Histoire de l’Abbaye Notre-Dame (Le Bec-Hellouin-27)
Situé entre Rouen et Lisieux, en Normandie, le village du Bec-Hellouin est classé parmi les Plus Beaux Villages de France. Ce charmant village avec ses maisons à pans de bois et ses ruelles fleuries se trouve dans le département de l'Eure, dans la vallée de la Risle, à 6 km de Brionne, 40 km de Rouen, 50 km d'Evreux. Bien entendu, la présence de l’abbaye Notre-Dame-du-Bec, haut lieu du rayonnement bénédictin dès sa fondation au XIe siècle, dont la haute tour carrée à l’architecture unique qui domine la vallée du Bec, ajoute à ses attraits. Le Bec-Hellouin mérite une halte sur la route de vos vacances.
Connaissez-vous Le Bec-Hellouin et son l’Abbaye Notre-Dame ? Située en Normandie, entre Rouen et Lisieux, elle impressionne par son architecture imposante. Laissez-vous porter par l’histoire saisissante que livrent les pierres anciennes de cette abbaye bénédictine…
Où que vous soyez dans ce verdoyant vallon du Bec, vous l’apercevrez dominant de ses 45 mètres, la blancheur et les toits ardoisés des bâtiments conventuels : cette célèbre tour Saint-Nicolas, legs d’un grand abbé bâtisseur du XVe siècle, est le symbole du Bec. Guidé par elle, quittez la route de Rouen à Saint-Martin du Parc, là où, à flanc de colline, fut construit, en 1952, le monastère des oblates de Sainte-Françoise Romaine. Il vous suffit de suivre le ruisseau du Bec : un ruisseau à truites qui serpente, bordé de vieux saules élagués, au milieu des prés et des pommiers.
L’Abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin : l’incroyable histoire d’une des plus belles abbayes normandes !
Contrairement à ce qui se faisait le plus souvent au XIe siècle, l'origine de la fondation de l'Abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin n'est pas une Dotation de riches Seigneurs Normands, mais celle d'Herluin, simple Chevalier sans éducation, tardivement touché par la Dévotion avec l'accord du Comte Gilbert de Brionne, le seigneur local et son ancien Maître. C’est à son initiative personnelle que va naître l’une des plus exceptionnelles abbayes de son temps.
En 1034, le chevalier Herluin, qui mène à 37 ans une vie agréable à la cour de Gilbert, comte de Brionne, préfère répondre à l’appel de Dieu et se retire dans la solitude, bientôt suivi par quelques compagnons. Le 24 Mars 1035, l’évêque de Lisieux consacre une première chapelle en l’honneur de Notre-Dame et donne à Herluin la tonsure, l’habit monastique, le sacerdoce et la qualité d’abbé de moines selon la règle de Saint Benoît. Pendant 5 ans, Herluin et ses compagnons cultivent et défrichent les terres autour du Monastère.
Le manque d’eau oblige Herluin et ses compagnons à redescendre, vers 1039, dans la vallée à Pont-Authou, à la confluence du Bec et de la Risle où une seconde église est consacrée le 23 Février 1041 par Mauger Archevêque de Rouen. 136 Moines font profession sous l'Abbatiat d'Herluin. Les moines demeurent près de vingt ans en ce lieu fort marécageux. Les possessions s'étendent notamment par une part de la forêt de Brionne, le Parc du Bec, grâce au soutien de Guy de Bourgogne, Seigneur de Brionne après l'assassinat du Comte Gilbert, et l'abbaye de Saint-Evroult, apportée par Guillaume Giroie dans laquelle Herluin restaure la vie religieuse.
