L’origine du nom du village "Corneville-sur-Risle" viendrait de Cornélia Villa. Le nom de la localité est attesté sous la forme Cornevilla vers 1040, en 1143 dans la charte d’Hugues, archives de Rouen et en 1174 dans une charte de Henri I. La formation du village remonterait à l’époque romaine, là où fut construite la Villa de « Cornélius », comme se fonda la Villa « d’Appius » aujourd’hui nommée Appeville. « Cornélius » et « Appius » étaient probablement de braves retraités de la légion romaine.
En ce qui concerne les noms de rue, les noms historiques sont conservés dans le village, comme la Côte d'Aptuy, le Chemin de la Vierge, la Rue des Ponts Gras... D'autres noms font référence aux créateurs de l'Opérette des Cloches de Corneville" : Avenue Robert Planquette (RN175), Rue Charles Gabet, Rue Clairville... ainsi qu'à ses personnages : Rue Serpolette, Impasse Grenicheux..., puis à des noms de fleurs ou d'arbres : Impasse des Violettes, Chemin des Pervenches, Rue du Chêne...
Au bout d'une impasse, au milieu du cimetière, l'église de Corneville-sur-Risle, placée sous le vocable de Saint-Sébastien, semble avoir une origine très ancienne. C’est en effet à partir du IXe que les églises consacrées à Saint Sébastien ont dû être construites. Depuis sa fondation, l'église Saint-Sébastien a subi de nombreuses modifications. Le portail, le mur et la tourelle sont de style roman des XIe et XIIe siècles. La nef a été reconstruite au XVIe siècle et les fenêtres transformées en ogives. Jusqu'en 1884, l'église a subi de nombreuses réfections et consolidations.
L'église de Corneville-sur-Risle à cinq travées est orientée et présente un plan longitudinal avec un chevet plat. Deux tourelles flanquent l'édifice sur chaque mur gouttereau du chœur. La façade principale à mur-pignon, encadrée par deux grands contreforts, est percée d'un portail en plein cintre à voussures auquel on accède après quelques marches. Au-dessus, une niche, contenant une statue de la Vierge, est insérée dans une arcature aveugle. Une petite rosace surmonte l'ensemble. Le clocher de base carrée est entièrement couvert d'ardoise et sa flèche est de type Fry. La toiture est à double pentes. Les murs gouttereaux sont soutenus par plusieurs contreforts épais. La nef est éclairée par des baies en arc brisé en tiers-point à deux lancettes.
Dans le mur de l’église paroissiale, près de l’autel de la Vierge, on voyait encore, il y a quelques années, une voûte en plein cintre sous laquelle était placée un cercueil en pierre qu’un archéologue a considéré comme étant du XIème ou XIIème siècle. Ce tombeau a été refait en 1883 de style roman secondaire. Selon la légende, il renferme les restes de la "Dame de Corneville". La Dame de Corneville avait un fils qui faisait son désespoir et qui l’aurait menacée de danser sur sa tombe. Selon ses dernières volontés, elle aurait été inhumée dans la muraille de l’église pour empêcher de commettre cette profanation.
La personne inhumée en ce lieu et qu’on nomme la "Dame de Corneville" était d’un rang distingué et de haut parentage. On dit qu’elle fut la sœur de Galéran, sir de Pont-Audemer et épouse de Raoul de Corneville. Donatrice de ses biens communaux aux trois communes de Corneville sur Risle, Appeville dit Annebault et Condé sur Risle, biens restés en indivision jusqu’au partage proportionnel au nombre d’habitants de l’époque. Jehan Poisson, seigneur de Condé sur Risle et parent des anciens seigneurs de Corneville revendiquait ces biens.
Les habitants des trois paroisses auraient perdu ce procès si l’appui des dignitaires de l’abbaye de Corneville, qui s’appropriaient le plus clair des recettes de ces biens, n’était pas survenu, car les prairies communales étaient très avantageuses aux religieux de Corneville qui faisaient l’élevage du bétail. Les animaux passaient la rivière à gué. Il n’a pas été retrouvé la date de la première construction de ponts sur les deux bras de la Risle mais une affiche datée du 23 septembre 1920 atteste leur démolition et reconstruction, par adjudication, sur soumissions cachetées.
