Les Andelys se lovent dans un méandre de la Seine, entre coteaux calcaires et vallée, constituant un des plus beaux sites des boucles de la Seine. Si le nom de la cité est au pluriel, c'est qu'il témoigne de l'existence de deux communes autrefois séparées par des marais. Elles furent réunies en 1790 de la réunion du Grand Andely et du Petit Andely. La devise "Fecit Utraque Unum" (les deux ne font qu'un) illustre cet épisode. Le nom de la localité est attesté sous les formes Andelaum, Andelaium en 588, Andilegum au début VIIIe siècle, Andeleius à l'époque mérovingienne, Andelagum vers 830 dans les "Gesta de Fontenelle", Andeliacum vers 1045, Les deux Andilly en 1637 dans les mémoires de Puységur.
L'existence de substruction d'un grand théâtre gallo-romain à Noyers sur le plateau, témoigne de la romanisation progressive du peuple gaulois des Véliocasses. Vers le Xe siècle, une petite colonie scandinave a dû s'installer sur le territoire des Andelys, une hache d'arme d'origine scandinave à tranchant asymétrique a été trouvée lors d'un dragage dans la Seine à cet endroit. Elle est conservée au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, alors que les deux autres trouvées entre Rouen et Elbeuf, sont conservées au musée départemental des antiquités de Rouen.
Au cours de la guerre en Normandie (1118-1119), voit s'affronter Henri Ier d'Angleterre, contre des barons normands, soutenus par le roi Louis VI, Les Andelys est livrée au roi de France à la suite de la trahison de d'Asselin Fils André. La ville, qui appartenait jadis aux archevêques de Rouen, fut cédée le 16 octobre 1197 au duc de Normandie Richard Cœur de Lion. À sa mort en 1199, elle passa à son frère Jean sans Terre. Le 18 août 1199, Jean réunit à la Roche-d'Andely les principaux barons normands et d'autres alliés tel que le comte de Flandre, Baudouin IX, le comte de Boulogne, Renaud de Dammartin, et leur fait jurer une alliance offensive contre la France, auquel il faut ajouter le comte de Meulan, Robert II, parmi les quinze comtes engagés dans la conjuration, ce qui n'empêchera pas Philippe Auguste d'enlever la place en 1204.
Tombée au pouvoir de Richard Coeur de Lion, puis de Philippe-Auguste, Les Andelys fut de nouveau dévastée pendant la guerre de Cent ans. Prise par Henri V en 1419, reprise par La Hire en 1429, puis retombée presque aussitôt au pouvoir des Anglais, elle y resta jusqu'en 1449, époque à laquelle elle fut reconquise par Charles VII. Par la suite, elle fut encore prise par Henri IV en 1594. En 1200, Andely avait reçu de Jean sans Terre les mêmes privilèges et les mêmes franchises que Rouen en 1204, Philippe-Auguste lui accorda sa première charte de commune; son organisation municipale fut modelée sur celle de Mantes. La situation de cette ville sur les confins de la Normandie l'exposa à de nombreuses dévastations.
Dominée par l'imposante silhouette de l'emblématique Château-Gaillard, Les Andelys, constituée de deux quartiers autrefois bien distincts, que sont Petit-Andely et Grand-Andely est de nos jours une ville pleine de charme. Les Andelys possède un centre-ville historique disposant de nombreux monuments témoins de son passé multiséculaire qui invitent à flâner au gré des façades d’autrefois le long des rues et ruelles. Le coeur de ville entremêle maisons en perre de taille, en colombages et en brique rouge typiques de l’Eure. Lors de votre visite, prenez le temps de découvrir chacun des deux quartiers.
Vous trouverez sans problème une place sur l'un des parkings de la ville pour stationner votre véhicule. Garez-vous par exemple sur le parking de l’hôpital Saint-Jacques. Vous pouvez commencer cette balade par l’Hospice Saint-Jacques aussi appelé Hôpital Saint-Jacques domine par sa retonde les vues du méandre de Seine. Datant du moyen-âge, il servait de lieu d’accueil sur le Chemin de Compostelle pour les nombreux pèlerins. Le bâtiment actuel reconstruit avant la Révolution par le duc de Penthièvre, date de l’Ancien Régime. C'est aujourd'hui une paisible maison de retraite logée au bord de la rivière dans un écrin de verdure.
