La ville de Conches-en-Ouche est située dans une boucle de la rivière du Rouloir, en haut d’une colline. Territoire maintes fois convoité au Moyen Age, Conches possède une histoire mêlée à celle des plus illustres personnages du royaume jusqu'au XIXe siècle. Conches a été célèbre pendant tout le moyen âge. Un seigneur de Tosny, et particulièrement son fils, Roger Ier, bâtirent un fort sur un surplomb naturel au-dessus des étangs de la source du Rouloir, au lieu-dit « Vieux-Conches ».
Jusqu’au milieu du XIIe siècle, il semble acquis, à la lecture des textes d’archives, que le site que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Vieux-Conches est le centre seigneurial et paroissial désigné par le toponyme médiéval de Conches, tandis que le site de l’abbaye Saint-Pierre et son bourg monastique correspondent à un lieu nommé Castillon. Jusqu’à cette date, aucun transfert de l’habitat seigneurial des Tosny vers Castillon n’est corroboré par les sources écrites.
Au Vieux-Conches, subsistent les vestiges d’un château féodal. Celui-ci est prétendument abandonné par Roger Ier de Tosny ou Roger d'Espagne, (Roger Ier de Tosny participera à la Reconquista espagnole, d'où son autre nom Roger d'Espagne), second membre de la famille de Tosny, lors de la fondation de l’abbaye bénédictine, placée sous le vocable de Saint-Pierre et Saint-Paul. de Castillon, vers 1035. Roger Ier de Tosny va guerroyer en Espagne, fonde l'Abbaye de Chastillon-les-Conches et, délaissant sa première forteresse près des sources du Rouloir, il édifie une forteresse plus importante, dont les ruines ont encore aujourd'hui, un véritable cachet de grandeur.
La fondation de l'Abbaye Saint-Pierre de Castillon-lès-Conches se place dans la lignée des grandes fondations monastiques de cette époque : l'Abbaye du Bec en 1035, l'Abbaye Saint-Pierre de Préaux en 1034, l'Abbaye de Lyre en 1045... Roger Ier de Tosny, fait venir quelques moines de l'abbaye de Fécamp, parmi lesquels se trouve Gislebert (ou Gilbert), premier abbé. Robert de Jumièges ou Robert Champart (mort en 1055), premier archevêque normand de Cantorbéry, moine de Jumièges et par la suite prieur de l’abbaye de Saint-Ouen de Rouen. C’est en cette qualité qu’il signe la charte de fondation de l’abbaye de Conches, à la place de l’abbé Herfast.
Consacrée en 1219, grâce à des donations, l'abbaye possède des prieurés en Angleterre, ceux de Wotton (Wootton Wawen Priory, comté de Warwickshire) et d'Horsham (dédié à sainte Foy, comté de Norfolk). La communauté se développe jusqu'à accueillir 25 moines au temps des visites de l'archevêque de Rouen Eudes Rigaud entre 1255 et 1269. L'Abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Châtillon-lès-Conches conservait les reliques de saint Mauxe et de saint Vénérand.
Le comte de Laval était possesseur du château et de la terre d'Acquigny. Jean, abbé de Conches, lui avait fait don d'une notable portion de la partie antérieure du chef de saint Vénérand, qu'il conservait dans son château d'Acquigny. La remise en avait été faite le 15 mai 1480, et les reliques seront conservées dans l'église Saint-Vénérand de Laval. Nicolas Le Vavasseur, abbé de Conches, ordonne la rédaction de la compilation des biens de l'abbaye, qui aboutit en 1515. Elle subit la réforme mauriste en 1630.
Comme d'autres établissements monastiques, l'Abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Châtillon-lès-Conches est ravagée pendant la Guerre de Cent Ans. En 1356, les Anglais incendièrent le château de Conches et l'abbaye. Les restaurations et reconstructions se succèdent. Puis, vint la période révolutionnaire, pendant la révolution de 1789, des troubles graves éclatèrent à Conches. À la Révolution, à la suite de l'intervention des colonnes infernales de Turreau, de nombreux bâtiments sont détruits, parmi lesquels l'abbatiale. (Les colonnes infernales est le nom donné à des colonnes incendiaires ayant opéré de janvier à mai 1794 sous le commandement du général républicain Louis Marie Turreau lors de la guerre de Vendée, et qui devaient détruire les derniers foyers insurrectionnels de la Vendée militaire). Seuls subsistent quelques contreforts et arcs-boutants. Conches voit la destruction complète de son abbaye, de trois de ses églises et de leurs richesses artistiques.
Vendue comme Bien National à La Révolution, le domaine est revendu en 1819 et les bâtiments progressivement abattus. L’ancienne Abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Châtillon-lès-Conches est une bonne adresse pour boucler une escapade dans le centre historique de Conches-en-Ouche. Vous pourrez déambuler autour de cette ancienne abbaye et de ses bâtiments. L'Ancienne Abbaye bénéficie du cadre valorisant de la vallée du Rouloir, avec son paysage de prairies, de coteaux boisés et de berges arborées.
En surface, seul subsiste un bâtiment de l’hostellerie avec sur le côté des arcs-boutants, des colonnes du cloître du XIVe siècle et la porte de l’église abbatiale du XIIe siècle. En revanche, le sous-sol réserve quelques surprises avec un ensemble de trois souterrains dissimulés sous le cloître et au pourtour de l’abbatiale. Nous pénétrons dans l’un deux par un petit escalier situé à l’extrémité Est du bâtiment de l’Hôtellerie. Vous serez surpris par la beauté et la grandeur de ce souterrain. Positionné à 5 mètres de profondeur il s’étend de façon rectiligne sur 31 mètres de long. La voûte de la galerie est en arc d’ogive avec de grosses moulures.
De part et d’autres 17 niches sont réparties. Faisant certainement office de cellier, cet ensemble aurait jadis communiqué avec un autre souterrain également en voûte ogivales mais plus large et plus haut faisant office de pressoir. Quelques graffitis sur les murs nous rappellent que l’histoire des lieux ne s’est pas arrêtée avec la destruction de l’Abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Châtillon-lès-Conches mais s’est poursuivie jusqu’à la dernière guerre mondiale où l’ensemble des caves a servi de refuge.