres du Colonel Regnault, s’étaient retranchés dans la cité des remparts. Wellington fit investir la place le 25 févier par une division espagnole commandée par le général Morillo.
La cité résista pendant toute la campagne et le dernier siège s’achèvera avec la fin des hostilités, Napoléon ayant été contraint d’abdiquer le 6 avril 1814. En 1814, sous le commandement du colonel Joseph-Hypolite Regnault (futur maire de la ville de 1860 à 1866), la garnison (460 hommes et 54 bouches à feu) résista au blocus de la division du général Pablo Morillo, malgré ses appels à la reddition : « Ouvrez les yeux, soldats de la garnison de Navarrenx. Laissez cette malheureuse place à ceux qui repoussent le bonheur. Venez à nous nous vous recevrons ». La division de Pablo Morillo faisait partie des troupes hispano-anglaises de Wellington auxquelles le maréchal Soult donnait du fil à retordre dans une retraite remarquable de Bayonne à Toulouse en passant par Orthez.
En 1828, la commune de Bérérenx est unie à Navarrenx. Sous la porte fortifiée, une plaque rappelle le passage, en 1828, d'amoureux illustres : le pianiste Franz Liszt et son élève paloise, Caroline de Saint-Cricq, qu'il dut quitter car le comte de Saint-Cricq, financier du royaume, avait pour sa fille d'autres ambitions. Il est cependant beaucoup plus probable que ce passage ait eu lieu en 1844. En effet, on connaît l'emploi du temps de Franz Liszt de janvier à juillet 1828, date de la rupture avec Caroline de Saint-Criq. Cet emploi du temps ne mentionne aucun voyage.
On voit mal comment un jeune homme de 16 ans, sans moyen, et une jeune fille de 17 ans sévèrement surveillée auraient pu quitter Paris pour venir se promener à Navarrenx. À cette époque, un tel périple durait 15 à 20 jours minimum aller-retour. On sait par contre que Liszt a séjourné du 7 au 21 octobre 1844 à Pau, et qu'il a rencontré à cette occasion Caroline de Saint-Criq, épouse D'Artigaux. C'est donc très certainement dans ces jours-là que se situe la fameuse visite sur les remparts de Navarrenx.
À la demande unanime des habitants, la place est déclassée définitivement en 1871 et perd sa garnison. Navarrenx sera restée place de guerre de 1546 jusqu'à la fin du xixe siècle. Le pont édifié en 1583 est réparé plusieurs fois aux cours des XVIIIe et XIXe siècles. Fin XVIIIe siècle, un certain nombre de modifications mineures furent réalisées en divers endroits pour renforcer les défenses de la place, la France étant en effet en guerre avec l’Espagne.
Dans la première moitié du XIXe siècle, plusieurs études des services du génie (1824-1858) concluaient à la nécessité de modifications. Certaines d’entre elles furent réalisées comme l’aménagement des postes de tir au bastion des Echos et des Noyers, ainsi qu’à la porte de la Demi-lune. La cité fut finalement déclassée comme place militaire en 1868, et c’est le 22 octobre 1868 que le Ministre de la Guerre fit connaître qu’il y avait lieu de supprimer la garnison de Navarrenx. En 1868, la Place forte est déclassée par décision impériale, et les deux compagnies du 58ème d’infanterie sont affectées à St Jean Pied de Port.
Aujourd’hui, grâce aux efforts conjugués de nombreux particuliers, de diverses collectivités, dont la municipalité, ou d’associations, la cité offre encore un magnifique exemple des premiers pas du tracé bastionné que finalement seule l’apparition de l’artillerie rayée allait rendre obsolète. Grâce à la restauration progressive de l’ensemble des constructions militaires, et au classement de Monument historique en 2000, Navarrenx offre un exemple tout à fait exceptionnel de l’architecture militaire de cette période, à l’instar des villes qui ont eu la chance de conserver leur patrimoine fortifié.
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