Puis, vers 1039, ils doivent descendre dans la vallée en raison du manque d'eau sur le plateau et s'installent à Pont Authou, à la confluence du Bec et de la Risle. Une seconde Eglise est consacrée le 23 Février 1041 par l'Archevêque de Rouen Mauger. Le monastère connaît son premier essor avec la création, en 1045, de l’Ecole du Bec par Lanfranc de Pavie, arrivé en 1039 dans la Communauté, et qui devient Prieur de l'Abbaye. Son arrivée au Bec est des plus rocambolesques. Ce brillant universitaire, qui enseigne à Pavie la grammaire, la dialectique et le droit, attiré par le rayonnement intellectuel de la France, passe les Alpes pour rejoindre la Normandie. Il enseigne d’abord à Avranches. Devant un jour se rendre à Rouen, alors qu’il traverse la Risle, il est attaqué par une bande de brigands qui le détrousse et l’abandonne attaché à un arbre. Se croyant perdu, il fait le vœu, s’il sort indemne, de se consacrer à Dieu. Au matin, il est délivré par des passants qui le conduisent au Bec-Hellouin. Lanfranc y reste. Il ouvre, en 1045, l’une des plus prestigieuses écoles claustrales du monde médiéval.
L'influence de Lanfranc de Pavie est telle qu’il devient le conseiller principal de Guillaume au moment où celui-ci se débat dans la malencontreuse affaire de son mariage avec Mathilde, sa propre cousine, qu’il avait épousée sans dispense en 1054. Le duc en dernier recours l’envoie à Rome négocier auprès du pape. Habile diplomate, Lanfranc s’efforce de faire valider le mariage, à charge pour Guillaume, à titre de pénitence, de construire deux monastères, ceux de la Trinité et de Saint-Étienne à Caen. Dix ans plus tard, le cœur serré, il doit quitter le Bec pour prendre le gouvernement de ce dernier. Son éloquence, son savoir, son habileté à traiter les affaires, sont tels que le peuple de Rouen, en 1067, le réclame comme archevêque. Il refuse. Pourtant Guillaume, devenu roi d’Angleterre, le contraint d’accepter le siège de Cantorbéry en 1070, faisant de Lanfranc l’archevêque de Cantorbéry et primat d’Angleterre.
Comme les monastères Bénédictins au XIème siècle, l’Abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin est ouverte non seulement aux Oblats mais aussi aux fils d'Aristocrates, destinés ou non à une carrière Ecclésiastique. Selon Guillaume de Malmesbury, cette école publique permet à la communauté de récolter de larges fonds financiers. Les qualités d'enseignement du Prieur, déjà exercées à Avranches, font venir des élèves de toute la Normandie, fils de Barons et de riches Laïcs. Ils étaient une centaine à suivre les cours de Lanfranc. Passeront par ce "centre intellectuel le plus considérable de la Normandie et même de la France", de nombreux intellectuels, comme Anselme de Laon, plusieurs évêques dont Yves de Chartres et le futur Pape Alexandre II, et Anselme d'Aoste, qui succèdera à son Maître Lanfranc à la tête de l'école puis au Siège de Cantorbéry.
Tout comme Lanfranc, Anselme est italien. Il est né à Aoste en 1033. A la mort de sa mère, une brouille avec son père l’oblige à fuir. Il se dirige tout naturellement vers la Normandie, fait halte à Avranches, entend parler du Bec, se présente à la porte de l’abbaye où il se mêle aux nombreux étudiants laïques. Lanfranc ne tarde pas à repérer dans ce jeune compatriote une prodigieuse force intellectuelle. Il l’encourage et après trois années de noviciat, à vingt-sept ans, il reçoit le sacerdoce. Au départ de Lanfranc, nommé abbé de Saint-Étienne de Caen, c’est Anselme qui le remplace dans un climat de jalousie, d’intrigues et de coterie. Pourtant, ce tout jeune prieur s’impose rapidement par son ascendant et sa grande droiture morale. En homme du monde qu’il a été à Aoste, il tisse alors un réseau de relations qui le rend célèbre à travers toute la Normandie, la France et la Flandre.
La nouvelle fondation s’accroît si considérablement qu’il faut, vers 1060, envisager sa translation au lieu qu’elle occupe aujourd’hui et la construction d’un nouveau monastère beaucoup plus vaste. Une nouvelle église est bâtie et consacrée en 1077 par Lanfranc. A la mort d’Herluin en 1078, Anselme lui succède comme abbé et reçoit la bénédiction abbatiale le 22 février 1079. Il entreprend alors un voyage en Angleterre pour y visiter les domaines de son abbaye et y fonder une colonie de moines. Lorsque Lanfranc meurt, moines et laïques le désignent comme futur archevêque de Cantorbéry (le 6 mars 1093).
