Les origines du bourg d’Écouis remonteraient à l’époque romaine. En latin, Écouis s’appelait Escouisium et se situait sur la voie romaine "La Chaussée Jules César" qui reliait Lutèce (Paris) à Juliobona (Lillebonne) où elle s’arrêtait, traversant Ritumagus (Radepont) et Rotomagus (Rouen), citée dans l'itinéraire d'Antonin et la table de Peutinger. Le village d'Écouis est attesté sous les formes Scodeis au XIe siècle, Escoyes et Escoyæ en 1308 dans une charte de Philippe le Bel, Escouis en 1709, Écouy en 1759 dans une Déclaration royale. A la sortie d'Écouis en direction de Fleury sur Andelle, entre la RD6014 et le hameau de Villerest, on peut parfois apercevoir une bande de culture plus claire, c'est la partie de la Chaussée Jules César qui se dirige vers Radepont.
D’anciens vestiges retrouvés au lieu-dit Bois de Fay, Hameau de Mussegros, démontre l’existence d’un camp romain. La découverte en juin 1876 d'une quantité de 100 kilos de pièces de monnaie romaines accrédite ce fait. C'est lors d'une exctraction de cailloux sur le domaine de Monsieur Mathéus, châtelain du lieu, que les ouvrirers mirent à jour une amphor enfouie à 30 cm sous une couche de terre de bruyères, d'argile et de silex qui pourrait être le mur d'enceinte d'une fortification. Il faudra deux brouettes pour transporter ces pièces jusqu'à Écouis. Celles-ci, sont en cuivre et en argent, pèsent environ 3 gr et ont un diamètre de 20 à 21 mm. Elles sont à l'éfigie de Caligula, Gordin, Commode et Marc-Aurèle, empereurs romains. Elles appartiennent à une période d'anarchie militaire entre 235 et 268.
En 1141, Alfred, seigneur de Gamaches, donne l'église Saint-Aubin à l'abbaye du Bec. En 1307, le roi Philippe le Bel offrit la seigneurie d'Écouis à Enguerrand de Marigny, ministre des Finances. Il a fait construire un hôpital, aujourd’hui en partie une maison de retraite. Celui-ci habitait au manoir du Fay, aujourd'hui détruit. Enfant très doué, Enguerrand de Marigny reçoit une éducation brillante. C’est un féru de sciences. Il entre très jeune au service de la Reine Jeanne de Navarre, épouse de Philippe IV le Bel, dont il conquiert l’amitié. La Reine a une telle confiance en lui qu’elle le nomme grand officier de sa maison et le marie avec sa filleule Jeanne de Saint-Martin. De cette union, naîtront trois enfants. Devenu veuf très tôt, il se remarie avec Alips de Mons qui lui apporte des biens très importants et lui donne quatre enfants. Enguerrand de Marigny, né à Lyons la Forêt, est également seigneur de Mainneville et du Plessis.
Enguerrand accroît ainsi sa puissance et sa fortune mais en contre partie suscite des jalousies et des rancunes dont celles de Charles de Valois, frère du roi. Enguerrand de Marigny entreprend de construire une collégiale pour remplacer l’ancienne de Saint-Aubin. Avec l’aide du roi, Philippe le Bel, Enguerrand obtint le patronage de l’église conclut le 10 juin 1308 suite à un échange imposé aux religieux de l’Abbaye du Bec. Dès lors, Enguerrand se consacre à sa future collégiale. Il jette l’église Saint Aubin par terre et en construit une autre sous le nom de la Sainte Vierge. La collégiale de douze chanoines est édifiée dans un délai très court entre 1310 et 1313, et 4 000 pierres de Vernon. Le 9 septembre elle est consacrée à Notre-Dame de l’Assomption.
La collégiale a reçu les approbations royales, de l'archevêque de Rouen, Bernard de Farges en février 1310. La collégiale a reçu :les approbations épiscopales en mai 1311 et l'approbation papale Clément V le 1er mai 1311. L'église fut consacrée à Notre-Dame de l'Assomption le 9 septembre 1313 par le Cardinal Nicolas de Fréauville, cousin d’Enguerrand. Philippe Le Bel, très malade, meurt le 29 novembre 1314 et laisse la couronne à son fils, Louis X dit "Le hutin". Dès lors, le destin d’Enguerrand de Marigny va tourner. Charles de Valois, insidieusement, jour après jour, va distiller son poison dans l’esprit du nouveau roi à l’encontre de son ennemi juré, Enguerrand de Marigny.
Enguerrand de Marigny est arrêté le 10 mars 1315 par Louis X, à la demande de Charles de Valois et l’accuse d’avoir dilapidé les finances royales, d’avoir altéré les monnaies, saccagé les forets royales, causé la disette, détourné à son profit une partie des biens du royaume… Quarante et un chefs d’accusation sont retenues contre lui. Il n’a pas le droit de se défendre, son avocat Raoul de la Presle est même arrêté. Alors sans preuve la peine est alors initialement le bannissement sur l’île de Chypre, l’étude des comptes prouvant sa complète intégrité, ses ennemis durent trouver autre chose.
Mais Charles de Valois présente une autre accusation : la sorcellerie visant la famille royale, très souvent utilisée pour éliminer quelqu'un de gênant. Le roi fait à nouveau arrêté Enguerrand de Marigny le 28 avril 1315. Lors de ce deuxième procès, Enguerrand qui n’a pas droit à la parole est alors condamné à mort et à l’infamie. Le tribunal est dirigé par le demi-frère d’Enguerrand, Jean de Marigny évêque de Beauvais... Le 30 avril 1315 , Enguerrand de Marigny est pendu à la plus haute traverse au gibet de Montfaucon devant une foule considérable. Il meurt à l'âge de cinquante ans environ.
Son corps reste exposé pendant deux ans selon la demande de Louis X dit "le Hutin". Philippe V le Long fit un procès de réhabilitation et le disculpa des méfaits qu'on lui imputait et réhabilita sa mémoire. Ses restes furent alors inhumés dans l’église des Chartreux de Vauvert, puis fut rapporté à la collégiale d'Écouis en 1326 et installée dans le chœur.
L’un de ses chanoines de la collégiale Notre-Dame de l'Assomption fut saint Vincent de Paul en 1615. A la Révolution Française, Notre Dame d’Écouis subit d’importante dégradation, le gisant d’Enguerrand de Marigny est détruit et pillé. Elle devient le lieu de réunion du Conseil Municipal puis convertie en Temple de la Raison en 1794. Elle sert d’atelier de production de salpêtre ( pour la poudre ) et de magasin de fourrage jusqu'en 1797.
En 1800, Écouis perd sa courte qualité de chef-lieu de canton. En 1843, elle absorbe la commune de Villerest. Perdue de nos jours au milieu de villages de l’Eure touchés par la désertification, la collégiale Notre-Dame d’Écouis rappelle cependant la splendeur passée du village au Moyen Âge et l’importance des personnages qui firent son histoire : Enguerrand de Marigny, Jean de Marigny et saint Vincent de Paul.