Successivement édifiée par différents architecte, la façade principale Ouest présente une architecture de style Renaissance et classique avec la référence aux ordres antiques. Le massif de façade de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux conserve les deux tours de tradition normande.
L'architecture exterieure de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux
La tour nord est dotée d'un beffroi légèrement en retrait. Cette tour Nord, commencée en 1609, conduite à partir de 1612 par l'architecte François Galopin, a été achevée vers 1631. L'effet monumental est créé par l'élévation à trois étages, identique à la tour Sud, enrichi d'un beffroi de plan carré légèrement en retrait et abritant les cloches, lui-même surmonté d'un lanternon de forme polygonale en retrait. Les colonnes et pilastres accentuent la verticalité donnée à cette tour. Au sommet, un lanternon porte la croix. Les cinq cloches de la Cathédrale Notre-Dame se situent dans la tour nord. Elles ont été fondues en 1967 par la fonderie Cornille-Havard de Villedieu-les-Poêles.
Le gros-oeuvre de la tour sud date du XIIe siècle et a été entièrement rhabillé vers 1573 sous l'évêque Gabriel Le Veneur. Elle s'élève sur cinq niveaux, présente une ordonnance variée, dont un entablement classique avec une frise alternant triglyphes et métopes. Avant l'incendie de juin 1940, la tour était coiffée d'un clocher octogonal en charpente bois avec abat-sons et courte flèche. Il ne fut pas rétabli car jugé disgracieux. La rose qui surplombe le portail sud dite "Rose du Paradis", célèbre pour ses tons doux, représente le Couronnement de la Vierge du XVe siècle.
De plan octogonal, la structure actuelle de la Tour Lanterne date de sa reconstruction après l'incendie du 11 juin 1940 : une restauration à l'identique sur la base de plans du XIXe siècle et d'anciennes photographies. La tour est flanquée de minces tourelles octogonales. Devant les grandes fenêtres à l'ouest trônent deux statues superposées installées au XIXe siècle : la Vierge à l'enfant et l'évêque saint Taurin. La flèche en plomb qui couronnait la tour-lanterne depuis 1475 a été détruite pendant le conflit de la Seconde Guerre Mondiale. Reconstruite depuis, elle culmine à 75 mètres, et surmontée de la croix et du coq, elle atteint 78,15 mètres de haut. La flèche est formée de grands triangles ajourés sur quatre niveaux est recouverte de plaques de plomb.
Le grand portail, porte centrale de la Cathédrale Notre-Dame est resserrée entre les deux tours et s'inscrit dans un cadre plein cintre. Elle a été exécutée sous l'épiscopat de Claude de Saintes (1575- 1591) et restaurée au XIXe siècle. Le grand portail ébrasé est encadré d'archivoltes redentées de petits bouquets de chardons. Le tympan a perdu son décor figuré à la Révolution Française. L'ensemble est surmonté d'un imposant gâble ajouré d'un réseau flamboyant. La porte du XVIe siècle laisse entrevoir la trace de trois personnages, l'iconographie reste toutefois difficile à interpréter. La rosace aux formes arrondies, supportée par une série de colonnades, appartient au style de la Renaissance. La rosace est un chef d’œuvre de légèreté, inscrite dans une accolade élancée, le jeu de courbes et contre-courbes, les plans décalés attirent le regard vers le haut. Le pignon sommital est percé de deux oculi, du latin oculi (yeux).
Le portail Nord. La façade du bras nord a été élevée vers 1504 par l'architecte Jean Cossart de style gothique flamboyant. Elle fait écho aux édifices de Senlis et Beauvais et compte parmi les beaux exemples de France. La monumentalité de l'architecture flamboyante de ce portail nord illustre la recherche de la verticalité, la richesse et la profusion du décor sculpté du début du XVIe siècle. Les deux tourelles à six pans abritent les escaliers disposés de chaque côté et sont surmontées d'un lanternon octogonal coiffé d'une pyramide à fleurons. L'effet sculptural donné par les nombreuses niches, consoles, dais et gâbles, révèlent des jeux d'ombre et de lumière sur la façade.
La façade Sud de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux présente une architecture plus sobre, en contraste avec celle du nord. Les fenestrages des chapelles ont été refaits au XVe siècle sur un modèle proche de celui du nord. Néanmoins, l'ornementation est soignée : quelques sculptures figuratives, de la faune, des grotesques et des personnages fantastiques. La balustrade de la nef ne présente pas de gâbles dentelés comme au nord. Quant aux contreforts, un simple décor de pyramidions les habillent sans cacher la rigidité des arcs-boutants du XIXe siècle. La nudité de la façade du croisillon sud, accentuée par la disparition de l'étage du cloître, contraste avec la luxuriance de la façade du portail Nord. Construit à la fin du XIIIe siècle, le chevet conserve une homogénéité d'ensemble avec un parfait équilibre des différents styles apportés au fil du temps. Il est caractérisé par la verticalité des trois étages : chapelles, triforium, fenêtres hautes, accentuée par les clochetons qui le couronnent sur le pourtour.