Sous la direction de Lanfranc puis d'Anselme, on y enseignait à la fois la théologie et les arts libéraux qui comprenaient : Le Trivium : la grammaire (lecture, écriture, orthographe, histoire), la rhétorique (l’éloquence, la dialectique ou la logique). Le Quadrivium : l’arithmétique, la géométrie (l’art de la construction), la musique (comportant une étude approfondie de la métaphysique et de la musique), l’astronomie. L'enseignement du Trivium et du Quadrivium à l'école du Bec a gagné une réputation de qualité, exceptionnelle, qui a fait venir pendant un 1/2 siècle des élèves.
Originaire de Montfort-sur-Risle, à 5 km du Bec, Guillaume de Beaumont succède à Anselme en 1094 pour un abbatiat qui devait durer une trentaine d’années. Apprenant l’imminence de sa mort, Henri Ier d’Angleterre accourt à son chevet. En découvrant le corps du défunt revêtu de ses ornements sacerdotaux, il ne peut que murmurer : plût à Dieu que mon âme fût à la place de celle de ce juste !
En 1124, Boson, disciple préféré d’Anselme, est élu abbé du Bec. Ses excellentes relations avec le roi permettent à l’abbaye de traverser une période de paix sans équivalent. Boson ne survit que quelques années à la mort de son vieil ami Henri Ier Beauclerc, qu’une indigestion d’anguilles emporte au cours d’une partie de chasse en forêt de Lyons. Le Bec est alors au sommet de sa puissance. Les donations d’églises et de dîmes se multiplient accroissant considérablement le domaine et les richesses de l’abbaye au point d’entendre ce dicton : de quelque côté que le vent vente, l’abbaye du Bec a rentes.
La médecine n’était présente au Bec que par une pharmacie où étaient fabriqués les remèdes essentiels. A chaque école, sa bibliothèque. Celle du Bec était célèbre pour receler au XIIe siècle 160 volumes. En 1124, elle s’enrichit de 113 autres livres, grâce à l’héritage de Philippe d’Harcourt qui, à l’épiscopat, préfère la vie monacale. Le déclin de cette prestigieuse école correspond au départ d’Anselme pour Cantorbéry. Et déjà le rayonnement de Paris attirait la plupart des étudiants autour du cloître de Notre-Dame et de la montagne Sainte- Geneviève où officiaient de grands maîtres dont le plus célèbre fut Pierre Abélard.
Élu le 6 juillet 1143, Roger de Bailleul laisse au Bec son immense talent de bâtisseur. Il reconstruit l’église, double l’hôtellerie, agrandit l’infirmerie et approvisionne le monastère en eau de source grâce à un aqueduc et un château d’eau. L'église s’effondre en 1197, pour la reconstruction, l’abbé fait appel à Enguerrand, célèbre maître d’œuvre de la cathédrale de Rouen.
Avec Richard de Saint-Léger (1211-1223), une nouvelle période de l’histoire de l’abbaye commence, qui verra les abbés successifs moins mêlés aux affaires politiques et plus soucieux d’engager des améliorations matérielles et des réformes internes. Si la renommée de l’Ecole du Bec commence à décliner, la richesse et la prospérité financière de l’abbaye continuent leur développement. En 1217, la nef, les portants et les tours sont achevés. L'abbé entreprend également une sérieuse restauration de la discipline monastique : Que les prieurs sachent avant tout qu’ils sont des moines et non des seigneurs, doit-il affirmer haut et fort.
