La ville porte ce nom en hommage à Roger de Beaumont, premier seigneur du bourg au XIe siècle et conseiller de Guillaume le Conquérant. Le nom de la localité est attesté sous les formes Belmont en l'an 1000, Bello monte vers 1040. Le nom de la ville, Beaumont, est la contraction de "beau mont". Le nom évoquerait sa situation dominante sur les vallées des environs. Au bord de la Risle, Beaumont-le-Roger émerge des limbes de l'Histoire sous l'égide de deux seigneurs prestigieux du XIe siècle, deux héros indissociables du duché de Normandie.
Les origines de Beaumont remontent fort loin puisque des pointes de silex servant à armer des harpons ont été trouvées par les archéologues dans le quartier de l’ancienne paroisse de Vieilles. Au Xème siècle, la terre de Beaumont appartenait aux ducs de Normandie. Roger de Beaumont fit prospérer sa cité. La ville s’agrandit autour de Beaumont, comprenant Beaumont-la-ville, les quartiers des Vieilles et du Bourg-Dessus. Roger de Beaumont est à l'origine de la fondation du prieuré de la Sainte-Trinité, de l'église Saint-Nicolas ainsi que d'un château, avec une chapelle, attestée en 1324, en l'honneur de saint Jean attachée au château et qui a donné son nom au Mont Saint-Jean, dont il ne subsiste que de maigre vestiges. La chapelle aurait été fondée au milieu du xie siècle, par le fils d'Onfroy, Roger qui se fait appeler Roger de Beaumont. C'est à ce dernier que l'on attribue la construction du château de Beaumont, de sa chapelle Saint-jean et d'une muraille entourant le Bourg-Dessus.
Beaumont faisait d'abord partie du domaine des ducs de Normandie et en fut détaché en 1008 au profit de l'épouse de Richard II de Normandie, Judith de Bretagne, qui en fit don à l'abbaye Notre-Dame de Bernay. En 1120, c'est Galéran IV de Meulan (1104-1166) qui hérite de Beaumont à la suite de son père Robert Ier. Le 7 janvier 1195, Robert II de Meulan, fidèle de Jean sans Terre, délivre une charte en faveur de Beaumont-le-Roger et suit, en 1203, le roi d'Angleterre de l'autre côté de la Manche, laissant ses places fortes à son fils Pierre († 1203 ou 1204), qui vers la fin d'avril se déclare en faveur de Philippe Auguste et lui rend Beaumont-le-Roger.
Domaine royal jusqu'en 1310, quand Philippe IV le Bel, roi de France, érigea Beaumont en comté-pairie et le donna en apanage à Robert III d'Artois, arrière-petit-fils de Robert Ier d'Artois, frère du roi Louis IX, connu sous le nom de Saint-Louis. En 1354, à la suite du traité de Mantes, la ville est cédée par le roi Jean II le Bon à son gendre le roi Charles II de Navarre, avec de nombreuses autres terres normandes. En 1651, le fief est cédé au duc de Bouillon en échange de la principauté de Sedan. En 1815, l'église Saint-Léonard au Bourg-Dessus, abandonnée depuis la Révolution, est détruite et sombre dans l'oubli. Or, en 1985, des fouilles entreprises sur un terrain privé mettent au jour des vestiges de céramiques médiévales.
Du fait de sa proximité avec un important camp d'aviation installé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, Beaumont-le-Roger fut bombardée à plusieurs reprises et l'église Saint-Nicolas, très endommagée, dut être en grande partie reconstruite. Plus de la moitié de la ville fut ainsi détruite (60 %), ce qui lui valut d'être décorée de la croix de guerre 1939-1945. Au lendemain de la guerre, les boulevards Jean Pothin et Boisgelin furent tracés. Une nouvelle ère commençait.
De l'époque glorieuse des ducs de Normandie au déluge de feu de la Seconde Guerre mondiale, suivons le patrimoine de Beaumont-le-Roger. Se promener par les rues de Beaumont, c’est aller à la rencontre de l’histoire : église, plaques, vestiges du passé, médaillons de façade, noms de rues… retracent le riche passé du bourg. Les amateurs de maisons anciennes y trouveront quelques belles demeures de pierres, de briques ou à colombages et des bâtisses appareillées de silex. La ville est constituée de plusieurs quartiers : le centre ville et ses commerces dans la vallée, Saint Laurent, Le Camp Frémont, La Croix Maître Renault, Vieilles, le Val Saint-Martin, dans la partie basse, le Bourg Dessus essentiellement résidentiel, la Soudière et la Futelaye plus excentrés. Petite cité normande de caractère, Beaumont-le-Roger est traversée par deux cours d’eau : la Risle et la Bave.
