Il est toujours extrêmement difficile de connaître avec certitude le moment où l'homme, voire l'ancêtre, s'est installé à un endroit de façon permanente, abandonnant le nomadisme. A Bernay des vestiges d’habitat du néolithique (−3 600 ans) ont été mis au jour près du hameau des Granges. Le nom de Bernay est peut être issu d'un type toponymique gallo-roman Brinnacu ou Brinnacum. Ce nom peut signifier "terrain marécageux" ou "terrain fangeux", ce qui est conforme à la situation de Bernay, puisque la rivière Charentonne vient buter sur un coteau "les Monts" et reçoit le Cosnier, au débit important. Quand à l’étymologie du mot Bernay, il signifie "passage sur l’eau". Bernay est attesté dès le Xe siècle sous la forme de Brenaicum dans un dotalitium de la duchesse Judith de Bretagne, puis Bernaicus en 1025, Berniacus en 1026 dans une charte de Richard II.
Un peu d'histoire pour mieux comprendre le patrimoine de Bernay. La cité de Bernay prend réellement son essor qu'à la fin du Xe siècle lorsque Richard II, duc de Normandie, offre ce secteur du Duché Normand à son épouse Judith de Bretagne. Elle fondera une abbaye qui rayonnera de manière importante et qui structurera tous les environs. La croisée des voies antiques menant de Rouen au Mans et de Lisieux à Evreux, favorise certainement, dès le Haut Moyen Âge, le développement d’un habitat autour des vallées de la Charentonne. Au travers de la découverte historique et architecturale de la ville, suivez son histoire.
Vous trouverez un parking sans problème pour stationner votre véhicule. Pour commencer, rendez-vous à l’office du tourisme "Bureau touristique Bernay Terres de Normandie", situé Rue Thiers. Vous y trouverez une carte listant tous les endroits à voir dans la ville. Les points rouges indiquent les monuments ou édifices clés de la ville. Vous pouvez découvrir la cité à travers ce circuit pédestre "l'eau, la pierre et le bois". Un balisage au sol par un dessin "le roi en majesté" ponctué de panneaux explicatifs vous guidera au gré de votre curiosité et de votre fantaisie, dans les vieux quartiers riches en histoire et vers les monuments qui constituent la fierté du patrimoine.
En sortant de l’Office de tourisme déhambuler tranquillement dans la rue Thiers. La rue a successivement été nommée Grande Rue aux Juifs, puis Grande Rue, puis rue du Commerce et enfin rue Thiers. Vous verrez tout du long de très belles maisons et plusieurs petits passages discrets. Certaines portes ouvertes laissent entrevoir des cours intérieures magnifiques. Entre 1807 et 1851, la rue comprenait 112 maisons. La rue est abondamment bordée de maisons à pans de bois, notamment celle du n° 6 dite "du comte d'Alencon" du XVIe siècle, elle possède un décor de colonnettes, engoulants, bustes de femmes et personnages, partiellement conservé. Au n°9, maison à décor Renaissance, dite "ancien hôtel de ville, elle possède un décor de feuillages, vases, bustes d'hommes et de femmes, saints. Bernay présente un très bel ensemble de maisons à pans de bois souvent décorées de motifs sculptés : monstres, personnages...
Engagez-vous dans la Rue Albert Glatigny, Joseph-Albert-Alexandre Glatigny, dit « Albert Glatigny », est un poète, écrivain, comédien et dramaturge français. Glatigny a passé sa jeunesse à Bernay, commençant à écrire des vers. Traversez la Place de l'Ancien Hôtel Dieu, la ville possédait autrefois plusieurs établissements de soins et d’enseignement, affirmant ainsi sa place de chef-lieu à l’égal de Lisieux ou Évreux. Il faut cependant attendre le XIIIe siècle, et le passage du roi saint-Louis pour voir la fondation d’un hôtel-Dieu, ancêtre de l’hôpital. Cet hôtel-Dieu, aujourd’hui disparu, se trouvait entre l’actuelle rue Thiers et le Cosnier, traversé par la rue de Geôle. Son rôle était de donner asile aux pèlerins et aux voyageurs indigents. Confié à des Clarisses, ordre fondé par sainte Claire en 1212, puis à partir de 1504 à des religieuses de saint-François et sainte-Elisabeth, l’établissement subvenait également aux malades pauvres de Bernay et ses environs.
