La mention la plus ancienne de Pont-Audemer figure dans un document de l’abbaye de Fontenelle, daté de 715, dans lequel Dagobert II confirma, à l’abbé Bénigne, la donation de Childebert III du quart de la forêt de Brotonne. Le nom apparaît sous la forme Duos Pontes : Deux Ponts, qui, pour les historiens du XIXe siècle, devait correspondre au nom primitif de la localité. Il faut attendre les XIe-XIIe siècles pour voir réapparaître le nom de Pont-Audemer dans les sources écrites. Le nom de la commune est compris "eau de mer" par étymologie populaire, motivée par l'homophonie vraie avec l'élément aqueux et salin, c'est pourquoi la prononciation traditionnelle est Pont-Iau-de-Mé en normand.
À l'occasion du traité de Saint-Clair-sur-Epte, le roi Charles III, dit le Simple, céda le comté de Rouen au chef norvégien Rollon. Pont-Audemer, établie alors sur la rive droite de la Risle, fait partie de la donation. Ce fleuve marque la limite du comté de Rouen et Pont-Audemer devient ville frontière dans un premier temps. Cette fois, le peuplement est plus importante : ceux sont surtout des danois qui s’installent dans la vallée de la Risle. Ainsi, un fidèle compagnon de Rollon, Bernard le Danois, reçoit le bourg de Pont-Audemer en récompense, puis le village d’Harcourt. Naît ainsi un important lignage qui engendrera deux grandes familles : les Beaumont et les Harcourt.
L’endroit étant particulièrement propice en raison de l’abondance de l'eau, du bois et du bétail, de nombreux artisans s’installent, créant notamment des ateliers de tannerie. Si Pont-Audemer a été très richement marquée par la tannerie, elle était également réputée au Moyen-Âge pour son papier et la qualité de ses draps. Les activités de tissage ont battu leur plein au XIXe siècle puis, ont disparu. La Guerre de Cent Ans causa de grands ravages à la ville. Le château et les remparts sont détruits après que le roi de France ait repris la ville qui s’était apparemment trop facilement donnée aux Anglais.
Aujourd’hui, Pont-Audemer s’enroule autour de son cœur médiéval et rayonne dans la vallée et sur ses plateaux. Installée depuis presque un millénaire sur la Risle et ses canaux, vit encore le rythme des marées. Pour apprécier la cité, il faut s’y perdre en traversant les canaux, marchant dans les petites venelles, s’arrêtant pour admirer les vieilles maisons. Le charme de Pont-Audemer, ce sont ses canaux, bien sûr, mais aussi ses vieilles maisons à pans de bois. Et surtout, il faut prendre son temps. Avec le développement en France de la franc-maçonnerie, de nombreuses façades portent de discrets symboles maçonniques : colonnes de Salomon, feuilles d’acacia, points en triangle… Les trouverez-vous ?
En arrivant dans Pont-Audemer, vous trouverez sans soucis une place pour stationner votre véhicule. Puis, dirigez-vous vers l' Office de Tourisme Pont-Audemer Val de Risle, situé Rue Thiers. On vous y donnera un dépliant très bien fait dans lequel vous trouverez un circuits à réaliser à travers la ville vous permettant de découvrir ses principaux centres d'intérêt. Ce parcours à pied vous permettra de découvrir les richesses du patrimoine de Pont-Audemer, entre tradition et modernité architecturales. Le parcours touristique, vous emmène par les ruelles médiévales, traversant les petits ponts de pierre, à la rencontre du reflet des façades et de la lumière dans l'eau, déroulant les anciens séchoirs à peaux, passant de canaux en canaux où était travaillé le cuir qui faisait la réputation de la ville (80 tanneries au XVIIIe siècle !), pour dévoiler, enfin, les somptueux hôtels particuliers.
Commencez votre balade en déhambulant dans la rue de la République, anciennement appelée Grande Rue, rue principale de Pont-Audemer. Dirigez-vous vers l’église Saint-Ouen. Au dessus du passage en face de l’église, admirez la fresque ; une reproduction de l’oeuvre d’Alfredo Echazaretta, symbolisant le passé industriel de la ville. Empruntez ce passage puis retournez sur vos pas. Remontez la rue de la République pour découvrir le panneau relatif à l’église. Ce dernier se situe en face de la rue Aristide Briand.
