Bataille de Verneuil-sur-Avre (27)
La cité médiévale de Verneuil-sur-Avre se dresse fièrement dans le département de l'Eure, en Normandie. Verneuil-sur-Avre est une ancienne place forte médiévale, à la frontière du Duché de Normandie, dotée d’un patrimoine historique remarquable qui lui vaut le titre de "Plus Beaux Détours de France". Que vous soyez férus d’histoire ou simplement curieux, de passage ou en séjour, cette cité se découvre de mille et une façons.
Située aux portes de la Normandie, cette ville de l’Eure a eu la chance d’être épargnée par les destructions des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. Son patrimoine est donc resté intact. Chaque commune est dépositaire d’une histoire et d’un patrimoine plus ou moins riches. La cité de Verneuil-sur-Avre, est bien placée pour connaître la valeur d’un héritage important. À tous les coins de rue, la cité médiévale nous conte orgueilleusement ou par petites touches son passé, au gré de ses multiples monuments. De nombreux bâtiments, donjons, fortifications, fossés, Tour Grise et édifices religieux témoignent de son passé. Si vous cherchez une destination éloignée du tourisme de masse et que vous aimez flâner dans des des rues pittoresques et tranquilles, pensez à Verneuil-sur-Avre et d'Iton.
Fondée par Henri Ier Beauclerc, fils du fameux Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre, en 1120, Verneuil-sur-Avre, aujourd'hui Verneuil d’Avre et d’Iton suite au regroupement avec la commune voisine de Francheville, bâtie entre l'Avre et l'Iton, était une ville frontière entre France et Normandie, alors matérialisée par l’Avre. L'un de ses quartiers, celui de Saint-Martin, fut l'objet de nombreuses confrontations avec les seigneurs du Thymerais, en raison de sa situation géographique. Ainsi, la ville connut plusieurs affrontements jusqu'au XVe siècle et sa réunion au comté du Perche.
C'est au pied de ses remparts qu'a eu lieu une des batailles les plus meurtrières de la guerre de Cent Ans. Un désastre du genre Crécy, Azincourt ou Poitiers, mais que la mémoire collective a fini par oublier.
Nous voici pendant la guerre de Cent Ans
Si Verneuil-sur-Avre, appelée Verneuil-au-Perche sous l'Ancien Régime, a connut plusieurs batailles : Siège de Verneuil (1173), entre Louis VII de France et Henri II d'Angleterre ; Bataille de Verneuil (1424), pendant la Guerre de Cent Ans, au commencement du règne de Charles VII de France ; Prise de Verneuil (1449) par le roi Charles VII de France en 1449, dans le cadre de la reconquête de la Normandie. De toutes les batailles de la Guerre de Cent Ans, celle de Verneuil-sur-Avre du 17 août 1424 est certainement l’une des plus meurtrières et des plus sanglantes. C’est aussi la dernière grande défaite française pendant cette Guerre de Cent Ans.
La Normandie constitue l’enjeu de cette terrible journée du 17 août 1424. La province vient d’être patiemment conquise par les Anglais. Les Français du roi Charles VII tentent de la recouvrir. La bataille de Verneuil-sur-Avre se déroula le 17 août 1424, à 3 km au nord de Verneuil, à proximité du château de Charnelles, en Normandie. Cependant, comme leurs prédécesseurs à Azincourt ou à Poitiers, ils paient leur indiscipline. Et ce malgré de nombreux atouts pour la victoire. Elle se solda par une victoire de l’armée anglaise.
Contexte : Une France, deux rois !
Durant la longue période de cette Guerre de Cent Ans, les années 1420 représentent l’apogée des prétentions anglaises sur le sol de France. En vertu des clauses du traité de Troyes, le roi d’Angleterre est aussi le roi de France. Henry VI n’a toutefois pas l’âge pour monter sur le trône : c’est encore un bébé.La régence est alors confiée à son oncle, le duc de Bedford Jean de Lancastre. Et il a fort à faire, dès lors, une partie des Français, partisans du dauphin Charles, le fils déchu du précédent roi de France Charles VI, refuse la domination anglaise et va poser au régent beaucoup de problèmes.