Les XIIe et XIIIe siècles sont marqués par de vastes constructions qui témoignent de l’opulence et du rayonnement de l’abbaye. De nombreux bienfaiteurs multiplient les donations d’églises et de dîmes qui accroissent considérablement le domaine et les richesses de l’abbaye. Le XIIIe siècle est marqué par une visite royale. Eudes Rigaud, archevêque de Rouen et ami de Louis IX (Saint Louis) qui aime le Bec y entraîne le roi les 24 et 25 mars 1256. Le jour de l’Annonciation, Louis IX est accueilli par Robert de Clairbec (1247-1265). Après l’office, il collationne, entouré des prélats et des barons, dans le réfectoire des moines. Le 15 février 1274, alors que Pierre de la Cambe vient d’être élu, la tour lanterne, le chœur et le transept de l’église s’effondrent. On reconstruit. Les plans sont grandioses. Soixante années sont nécessaires aux travaux menés par Gilbert de Saint-Étienne (1304-1321) qui doit également lutter contre la cour pontificale au sujet des commendes : un système pervers mis au point par l’archevêque de Bordeaux, devenu pape sous le nom de Clément V.
Jean des Granges, élu le 23 juin 1335, a la joie de faire consacrer la grande église abbatiale, achevée en 1327, dans la liesse générale. La splendeur de la liturgie s’accompagne de libations princières. Le menu peuple y participe en s’abreuvant à la fontaine de l’ange d’où s’écoule du vin à la place de l’eau. Mais déjà de sombres nuages s’amoncèlent au-dessus du Bec. Le roi de France Philippe VI de Valois (1328-1350), dans sa lutte contre les Anglais et le pape pour reprendre la croisade, oppresse l’abbaye de taxes.
Après l’échec d’une ultime négociation entre la France et l’Angleterre, que s’efforce de mener la cour papale d’Avignon, le roi Jean II le Bon en 1358 fait fortifier l’abbaye du Bec. Les revenus du monastère sont absorbés par l’entretien de la garnison française préposée à la défense de l’abbaye. La vie régulière pâtit de cette situation et le relâchement s’introduit à l’abbaye, comme dans les divers prieurés de l’Ordre. L’Abbaye Notre-Dame du Bec-Hellouin forme en effet une sorte d’enclave française sur les terres de Charles II le Mauvais, roi de Navarre (1349-1387), allié des Anglais. Et, comble de malchance, c’est à ce moment que faisant fi de toute élection, alors que les moines viennent d’élire en 1391 Geoffroy Harenc, Estout d’Estouteville, qui appartient à une puissante famille normande, réussit à se faire octroyer l’abbaye par le pape Clément VII. Jusqu’à son départ pour Fécamp, il mène au Bec la vie fastueuse des grands seigneurs, pillant littéralement son monastère jusqu’au plomb des couvertures. Sous l’abbé Robert de Rotes (1350-1361), l’abbaye commence à souffrir de la dure épreuve de la guerre de Cent Ans.
En partie détruite par la guerre, l’abbaye commence à être restaurée sous l’abbatiat de Geoffroy Harenc (1391-1399). Au retour de Geoffroy Harenc, l’abbaye connaît alors une surprenante accalmie mise à profit pour sa restauration. L’afflux des novices est un signe qui ne trompe pas. Par prudence, Geoffroy Harenc fait construire d’épaisses murailles flanquées de 15 tours. Il doit également se résoudre, pour empêcher l’ennemi de se fortifier, à raser tout ce qui n’est pas à l’intérieur des fortifications (les dépendances de l’abbaye et surtout la chapelle d’Herluin).
Mais en 1415 et 1417, l’abbaye doit de nouveau faire face aux visées belliqueuses d’Henri V, roi d’Angleterre, qui envahit la Normandie. Les Anglais, malgré cela, sous la conduite du grand sénéchal d’Angleterre Thomas de Lancastre, assiègent le Bec. Après vingt jours de résistance, la garnison se rend le 4 mai 1418, veille de l’Ascension. Quand les Anglais eurent fait leur entrée dans l’abbaye, ils la saccagèrent de fond en comble, enlevant l’argent, les meubles, les récoltes et les autres objets qui s’y trouvaient entassés et qui appartenaient tant aux religieux qu’aux gens des environs réfugiés dans le monastère. Et quand cette misérable population eut été dépouillée de ce qu’elle possédait, les Anglais la chassèrent ne lui laissant emporter que les vêtements qu’elle avait sur le corps.”