L’imposante église Saint-Ouen de Pont-Audemer, bien que demeurée inachevée, s’inscrit au premier rang des monuments de l’architecture flamboyante normande. Ses origines remontent au XIe siècle. Sans doute, Pont-Audemer, évangélisé depuis plusieurs siècles, avait-il eu déjà de nombreux lieux de culte. Cette église, qui n’a jamais été finalisée, mêle 3 styles : le roman, le gothique et le Renaissance. Alors que le nombre de fidèles grandi au XIVe siècle, elle doit être remaniée. Les travaux débutent après la guerre de Cent-Ans et on y ajoute une nef, des bas-côtés, une tour. Mais faute de moyens, les travaux ne peuvent pas continuer. A la Renaissance, elle fut redécorée pour coller à ce nouveau style.
Le 5 août 1492, le futur roi Louis XII visite la construction de l’église Saint-Ouen. En 1774, l’un des pères de la République, vainqueur de Valmy en 1792, Dumouriez, y épousait sa petite cousine Marie Marguerite de Broissy. L’église fut construite sur pilotis à air. Soyez attentifs à la construction et aux matériaux composant l’église : la nef est en pierre mais en haut de cette dernière, il y a des colombages. Parmi les richesses patrimoniales de Pont-Audemer qui ne doivent pas manquer d’attirer le visiteur, figure l’orgue de l’église Saint-Ouen, instrument dont l’origine remonte sans doute à la Renaissance, entièrement restauré entre 1996 et 2000 dans les ateliers de Michel Giroud à Grenoble. Son remarquable buffet comporte des boiseries du XVIe siècle.
Pont-Audemer est une des très rares villes de France où se perpétue depuis le Moyen Âge la sonnerie du couvre-feu, chaque jour peu après 22 h. Il s'agit d'une volée assez longue de la petite cloche de l'église Saint-Ouen qui, traditionnellement, annonçait la fin de la journée et la fermeture des commerces, des cabarets et des portes de la ville. Poursuivez votre balade en suivant l’impasse Saint-Ouen ou la venelles de l’Epée. Ces rues vous permettront de découvrir un quartier de la ville à l’allure médiévale.
La rue de l’Épée, c’est la rue la plus étroite de Pont-Audemer. C’est du Moyen-Âge jusqu’à leur interdiction par Richelieu, le lieu où se déroulaient les duels. Jadis le caniveau central reçoit les eaux de pluie mais aussi tous les rejets que les habitants des maisons y jettent. Dans le bas de l'impasse Saint-Ouen, admirez le ruisseau des Carmes. A Pont-Audemer, les ruisseaux sont de petits canaux qui, perpendiculaires au bras sud et nord de la Risle, quadrillent la ville. Ces ruisseaux, il y en a 4 entre le bras sud (canal perché) et le lit naturel de la Risle (bras nord) : le ruisseau des Carmes, le ruisseau des Pâtissiers, le ruisseau de la licorne et le ruisseau des tanneurs. Tout en regardant le long des canaux, ou vous pouvez voir les anciens lavoirs.
Prenez l’escalier et traversez la rue Aristide Briand. Puis, continuez jusqu’au fond de la placette. Engagez-vous dans la venelle de l’épagneul. Les venelles sont en général des passages de petite largeur. La venelle de l’épagneul est de plus grande ampleur et s’y forment ici des cours successives, lieux de passage et de sociabilité. En cheminant de nouveau dans la rue de la République, admirez le double balcon de la Cour de l’élection. Sortez sur votre droite vers le n° 60 de la rue de la République.
Visitez le Musée Alfred-Canel. Dans un esprit du XIXe siècle, le musée Alfred Canel abrite aujourd’hui des fonds anciens de bibliothèques, le cabinet de travail d’Alfred Canel et une galerie des arts et des sciences où se côtoient des collections de sciences naturelles, d’archéologie locale et de beaux-arts. Le musée propose des expositions temporaires et diverses activités pour tous les publics. Le musée rend principal hommage à l’homme de lettres humaniste, et républicain, à l’archéologue et au fervent défenseur de l’école laïque que fut Alfred Canel au XIXe siècle.
Né en 1803, il débuta sa carrière en tant qu’avocat. Mais à cause de son discours trop libéral au goût de certains, il abandonna très vite sa profession et entreprit une vie politique plutôt mouvementée. Le 1 er juin 1836, il créa la bibliothèque publique avec l’aide, entre autres, d’un député de l’Eure qui lui obtint les douze volumes de La Description de l’Egypte, et les ouvrages des monastères du voisinage lui furent confiés. En 1851, son opposition politique à Napoléon III lui valut quelques ennuis. Destitué de son poste de bibliothécaire et assigné à résidence, il se consacra alors à sa passion : la collecte de livres. A sa mort, il légua sa maison avec l’intégralité de sa collection à la municipalité. En 1884, sa maison ouvrit ses portes pour accueillir la bibliothèque de Pont-Audemer.
