Le nom de la localité est attesté sous les formes Locos veteres au IXe siècle dans les annales de Saint Bertin, Locoverium en 1225 dans une charte d’Amaury de Meulan, Louvers en 1379 dans les archives de l’Eure, Louvyers en 1562 dans une lettre missive du comte de Montgommery. Par ailleurs, le nom de la ville de Louviers est connu à travers une chanson traditionnelle Sur la route de Louviers. Louviers est une petite ville riche d'histoire... Sur le territoire de Louviers ont été découvertes des pierres taillées de l'époque paléolithique dont quelques-unes ont été placées dans le musée de la ville, auprès de fragments d'une défense de mammouth trouvée non loin du cimetière.
Cité drapière dès le XIIIe siècle, construite au bord de l’Eure, Louviers comptait à cette époque près de mille maîtres drapiers ! Prise par les Anglais durant la guerre de Cent Ans, la ville sera libérée en 1440 par ses propres habitants. Ils en seront récompensés sous forme de privilèges accordés par Charles VII. L’industrie du drap y fut prospère et se spécialisa dans la fabrique de draps fins. L'activité prit un nouvel essor grâce à l’industrialisation : la ville vit naître la première filature mécanique de laine et se mit à produire du textile pour l’armée, des sous-vêtements de flanelle et des draps. Malgré d'importantes destructions lors de la Seconde Guerre mondiale, Louviers propose tout de même quelques beaux éléments architecturaux, ainsi qu'un patrimoine intéressant reflétant quelques aspects de son histoire.
Louviers n'en finit pas d'attirer les visiteurs, curieux de découvrir le charme typiquement normand de l'ancienne cité drapière. En se promenant dans les rues de Louviers, on peut admirer de nombreux bâtiments de toute beauté, à l'instar du palais de justice du XIXe siècle, de la maison à vaisselle cassée et ses tonnes de morceaux de faïence, ou encore de la maison du parlement, construite au XVIe siècle. La ville dévoile des promenades pittoresques à emprunter absolument pour approcher le moulin, le jardin de Bigard, la villa Caldéron et bien d'autres monuments. La cité conserve de belles maisons à pans de bois rue Terneaux, rue des Grands-Carreaux et rue du Polhomet,... Les rues ont toutes un sens, et rarement unique ! Depuis cinq siècles qu’on leur donne un nom, elles en ont pris plus d’un. Souvenirs d’un bâtiment disparu, d’une personnalité marquante, d’une enseigne célèbre ou de l’emprise d’une profession dans un quartier, ces appellations, plus ou moins réelles ou fantaisistes, racontent chacune un pan de l’histoire de Louviers.
Vous pouvez stationner votre véhicule sur l'un des parking de Louviers, puis dirigez-vous vers l'office de Tourisme Seine-Eure, situé au n°10 Rue du Maréchal Foch. L’Office de Tourisme est idéalement situé, à l’entrée de la ville, au cœur du centre historique de Louviers, à proximité de l’Eure. Depuis 1931, l’Office de Tourisme vous accueille dans la Maison du Fou du Roy, ancienne maison de l’apothicaire Guillaume Marchand, devenu « Bouffon du Roi Henri IV » après avoir été capturé par l’armée protestante. En sortant de l'office du tourisme prendre à droite vers la Place de la Poissonnerie.
Récemment réaménagée, cette Place de la Poissonnerie au bord de l’Eure et du quai des Lavandières était l’ancien port aux bois de Louviers, quand la rivière était navigable. Engagez-vous sur le Quai des Lavandières, profitez du point de vue, au bout du quai tournez à gauche dans la Rue des Quatres Moulins, puis à droite jusqu'à la Rue du Quai où se trouve l’Église Notre-Dame de Louviers, construite entre les XIe et XIIIe siècles, marque l’attention du visiteur : son luxuriant porche sud flamboyant, ses statues, ses gargouilles, sa tour-beffroi…De style gothique, elle présente un riche mobilier avec notamment de très belles statues en pierre du XVIe siècle, ainsi qu'une remarquable série de vitraux du XVe et du XVIe siècle. Ils ont été créés par les plus grands peintres-verriers de l'époque. Mais aussi ses grandes orgues provenant de l’abbaye de Bonport…
Poursuivre par la Rue de la Poste. Non loin, le Cloître des Pénitents Penitents présente aujourd'hui les ruines d'un cloître franciscain, puis dominicain. Construit au XVIIe siècle, il tire son nom des frères Pénitents qui s’installent à Louviers en abandonnant leur couvent insalubre de Sainte-Barbe. Il est le seul en Europe à être construit sur l’eau. Fermé à la Révolution, il est d’abord offert à la Société Populaire affiliée aux Jacobins; il deviendra plus tard école de garçons, prison et enfin école de musique. Les visiteurs amateurs d'architecture religieuse peuvent également admirer l'ancien prieuré Saint-Lubin.