La période des années 1420 se résument à la lutte entre les Anglais, maître de la Normandie et de l’Île-de-France et les soutiens de Charles VII, tous plus ou moins meurtriers. Les premiers peuvent compter sur des alliés français, les Bourguignon, qui tiennent le nord-est du royaume de France. À la suite de l’assassinat de Jean sans Peur à Montereau, le 10 Septembre 1419, les Bourguignons s’allient au Forces du Roi d’Angleterre, Henry VI, ce qui permet à ce dernier d’envisager d’achever la conquête du Royaume de France. Quant à Charles VII dit "le Victorieux" ou "le Bien Servi" qui, lui, est toujours à Bourges, a reçu le secours des Écossais, traditionnels ennemis des Anglais.
Justement, en 1424, une armée commandée par Jean II d’Alençon et l’Écossais Jean Stuart a réussi à s’emparer de la place forte de Verneuil, au sud-est de la Normandie. Grace à une ruse, ils vont s’emparer assez facilement de la cité : en effet, pour ne pas attirer l’attention des gardes, les archers écossais se déguisent en archers anglais, et la surprise est totale. Une telle supercherie exécutée au nez et à la barbe de l’ennemi ne plaît pas du tout au régent du royaume d’Angleterre, Jean de Lancastre, le duc de Bedford.
Celui-ci, furieux, se précipite sur Verneuil. Le duc de Bedford et ses Anglais chevauchent immédiatement vers la ville perdue. Les troupes Franco-Écossais auraient pu essayer de résister à l’abri des murs de Verneuil. Ils décident de livrer bataille plutôt que de de subir un siège. Grave erreur. D’un côté, on peut comprendre la décision franco-écossaise. Il y a un coup à jouer. S’emparer du régent le duc de Bedford Jean de Lancastre changerait le cours de la guerre
Les forces en présence sont énormes pour l’époque : L’armée de Charles VII est forte de 12 000 à 18 000 hommes dont une puissante troupe d’Écossais (environ 7000 hommes) possèdent la supériorité numérique sur les 10 000 Anglo-Bourguignons. Autour des chevaliers français combattent des milliers de mercenaires venus d’Italie et d’Espagne, mais ce sont surtout les Écossais qui occupent les premiers rangs. Rudes combattants et ennemis héréditaires des Anglais, leurs archers sont tout aussi redoutables que les longbowmen du Régent Bedford. La capture du duc de Bedford Jean de Lancastre semble possible.
Mais l’histoire militaire récente a montré que cet avantage ne suffit pas. La preuve à Azincourt ou, pire à Crécy, où les envahisseurs étrangers luttaient à 1 contre 2. L’armée française avait alors été étrillée par les redoutables archers anglais. À Verneuil, les Français sont un peu plus confiants : à leur côté combattent les Ecossais qui eux aussi savent manier le longbow, un arc plus haut qu’un homme. Ils répondront aux tirs anglais. Dernier avantage : le terrain. Dépourvue de haies ou de collines, la plaine au nord-est de Verneuil offre de grands espaces qui n’entraveront pas le déploiement et l’avancée de la chevalerie française.
Déroulement d'une nouvelle et cuisante défaite
La bataille de Verneuil-sur-Avre est beaucoup plus acharnée et disputée qu’Azincourt, en raison de la présence massive du côté français d’archers écossais, au tir aussi meurtrier que celui des archers anglais. Les Anglais savent qu’ils sont en infériorité numérique. Pour pallier ce manque d’effectif, ils opposent à l’armée du dauphin Charles VII une organisation redoutable, efficace, et qui a déjà fait ses preuves. Les hommes sont disciplinés et bien entraînés.
Le 17 août 1424, dès l’aube, les deux armées se positionnent l’une en face de l’autre. Après plusieurs heures d’attente et d’observation sous un soleil de plomb, les archers anglais décident de provoquer les Français et marchent les premiers, aux cris de « Saint-Georges ». Un court duel de tir à l'arc entre archers Anglais et Ecossais a eu lieu sans résultats probants. Dans le même temps, comme par un signal préétabli, entre alors en action les 2 000 miliciens montés à l’armée milanais ont chargé le front Anglais.