Prendre à gauche dans la Rue de Geôle. Cette rue typique du vieux Bernay a su conserver tout son charme. Elle vous surprendra par son aspect médiéval et l'étroitesse de sa chaussée sans trottoir, revêtue de robustes pavés. Tournez à droite dans la Rue Gaston Folloppe, puis penetrez dans la Rue de Lisieux. Bernay présente un très bel ensemble de vieilles maisons à pans de bois souvent décorées de motifs sculptés datant du XVe et XVIe siècle comme celles au n° 16 dans l'angle de la rue de Lisieux et la rue des Sources et au n°5 à l'angle de la rue des Sources et la ruelle Bucaille.
Revenir vers la rue Gaston Folloppe, dite rue des antiquaires, ancienne rue des Charrettes. Cette rue rend hommage à un des plus célèbres résistants de la région fusillé par les allemands. Opticien installé rue d’Alençon à Bernay, Gaston Folloppe était, durant la Seconde Guerre mondiale, résistant. Sous le nom de Gaumont, il fut responsable départemental de la Résistance dans l’Eure dès mars 1943. Responsable du secteur Normandie de la Confrérie Notre-Dame (CND). Aujourd'hui animée par des brocanteurs et antiquaires, cette rue est un charmant témoignage du passé avec son enfilade de façades étroites, ses maisons avec boutiques en rez-de-chaussée des XVe et XIXe siècles.
Poursuivre dans la Rue Gabriel Vallée sur la droite, c’est l’ancienne rue de la Poterie, rue de la Liberté puis rue du Collège. Gabriel Vallée était un résistant Bernayen, arrêté en novembre 1943, incarcéré à Evreux, il garde le silence bien que martyrisé. Il est condamné à mort et fusillé le 1er février 1944. Gabriel Vallée se suicidera en prison. Poursuivre jusqu'à l'Hôtel de la Gabelle, ce magnifique hôtel fut édifié au milieu du XVIIIe siècle pour abriter Jacques-Philippe Bréant, receveur des gabelles. Admirerez les façades de briques orangées couvertes d'ardoises, ainsi que la richesse des sujets sur les clés de pierre des baies. Vous remarquerez également les sculptures du portail monumental d'entrée, dont le pignon sur rue aurait jadis porté les armes de France marquant l'origine de l'impôt sur le sel.
C’est une construction très soignée, en pierres locales en grès et calcaire de Goupillières, brique et enduit doré, couverte d’ardoises. De délicats bas-reliefs rocaille surmontent le portail sur rue, le fronton et les fenêtres de l’avant-corps de la façade sur cour. D’autres agrafes symbolisent les quatre parties du monde connu à l’époque, au moyen d’animaux traités avec fantaisie. Plus sobre, la façade sur jardin est agrémentée d’emblèmes de la chasse et d’un beau mascaron. À l’intérieur un bel escalier en pierre avec rampe de fer forgé mène aux étages.
Reprendre la Rue du Général de Gaulle, ancienne rue du Grand-Bourg puis rue d’Alençon. Sur votre gauche, le petit passage de la Cohue. La Cohue était la salle de Justice de la juridiction d’Orbec. Les altercations causées lors des procès lui valurent ce nom. Tournez à droite dans la Rue Auguste Le Prévost, ancienne rue des Cordeliers, rue de la Révolution et la rue de l’Humanité. Auguste Le Prévost, né le 3 juin 1787 à Bernay et mort le 14 juillet 1859 à La Vaupalière, est un géologue, philologue, archéologue et historien français. Plusieurs édifices méritent votre attention dont une Maison à entresol du XVIe siècle, au n°6. Composée d’un rez-de-chaussée avec une arcade et un poteau central sur un soubassement en pierre. Au-dessus, un entresol en colombages surmonté d’une grosse sablière moulurée forme corniche et supporte l’étage en saillie sur la partie basse. Le comble est également en sailli par rapport à l’étage ; il est surmonté d’une haute toiture en ardoises avec une petite lucarne. Les ouvertures en façade à l’étage sont composées de quatre petites fenêtres accolées.