Le 3 juin, Henri V, roi d’Angleterre, arrive au Bec. Il y installe, pour tenir la place, vingt hommes d’armes, leurs valets ainsi qu’une quarantaine d’arbalétriers, à charge pour la communauté de subvenir à leurs besoins. Le 12 février 1420, Robert du Bec, dit Vallée, fait acte de soumission au roi d’Angleterre qui, en contrepartie, donne mainlevée sur les biens du monastère. Malgré une série de mesures plutôt libérales, les Anglais ne peuvent pacifier complètement la Normandie. Des compagnies de partisans ne cessent de harceler l’occupant. L’une d’elles, menée par Lestendard de Milly, s’infiltre à l’intérieur de l’abbaye sans pouvoir réussir à s’emparer du donjon tenu par la garnison anglaise. Dans une violente contre-attaque, celle-ci réussit à faire prisonniers les assaillants, met à sac l’abbaye et expulse les moines.
A la mort d’Henri V en 1427, la période est si troublée que l’élection du nouvel abbé a lieu à Rouen dans la chapelle de l’hôtel de la Fontaine. Y est élu, le 9 juin 1430, par acclamations, le prieur claustral Thomas du Bec, dit Frique, qui ne résidera pratiquement pas au Bec, son abbaye étant régulièrement pillée. Thomas Frique passe pour avoir été l’un des juges qui condamnèrent Jeanne d’Arc. Pourtant, tout porte à croire que s’il a bien été présent à l’adjonction arrachée à Jeanne, son nom ne figure pas dans la liste de ceux qui la déclarèrent hérétique.
La guerre de Cent Ans s’achève sous l’abbatiat de Jean de la Motte, le 10 novembre 1449, avec l’arrivée solennelle de Charles VII à Rouen. Tout, de nouveau, est à reconstruire. Cette immense tâche est confiée à Geoffroy d’Épaignes, élu le 20 décembre 1452. Il fit reconstruire moulins, manoirs et granges, ainsi que les aqueducs qui fournissaient l’abbaye en eau. Un réseau hydraulique qui permet l’alimentation en eau de l’abbaye par aqueduc souterrain et par captage de sources. Il fonctionne toujours. La source est captée au lieu-dit source Marmot, auparavant fontaine Saint-Martin selon le cadastre Napoléonien, sur la commune de Saint-Martin du Bec rattachée aujourd’hui à la commune du Bec-Hellouin.
En 1467, Geoffroy d’Épaignes commence l’édification de la tour Saint-Nicolas que terminera en suivant ses plans Jean Bouchard, un protégé de Louis XI ayant bénéficié de la candidature royale. La tour Saint-Nicolas renferme alors les quatre cloches de 12 tonnes qui furent descendues et brisées en 1791. C’est une tour carrée, de 11 m de côté et de 60 m de hauteur, de style anglo-normand. Elle était surmontée d’une flèche de 15 m de haut avec lanternon abattus en 1810. Elle se termine aujourd’hui par une balustrade entrecoupée de pinnacles. On y accède (montée aujourd’hui interdite pour des raisons de sécurité) par un escalier en vis d’environ 200 marches. La grande porte d’entrée de l’abbaye avec ses deux tourelles carrées qui la flanquent, l’une servant de loge au frère portier, l’autre de geôle, est due à Robert d’Évreux, élu le 10 décembre 1484. A sa mort, lui succède Guillaume Guérin qu’on décrit “rayonnant comme un astre éclatant parmi les autres abbés”. Il est le dernier abbé régulier du Bec. Mais il est déjà de son vivant la cible d’attaques en règle de ses prieurs et d’un certain Jean d’Aptot qui s’intitule archiprieur.
C’est une période de calme pour l’abbaye avant que ne s’ouvrent une période la plus sombre du Bec, à partir du concordat de Bologne en 1516 entre Léon X et François 1er qui supprime les élections canoniques au profit de ce qu’on appelle la feuille des bénéfices dont dispose à sa guise le souverain. A lui le soin de désigner la personne qui, la plupart du temps, ne songe qu’à tirer le maximum de profit de l’abbaye. Temps troublés du régime commendataire qui perdurera jusqu’à la Révolution. Conséquence, suppression des élections canoniques au profit du roi de France. Il nomme les abbés, des personnages qui en général ne s’intéressent qu’aux revenus générés par l’abbaye. Ce titre d’abbé est alors une sorte de rente très convoitée. La plupart du temps, ces prélats qui ne résident pas sur place, ne montrent aucun intérêt aux préoccupations des moines. La règle veut que l’abbé commendataire touche la part principale des revenus. Il en garde généralement les deux tiers.