Dirigez-vous vers le parking de l’Hôtel de ville de Beaumont-le-Roger, situé Rue Chantereine, pour stationner votre véhicule. Entre l’a mairie et la salle des fêtes de Beaumont le Roger, le visiteur, en flânant dans les allées, découvre de superbes massifs entre le dédale de petits ruisseaux au milieu de pelouses entretenues avec soin. Le murmure d’une fontaine sur un bassin du jardin anime à peine ce lieu frais et paisible où l’on réussit quelques instants à oublier l’agitation de la rue. Mais, ce que le touriste ne soupçonne peut-être pas, c’est que ce parc aux frais ombrages, étroitement enserré dans une courbe de la Risle, a lui aussi un passé prestigieux.
Au XVIIème siècle fut construit un gracieux manoir dont certains disent qu’il était l’oeuvre d’un certain Mansart. Les propriétaires successifs de ces lieux furent d’illustres personnages : d’anciens actes de propriétés nous apprennent qu’en 1651, le roi Louis XVI échangea le comté d’Evreux contre la principauté de Sedan. Le nouveau comte d’Evreux, Frédéric-Maurice de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon, reçut en même temps, par cet échange, le vicomté de Beaumont le Roger où se trouvait le manoir Chantereine. En 1791, pendant la période révolutionnaire, Godefroy, descendant des ducs de Bouillon, fit don à la ville de la halle qui se trouvait devant l’église Saint-Nicolas et de la prison, partie de ce qui est appelé aujourd’hui l’ancienne mairie.
Pendant la Révolution et l’Empire, les possessions de cette famille furent confisquées et vendues. En 1810, Napoléon 1er les fit acheter, en fit don à Joséphine et transforma l’ensemble en duché de Navarre. Le manoir et les propriétés situées à Beaumont-le-Roger en faisaient partie : c’était son cadeau de rupture. On ne sait si Joséphine est venue visiter ses propriétés… Puis, la descendance de Joséphine s’étant éteinte, le domaine fut vendu et le manoir de Chantereine appartint pendant une centaine d’années à plusieurs familles notables de Beaumont-le-Roger.
En 1919, un artiste peintre américain, Louis Aston Knight, donna un grand éclat à l’ancienne demeure. Ce nouveau propriétaire, né à Paris en 1873, appartenait au mouvement impressionniste. Il se plaisait à dire que Beaumont était le plus bel endroit du monde. Il transforma les lieux en aménageant plusieurs étangs, piscines, fontaines, canaux, dont il s’inspirait pour peindre ses toiles. Malheureusement, le manoir Chantereine fut totalement sinistré par les bombardements aériens du 17 août 1944, quelques jours seulement avant la libération de la ville le 23 août. Pour couper la retraite des troupes allemandes, le général Patton fit détruire les ponts sur la Risle. La belle propriété disparut sous les bombes américaines. Après la guerre, Aston Knight vendit à Beaumont-le-Roger ce qui restait de son ancien domaine, faisant même cadeau de la piscine demeurée intacte.
Après cette promenade bucolique découvrez, au gré des rues et ruelles, l’église Saint-Nicolas. Elle a été érigée entre le XIIIe et le XVe siècle et est la dernière survivante des cinq églises que comptait autrefois la commune (Saint-Aubin, Saint-Léonard, Saint-Martin, Notre-Dame de Vieilles). Détruite par la Seconde Guerre mondiale et ses bombardements aériens, elle a été en grande partie reconstruite entre les années 1950 et 1970.
Le vocable de Saint-Nicolas donne à penser que l’église fut fondée au XIe siècle, époque à laquelle le grand évêque de Myre était très vénéré chez les Occidentaux. On trouve d’ailleurs dans une chartre de Roger de Beaumont datant de 1088-1099, la première mention écrite de l’église Saint-Nicolas. De ce premier édifice, il reste quelques vestiges. Une seconde église fut probablement construite à la fin de cette même époque ou au début du XIIIe siècle : il en reste les trois piliers séparant la nef du bas-côté sud. Les trois piliers nord de la nef, les murs extérieurs et la tour sont du XVe siècle. C’est vers le milieu du XVIème siècle que l’on bâtit les voûtes du bas-côté du choeur. On continua vers la fin du XVIe siècle par la construction du bas-côté nord du choeur ; c’est à cette époque qu’il convient de placer la reconstruction des parties hautes du choeur et de l’abside. Le XVIIe siècle vit la construction du portail occidental, marqué du classique fronton triangulaire. Il semble que l’église n’eut pas à souffrir gravement pendant la Révolution. Durant la dernière guerre, la proximité d’un camp d’aviation fut fatal à l’édifice qui eut à souffrir considérablement de bombardements aériens.