Une Maison à portail orné d'un gable à feuillages du XVIe siècle, au n°8. Une Maison à pans de bois au n°10, du XVe et XVIe siècle avec un rez-de-chaussée remanié. Un bâtiment à pans de bois en épis, d'époque moderne, non numéroté. Bernay abrite dans ses ruelles historiques selon les sources près de 350 maisons à pan de bois. Prendre à gauche dans la rue de la Comédie, les rues de Bernay portaient autrefois des noms évocateurs dont certains subsistent encore. Situé rue de la Comédie, le couvent des Cordeliers fut fondé en 1275. Il occupe un large espace, non loin de l'abbaye bénédictine et possède de remarquables entre-colombages constitués de petites briques disposées en motifs décoratifs avec des monogrammes ainsi que des symboles religieux.
A l'angle des rues de la Comédie et de la victoire, admirez une belle maison du XXe siècle. En redescendant la rue de la Victoire, vous trouverez une entrée au Jardin de l’Abbaye, profitez des quelques bancs pour vous reposer à l’ombre des arbres. Traversez le jardin de l'Abbaye, et tournez à gauche dans la rue Gambetta vers la place de la République. Au passage, visiter le Musée des Beaux-Arts de Bernay : Installé depuis 1891 dans l'ancien logis abbatial, ce bâtiment de briques et de pierres de la fin du XVIe siècle abrite une très belle collection de faïences de Rouen (fonds d'environ mille pièces). Il fait partie des musées qui contribuent à l’histoire de la France. Il est considéré comme l’un des plus anciens musées du département de l’Eure. Au fil des années, les importants dons et legs ont enrichi et diversifié les collections : Lobrot (peinture), Join-Lambert (archéologie), Lottin de Laval (égyptologie), Rayer (mobilier et arts décoratifs)… la qualité des oeuvres présentées : Le Tintoret, Adrian Coorte, Constable, Valtat, André Mare, Duchamp-Villon, Henri de Maistre est aussi le reflet de la richesse artistique de la contrée.
Revenir sur vos pas, puis tournez à gauche et traverser la Charentonne. L’eau est omniprésente dans la cité puisqu’à l’origine, Bernay a été construite dans une vallée formée par l’intersection des rivières de la Charentonne et du Cosnier. La ville est traversée par deux rivières : la Charentonne et le Cosnier qui ont joué un rôle industriel important dans la vie de la cité au cours du XIXe siècle. De nombreuses maisons disposaient d'un lavoir particulier encore bien préservé de nos jours. Passez devant le centre culturel multimedia de Bernay : Médiathèque - Ludothèque. L'ancien "moulin de la grosse tour", ancien moulin de l'abbaye vendu après la révolution, a été entièrement réhabilité en centre culturel multimédia. Vous apprécierez la réussite architecturale où se mêlent la brique, le bois et le verre en une harmonie d'ancien et de contemporain. Il abrite désormais différents supports de la connaissance d'hier et d'aujourd'hui : Du fonds patrimonial de l'abbaye aux nouvelles technologies de l'information.
Le centre culturel multimedia possède un joli jardin, avec ses arbres habillés et décorés par les enfants de la ville,. Le passage qui longe le parc est peu fréquenté. Vous pourrez donc vous poser là tranquillement, au bord de la rivière. Les plus belles vues du village avec ses jolis ponts qui enjambent la Charentonne se trouvent dans le secteur. Une des plus belles vues est celle de la rue de la sous-préfecture, avec les maisons à pans de bois, le pont fleuri et la rivière qui coule paisiblement ! Continuez dans la Rue Mutel de Boucheville, en poursuivant la rue jusqu’au bout, tournez à droite dans la rue rue Alexandre, ancienne rue de l’Aître et rue de la Fédération à la Révolution.