L'architecture intérieure et la distribution de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux
La nef
La nef, rehaussée sur ses grandes arcades romanes par Gauthier de Varinfoy, contraste avec le chœur gothique rayonnant, accolé à partir de 1260. La nef présente une élévation à trois étages : grandes arcades, triforium, fenêtres hautes. Les premières grandes-arcades en plein cintre de la nef remontent au XIIe siècle ; elles reposent toutes sur des piliers cantonnés de neuf colonnettes engagées. L'ornementation des chapiteaux alterne entre des motifs simples géométriques ou de feuillages, et des motifs d'entrelacs et figures grimaçantes. Le triforium aveugle de style gothique rayonnant comprend quatre arcatures trilobées reliées par une balustrade ajourée.
De remarquables vitraux rehaussent l'espace. Les fenêtres hautes sont divisées en quatre lancettes trilobées et surmontées d'une rose. Les formes arrondies du réseau et du décor témoignent du style gothique rayonnant. Suite à l'incendie de 1194, les étages supérieurs, triforium, fenêtres hautes et voûtes sur croisées d'ogives, sont reconstruits au XIIIe siècle (1240) par Gauthier de Varinfroy, maître d’œuvre de la cathédrale de Meaux. Le premier niveau abrite les chapelles du XIVe siècle. L'élévation de la façade nord de la nef est simple et homogène grâce aux fenestrages refaits au XVe siècle. La couverture et la charpente en béton ont été entièrement reprises suite à l'incendie de juin 1940.
La chaire, installée en 1811, provient de l'abbaye du Bec Hellouin. Elle a été sculptée en 1675 par Guillaume de La Tremblaye.
Le transept
Le transept, bâti après la réparation des sacs de la guerre de Cent Ans, offre une tour-lanterne à la croisée. Le gros-oeuvre du transept a été construit au début du XVe siècle. Les piles de la croisée ont été consolidées par Jehan Le Roy en 1451. Le transept et la tour lanterne sont édifiés sous les règnes de Charles VII et Louis XI et achevés en 1475. Il porte la marque de ses restructurations successives à différentes périodes : par exemple, les quatre piles de la croisée du transept sont différentes : à l'ouest – côté nef, les piliers romans sont conservés, par contre à l'est, les piliers ont été rhabillés uniformément au XVe siècle. L'élégant passage d'un plan carré au sol du transept à un plan octogonal de la lanterne met en valeur la transition subtile avec les étages de la galerie, des fenêtres et de la voûte dotée d'une clef à lunette.
Le chœur
L'édification du chœur de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux s'échelonne sur une période comprise entre 1260-1310. Commencé vers 1260, après l'achèvement de la nef, le chœur semble bien avancé lorsque le chapitre cathédral décide, en 1263, que les défunts y seront enterrés. Le gros-œuvre et la décoration sont achevés avant 1310, date du décès de l'évêque Mathieu des Essarts. Le chœur renferme des stalles réalisées en 1377 par Charles le Mauvais, grâce à son don de 200 francs or, en date du 17 juin 1377. Le sanctuaire est conçu selon le style du gothique rayonnant (technique et esthétique), il est couvert d'ogives : l'architecture doit permettre de laisser entrer la lumière divine. Pour cela, les fenêtres sont élargies, les murs pleins disparaissent au bénéfice des vitraux et les faisceaux de colonnettes sans rupture jusqu'à la voûte accentuent l'effet de verticalité.
Le chœur de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux, d'un plan plus large que la nef, présente une élévation à trois étages : les grandes arcades en arcs brisés finement moulurés, le triforium éclairé de vitraux, et les fenêtres hautes. La première travée du chœur, de forme trapézoïdale, permet le raccordement à la croisée du transept. Cette structure si particulière est due à la nécessité de compenser la différence avec l'ancien transept roman dont l'écartement des piles était plus étroit. Le triforium ajouré présente une division en quatre baies de style flamboyant : lancettes trilobées affinées en accolade, balustrades, profusion de l'ornementation (choux frisés). Les fenêtres hautes composées de quatre lancettes trilobées sont surmontées d'une rose. Les voûtes sur croisées d'ogives sont ornées de clés de voûtes décorées de couronnes de feuillage.
Au rond-point, la clef recevant les huit branches d'ogives figure un buste d'évêque bénissant de la main droite et tenant une croix dans la gauche. Le déambulatoire s'ouvre sur treize chapelles rayonnantes dont la plus profonde dans l'axe est la chapelle de la Mère de Dieu.
Les chapelles rayonnantes de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux
La cathédrale possède une douzaine de chapelles rayonnantes fermées par des clôtures de bois ouvragées du XVIe siècle, représentant des personnages, des animaux. Elles sont dédiées à des saints comme par exemple saint André, saint Aquilin, sainte Anne ou les Saints-Anges. Elles sont toutes dotées de fenestrages flamboyants vers 1470-1475. À l'entrée du bas-côté sud de la nef, se trouve également un calvaire de terre cuite du XVIIIe siècle.
