Si le village de Tillières-sur-Avre vous était conté, l’histoire commencerait au XIe siècle, lorsque cette importante place forte était le rempart de la frontière entre la Normandie et le Royaume de France. La cité fut l’objet de nombreux conflits entre la France et l’Angleterre. Le traité de Saint-Clair-sur-Epte, conclut en 911 entre Rollon, Rollo en latin parfois appelé parfois Robert Ier le Riche, Robert étant le nom qu'il reçut à son baptême, et Charles le Simple, roi de France, a choisi la rivière comme frontière.
Vers 1017, apparut le château de Tillières, construit sur l’ordre exprès de Richard II, duc de 996 à 1026. Il fut confié à la garde de 2 Seigneurs de Normandie : Raoul de Tosny et Castillon. Le renforcement de la frontière est entrepris par Henri Ier Beauclerc, troisième fils de Guillaume le conquérant, du fait de l’hostilité du royaume capétien, avec un réseau plus dense de forteresses le long des vallées de l’Avre, de l’Epte er de l’Andelle, d’où la création de Nonancourt en 1112, Verneuil en 1113, … Au fil des ans, au gré des relations parfois tumultueuses entre d’un côté les Ducs de Normandie puis les souverains anglais et, de l’autre, les rois de France ou leurs vassaux, Tillières grandit. Du fait de l’importance stratégique de la place et de la personnalité des Seigneurs, Tillières a eu, pendant quelques siècles, un impact et une influence sur les villes voisines.
Après quelques siècles tourmentés par les affrontements franco-normands, Tillières-sur-Avre semble avoir pris le parti de demeurer à jamais un véritable havre de paix. Ce village, implanté au bord de la rivière Avre, a gardé des traces de son glorieux passé. Vous pouvez récupérer, auprès de l’office de tourisme à Verneuil-sur-Avre, ou en mairie de Tillières-sur-Avre un dépliant avec le tracé de l’itinéraire d'un parcours historique qui n’est pas dénué d’intérêt pour votre futur visite. Les petits personnages sculptés dans les blocs de grison sur les façades de quelques maisons anciennes récompenseront l’attention du visiteur curieux de l'histoire du village. Outre le patrimoine médiéval omniprésent, la commune a la particularité de posséder de nombreuses enseignes de commerçants en fer forgé ainsi qu’un imposant cadran solaire à côté de la Mairie.
Il est possible de se garer son véhicule, soit sur celui de la mairie avec quelques places à l'ombre ou sur celui du parking de l'église de Tillières-sur-Avre. En sortant du parking, on ne peut pas louper ce cadran solaire très original. Il représente un paysan normand, en costume traditionnel, juché sur une branche de pommier. La municipalité a eue la bonne idée de fournir des enseignes en fer forgé à un certain nombre de ses commerçants. En face du parking, se trouve l'église Sainte-Hilaire, construite dans le style roman du XIe siècle, agrandie et embellie au XVIe siècle grâce au Cardinal Jean Le Veneur, Grand Aumônier de France, puis remaniée au XIXe siècle. La première église, probablement en bois, ne résistât pas au outrages du temps, tant ce matériau est facilement inflammable et victime souvent des intempéries. C'est pourquoi au XIe siècle, à l'époque de Guillaume le Conquérant, fut construit l'église actuelle en pierre.
Peu de choses subsistent aujourd'hui de l'église Sainte-Hilaire, certaines pierres de Grison date de l'époque de sa construction. Son aspect extérieur présente un mur en pignon remanié maintes et maintes fois au cours des cinq derniers siècles. De l'intérieur, l'église ressemble à une église gothique, ce qui suppose qu'elle fut remaniée au XIIIe siècle sous les règne de Philippe II auguste (1194-1223), Louis VIII (1223-1226) et Louis IX dit saint Louis (1223-1270) quand la Normandie devient française. On observe dans le vitrail ci contre la profusion du jaune et du bleu qui sont la couleur, d'après Michel Pastoureaux le grand historien de l'art et de la symbolique de couleur, les teintes favorites d'un homme du Moyen Âge. Le jaune est une innovation du XIIIe siècle après jaune d'Evreux, fait à partir d'un procédé chimique complexe obtenu à partir de graine de blé. Le blé est une essence très courante dans la région d'Evreux, cela s'explique essentiellement que nous somme dans une zone de culture céréalière. Ce qui en fait une copie picturale en termes de vitraux de la cathédrale d'Evreux en miniature.
Suivre la Rue Farina, puis pour atteindre ce qu’on appelle le Grand Parterre avec ses 133 tilleuls, c’est-à-dire le site du château, il faut faire l’ascension de la rue des écoles qui se termine par quelques dizaines de marches. Cette ancienne place d’armes domine la ville et vous offre un joli panorama sur le village de Tillières-sur-Avre et ses environs. Vous pouvez vous rendre compte de la place stratégique de cette ancienne forteresse. Au niveau de l'ancienne place d'armes admirez les murs de soutènement de la terrasse supérieure du château.
Ce château de Tillières-sur-Avre a été incendié par Henri Ier de France en 1040, le château est reconstruit dès l'année suivante. La place forte est récupérée par Guillaume le Conquérant en 1057 et n'est rattachée à la France qu'en 1203 suite au siège de Philippe Auguste. Le château est ruiné par les anglais lors de la guerre de Cent ans. Un incendie l'endommage une nouvelle fois en 1492, peu de temps après sa reconstruction. Restauré à la fin du XVIe siècle, le château est finalement détruit en 1823. Une grande maison à deux étages a été rebâtie vers 1835 tandis que le reste du domaine a été aménagé avec un parc à l'anglaise. Il en subsiste aujourd'hui, au nord, de nombreuses courtines et une tour circulaire du XIIe siècle et, au sud, un important ensemble de terrasses, remparts et bastions du XVIe siècle ainsi que l'ancien étage de soubassement du grand logis. Enfin, le grand bâtiment d'habitation des années 1835, reconstruit sur les bases du XVIe siècle, est toujours visible, au sud.
Pour redescendre vers la célèbre porte médiévale, située rue du Fort, empruntez le petit chemin de terre à l’ombre de la végétation du parc. Quelques maisons à pans de bois très anciennes attirent le regard. Construite à la fin du XIIe siècle, la porte médiévale faisait partie des fortifications qui entouraient jadis le village. Elle a été reproduite au 1/10e par François ADELINE, sculpteur, et orne désormais le rond point situé à l’entrée de Tillières-sur-Avre.
La visite continue dans la rue principale, au n° 48 de la Grande Rue se situe un édifice civil appelé "Perrin " datant du XIIe ou XIIIe siècle dont la destination primitive paraît avoir été celle d'un magasin de vivres ou d’armes. Pour finir votre parcours dans Tillières-sur-Avre prendre la direction du pont de la Guillerie, il vous fait franchir l’Avre dans un décor bucolique, ses rives et méandres. La commune abrite également le site Natura 2000 des "Cavités de Tillières-sur-Avre". Ces cavités, creusées dans la craie, ont été exploitées jusqu’en 1935 pour extraire la marne et comme four à chaux. Elles ont été utilisées comme abri par la population pendant la guerre puis exploitées comme champignonnières avant d’être laissées à l’abandon à la fin des années 1980. C’est dans ce réseau de cavités qu’hibernent aujourd’hui une colonie de chauves-souris. Les dernières études ont recensé la présence de plus de 300 individus.