Poète français, Alexandre de Bernay est né dans cette rue au XIIe siècle.
Tournez à gauche dans la Rue du Général Leclerc, vous tomberez sur la Place Sainte-Croix et son marché, au pied de l’église du même nom. Commencée en 1374, la construction de l'Église Sainte-Croix ne fut achevée qu'à la fin du XIXe siècle. Cet édifice fut construit pour être l'église paroissiale de la baronnie de Bernay. Une autorisation est accordée en 1372 pour la reconstruire sur son nouvel emplacement. Le chœur et le transept sont achevés fin XIVe siècle, la nef dans la première moitié du XVe siècle. La voûte du collatéral nord et la fausse voûte de la nef sont achevées en 1530. Le portail est réalisé durant la première moitié du XVIIIe siècle. Le chevet est agrandi en 1863 et un déambulatoire est réalisé en 1865. Un arrêté du 28 juin 1808 du ministre de l'intérieur disperse le mobilier de l'église abbatiale du Bec. L'abbé Lefebvre, premier curé titulaire de Sainte-Croix depuis la Révolution obtient du cardinal Étienne Hubert de Cambacérès, archevêque de Rouen, une grande partie des biens pour orner l'église. Elle abrite donc depuis le début du XIXe siècle un très intéressant mobilier provenant de l’église abbatiale du Bec-Hellouin : maître-autel surmonté de 8 colonnes de marbre, 16 grandes statues d'apôtres et d'évangélistes, pierres tombales...
A présent, suivre la Rue Thomas Lindet, au bout de la rue admirez le lavoir. Puis engagez-vous dans la rue du Chanoine-Porée. Au n°57, se trouve une maison à pans de bois à pignon sur rue de la fin XVe - début XVIe siècle. Au n°55, maison à pans de bois du XVIe siècle. Tournez dans la Rue du Calvaire, un escalier vous permettra d'accéder au site classé des Monts. Découvrez les hauteurs de la ville en vous promenant sur les monts. Ce dôme de verdure bordé d'une double rangée de platanes vous offrira un panorama impressionnant sur toute la ville et la vallée.
Revenir vers la Rue du Chanoine Porée, tournez dans la Rue Delamotte, suivre la Rue de l'Union, puis la Rue Gambetta, et continuez sur votre gauche dans la Rue de l'Abbatiale. Fondée au début du XIe siècle par Judith de Bretagne, épouse de Richard II, duc de Normandie, l'abbatiale Notre-Dame de Bernay est une des premières églises romane en Normandie. Richard II fait venir de Bourgogne le moine bâtisseur Guillaume de Volpiano, architecte de Saint Bénigne à Dijon, et des compagnons comme Isambardus. Le résultat est somptueux et les siècles passés n'ont en rien entamé la majesté et la beauté de cet édifice. C’est un élément incontournable de l’histoire de la ville. On y remarque des chapiteaux aux curieuses sculptures, la diversité et la richesse de ses décors qui lui confèrent une place prépondérante dans les monuments caractéristiques du XIe siècle en Normandie.
Traversez la Place Gustave Heon, avec ces beaux bâtiments abbatiaux de la fin du XVIIe siècle, ils ont gardé toute la majesté que leur avaient donnée les moines mauristes. Ils ont été reconvertis après la révolution et abritent désormais le Tribunal de Grande Instance et de la Mairie. Revenir au point de départ par la Rue Robert Lindet, puis enfin la rue Thiers.
Partez également à la découverte de l’immanquable basilique Notre-Dame de la Couture. Fondée à la fin du XIVe siècle sur l’emplacement d’une chapelle, elle fut érigée en basilique en 1950. Ce monument est surmonté d’un clocher en octogone pyramidal percé à sa base avec quatre clochetons. On y découvre une très belle collection de vitraux des XVe, XVIe, XVIIe et XIXe siècles. La basilique conserve une grande richesse et des histoires qui ne doivent pas être oubliées.