A l'intérieur de l'église, dans le mur près de l'autel de la Vierge, on aperçoit une ancienne voûte en plein cintre sous laquelle était placée un cercueil en pierre qu'un archéologue a considéré comme étant du XIe ou XIIe siècle et qui renferme, selon la légende, les restes de la "Dame de Corneville", donatrice des biens communaux des trois paroisses : Corneville-sur-Risle, Appeville dit Annebault, Condé-sur-Risle.
L'église de Corneville-sur-Risle se situe près des vestiges de l'ancienne abbaye Notre-Dame fondée en 1143 par Gilbert de Corneville, aujourd'hui transformée en résidence, c'est une propriété privée qui appartient à la famille Lennuier. L’histoire de cette propriété inséparable de l'église et de l'ancien presbytère a des racines très profondes dans l’histoire de la région. Lors de l’invasion normande, la cité de Corneville fit parti du grand domaine cédé à Torf qui fut le premier seigneur de Pont-Audemer. Corneville possédait alors plusieurs moulins dont certains furent cédés aux monastères voisins, les Préaux en 1050, le Bec Hellouin en 1217.
Gilbert de Corneville et son oncle et suzerain Galeran de Beaumont et comte de Meulan s'associent en 1143 pour fonder l'église Notre-Dame et la doter de biens sis à nieville, Pont-Audemer et Montforfc. Les chanoines acquèrent le patronage des églises de Corneville, de Colletot, de Valletot, de Cauvervillle, de Villequier, de Fiervillle, des chapelles de Saint-Laurent de Formetuit, de Rondemare et du château de Beaumont-le-Roger. Dès ses débuts l'abbaye devient un prieuré de l'abbaye de Saint-Vincent-au-Bois (Eure et Loir) au diocèse de Chartres.
Galeran de Beaumont dispose d'attaches familiales dans la région chartraine et c'est de l'exemple du Grand-Beaulieu qu'il s'est inspiré en 1135 pour fonder une léproserie sur ses terres de Pont-Audemer. Les chanoines de Saint-Augustin se contentent de nommer les prêtres des églises dont ils ont la cura animarum mais on doit pouvoir affirmer qu'à Beaumont-le-Roger ils desservent eux-mêmes la chapelle du château. Il est fort possible que les chanoines se soient livrés à des travaux d'essartage tout comme les premiers chanoines de Saint-Vincent-au-Bois.
Au Xlle siècle la communauté est très peu importante. Il faut noter que sur le plan architectural, les deux églises, l'abbatiale et l'église paroissiale de Corneville, sont juxtaposées dans le sens de la longueur. L'abbaye de Corneville et ses églises paroissiales s'insèrent dans une région fortement marquée par le monarchisme bénédictin du Bec et des deux abbayes des Préaux. L'église est consacrée par l'archevêque de Rouen Hugues le 3 septembre 1147.
Au XIIIe siècle, l’archevêque de Rouen, Eudes Rigaud, fit 9 visites à Corneville-sur-Risle. Il constate que les chanoines mènent une vie relâchée: les malades sont mal soignés, les dettes s’accumulent et les bâtiments ne sont pas entretenus. En 1287, la foudre détruit l’église, le réfectoire et presque tous les bâtiments, y compris les archives. L’abbaye se reconstruisit et fut ensuite mêlée à la guerre de cent ans. Le roi d’Angleterre Henri V en confisqua le temporel, soit l’ensemble des biens de l’abbaye. En 1419, l’abbé Jean II dut faire hommage à Henri V, c’est-à-dire se déclarer son vassal pour que l’abbaye récupère ses biens en février 1420.
Au XVIIe siècle, l’abbaye de Corneville sur Risle fut cédée en commande, c’est-à-dire confiée à un abbé, souvent originaire d’une autre région, non résident et qui y venait pour toucher les bénéfices, comme le fut Alexandre Béchi, évêque de Carpentras de 1645 à 1649. A partir de 1659, le site connaît un nouvel essor avec l'installation d'une communauté de Génovéfains, peu répandue en Normandie, qui entrepri de reconstruire et d'agrandir les bâtiments. L’abbé Louis II de la Chesnaye confia donc l’abbaye aux Génevéfains, chanoines de l’abbaye de Ste Geneviève ou Congrégation de France, fondée vers 500 par Clovis. Les Génevéfains avaient pour mission dans le royaume de desservir les paroisses, d’administrer les hôpitaux et de diriger les séminaires. C'était alors la seule abbaye génovéfaine de Haute-Normandie. Ce sont donc eux qui relevèrent l’abbaye et reconstruisirent presque tous les bâtiments.
