Anciennement appelée Sainte-Marie de Valmont, l’Abbaye Notre-Dame-du-Pré de Valmont est une abbaye bénédictine. Le nom de la localité est attesté sous les formes Walemunt et Galemunt au XIIe siècle, Walemont en 1236, Walemont en 1262, Walemont en 1272, Vallemont en 1300, Valmont en 1385. Il s'agit d'une formation toponymique médiévale en -mont au sens de « colline, hauteur », appellatif précédé du nom de personne scandinave (vieux danois Wale) que l'on rencontre dans plusieurs noms de lieux de Normandie. Mont se réfère vraisemblablement à la hauteur sur laquelle a été construit le château, à noter aussi que l'église se trouve également en hauteur, en contrebas du château qui surplombe la vallée de la rivière de Valmont.
L'abbaye Sainte-Marie est fondée par Nicolas d'Estouteville, seigneur de Valmont, petit-fils de Robert, en 1169. L’abbaye de Valmont est confiée à des bénédictins détachés de l'abbaye de Hambye. Ce lieu, qui servit de nécropole à la famille d'Estouteville, n'accueillit jamais plus de vingt-cinq moines. Plusieurs fois détruite et reconstruite, l'église abbatiale ne fut vraiment achevée qu'au XVIe siècle. La comtesse Marie II de Saint-Pol y fut inhumée. D’abord romane, elle a été transformée au XVIe siècle, sous l’impulsion de l’abbé Jean Ribaut.
Les bâtiments conventuels de l’abbaye de Valmont sont édifiés de 1676 à 1682, sur ordre de Louis de La Fayette (1634-1729), abbé commendataire, qui tente d'introduire, en 1680 la réforme de Saint-Maur. Finalement réformée en 1754 par le mauristes, elle connait alors une période de reconstruction pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Elle est dissoute sous la Révolution, les moines sont dispersés en 1789 et les bâtiments sont vendus en 1791 comme biens nationaux et acquis par des particuliers.En 1792, l’abbaye est vendue à Nicolas Bataille de Montcornet. Elle se transmet dans cette famille, successivement sous les noms de Bataille, Bornot, Béraldi et Méra jusqu’en 1993.
Pendant le XIXe siècle, le peintre Eugène Delacroix prit l’habitude d’aller se reposer au domaine familial de Valmont. Nicolas Bataille qui a acheté l’abbaye était veuf de Marguerite-Françoise Delacroix, une tante du célèbre peintre. Il aimait beaucoup cet endroit et venait avec plaisir passer des vacances chez ses cousins Bataille, puis Bornot, de 1813 à 1849. Eugène Delacroix s’inspira du site pour dessiner les Ruines de l’abbaye de Valmont, une œuvre d’art conservé au musée du Louvre. Il y a peint en 1834 trois fresques désormais dans les collections du musée national Eugène-Delacroix : Anacréon et une jeune fille, Léda et le Cygne et Bacchus et un tigre. La congrégation des bénédictins Notre-Dame-du-Pré, venant de Lisieux, en fait l’acquisition en 1994, s’y installe et réhabilite les ruines qui restent, c’est-à-dire le chœur, le transformant en une élégante église abbatiale. Elle est restaurée avec le concours des monuments historiques, sous la direction de l'architecte Dominique Moufle. Par la suite, la nouvelle église abbatiale de Valmont a été dédicacée en 2004. En octobre 2022, pour raison de santé, les sœurs abandonnent leur couvent, avec regrets.
Nous ne pouvons parler de l’abbaye de Valmont, sans faire un clin d’œil au monastère. Fondée en 1011 par la Comtesse Lesceline à Saint-Pierre-sur-Dives, la communauté des sœurs s’est établie à Lisieux au bout de quelques années plus tard. Au cours de la révolution, les moniales se sont dispersées et réfugiées dans la région. Rassemblées par petits groupes, elles n’ont jamais interrompu la récitation de l’Office Divin. Entre 1881 et 1886, Thérèse Martin, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, a été à l’école de l’abbaye. Le monastère fut détruit et Bombardée le 6 juin 1944. Sa reconstruction s’est étendue jusqu’en 1964. La communauté a été transférée à Valmont en 1994. Elle fait revivre une ancienne abbaye fondée en 1169 et occupée par des moines chassés à la révolution.