L’une des spécificités qui réduit l’avantage traditionnel des archers anglais, ce sont les armures milanaises pratiquement invulnérables, portées par la cavalerie lombarde. A la surprise générale les chevaliers écrasent en quelques minutes les lignes anglaises. Les nouvelles armures italiennes ont résisté aux flèches, de plus à la différence d’Azincourt les archers sont en plaine et ne peuvent utiliser la forêt pour concentrer leurs flèches sur une zone précise.
Les cavaliers transperce les rangs des 8 000 archers Anglais pratiquement sans perte. Puis, ils sèment la panique aux bagages, le lieu où les Anglais conservent leurs vivres et leurs chevaux. C’est la déroute, les archers sur la droite anglaise se dispersent et fuient. Cette journée pourrait bien tourner en faveur des partisans de Charles VII. Sauf qu’ivres de leur succès, les cavaliers Italiens ont le mauvais instinct de poursuivre plusieurs kilomètres les fuyards. Autrement dit, ils se retrouvent hors du champ de bataille. La suite des combats se déroule sans leur aide.
Au même moment, sur la droite franco-écossaise, les archers écossais s’avancent et engagent un formidable duel d’archerie, les archers s’affrontant pendant près de trois quarts d’heure. Les Français tentent une manœuvre d’encerclement en envoyant des chevaliers lombards et gascons sur les arrières des troupes anglaises, mais ceux-ci ont protégé leurs arrières en formant une barrière avec leurs chevaux, que gardent 2000 archers, et leurs flancs avec des chariots. C’est probablement à cette occasion que se déroula le massacre des pages anglais attribué par Shakespeare à la bataille d’Azincourt. La petite force de cavalerie lourde française fut repoussée par une tempête de flèche provenant de l'aile gauche anglaise redéployée.
Déjà vus à Poitiers ou Azincourt, les travers français ressurgissent. Les chefs ne s’accordent pas sur une tactique commune et surtout coordonnée. Les plus prudents patientent tandis que les plus intrépides s’élancent, sans attendre le reste des troupes. C’est le cas du vicomte de Narbonne, sentant une victoire, les hommes d'armes français ont mené une charge confuse, afin d'atteindre les Anglais avant le reste de leurs camarades. Le désordre français résultait en partie du désir de se rapprocher rapidement pour éviter la tempête de flèche anglaise.
Après la première charge dévastatrice de la cavalerie lombarde, le duc de Bedford rassemble ses soldats, les hommes d'armes anglais faisant preuve d'une grande discipline et réformant leurs rangs. La confrontation frontale entre les hommes d'armes Anglais et fantassins français en armure sur le terrain de Verneuil, tous deux marchant à pied dans la bataille, a abouti à un combat au corps à corps dont la férocité étonna même les contemporains. Pendant environ trois quarts d’heure, Français et Anglais se sont poignardés, se sont mutilés sur le terrain de Verneuil sans qu’aucun des deux camps n’obtienne aucun avantage.
Les archers anglais à droite, dispersés par la charge milanaise, s'étaient maintenant reformés et, avec les archers à gauche qui avaient repoussé la cavalerie française, se joignaient à la lutte principale. aux bras.
Après un certain temps, sous la poussée anglaise, la ligne de bataille française a cédé du terrain avant de se rompre et a été poursuivie jusqu'à Verneuil, où de nombreuses personnes, dont Aumale, ont été noyées dans le fossé. Les troupes en fuite n'arrivent pas à entrer dans la ville car le seigneur de Verneuil, Rambures, refuse d'ouvrir la ville pour éviter que les anglais puissent y rentrer. Une partie meurt dans les douves, tentant de s'échapper, en se noyant. Bardé de fers, on nage beaucoup moins bien.
Après avoir fait fuir les Français, le duc de Bedford interrompt la poursuite et retourne sur le champ de bataille, où Salisbury est engagé avec les Écossais, à présent seuls. La bataille de Verneuil a atteint son stade final lorsque Bedford a viré du sud pour prendre les Écossais sur le flanc droit. Maintenant presque cernés, les Écossais ont fait une dernière bataille féroce. Les Écossais avaient annoncé avant le début des combats qu’ils ne feraient pas de quartier. Les Anglais les ont pris au mot ; cherchant à venger leurs morts de la bataille de Baugé de 1421, ils vont alors littéralement les massacrer.