La Chapelle de la Mère de Dieu
La chapelle absidiale dite de la Mère de Dieu fut construite entre 1461 et 1470 par l'évêque Jean de la Balue en 1465 en commémoration du sacre de Louis XI. On y trouve une Vierge à l'Enfant, statue de pierre polychrome, qui date du début du XVIe siècle, et un tableau de Gian Antonio Guardi, Le Christ apparaissant aux Pèlerins d’Emmaüs, déposé par la collégiale Notre-Dame des Andelys.La chapelle de la Mère de Dieu, plus vaste avec ses trois travées, témoigne de la première phase du gothique flamboyant avec l'abolition des murs, l'amincissement en amande des structures de pierre et la prédominance des vitraux. Couverte par des voûtes sur croisées d'ogives finement moulurées, elle s'éclaire par des fenêtres formées de lancettes trilobées supportant une grande fleur de lys en référence au roi Louis XI qui en a financé la construction et les verrières. Vitrail représentant l'arbre de Jessé dans la chapelle Absidiale. D'anciens évêques sont enterrés dans le caveau sous l'autel.
Les vitraux
Aucune église française ne peut rivaliser avec la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux pour le nombre et la qualité de ses verrières du XIVe et du XVe siècle. Elle est célèbre pour conserver une série de verrières au jaune d'argent du XIVe siècle, dont l'équivalent ne se trouve qu'en l'église Saint-Ouen de Rouen. A cette époque, un maître verrier d'Évreux utilisa une nouvelle couleur à base de sels d'argent que l'on venait d'inventer. Ce procédé lui a permis d'étendre la gamme des coloris. La qualité du jaune d'argent utilisé par ce maître verrier a fait que le jaune d'Évreux passa à la postérité. La volonté des bâtisseurs d’origine d’en faire une cathédrale de lumière a été respectée. L’ombre a été judicieusement mêlée à la lumière pour assurer le maintien de la sobriété et de la sérénité qui habitent le lieu.
Avec ce monument, la royauté a durant toute cette période entretenu des rapports privilégiés. Ses vitraux conservent, parmi les nombreux témoins du mécénat royal et princier, l’effigie de Charles VI, de Charles VII, et surtout de Louis XI trois fois représenté dans différentes parties de l’édifice. Les nombreuses verrières de donation documentées permettent de retracer pas à pas la progression du chantier, et de restituer l’ordonnance primitive d’un ensemble complexe ayant subi bien des modifications au cours des siècles. Démontés pendant la Seconde Guerre mondiale, ils sont entreposés à Niort. Ils seront restaurés à partir de 1953 par Jean-Jacques Grüber. Le 19 août 1983, un orage de grêle détruit les verrières du chœur et du transept sud.
Le Grand Orgue
Le Grand Orgue contemporain est disposé au revers de la façade occidentale, ce grand instrument est installé dans la cathédrale depuis 2004, inauguré en 2006, œuvre du facteur d'orgue Pascal Quoirin de Saint-Didier (Vaucluse). Le parti esthétique contemporain affirmé a été conçu par deux maîtres d’œuvre : J-P Decavèle pour l'instrument et B. Decaris pour le sas et le buffet. L'orgue se présente sous la forme d'un cylindre fermé élancé porté par six pieds. Lorsque l'instrument est en jeu, les volets s'ouvrent, deviennent des abat-sons et dévoilent un intérieur coloré. L'instrument comporte 53 jeux, 4 claviers de 56 notes, et un pédalier de 32 marches.
Derrière le mur nord-ouest de la Cathédrale Notre-Dame d'Evreux se trouve une grande salle voûtée servant de réserve au clergé, ancienne bibliothèque. Enfin, le cloître, autrefois à double étage, n'a toujours comporté que deux ailes. Prolongée jusqu'à l'évêché au XIXe siècle, cette galerie dessert la chapelle d'hiver, entièrement refaite en 1845-1846. La cathédrale Notre-Dame d'Évreux n'a pas vraiment de cloître. Les deux ailes ouest et nord qui sont visibles ne sont pas les restes d'un cloître fermé qui aurait été à moitié détruit. Elles font simplement office de passage couvert reliant l'évêché à la cathédrale. En effet, dans les deux ailes, bordées de baies à remplage gothique, les œuvres artistiques s'accumulent : clés de voûte en pierre avec armoiries ; dalles funéraires sur les parois ; bas-relief incrusté dans le mur montrant un priant,...
L'aile nord date du règne de Louis XI (1461-1483). L'aile ouest, dans sa partie nord, remonte à la fin du XVe siècle et au début du XVIe. Les voûtes ogivales de l'aile nord sont typiques de la fin du XVe siècle : les retombées sont en pénétration vers l'extérieur et reposent sur des consoles à feuillage sur le côté opposé. La cuve qui trône au centre du jardin remonte aux temps mérovingiens. Enfin, les amateurs d'art néoroman pourront admirer de près les modillons de têtes de démons et d'animaux fantastiques ainsi que les chapiteaux qui ornent la chapelle épiscopale située dans le prolongement de l'aile nord.
Pour ceux qui aiment le Moyen Âge, c'est un endroit à ne pas négliger. Accolé à l'édifice, vous pourrez visiter le Musée d’Art d’Histoire et d’Archéologie d’Évreux qui permet de remonter le temps !