Certaines verrières sont du XVIe siècle mais c'est surtout sa magnifique collection de statues du XVe au XVIIe siècle qui fait de cette église un beau musée de l'art statuaire. L’intérieur de l’église est doté de remarquables vitraux classés du XVIème siècle et de vitraux modernes de Max Ingrand dans le choeur et de Michel Durand sur le mur méridional. Le plus bel ornement de l’église Saint-Nicolas actuelle est la tour-clocher datant du XVIe siècle dont les contreforts s’élèvent jusqu’à la toiture avec une cloche " la lazare" du XVIe siècle qui survécut à la révolution française. De petites pyramides égaient la partie supérieure ornée de dentelles de pierre.
L'attrait principal de l'église Saint-Nicolas est également son Régulus qui représente un général romain, symbole de la parole donnée. Le jacquemart, qui sonne toutes les heures depuis 1826, est l’oeuvre de M. Martin qui s’installa à Beaumont le Roger vers 1796 pour y fonder une maison d’horlogerie. L’automate a été restauré en 1896 par l’horloger Gourdin de Mayet (Sarthe), puis plus récemment par la société Bodet de Trémentines (Maine et Loire).
Vous pourrez également découvrir les vestiges du prieuré de la Sainte-Trinité du XIe siècle. Dominant la ville de Beaumont-le-Roger, le Prieuré témoigne de la tumultueuse histoire de la Normandie. En 1080 c'est une collégiale que Roger de Beaumont entrepris de construire sous l'inspiration de Guillaume le Conquérant. Elle fut consacrée en 1088 et peuplée par les chanoines d'Oxford. En 1141, des moines de l'Abbaye Notre-Dame du Bec, toute proche, y furent appelés. La création de la Collégiale de la Sainte-Trinité est intimement liée à l’émergence de la seigneurie de Beaumont. Durant les siècles qui suivirent, le prieuré eut à souffrir des guerres et luttes religieuses. En 1786, le prieuré est complètement délabré et les reliques sont transférées dans l'église de Beaumont-le-Roger. Vendue après la révolution, l'ancienne église priorale fut transformée en fabrique de rubans et manufacture de draps avant d'être détruite par un incendie en 1855. Elle devint alors carrière de pierre. Rachetée peu après par un membre de l'institut, le prieuré revint à l'état.
Il ne subsiste actuellement plus de vestige connu de la collégiale du XIe siècle. L'église priorale, pour sa part fut édifiée au XIIIe siècle sur un plan rectangulaire, terminée à l'Est par un chevet plat percé d'une grande et large baie. L'ensemble est partagé en huit travées éclairées par des hautes fenêtres en tiers point. le mur nord est orné intérieurement sur tout sa longueur par des arcatures aveugles, assez profondes pour avoir servi de sièges aux moines. Accolés au pignon occidentale, se dressent les restes de la salle capitulaire. La base du clocher, édifié dans le courant du XIVe, flanque extérieurement le mur nord de l'édifice qui a été modifié et restauré à la fin du XVe. Il est précédé d'un porche remanié au XIIIe qui devait servir de poterne au Château fort bâti sur la colline.
Il y avait, sur la colline, au-dessus du prieuré de la Trinité, un château dit du "Mont Saint-Jean" dont il ne reste que l'emplacement des fossés. Le site, placé en rebord du plateau du Neubourg, surplombe la Risle et la ville actuelle de Beaumont-le-Roger. C’est à Roger de Beaumont que l’on attribue la construction du château dont les premières mentions apparaissent au XIe siècle. La forteresse aurait été vaincue et détruite par du Guesclin en 1378.
D'autres sites sont également visibles comme la mairie installée dans l'ancienne prison du bailliage du XVIe siècle, la chapelle Saint-Marc du XIXe siècle, ou encore un beau four à chaux du XVIIIe siècle. Notez également la présence du manoir du Hom édifice du XVIe siècle. Le Hom est un mot nordique qui signifie “île dans un marais”, c’est bien ce que l’on découvre au détour d’un chemin en sortant de Beaumont. Le manoir actuel est un bel ensemble architectural qui a remplacé une très ancienne demeure construite au XIème siècle, à la même époque que le château féodal.
En 1420, le Hom appartenait à Isabelle de Pommereuil qui résista à l’invasion anglaise. De ce fait, elle fut dépossédée de son bien. Après de nombreux propriétaires successifs, le manoir fut offert à Dupont de l’Eure. Depuis 1825, il est resté dans la même famille. Longtemps siège de chasses à courre au cerf, il appartient actuellement aux descendants de la duchesse de Magenta. La propriété ne peut être vue que d’un chemin qui conduit à la pisciculture de Fontaine à Roger. Le manoir du Hom actuel dévoile une triple rangée de douves, ainsi que deux beaux pavillons de la fin XVIe-début XVIIe, en briques et pierres blanches, couverts de tuiles plates. Des bâtiments à colombages tout en longueur abritent les écuries. On accède à une cour centrale par un vaste porche.