Suivre la Rue Ternaux, du nom d’un célèbre manufacturier du début du XIXe siècle, propriétaire de nombreux ateliers à Louviers et à Sedan, cette rue était à l’origine celle des tanneurs, puis des tisseurs, d’où les curieux "greniers à étentes" aménagés sous combles pour le séchage du drap. Dans ce quartier, vous trouverez de nombreux points de vue. Tournez à gauche dans la Rue du Polhomet. De ce pont, on contemple la succession de manufactures du XVIIIe siècle qui jalonnent la rivière, dont vingt et un bras, naturels et artificiels, ont joué un rôle primordial dans l’histoire de la cité.
Prendre à droite dans la Rue du Quai, elle conduisait aux quais du bassin de Bigards, port principal, d’où son nom. Au n°18, on découvre une très belle manufacture du XVIIIe siècle, tannerie puis draperie, construite dans le style traditionnel normand et remarquable par l’ampleur de son vitrage visible dans la cour intérieure. A proximité, le Manoir et le Jardin de Bigards, situé 34 rue du Quai, son nom vient de la famille de Bigards qui s’illustra pendant la guerre de Cent Ans. Le manoir de Bigards, construit au XVIe siècle, est un très beau bâtiment à pans de bois qui abrite notamment une chapelle intérieure aux très beaux vitraux, ainsi qu'un jardin traversé par l'Eure. On peut encore y voir les installations des tanneurs. Les bâtiments sont des XVIIIe et XIXe siècles.
Poursuivre en direction de la Médiathèque Boris Vian, Louviers présente encore un intéressant patrimoine industriel, témoignant de son riche passé, avec notamment la médiathèque hébergée dans une ancienne usine drapière en briques, bois et poutres métalliques. Une des premières à utiliser la vapeur comme l’atteste sa haute cheminée. Bâtiment industriel caractéristique des usines de briques de la fin du XIXe siècle. La Médiathèque a ouvert ses portes en 1992.
Engagez-vous à gauche dans la Rue Archille Mercier pour visiter le Musée Municipal situé place Ernest Thorel. Créé officiellement en 1872, le musée de Louviers est installé depuis 1888 dans le bâtiment actuel, place Ernest Thorel, grâce à la générosité d’Edouard Lanon qui, en 1881, finança sa construction afin d’y présenter sa collection léguée à la ville. Le fonds de collection du musée a été ainsi constitué d’achats et de nombreux dons et legs (legs Vignon et Lalun, donation Roussel…) comprenant archéologie, peintures, mobiliers et faïences de la Renaissance au XIXe siècle, arts décoratifs. Une salle permanente retrace l’histoire de l’industrie textile locale et présente également des expositions temporaires.
Passez devant la Mairie, une partie de ces bâtiments, occupés actuellement par la Mairie, appartenait au Couvent de Saint-Louis qui a défrayé la chronique en 1643 avec l’affaire des Possédées de Louviers. Au milieu du jardin de l’Hôtel de Ville, à l’emplacement de l’ancienne chapelle du cloître, se trouve le Kiosque à musique du début du XXe siècle, de style « béton sylvestre » et dont le pendant existe au parc des Buttes Chaumont à Paris.
Vous voici à présent devant la Manufacture Decrétot. Enfant de Louviers, Jean-Baptiste Decrétot, futur député du Tiers-Etat, fit construire cette manufacture textile en 1779 qui, d’après le célèbre journaliste anglais Young, fut « la première fabrique de drap d’Europe ». Cet établissement, construit dans le style prestigieux des manufactures royales, occupait à l’origine plus du double de son emplacement actuel, de part et d’autre du bâtiment central auquel on accédait par l’escalier monumental. Il fut visité par le Comte d’Artois, futur Charles X, et par Napoléon Bonaparte.