Aux exactions des abbés commendataires et à l’affaiblissement de l’esprit monastique qui en découle, s’ajoutent les troubles causés par les Guerres de Religion. L’abbaye est complètement saccagée par les huguenots, et deux moines périssent même égorgés. Les moines sont obligés de se disperser. L’abbaye traverse alors une période très difficile et les abbés commendataires laissent péricliter le site.
En 1558, Henri II nomme Louis de Lorraine, cardinal de Guise, déjà nanti de cinq abbayes et cumulant également les évêchés et archevêchés de Troyes, Metz, Albi et Sens. Tant de charges l’obligent à affermer les revenus du Bec, jusqu’à 22 000 livres en 1568. Laissés à la portion congrue, les moines sont alors dans l’incapacité de subvenir à l’entretien des bâtiments. Ils doivent également subir les troupes de l’amiral de Coligny à la tête de la Réforme (la Réforme protestante) qui saccagent le Bec en 1563, massacrant les moines et obligeant les survivants à se disperser. Le cardinal de Guise, qui laisse faire, se désiste en 1572 en faveur de son neveu Claude de Lorraine alors âgé de dix ans, tout en conservant la fonction de grand prieur claustral avec faculté de jouir de tous les revenus de l’abbaye. On trouve aussi en 1593 à la tête du Bec un soudard du nom d’Emeric de Vic, homme marié, qu’Henri IV nomme en récompense de ses faits d’armes.
Ruines morales et matérielles s’accumulent en cette fin du XVIe siècle. Sans pouvoir restaurer la nef presque entièrement effondrée, on se contente de la raser. En 1591, la nef de l’église s’écroule et, faute de moyens, on décide le la raser. L’abbaye du Bec, dans un état lamentable, nécessite qu’une réforme sérieuse y soit entreprise. Ce sera l’œuvre des Bénédictins de Saint-Maur au début du siècle suivant.
La Congrégation bénédictine de Saint-Maur prit naissance en 1618 et entreprit de réformer la plupart des monastères français par une restauration de la discipline régulière, une vie austère tournée vers le travail intellectuel et les travaux d’érudition qui firent sa gloire. Elle engagea aussi de vastes entreprises de construction, dont le Bec demeure un des plus beaux fleurons. Le 24 mars 1626, Dom Colomban Régnier pénètre dans l’abbaye avec une quinzaine de moines et en prend possession. Très vite des travaux importants sont entrepris. La réforme tant attendue est introduite au Bec en 1627 avec la restauration de la discipline monastique. En 1637, est posée la première pierre du cloître. On renouvelle le mobilier et grâce à une meilleure administration, les revenus du Bec au milieu du XVIIe siècle se montent à 80 000 livres.
En 1669, l’abbaye accueille un très jeune religieux de vingt-cinq ans, Guillaume de la Tremblaye. Son immense talent de sculpteur va métamorphoser le Bec. Ses œuvres sont malheureusement dispersées aujourd’hui aux quatre coins du département de l’Eure : la chaire de la cathédrale d’Évreux ou le grand autel de Sainte-Croix de Bernay. En 1708, à peine âgé de vingt ans, le jeune La Rochefoucauld prend possession de sa commende. Quoique archevêque de Rouen, il n’a de religieux que la tonsure et n’eut de cesse, par des procès intermittents, d’augmenter les revenus de la manse abbatiale.
L’abbé Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont (1717-1766) entreprend la reconstruction du monastère et de la maison abbatiale, qui aura lieu entre 1742 et 1750. Mise en économat en 1766, l’abbaye est donnée en 1782 à Yves Alexandre de Marbeuf (1782-1798), évêque d’Autun, puis archevêque de Lyon à partir de 1788. Il sera le dernier abbé du Bec.
