Salives (Cité de caractère-21)

Charmant petit village médiéval de la Côte-d'Or, en Bourgogne, Salives prend place à une quarantaine de kilomètres de Dijon, sur les bords de la Digeanne. Labellisé Cité de Caractère de Bourgogne-Franche Comté, il se situe non loin de Bussières, Echalot ou Avelanges. Sur la Route des Lavoirs, Salives est un site fortifié qui gagnerait à être mieux connu, car il recèle des témoins de l'architecture médiévale tout à fait remarquables par leur diversité.

Au cœur d'un cadre naturel idyllique, le village de caractère de Salives dévoile un patrimoine architectural et historique de toute beauté. Ce qui fait surtout la renommée de Salives, ce sont les vestiges de son donjon datant de l'an mil.  Le village est par ailleurs entouré de remparts ponctués de tours, qui s'étirent sur plus d'un kilomètre. Pour une découverte originale et ludique de Salives, munissez-vous de votre smartphone et repérez les différents flashcodes situés au pied des monuments du village.

La commune tient son nom du dérivé du bas latin "fons saliva" : source jaillissante et abondante ou écumante, en référence à la source de la Tille. Les premiers personnages du nom de Salives apparaissent dans le dernier quart du xie siècle dans les chartes de l'abbaye de Molesmes, mais non comme seigneurs de Salives. Il s'agit de Thibaut, mari d'Adélaïde de Grancey, cousine d'Hugues le Sénéchal, ce qui permet de placer tout de suite les Salives parmi les premières familles de Bourgogne. C'est très vraisemblablement entre 1030 et 1060 qu'il convient de dater le donjon de Salives. La première citation incontestable du nom "Saliva" date de 1076.

La famille de Salives a régné sur le village jusqu'en 1256, date où elle a émigré en Franche-Comté. En 1242, Salives devient prévoté ducale, propriété des ducs de Bourgogne. Autour du donjon, le seigneur de Salives fit fortifier le bourg, créa une prévôté et une châtellenie, transférée à Saulx-le-Duc par la suite. Officiers et commerçants attirés par la présence du château, contribuèrent à la prospérité du village. Deux siècles plus tard, en 1437, les habitants de Salives adressent pourtant une supplique à Philippe le Bon afin que leurs charges soient diminuées : les paysans régulièrement ponctionnés par les soldats ne peuvent plus travailler… Le Duc Philippe entend la supplique des Sacribains et réduira leurs charges ; et de leur côté, pour éviter les raids, les habitants consolident les fortifications de leur bourg… 

L'abbé Courtépée écrivait en 1774 : grosse tour découverte, reste de l'ancien château de nos ducs, démolie en partie pendant la guerre civile, haute encore de 50 pieds, longue de 45 dans l'œuvre, et large de 15. Les murs ont 9,5 pieds d'épaisseur. La commune s'est développée au fil des siècles, prenant peu à peu le visage charmant qu'on lui connaît aujourd'hui et qui attire de nombreux visiteurs chaque année.

Le parking est situé au centre du village près du donjon du XIe siècle, c'est quasiment l'emblème de Salives. Vous trouverez un circuit héraldique sur la commune présentant les armoiries des différents personnages qui ont eu un rôle important au cours des siècles à Salives. L'étrange donjon, rectangulaire et sans contreforts, n'a guère attiré l'attention sur lui. Pourtant, c'est l'une des plus anciennes tours féodales de Bourgogne. Elle a été édifié vers 1030 et devait faire environ 25 mètres de haut à l'origine (18 aujourd'hui). Les murs font 1,80 mètre de largeur à la base. Les remparts sont quant à eux reliés par 17 tours équipées pour certaines d'archères, pour d'autres de bouches à feu.

Jusqu'aux malheureuses tentatives de restauration, le donjon de Salives était une impressionnante et massive tour rectangulaire, bâtie à flanc de coteau à cinquante mètres à l'ouest de l'église. Les murs, larges de près de trois mètres à la base, n'étaient percés que d'une porte haute sur la façade sud, celle qui domine le village. L'espace intérieur, vide, portait les traces d'un étage de soubassement, un rez-de-chaussée et trois étages, dont le dernier est équipé d'une porte, d'une fenêtre romane et d'un cabinet de latrines dans l'épaisseur de la muraille. En 1985, la démolition des maisons qui enserraient le donjon a déstabilisé les maçonneries, entraînant la chute de la face nord et de l'angle nord-est. Le donjon, complètement écroulé au fil du temps, a été restauré en 1997.