Continuez Rue du Mûrier, tournez à gauche dans la Rue des Déportés, puis à droite la Rue Tatin et enfin engagez-vous dans la rue aux Huiliers. Situé au 41 de la rue aux Huiliers admirer la Maison du Parlement, cette belle maison à pans de bois du XVIe siècle aurait abrité le Parlement de Normandie au moment de la prise de Rouen par les protestants. Poursuivez votre balade en quittant la rue aux Huiliers et dirigez-vous vers la Rue des Grands Carreaux. Cette rue, qui doit son nom aux grandes dalles faisant autrefois office de pavage, est remarquable pour ses habitations des XVIe et XVIIIe siècles. Elle donne un aperçu de l’ancien centre ville avant la destruction de 1940.
Au fil des rues, on découvre le Jardin Aristide Briand, avec ses séquoias centenaires, sa petite rivière, ses statues et ses nombreux massifs de fleurs dessinés dans de larges espaces verts. Après ce moment bucolique, continuez Boulevard Jules Ferry, passer devant l'école Jules Ferry. L’architecture de cette école est représentative, dans sa majesté, du prestige de l’école républicaine du XIXe siècle
Par la rue du Général de Gaulle, en traversant les quartiers reconstruits, on atteint la place du Pilori, où l’on pratiquait jadis les exécutions publiques et la place de la Halle, occupée autrefois par l’église Saint-Martin et la Halle aux Drapiers, devenue la place du marché hebdomadaire. Le Châtel du Manoir des Archevêques de Rouen, détruit en 1435, ne fut jamais réédifié. C’est sur son emplacement que fut construit le pâté de maisons compris entre la rue du Châtel et la rue aux Mouches, actuellement rue Bertinot. De ce quartier il ne reste malheureusement plus rien depuis le bombardement de 1940, sauf les caves à deux étages d’une solidité à toute épreuve, dont les voûtes en plein cintre étaient soutenues par des arceaux en pierre. Dans quelques-unes de ces cuves, on descendait par un escalier à vis également en pierre.
Il y avait jadis plus de routes sous terre que dessus, À Louviers même, a été retrouvé un certain nombre de ces souterrains destinés, soit à emmagasiner des provisions, des armes et du matériel de guerre, soit à s’échapper facilement loin de la ville en cas de siège. En 1859, on a découvert un souterrain dont l’entrée était située en arrière du maître-autel de Notre-Dame et qui se dirigeait vers le château de Saint-Hilaire et le couvent de Sainte-Barbe. En 1894, un affaissement de terrains a révélé le superbe souterrain qui passe sous le Marché aux Œufs, en face le n° 11, dans le voisinage de l’ancienne Maison des Templiers. Une excavation produite rue des Pompiers, en 1888, a montré un souterrain qui se trouve sous la Mairie actuelle (ancien couvent de Saint-Louis). Sous le théâtre, on en a retrouvé un autre, qui se dirige vers l’ancienne Porte de Rouen.
Au n° 22 de la rue Dupont de l’Eure existe une cave rendue visible par le bombardement de 1940, et dont la voûte descend d’une marche en même temps que l’escalier qui y conduit. Un autre couloir s’en va sous la Rue Tatin, remis à jour en 1948. Enfin, le fameux souterrain du Puits-Crosnier, qui a son ouverture dans le Bois du Défends près du cimetière, se dirigeant vers la Citadelle et le châtel des archevêques, et permettait aux combattants de s’échapper facilement en cas de grand danger. Suivant la tradition locale une branche de ce souterrain aurait son issue dans l’église Saint-Germain. C’est dans ce puits Crosnier que fut jeté, comme à la voirie, le corps du curé de Mesnil-Jourdain, Mathurin Picard, très compromis dans le célèbre procès des Possédées de Louviers, en 1647.
Les promenades au bord de l'Eure, les différentes activités sportives proposées ou encore les nombreuses animations qui éclairent la cité tout au long de l'année sont autant d'arguments qui donnent envie de passer du temps dans la belle ville de Louviers. Site incontournable de Louviers, le château Saint-Hilaire, situé sur la route d'Acquigny, le domaine est bordé par l'Eure. Le château est réaménagé en manoir anglo-normand, reconstitution d'une gentilhommière du XVe siècle.