En 1790, durant la révolution française, la Constitution Civile du clergé entraîne le départ des religieux et la vente, sous forme d’assignats, des biens de l’abbaye en tant que bien National. Dès 1794, deux citoyens de Pont-Audemer, Lambert, arpenteur, et Digosville, tailleur d’habits, se partagent prairies et maisons. En 1795, les frères Milet, marchands à Yvetot, se portent acquéreurs du domaine et le transforment en manufacture. Mais en 1798, l’un des deux frères décide de démolir la façade Est de l’ancienne maison conventuelle, avec quatre fenêtres sur la façade Sud, aux fins d’en vendre les matériaux.
En 1828, M. Minou, fabricant d’indiennes à Canteleu près de Rouen, achète le domaine pour le donner en dot à son fils. Ce dernier le revend en 1845 par Maître Philippe, Notaire honoraire à Pont-Audemer. A la mort de ce dernier en 1848, le prix de la propriété n’ayant pas encore été versé, la vente se fait aux Enchères Publiques. Le 12 septembre 1848, Auguste Florentin Limare, pharmacien à Pont-Audemer, en devient adjudicataire. Depuis cette date, la propriété est restée dans la famille. La commune de Corneville acheta l’aile Nord-Sud qui devint presbytère jusqu’en 1985. Des fouilles récentes ont retrouvé plusieurs vestiges. Les fouilles archéologiques réalisées en 1985 indiquent que les églises paroissiale contemporaine et abbatiale (transept et chevet, disparus) étaient partagées entre les paroissiens et les abbés.
Le domaine de l’abbaye de Corneville-sur-Risle n’a pas subi de transformation ni dans son plan, ni dans son site, ni dans ses limites. Vendue comme bien national suite à la Révolution, l'abbaye fut en partie démantelée, avec notamment la destruction de l'église abbatiale qui était située dans le prolongement de l'actuelle église paroissiale du XIXe siècle. Il reste une partie des ailes monastiques de la fin XVIIe - début du XVIIIe siècle autour du cloître. Construite en briques et en calcaire, l'aile sud accueillait les celliers, le réfectoire et les dortoirs. Bien que très remanié à partir du XIXe siècle, cet édifice a conservé son escalier droit, sa galerie du cloître et sa cuisine d'origines. L'aile est a subi plus de transformations. Les murs des enclos de l'abbaye ont subsisté et figurent l'ancienne emprise de l'établissement.
La légende veut que pendant la guerre de cent ans, les cloches de l'église disparaissent. Deux versions existent pour expliquer cette disparition. La première : sur les conseils des moines, plusieurs garçons du village décrochèrent les cloches, pour les soustraire aux envahisseurs anglais et les ensevelirent dans la Risle. Ces garçons furent tués à la guerre et les moines ne livrèrent pas le secret.
La seconde se déroule pendant la guerre de cent ans, les Anglais, Maîtres de Normandie, pillèrent l'abbaye de Corneville-sur-Risle ; ils chargèrent le trésor et les cloches dans une barque pour les emmener au fil de la Risle, dans leur camp retranché. Mais le poids fit chavirer l'embarcation. Les moines récupérèrent le trésor et les cloches, sauf une que l'on ne retrouvera jamais, et, dit la légende, lorsque les cloches de l'abbaye sonnèrent à nouveau, celle restée au fond de la Risle répondit au carillon. Aujourd'hui, le carillon appartient aux propriétaires de l'Hôtel des Cloches de Corneville.
La commune de Corneville-sur-Risle compte plusieurs édifices du patrimoine historique : le pont Napoléon du XIXe siècle, l'auberge "Les Cloches de Corneville" du XXe siècle au lieu-dit les Trois-Routes, elle bénéficie en outre du label "Patrimoine du XXe siècle". Le "fort d'Harcourt" vestige d'une motte castrale, visible dans le bois de Cany.