A présent, prenez la cour Canel et son passage, il y a un bon nombre de bâtiments à colombages à découvrir dans les vieilles rues, comme dans l'impasse Canel. Admirez l'immeuble à logements de la cour Canel du Moyen Âge et du XVIe siècle. Dirigez-vous maintenant vers la rue des Carmes. Les fosses de la tannerie Costil, pour laver les peaux, se situaient à la place du supermarché. A côté du bureau de Poste se trouve la salle des Carmes. A cet endroit, il y avait autrefois le couvent des Carmes.
Pour poursuivre votre balade, Revenir sur vos pas pour retrouver dans la rue de la République, tournez à droite et nouvelle fois àdroite dans la la Venelle des tanneurs. Cette venelle rend hommage aux tanneurs qui sillonnaient la ville à pied pour se rendre à leur travail. Lorsque les remparts de Pont-Audemer s’effritent, ils sont rasés en 1829. Les fossés sont remblayés et une grande place d’armes voit le jour ainsi qu’un marché neuf aux chevaux. De nombreuses tanneries s’y installeront, attirées par les eaux douces du ruisseau des Carmes. Poursuivez jusqu’au pont, sortez de la venelle des tanneurs et tournez à gauche pour emprunter le pont suivant.
Empruntez ensuite le quai de la Tour Grise, nom d’une tour de l’ancienne fortification de la ville dont les vestiges sont encore visibles de nos jours, elle se situe juste en face du colombier qui borde la Risle. Rebrousser chemin pour rejoindre le quai Robert Leblanc (fondateur du maquis Surcouf, mouvement résistant local lors de la seconde guerre mondiale), puis, empruntez le pont de la poissonnerie. Ici se dresse la médiathèque La Page près de laquelle se situaient une poissonnerie à l’architecture métallique du XIXe et XXe siècles et la geôle ; l’une des anciennes prisons de la ville. Non loin de là, se trouvait un grenier à sel.
Les deux parties de la rivière sont rejoints par deux rues parallèles : la rue de la République et la rue Sadi Carnot, et par différents canaux. Explorer ces rues et assurez-vous de flâner aussi le long des deux rues qui les rejoignent, appelée Rue Paul Clémencin et de la rue Place de la Ville, pour les vues des vieilles maisons le long du canal. Entre les n°10 et 12 du quai Robert Leblanc, empruntez le passage, saluez le ruisseau aux pâtissiers qui rejoint ici le bras nord de la Risle. Et trouvez sur votre gauche la venelle maritime.
Pour continuer votre découverte de la ville, remontez ensuite la rue de la République à votre droite jusqu’au n°55. Prendre sur la droite la Rue Paul Clémentin (résistant local fusillé lors de la seconde guerre mondiale), qui s’appelait autrefois la rue aux pâtissiers. La venelle aux pâtissiers saute par dessus le ruisseau. Installez-vous sur le parapet du petit pont, et admirez les deux maisons à encorbellement, trace d’un ensemble d’habitation datant de la fin du XVe siècle.
Vous voici, dans la rue Sadi Carnot, ancienne rue aux Juifs fortement transformée à partir de la fin du XVI e siècle. Cette rue piétonne avec son petit pont de pierre au dessus du canal et ses latrines, ses anciennes enseignes, est typique du Moyen Âge. Cette rue est réputée pour l’architecture de ses hôtels particuliers élégants avec des cours intérieures. Au passage, ne manquez pas une maison du XVIe siècle. Faites un détour par la rue place de la ville au nom significatif puisqu’elle représentait le coeur de la ville au moyen âge. Dans cette rue se tenait le marché aux fromages.
Dans ce quartier vous pouvez levez le nez, regardez les mascarons : figures élégantes ou grotesques représentant visages humains ou animaux. Arrivés en France après les guerres d’Italie, ils sont très en vogue dès la fin du XVIe siècle. Retrouvez le ruisseau aux pâtissiers pour débouchez sur la rue de la République en prenant à droite jusqu’à l’angle. Vous êtes… Venelle Saint-Mards, particulièrement charmante avec ses multiples maisons enchâssées entre rivière et ruissseau.
Poussez jusqu’au bout de la venelle Saint-Mards et observez le ruisseau. C’est en quittant le bras sud dit "canal perché" qu’il prend son élan et trouve une pente jusqu’au bras nord. En revenant sur vos pas, regardez l’enchevêtrement des toits et les détails des essentages : bardage de bois ou d’ardoises sur les murs. Sortez à droite dans la Rue Thiers, anciennement nommée "rue entre deux ponts" à une époque plus reculée et "rue du commerce" au XVIIIe et XIXe siècles.
