Il est possible de se garer son véhicule, soit sur celui de la mairie avec quelques places à l'ombre ou sur celui du parking de l'église de Tillières-sur-Avre. L’église Saint-Hilaire se situe dans un lieu marqué par l’Histoire de la Normandie. En 911, le Roi de France Charles le Simple, avait mis fin aux raids dévastateurs des vikings en confiant à ces Nordmen une partie de la Neustrie devenue de ce fait la Normandie. Cessant de brûler des églises et une fois baptisé, Rolf le Marcheur, fréquemment latinisé en Rollon, plus rarement Robert Ier le Riche, considéré également comme le premier duc de Normandie, restaure ce qu'il a détruit. La première église, probablement en bois, ne résistât pas au outrages du temps, tant ce matériau est facilement inflammable et victime souvent des intempéries.
C'est pourquoi au XIe siècle, à l'époque de Guillaume le Conquérant, fut construit l'église actuelle en pierre. Située sur la ligne frontière entre Royaume de France et Duché normand, Tillières-sur-Avre fut érigé en place forte, au cœur des luttes de pouvoir entre les Français et les Normands, puis les Anglais. Le village changea souvent de mains, payant chaque fois un lourd tribut au vainqueur. Le château était détruit et la garnison massacrée, mais l’église Saint-Hilaire était préservée. Au début du XVIe siècle, l’église de Tillières fut agrandie et embellie grâce au Cardinal Jean Le Veneur, Grand Aumônier de France et oncle du Seigneur de Tillières. Il était aussi un mécène et c’est à Jean Goujon ou à ses élèves que l’on attribue les plafonds de l’église. En 1969, l'église survit à un grand incendie.
L’église Saint-Hilaire de Tillières-sur-Avre fut marqué par l’évolution des styles artistiques et architecturaux, l'édifice est une association remarquable de l’art Roman et de la Renaissance. L’art roman s'étend du début du XIe siècle à la seconde moitié du XIIe siècle, s’impose à l’occident, au moment de la fin des grandes invasions, après une période de profonde torpeur qui avait immobilisé la création artistique ; le surplus de la production des richesses est orienté principalement pour appuyer l’art sacré. L’architecture gothique qui s'est développée à partir de la seconde partie du Moyen Âge en Europe occidentale, s’associe à l’ère de l’urbanisation, elle marque une intention collective qui fédère l’ardeur de tous, monarque, seigneur, corporations, fidèles, tout le peuple de la ville, même si le gothique flamboyant apporte un sentiment profondément individualiste qui autorise à signer ses œuvres.
L'aspect extérieur de l'église saint-Hilaire présente un mur en pignon remanié maintes et maintes fois au cours des cinq derniers siècles. Les murs sont en pierre de grison locale. Le mur pignon est constitué de deux niveaux d’élévation. Le premier présente un portail à voussure encadré d’un porche en pierre et flanqué de chaque côté par deux autres entrées cintrées plus petites. Le deuxième niveau d’élévation comprend deux baies cintrées superposées de taille différente. Le mur gouttereau nord est composé au niveau de la nef d’une alternance de quatre contreforts et baies avec arc brisé à décors de lancettes indiquant les 4 travées. Une tour clocher est accolée à la jonction entre la quatrième travée et le chevet. Elle est de base carrée avec un clocher à trois abat-sons surmonté d’une flèche à quatre pans. Le chevet à cinq pans est ouvert sur chacune de ses faces par des baies cintrées étirées. la toiture est à double pans pour la nef et le choeur et à croupe arrondie pour le chevet.
Au XVIe siècle, l'église saint-Hilaire connait d'importants travaux d'encorbellement propre à la renaissance. Peu de choses subsistent aujourd'hui étant donné les travaux de rénovation maladroits du XIXe siècle, qui s'expliquent aisément par la différence, par rapport à nos jour, de conception même de restauration du patrimoine architectural bâti. La façade romane, a conservé d’élégants ornements autour du porche central et de la fenêtre qui le surplombe. On remarquera le clocher latéral à trois abat-sons. Du côté du chœur, des contreforts illustrent la richesse de l’art de la Renaissance en Normandie.
Il y a deux niveaux d’élévation intérieure. Dans le prolongement d’une très grande nef médiévale et d’un bas-côté gothique, de magnifiques plafonds de pierre sculptés présentent une structure et une décoration tout à fait exceptionnelles et quasiment uniques. La voûte de la nef est recouverte d’une charpente à berceau, refaite à l’identique de ce qu’elle était avant l’incendie, tandis que le collatéral est recouvert d’une voûte d’ogive à clés pendantes. Le mur sud de la nef a fait place à des colonnes reliées par des arcs d’ogives qui ouvrent sur un collatéral à voûte d’ogives. Les croisées des arcs sont ornées d’une clef pendante. Des voûtains en briques donnent à la voûte son aspect arrondi.
Le choeur et sa chapelle attenante sont couverts d’une fausse voûte d’ogive sur plafond plat avec clés pendantes. Surplombant des bas-reliefs qui véhiculent un mystérieux message politico-religieux à la veille des guerres de religion, de magnifiques plafonds de pierre sculptés témoignent du talent exceptionnel des artistes de la Renaissance en Normandie et rendent hommage, dans une incroyable constellation d’armoiries polychromes, aux seigneurs qui administrèrent Tillières depuis le XIe siècle. Lors de l’agrandissement de l’église au XVIe siècle, les fenêtres romanes du mur nord ont été remaniées dans un style gothique flamboyant ou dans le style Renaissance.
Des vitraux Renaissance du chœur et de l’abside, très détériorés pendant la Révolution de 1789, ne subsistent que des bordures de grisaille et de jaune d’argent du XVIe siècle et quelques représentations de personnages ou d’astres. Le vitrail axial de l’abside, quant à lui, a été créé en 1898 par Duhamel-Marette, maître-verrier d’Evreux qui avait travaillé à la restauration des verrières du choeur. Les quatre panneaux illustrent, de bas en haut et de gauche à droite, la manne, la fête des pains, l’institution de l’Eucharistie.
Le retable de l'église saint-Hilaire tel que l'on peut le voir est essentiellement de la renaissance avec la représentations de la vierge à l'enfant ce qui n'est pas sans rappeler la renaissance italienne, et probablement, comme bon nombre d'œuvres d'art de la renaissance, la vierge était polychrome à donc été blanchie à la renaissance. Ce qui s'explique alors par la volonté de faire une église homogène et par souci de vouloir retrouver dans la lignée d'Eugene Viollet le duc. La volonté de retrouver ce qui nous semble celui d'un Moyen Âge monochrome alors qu'il était polychrome. Cette statue de la vierge Marie est réputé miraculeuse et aurait porté secours au seigneur normand Crespin dans la première moitié du XIIIe siècle.
Vous pouvez récupérer, auprès de l’office de tourisme à Verneuil-sur-Avre, ou en mairie de Tillières-sur-Avre un dépliant avec le tracé de l’itinéraire d'un parcours historique qui n’est pas dénué d’intérêt pour votre futur visite. Les petits personnages sculptés dans les blocs de grison sur les façades de quelques maisons anciennes récompenseront l’attention du visiteur curieux de l'histoire du village. Outre le patrimoine médiéval omniprésent, la commune a la particularité de posséder de nombreuses enseignes de commerçants en fer forgé ainsi qu’un imposant cadran solaire à côté de la Mairie