L'abbaye de Valmont se compose actuellement de plusieurs parties : l'église abbatiale reliée par une galerie à la porterie, le chapitre, le dortoir ; autour du cloître s'organisent le parloir, la cellèrie, la cuisine, la bibliothèque, des ateliers. Une orangerie, un potager, une serre, un vivier et un verger complètent l'ensemble abbatial. L’église du monastère fait partie des vieux trésors les plus importants de la Seine-Maritime. Il est évident que rien ne subsiste de la première église romane érigée par la famille d’Estouteville au XIIe siècle. Si rien ne subsiste de la première église romane, c’est une architecture Renaissance toute d’élégance et de finesse qu’on admire aujourd’hui.
En visitant aujourd’hui l’abbaye de Valmont, vous découvrirez une architecture qui est aussi bien riche qu’élégante. De l'abbatiale proprement dit, ne subsistent que les ruines du chœur construit en 1520. Formé de quatre travées droites, il se termine par un rond-point à cinq pans, donnant sur un déambulatoire, où s'ouvre la chapelle de Six-Heures. Les grandes arcades en plein cintre reposent sur des piles monocylindriques et sont surmontées d'une galerie à colonnettes ioniques géminées, formant le triforium. Tout est d'un style Renaissance très pur. Cette élégante ordonnance architecturale est commandée par Jehan Ribaud, ancien abbé de l'abbaye Notre-Dame du Bec, qui dirige Valmont en 1517. Il restaure l'Abbaye Notre-Dame-du-Pré de Valmont dans le style à la mode et a peut-être employé à l'abbaye des ouvriers italiens qui travaillaient à l'époque au château de Gaillon et à l'abbaye de la Trinité de Fécamp.
A l’extérieur de l’abbaye Notre-Dame-du-Pré de Valmont et principalement au-dessus du portail, un motif décoratif a été remonté. Celui-ci est l’œuvre du peintre Eugène Delacroix. Il s’est servi de fragments de vitraux anciens pour réaliser cette œuvre d’art. Plusieurs voûtes et arcades confèrent à l’infrastructure une grande harmonie. Quant aux piliers en pierre et aux arches, ils sont ornés de sculptures et de symboles religieux très attractifs.
La chapelle axiale de l'abbatiale a été commandée par l'abbé Jehan Ribaud et construite en 1520 ; elle est dédiée à la Vierge est actuellement la seule survivante de l'importante église, dont la nef s'est écroulée en 1730. La chapelle axiale un joyau de la Renaissance. Elle est plus connue sous l'appellation chapelle de Six-Heures, faisant allusion à l'heure à laquelle les moines entendent le premier office de la journée. Elle constitue la merveille artistique du site, entièrement de style Renaissance. La voûte est composée de nervures saillantes qui butent sur une clé circulaire évidée en coupole.
Le fleuron en étant la chapelle de la Vierge, située dans l’axe du chœur, qui abrite un ensemble de vitraux exceptionnel, ainsi qu’un chef-d’œuvre de la sculpture attribué à l’atelier de Germain Pilon, représentant l’Annonciation. Au cours de votre visite à l’abbaye de Valmont, il est essentiel que vous preniez votre temps pour découvrir les détails du décor qui entoure la vierge et l’archange Gabriel. Le décor et l’art employé sont associés à des figures d’angelots ainsi qu’à une curieuse représentation du créateur de l’univers. La voûte est d'un dessin harmonieux et d'une structure savante : les nervures, très saillantes, butent contre une clé circulaire évidée en coupole.
Les vitraux, datés de 1552 relatent des épisodes de la vie de la Vierge. Les cénotaphes (gisants et dalles funéraires des XVe et XVIe siècles) de Nicolas et de Jacques d’Estouteville, et de leurs épouses (Louise Albret), magnifiquement sculptés peuvent également être admirés dans le déambulatoire. Le Musée des antiquités de Rouen conserve des vitraux du XVIe siècle de l'abbaye de Valmont.
Sur l'autel est posée une croix en pierre qui provient de l'ancien cimetière des moines et qui date du XIIIe siècle. Au-dessus de l'autel, une annonciation attribuée à l'école de Germain Pilon. Etant une ruine à ciel ouvert depuis la révolution, la nef a été recouverte dans les années 2000 d’une toiture en bois au dessin contemporain s’intégrant parfaitement au monument. Le cloitre de l’abbaye est vraiment remarquable. Il est composé de plusieurs galeries superposées.