C’est à ce moment que les cavaliers italiens reviennent sur le théâtre des opérations après leur excursion champêtre. Des cavaliers lombards tentent de venir en aide aux Écossais, mais voyant la tournure des événements, ils préfèrent tourner bride. C’est une défaite majeure pour les forces franco-écossaises… Certains historiens appellent d’ailleurs cette bataille “le second Azincourt”…
Il y aurait eu 6000 tués et 200 prisonniers du côté français, 1600 morts du côté anglais. Le contingent écossais qui devait rassembler 4000 hommes semble avoir été pratiquement anéanti avec ses chefs. John Stuart, connétable de France et comte de Buchan ainsi que son frère cadet Robert, son beau-père Archibald Douglas, 4e comte de Douglas et le fils de ce dernier, James Douglas, sont morts lors de la bataille. Il reste toutefois au moins 400 Écossais, qui seront tués pendant la bataille des harengs.
Les Français ont aussi subi un massacre. Les principaux chefs français sont tués, les comtes d’Aumale, de Tonnerre et de Ventadour, gisent au sol ou capturés, comme le duc d’Alençon, le maréchal de la Fayette, le sire de Gaucourt. Découvert sur le champ de bataille, le corps du vicomte Guillaume de Narbonne, conseiller du roi et capitaine des Armagnacs est écartelé sur ordre des Anglais avant d'être pendu au gibet en raison de sa participation à l'assassinat du duc de Bourgogne Jean sans Peur cinq ans plus tôt à Montereau. Plusieurs chevaliers normands, qui étaient retournés à la cause française après avoir prêté serment au roi d’Angleterre, furent exécutés.
La règle selon laquelle on ne se tue pas entre chevaliers, mais on se rançonne n’a pas été très bien respectée. Jean d’Alençon, prince de sang royal, a toutefois l’honneur d’être fait prisonnier. Lors de cette bataille, les prises et rançons effectuées par le chevalier John Fastolf lui firent gagner 13 400 livres.
Les pertes anglaises représentent, comme souvent, le chiffres des nobles tués et pas ceux des archers. Les pertes anglaises sont suffisamment cruelles en tout cas pour que le duc de Bedford interdise toute réjouissance.
Le Trésor Royal est vide et le pays est plus que jamais divisé.
À l’annonce de cette défaite de Verneuil, le roi de France Charles VII sombre un peu plus dans le désespoir. Encore un coup dur pour son règne ! Il n’y a plus d’armée française digne de ce nom au soir de la bataille de Verneuil-sur-Avre, ce qui fait que le roi Charles VII sera prêt à toutes les concessions pour obtenir le renfort de l’armée bretonne et confiera la charge de connétable, qui était celle de John Stuart au comte de Richemont.
La défaite de Verneuil sur Avre, le 17 août 1424, n'a pas que des conséquences militaires. Le dauphin Charles, le futur Charles VII, est par ailleurs confronté à une véritable déroute financière. Et la situation politique du camp français, déchiré par les rivalités et les luttes d'influence, est tout aussi désespérée. Une remise en question est faite sur les Capitaines étrangers alliés au Dauphin de France. Certains vont jusqu’à se féliciter de la défaite écossaise. Certains iront même jusqu’à célébrer la victoire anglaise. Paradoxalement, le futur Charles VII garde foi en Dieu et en l'avenir.
Pendant ce temps, l'Anglais ne cesse de gagner du terrain. Pour le régent le duc de Beford, le moment est venu de forcer enfin la Loire, frontière naturelle qui sépare la "France anglaise" des terres sous l'influence du "soi disant dauphin", ce petit "roi de Bourges" qui n'a jamais été aussi vulnérable. Il faudra attendre quelques années pour que l’irruption d'une jeune Lorraine du nom de Jeanne d'Arc redonne de l'assurance et pour que la succession de déroutes françaises dans cette guerre de Cent Ans s’arrête enfin.
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