Sa particularité est sa porte au sommet de la façade sud-est. Orné de trois archères, il possède une salle en L, voûtée dans sa muraille à son sommet dans l'angle nord-ouest. La seule ouverture visible est le reste d'une fenêtre romane située au dernier étage. Quatre postes d'archères étaient disposés au dernier étage. Il n'en reste que trois. Il servait de poste de garnison et de guet au dernier étage. Les étages inférieurs au nombre de quatre, séparés par des planchers de bois et reliés par des échelles, servaient d'entrepôt et de réserve en cas de siège. En principe le rez-de-chaussée était un cellier et le premier étage celui de la grande salle qui était complètement aveugle. À ce niveau existait une cheminée dont la hotte subsistait il y a quelques années avec un conduit qui s'amenuisait en prenant de la hauteur. Son manteau est indiqué par les deux trous où s'encastraient les consoles. Tout a disparu aujourd'hui ; il n'en reste que les traces des prises dans le mur nord.

De larges murs arasés au niveau du sol se voyaient naguères dans le jardin du presbytère entre le donjon et l'église. Ils devaient être ceux de l'habitation normale du maître des lieux. Mais ce donjon fut bien aussi une place de guerre : il subit en effet au moins un siège lors de l'une de ces querelles armées locales, occupations de seigneurs permises le lundi, mardi et mercredi, puisqu'un membre de la maison de Grancey, Raymond, fut blessé mortellement en faisant le siège vers 1100-1105.

Placée sous le patronage de Saint-Martin, évangélisateur de la Gaule, l'église de Salives, construite avant le Concile de Trente, est orientée à l'est. Sa partie la plus ancienne est le sanctuaire : le coeur date du XIe siècle. Il est entouré d'une grille de communion du XVIIIe siècle. Cette dernière est ornée de médaillons en bronze reprenant évoquant la Passion du Christ : marteau, tenaille, échelle, lance, fouet, couronne d'épine, éponge, lanterne des oliviers, les trois dés...

Une chapelle castrale de style gothique flamboyant a été élevée en 1556 par Bernard de Chasot sur la partie nord de l'église, en l'honneur de ses ancêtres qui commandaient la garnison du château de Salives au XIIIe siècle. La nef est du XVIIe siècle, remaniée au XIXe siècle, de plan basilical. Elle a gardé sa corniche à corbeaux écussonnée, son pignon du XIVe offre au regard un portail dont le tympan tréflé orné d'une rose templière à cinq pétales du XIVe siècle. La statuaire de l'église Saint-Martin est particulièrement riche, quatre statues sont classées à titre d'objet : saint Roch, saint Antoine l'Ermite, saint Jean Baptiste, et un Christ de pitié, tous en bois polychrome et datant du XVe et XVIe siècles. L'église possède deux reliquaires de saint Baudry. Deux cloches sont également classées monuments historiques, classement durant la dernière guerre pour éviter leur réquisition par les Allemands pour la confection des canons.

En vous baladant au cœur de ce village plein de charme et d'authenticité, vous apprécierez le lavoir. Situé juste à côté de l'église Saint Martin datant de 1842 où naît la Tille, il est remarquable par sa série de quatre arcatures. La source de la Tille a donc donné son nom au village, autrefois, on venait y implorer une guérison, ou prier pour demander l'arrivée de la pluie. Le village a voulu rappeler la vocation sacrée de la source en faisant appel à un artiste contemporain, John Armleder (artiste suisse) : ses cabochons de pierres brillantes, éclairées par un jeu de lumière, en soulignent le caractère merveilleux.

Le puits fortifié du XIVe siècle est une curiosité de Salives : cette tourelle carrée à échauguette d'angle possède des murs de près de 2 m d'épaisseur, percés de meurtrières. Son rôle : protéger la ressource en eau du village en cas d'éventuels siège, puisqu'elle communique avec la source de la Tille. Comblé jusqu'en 1995, le puits a depuis été restauré et peut se visiter.

Juste à côté derrière l'église se trouve également la croix de rogations élevée en 1677.  Sur la croix sont fixés les instruments de la Passion, illustrant le récit des Evangiles et invitant, comme les chemins de Croix, à vivre le temps du sacrifice : l'échelle, la lance, la main du garde du grand prêtre qui gifla Jésus, l'éponge, le coq du reniement de Pierre, les trois dés, le roseau, le poinçon, le marteau, la tenaille, l'épée et la bourse, la couronne d'épines, le fouet de la flagellation, le roseau, l'écriteau "titulus" de la condamnation, avec l'inscription : "Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs"., la hache, les clous, le calice, la lune et le soleil. Parmi les instruments de la Passion, on trouve parfois une lanterne, les dés à jouer avec lesquels la tunique de Jésus fut tirée au sort entre les soldats et les 30 pièces d'argent, prix de la trahison de Judas : ils ne sont pas ici représentés.