Le Petit-Andely, tout d’abord village de pêcheurs appelé « La Culture », s’est agrandi au pied du Château-Gaillard édifié par Richard Cœur de Lion, pour y loger ouvriers, marchands, artisans et aubergistes utiles à la construction de la forteresse. Flanez dans les ruelles qui mènent à la place Saint-Sauveur dont les maisons à pans de bois servent d’écrin au joyau gothique du Petit-Andely : l’église Saint-Sauveur. Édifiée en 1202, avec une grande unité architecturale, réalisée d'un seul jet, c'est un véritable joyau de simplicité. L’église retrace le premier acte dans la vie quotidienne des habitants des Andelys imposant le rattachement du Duché de Normandie au Royaume de France. Lors du siège de Château-Gaillard en 1203, le village est brûlé mais l'église est épargnée suivant l'ordre du roi Philippe Auguste. Reconvertie en lieu de stockage, elle a été sauvée de la vente publique et peut-être de la destruction à la révolution.
Beau monument de plan cruciforme dont les branches sont d'une longueur de 29 m, l'Eglise Saint-Sauveur est remarquable par le trumeau de son porche et une belle statue du Christ bénissant du XIIIe siècle. Le chevet se termine en un hémicycle polygonal à sept pans, séparés d'arcs-boutants. L'église dispose de nombreuses statues des XVIe et XVIIe siècles. Elle possède également de plates-tombes à l'effigie de Guillaume Gilles († 1478) et du prêtre Jehan Bernard, du XVe siècle. Un retable Louis XV, installé dans le transept sud, provient de l'abbaye de Mortemer. Son orgue Ingoult du XVIIe siècle, est le plus ancien de France encore en fonctionnement.
A proximité, dirigez-vous vers l'hôtel-restaurant de La Chaîne d'Or située en bordure de Seine, au pied du Château Gaillard. Cette magnifique maison de maître normande du XVIIIe siècle, avant de devenir une auberge, était un bureau du péage entre le Duché de Normandie et le Royaume de France. Cette douane était matérialisée par une chaîne, ce qui explique le nom du lieu.
Rendez-vous au Château-Gaillard, à pied depuis le Petit Andely (500 mètres). La forteresse de Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, est le témoin des rivalités entre le duché de Normandie et le royaume de France. C'est Richard Cœur de Lion, à la fois Duc de Normandie et roi d'Angleterre qui le fait construire pour protéger le Duché Normand des attaques françaises. Il choisit un éperon rocheux de près de 90 mètres, ce qui permet de dominer toute la vallée de la Seine. La vue et la perspective sur le méandre y sont remarquables tout comme le panorama depuis Château-Gaillard, l’un des plus beaux points de vue en vallée de Seine. Vous apercevrez les églises Saint-Sauveur et de Notre-Dame située dans le centre historique.
En principe, selon le traité de paix que Richard Cœur de Lion a signé avec son frère, le roi de France, il n'a pas le droit de construire de château ici, mais il passe outre. Le Château-Gaillard tombe aux mains des Français le 6 mars 1204. Il servit de prison aux belles-filles de Philippe le Bel (1314). Le dernier siège fut celui d'Henri de Navarre (futur Henri IV). Son démantèlement fut ordonné par Richelieu. Il devint alors une carrière de pierres utilisées pour la Chartreuse de Gaillon et les monastères des Andelys. Il reste d'impressionnants vestiges accrochés sur la "Roche d'Andely" dominant la Seine.
Rejoingnez le Grand-Andely par la rue du Maréchal Leclerc en direction de la Fontaine Sainte-Clotilde, situé sur le boulevard Néhou. Lors du creusement des fondations du monastère désiré par Clotilde épouse de Clovis, la source de la fontaine Sainte-Clotilde serait apparue. Selon la légende, les ouvriers qui travaillaient à la construction du monastère se plaignirent un jour de la chaleur et de la soif. La reine Clotilde se trouvant non loin de là, se mit en prière et obtint que l’eau de la fontaine toute proche eût pour ces ouvriers la force et le goût du vin. L’eau de la fontaine Sainte-Clotilde, réputée comme miraculeuse, attirait lors des processions une immense foule de pèlerins qui venaient y chercher la guérison de leurs infirmités en se plongeant dans son bassin. Les guérisons ne firent que conforter la croyance en ses vertus. Aujourd’hui, la source est réputée pour guérir les maladies de peau.
Continuez vers la Collégiale Notre-Dame, Rue Général Fontanges de Couzans. De riches et nombreux fragments d’histoire viennent ici témoigner, au fil des rues du Grand-Andely, de son passé. Impressionnant édifice gothique aux dimensions dignes d’une cathédrale, la collégiale Notre-Dame avec son architecture extérieure est une invitation à voyager à travers le temps. C’est en 511 que la Reine Clotilde, fonda ici la première abbaye normande pour accueillir les jeunes filles de la noblesse. C’était sans doute le plus ancien monastère de Normandie. Celui-ci fut détruit par les Vikings en 900.