Traversez la Risle, pour arrivez Place victor hugo, sur le pont, à droite près de l’ancienne enseigne du Printemps restaurée, voyez le bow window et au fond à droite un ancien séchoir à peaux. Avec sa grande fontaine contemporaine, la place Victor Hugo est l’escargot autour duquel s’enroule la ville. sur votre gauche laisser la Rue des Carmélites. Le nom et l’histoire de cette rue sont liés à celui du couvent qui s’y est installé : le couvent des Carmélites. Cet ordre religieux est fondé par des ermites contemplatifs sur le mont Carmel en Palestine au XIIe siècle. Le mont Carmel signifie en hébreu « le vignoble de Dieu », c’est à l’origine une montagne côtière surplombant la mer Méditerranée dans la ville d’Haïfa. Les membres masculins sont appelés les carmes, et féminins les carmélites, leur père spirituel est Élie.
L’établissement des Carmélites est sous l’autorité du diocèse de Lisieux. Il est autorisé par son évêque, Philippe de Cospean, qui rêve depuis longtemps d’avoir un carmel installé à Lisieux ou à Pont-l’Évêque. C’est finalement à Pont-Audemer, en janvier 1642, que son rêve se réalise. Ce n’est que plus tard, en 1660, que les religieuses s’installent sur un domaine situé derrière la halle, entre l’actuelle rue des Carmélites et la rue Feinette (actuelle rue Alfred Canel). L’établissement s’agrandit peu à peu pour occuper une surface de 66 perches (env. 3 000 mètres carrés) à la Révolution. Il comporte une maison conventuelle, une chapelle, un cloître et un jardin. Au cours du XVIIIe siècle, les bâtiments sont abandonnés. Il est transformé en tribunal lors de la Révolution.
Poursuivez votre parcours jusqu'à la Place des Halles. Derrière la halle aux blés se faufile une venelle : le Venelle aux blés, reliant la rue des Carmes à la rue Gambetta, ancienne Rue aux moutons. Vous voyez ici encore un de ses cheminements « raccourcis » qui font penser aux traboules lyonnaises. Admirez au passage l’aplomb parfait des murs. Poursuivez dans la rue Gambetta jusqu’à la Venelle aux bourres. Au trois derniers siècles, l’omniprésence des tanneries dans la ville a favorisé les métiers du cuir. Dans une économie de réemploi, les bourres, sousproduits animaux (poils et crins) issus du prétannage étaient utilisés pour toutes sortes de rembourrage : sièges, colliers de trait, coussins, selles…
Au bout de la Venelle aux bourres, poursuivez sur votre gauche et empruntez maintenant la Venelle de la dentelle. Au débouché de cette venelle, vous marchez sur ChaCha-Cha, œuvre d’art réalisée par Elisabeth Ballet en 2001, imaginée pour le pavage de la place du Pot d’Étain. Il s’agit d’une dentelle de 3 000 m2 qui enveloppe la place et son carrefour et dessine un lacis floral de petits pavés en basalte noir et granit blanc. Autrefois, cette place du Pot d’Étain était l’une des portes fortifiées de Pont-Audemer et s’y tenait le marché aux vaches.
Reprenez la rue Gambetta, traversez de nouveau la place Victor Hugo et dirigez vous vers la rue Jean Jaurès. Au niveau du n°19, engagez-vous vers la Venelle laitière. Poussez jusqu’au fond de la venelle où vous retrouvez les traces d’un embarcadère sur le bras sud de la Risle. Il desservait la tannerie proche dont vous pouvez admirer le séchoir à clins de bois.
Poursuivez votre balade en quittant la rue Jean Jaurès et dirigez-vous vers la place du Général de Gaulle. Cette place récemment rénovée, est situé dans le prolongement des anciens remparts qui protégeaient Pont-Audemer. Revenir à votre point de départ. Il est possible de découvrir la ville en faisant du kayak. C'est alors un autre visage qui nous est dévoilé ; en plus des nombreux poissons vous allez découvrir de véritables jardins et surtout les dessous de ces fameuses maisons médiévales. Autrefois, utilisée comme eau motrice et lavante, aujourd'hui la Risle est de nouveau poissonneuse et est devenue un univers propice au développement d'espèces menacées. Elle forme un site remarquable avec les étangs et le Marais Vernier.