La croix de rogations est composée d'un fût de section hexagonale, posé sur une base de section carrée, d'un chapiteau à volutes d'ordre ionique et d'une croix de section carrée. L'ensemble est posé sur un piédestal carré, à arêtes supérieures chanfreinées. Les sculptures du fût représentent les instruments de la Passion, et illustrent les récits des Evangiles : la cruche avec laquelle Pilate s'est lavé les mains ; le coq du reniement ; le fouet de la flagellation... Le chapiteau, de style naïf, rappelle l'ordre ionique avec ses volutes. Un Christ est sculpté sur l'avers de la croix. D'après la tradition, elle constituait le but de processions effectuées lors des rogations, pendant les trois jours qui précédaient l'Ascension, pour attirer la bénédiction divine sur les récoltes et les animaux. Le premier jour était consacré au foin, le second à la moisson, le troisième aux vendanges.

Salives possède par ailleurs des fortifications remarquablement conservées, avec courtines d'enceinte, mur de braie, tours de flanquement, et rondelles d'artillerie à bossage rustique. Plusieurs entrées sont utilisées pour faire le tour des remparts, d'une longueur de 1,4 km et ceinturent l'ensemble du bourg, certains segments n'ont pas été rénovés) 17 tours ponctuent ces remparts. la porte de Montarmet constitue l'entrée la plus remarquable de la ville. Des tours avec archères côtoient des tours avec bouches à feu. Une promenade balisée permet d’admirer les tours qui ponctuent ces murs de fortifications qui datent du XIIIe siècle et furent remaniés deux siècles plus tard. Le XIIIe siècle fut vraiment l’âge d’or de Salives lorsque son seigneur, le Duc Hugues IV, en comprit l’importance stratégique : par sa position, le village commandait la haute vallée de la Tille, assurant la surveillance du vaste plateau allant d’Echalot à Fraignot, aux portes des puissants seigneurs de Grancey. 

La Tille passe sous les remparts et s'engage dans la haute vallée de la Tille. A la sortie de Salives vers le bourg de Montarmet,  découvrez la maison des Templiers. De nombreux indices concordent pour attribuer une origine templière à cette imposante demeure privée. L'intérieur présente de nombreux symboles templiers. De plus, le lieu-dit sur lequel elle est construite se nomme La Magdeleine : or la commanderie des Templiers de Dijon s'appelait la commanderie de la Magdeleine et les Templiers vouaient une adoration particulière à la "Magdaléenne", Sainte Marie-Madeleine.

En déhambulant dans le village, admirez également le Colombier. Situé dans une propriété privé et donc visible seulement lors des Journées du Patrimoine, ce colombier possède 1282 cases… remarquable par son état de conservation, il n'a jamais été utilisé : sa construction a en effet été achevée après la loi d'août 1789 qui abolissait les privilèges. Or seuls les personnages possédant le "droit de justice" pouvait détenir un colombier : les volatiles étant réputés nuire aux cultures en dévorant les semailles, les simples paysans n'avaient pas le droit d'en posséder. Le nombre de boulins (cases) et donc le nombre de pigeons était déterminé en fonction de la superficie des terres que possédait le propriétaire.

Il y a bien des choses à faire dans ce village de caractère, véritable petit bijou médiéval niché au creux d'un vallon. Un circuit géologique d'une quinzaine de sites expliquant l'histoire géologique de la commune de Salives, traversée par le "Seuil de Bourgogne" (roches, tectonique, hydrologie, fossiles,...). Si vous le pouvez, restez jusqu'à la tombée de la nuit : l'éclairage des remparts vous transporte dans le passé, lorsque seigneurs et paysans vivaient à l'ombre du donjon.

N'oubliez pas !

Par respect pour les habitants et l'environnement, merci de respecter les panneaux signalétiques et consignes. Merci de respecter le droit de propriété et à la vie privée :

• Veillez à toujours respecter les biens et les personnes lors de votre passage et de ne pas pénétrer sur les terrains privés.
• Observez le code de la route en tous lieux et en toutes circonstances, et soyez courtois avec les autres usagers que vous pourrez croiser sur votre chemin.
• Camping et Feux interdits (pas de barbecue)
• La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
• Veuillez ramasser vos déchets avant de partir.
• Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne.
• L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre. ​Pensez boite à mégots.