L’église actuelle, édifice de style gothique flamboyant et Renaissance, a été bâtie entre le XIIIe et le XVIIe siècle. La collégiale Notre-Dame est un livre d'histoire de l'architecture. L'intérieur abrite de splendides vitraux du XVIe siècle, une Mise au Tombeau, ainsi qu'un magnifique buffet d'orgues Renaissance en bois sculpté. Les sculptures, les peintures, les boiseries, offertes en témoignage de la foi, enrichissent l'édifice au cours des siècles. Aux murs, une toile du peintre Jacques Stella ainsi que trois tableaux commandés en 1612 à un artiste itinérant, Quentin Varin, lequel dut susciter sa vocation de peintre au jeune Nicolas Poussin.
A présent, poursuivre vers le musée Nicolas Poussin situé au n°2 rue Sainte-Clotilde, derrière la mairie et à proximité de la gare routière. Ce musée porte le nom du peintre français Nicolas Poussin, né en 1594 dans un hameau des Andelys. Le peintre amoureux de l’Italie, est un représentant majeur du classicisme.
Cette vieille demeure bourgeoise du XVIIe siècle est devenue le musée d'histoire locale de la Ville, unique en son genre. Il présente des collections allant de la Préhistoire à la Révolution Industrielle : une mosaïque gallo-romaine du IVe siècle, des objets religieux, des pièces de verrerie, et du mobilier ancien. Le musée Nicolas Poussin possède une oeuvre originale attribuée à Nicolas Poussin intitulée « Le coriolan » et abrite également une collection d'œuvres de peintres normands. Pour les amateurs de cinéma, Lawrence d’Arabie séjourna au début du XXe siècle aux Andely juste avant son séjour en Orient.
En sortant du Musée, prendre la Rue George Clémenceau, traversez la place Nicolas Poussin, puis tournez à gauche Rue Marcel Lefèvre pour vous rendre à la Tour de l’horloge. Improprement appelée « Le Beffroi », la Tour de l’horloge est située au carrefour de la ruelle de l’Horloge qu’elle enjambe, et de la rue de la Sous-Préfecture. Recouverte d’ardoises, a été bâtie dans la première moitié du XIXe siècle. Elle abrite encore de nos jours le mécanisme de l’horloge de l’église Sainte-Madeleine, détruite à la Révolution française et ses poutres en bois proviennent de l’église de l’ancien couvent des Capucins, visible en haut de la rue des Capucins. Si on examine son cadran, on constate que la quatrième heure présente une particularité : le chiffre romain est constitué de quatre bâtons et non d’un bâton avant le V.
Pour l’époque moderne, de belles villas dans le style balnéaire normand et des maisons bourgeoises en brique du XIXe siècle jalonnent l’avenue de la République, axe principal reliant le Grand-Andely au Petit-Andely, naguère séparées par un vivier. L’eau se révèle encore de nos jours, aux Andelys, par le Gambon et le Grand Rang venant traverser la ville avant de se jeter dans la Seine. Malgré les destructions de la Seconde Guerre mondiale, le Grand-Andely a conservé ses trésors dans un décor des années 50 ; son habitat moderne présente un ensemble cohérent qui n’est pas sans charme.
Sans oublier, l'hôtel du Grand-Cerf, logis du commencement du XVIe siècle dont la façade en bois est couverte de sculpture. La statue en bronze de Nicolas Poussin (1851), sur la place du marché. L'hôtel de ville, construit sur l'emplacement de la maison de Corneille; une tourelle seule en a été conservée. On y remarque un beau tableau original, des dessins et plusieurs copies de Nicolas Poussin. L'enceinte du Grand-Andely, la tour Paugé, l'élément de l'enceinte du Petit-Andely, L'avion de chasse français (Mirage F1) en suspension devant le mémorial dédié au groupe de pilotes de chasse français de l'escadrille Normandie-Niémen.
Ne manquez pas d'aller flâner du côté des berges du Petit-Andely, le long de l'agréable promenade bordant la Seine. Cette promenade le long de la rivière offre un beau panorama le long des quais fleuris et aménagés, surplombés par Château-Gaillard, c'est l'assurance d'un moment de détente et d'une invitation à la rêverie au bord de l'eau. Prenez le temps de pique-niquer au bord de l’eau ou de goûter les savoureux produits locaux à la Villa Aliénor. La vue et la perspective sur le méandre y sont remarquables.