En 1792, le dernier moine est expulsé du Bec. En décembre 1792, les cloches sont cassées et envoyées à l’hôtel des Monnaies de Rouen. En février 1793, cuivres et argenterie prennent le même chemin. Tout est vendu: meubles sculptés, tapisseries, étoffes précieuses, faïences armoriées. On se sert dans la bibliothèque qui compte 200 manuscrits et 5000 imprimés ; le reste est expédié à Évreux. Quant au chartrier, il part en fumée le 9 janvier 1793 sur la place du marché du Bec, là où est planté l’arbre de la Liberté, aux cris de Vive la République, Vive la Convention nationale, Vive la Montagne ! Pendant une dizaine d’années, les bâtiments subirent dégradations et pillages divers. Les sculptures sont martelées.
Le chartrier est brûlé, la bibliothèque pillée, les sculptures martelées, jusqu’à ce qu’en 1802, les lieux soient transformés en dépôt d’étalons à usage de l’armée. En 1802, Napoléon transforme le Bec en dépôt d'étalons à usage de l'armée, dépendant du haras du Pin, et le sauve d'une destruction totale. Le nombre d'étalons varie de 25 à plus d'une cinquantaine. Le mobilier cultuel : maître-autel, jubé… et les pierres tombales des abbés sont transférés à l'église Sainte-Croix de Bernay. L'église abbatiale et la salle capitulaire sont vendues comme carrière de pierres en 1809. Le manège est installé dans le cloître du XVIIe siècle, et la grande écurie dans le réfectoire mauriste du XVIIe siècle : l'église abbatiale actuelle. Quand le corps de Remonte est créé en 1831, le dépôt de remonte du Bec devient une succursale du dépôt de Caen (actuel Quartier Lorge), siège de la première circonscription de Remonte.
A partir de la seconde guerre mondiale, une nouvelle époque s’ouvre et voit la restauration de la vie monastique au Bec et une lente mais régulière remise en état de l’abbaye désormais rendue à sa destination première. Ce n'est qu'en 1948 que les moines olivétains des communautés de Mesnil-Saint-Loup et Cormeilles s'y installèrent et redonnèrent à l'abbaye son rayonnement spirituel et international. L'abbaye se développe alors, notamment en vue de l'œcuménisme, prôné par le concile Vatican II, que l'abbaye vit dans ses liens privilégiés avec la communion anglicane. En 1976, Dom Grammont envoie des moines refonder une abbaye en Terre Sainte à Abu Gosh. Mais, en 1990, l'abbaye connaît un véritable séisme, avec le départ synchronisé du père abbé, Dom Philippe Aubin, et de Mère Faimpe-Marie-Ephrem, supérieure du couvent voisin, pour des "raisons affectives". Depuis les années 2000, l'abbaye vit un certain renouveau, en encourageant le volontariat des jeunes au service de la rénovation des vieux bâtiments, qui participent à la restauration du logis abbatial inauguré en octobre 2017.
Les Edifices de l’Abbaye Notre-Dame fondés par Helluin n’existent plus mais ont été remplacés par des bâtiments des XVIIe et XVIIIe siècles, joyaux de l’architecture Mauriste, de la congrégation de Saint Maur. L’actuelle abbatiale comporte des voûtes et 19 baies qui l’apparentent à la Nef. Au fond de l’église sont exposées des statues de l’ancienne Abbatiale Notre-Dame du Bec. Dans le Choeur, juste devant l’autel la tombe à l’effigie du Père Helluin. Le sarcophage qui contient ses restes, après un long exil dans l’église paroissiale du village.
Le Cloître du XVIIe siècle est l’un des 1ers de types classique avec une terrasse à l’Italienne et a été construit sur les ruines de l’ancien Cloître. Il conserve une porte décorée de style Gothique. Les bâtiments Conventuels sont de style Régence et sont à la recherche d’espace et de lumière. Ils comportent de larges fenêtres qui ouvrent sur de grands volumes. La Tour St Nicolas, de style Anglo Normand, construite au XVe siècle, domine la composition.
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Soyez vigilants et attentifs à tous ces petits gestes pour que nos petits et grands paradis le reste encore de nombreuses années et que les personnes qui passeront derrière nous en profitent tout autant.
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