L'origines du nom Blainville vient de Bleduinvilla, la maison de Beaudoin, et Crevon du bas-latin caprio, poutre, ici au sens de pont ou encore du nom celtique signifiant fontaine rapide ou quevron. Le village de Blainville est mentionné pour la première fois sous la forme latinisée Bleduinvilla vers 1050 - 1066. Il s'agit d'un des nombreux composés en -ville, dont l'élément ville, issu du gallo-roman Villa, avait précisément le sens de "grand domaine rural" : du latin villa rustica, et aussi vilain, paysan médiéval. Crevon est une ancienne paroisse attestée sous les formes Cheivrom vers 1050 et 1066, Chevron entre 1068 et 1076, puis au XIIIe siècle sous la forme Kevron, puis Quevron jusqu'au XIVe siècle.
Pour comprendre son histoire avant votre visite, il nous faut remonter à l'époque néolithique pour déterminer l'origine d'une présence humaine dans cette commune. La future commune est au tournant de l'An Mil possession de la famille de Mauquenchy, illustrée principalement par Jean IV de Mauquenchy, maréchal de Blainville, serviteur de Charles V et compagnon de Bertrand du Guesclin. Dotée d'une forteresse, la seigneurie passe ensuite à la famille d'Estouteville. Confisqué par les Anglais au début de la guerre de Cent Ans puis repris en 1435, elle est alors la possession de Jean d'Estouteville, seigneur de Torcy. Ce dernier restaure le château et fonde la collégiale.
Passé par héritage à la famille protestante d'Alègre, le château est assiégé et pris par Tavannes, commandant des Ligueurs rouennais lassés des incursions du seigneur de Blainville qui avait réussi à s'introduire dans le château de Rouen. Au moment de la reconquête de la Normandie, Henri IV aurait tenu un conseil de guerre au château de Blainville, la veille de la chute de Rouen. La seigneurie est transmise par la suite par mariage à la famille Colbert, qui l'aurait fait ériger en marquisat. La terre de Blainville en Vexin reste aux descendants de Colbert de Seignelay et de sa 2° épouse Catherine-Thérèse de Matignon-Torigni, et passe ensuite par héritage aux Montmorency-Luxembourg puis aux Montmorency-Fosseux-Beaufort ; le dernier propriétaire féodal fait raser la forteresse médiévale pour la remplacer par un château dans le style du XVIIIe siècle. Vendu comme bien national, le château de Blainville est entièrement rasé pendant la Révolution. Les vestiges retrouvés appartiennent plutôt au Moyen Âge qu'à l'époque classique.
De nos jours, son patrimoine reflétant sa riche histoire et son offre de loisirs font de Blainville-Crevon une étape d'intérêt lors d'un séjour en Normandie. La commune a mis en place un circuit touristique avec 16 panneaux documentaires illustrés de quelques cartes anciennes. Après avoir stationné votre véhicule, dirigez-vous vers l'église qui est une collégiale, dédiée à la Trinité et à Saint Michel. Fondée en 1489 par Jean d'Estouteville, seigneur de Torcy et de Blainville, conseiller de Charles VII, Maître des Arbalétriers sous Louis XI et Lieutenant Général entre la Somme et la Seine sous Charles VIII.
La Collégiale Saint-Michel de Blainville-Crevon reflète la puissance et la prospérité qu'avait retrouvées la seigneurie après la guerre de Cent ans. L'édifice bâti en quelques années seulement présente une architecture homogène de style gothique flamboyant. On observe que si les murs ont été construits en grès et silex, sous forme de damiers, les décors ont été sculptés dans de la pierre. La collégiale devient l’église paroissiale en 1805. La Collégiale dont le nombre de chanoines n’a cessé de diminuer au fil des siècles, devient alors église paroissiale. Scellé dans le soubassement du mur de clôture, un débris de monument funéraire rappelle la présence de l’église paroissiale. Il provient du Cimetière de Sottevillelès-Rouen et a été posé en 1995.
La Collégiale Saint-Michel de Blainville-Crevon conserve toujours des stalles en bois et des vitraux d'origine, mais aussi des tableaux, comme une copie de la Cène qu'avait peinte Poussin et des statues du XVe et du XVIe siècle. Le clocher de la Collégiale a été refait en 1988. Sa couronne de plomb a retrouvé son état initial et est de nouveau ajourée. La pointe de la croix culmine à 44,22 mètres du sol. L’horloge a été supprimée mais le mécanisme est toujours présent.
A proximité vous touverez la Maison natale de Marcel Duchamp. Dans cette maison vécut une famille d’artistes : Gaston Duchamp (dit Jacques Villon, 1875-1963, peintre), Raymond Duchamp (dit Duchamp-Villon 1876-1918, sculpteur), Marcel Duchamp (1887-1968, peintre), Suzanne Duchamp (1889-1963, peintre). La famille Duchamp arriva à Blainville-Crevon en 1887. Le père, Eugène Duchamp, était notaire. Son étude était dans cette même maison. Il a été maire de Blainville-Crevon de 1895 à 1905.
Poursuivez vers la Maisons des chanoines. En 1489, un collège de 12 chanoines fut créé : 9 prêtres chanoines prébendés, 1 clerc, prêtre chanoine semiprébendé et 2 choraux, prêtres chanoines semi-prébendés. En 1682, les rentes de la Collégiale étant devenues insuffisantes, le nombre de chanoines fut réduit à 9. En 1743, les chanoines ne sont plus que 6. Les chanoines logeaient dans ces maisons situées à proximité de la Collégiale. En 1805, Collégiale devient église paroissiale.
La mairie de Blainville-Crevon a été inaugurée le 27 septembre 1862, auparavant, elle se situait place de l’église. Une classe située au rez chaussée, a été utilisée jusqu’au début des années 1980. Dans la cour, l’ancien préau est toujours présent et la cloche fixée au mur. Les appartements de l’instituteur étaient à l’étage. Dans le bourg, le monument aux morts et sa sculpture signée Ferdinand Berthelot, artiste né dans la commune et connu notamment pour ses toiles représentant les paysages lumineux de la région a été inauguré le 21 août 1921. Il est dû sculpteur blainvillais Ferdinand Berthelot.
Passez devant le lavoir. À une époque où les machines à laver n’étaient pas encore entrées dans les foyers, le Lavoir était le lieu où l’on venait laver son linge. Les fondations et des grosses pierres le long de la berge nous signalent sa présence. Derrière le Lavoir, est situé un petit bâtiment, parfois appelé « le Refuge ». Il était constitué de 2 cellules de dégrisement destinées aux blainvillais notablement éméchés. Il a été démonté vers 1986.
Au nord-est de la place de la mairie, nous notons la présence de deux commerces : une boucherie à gauche, un horloger à droite. Lors de la libération de Blainville-Crevon, le 30 août 1944, trois maisons ont été détruites. Deux ont été reconstruites. Monsieur Videcoq, propriétaire du moulin, a racheté les droits de dommages de guerre de la troisième maison afin d’agrandir son terrain. Le char canadien du lieutenant Matheson, a été immobilisé en plein centre de Blainville-Crevon. Le peintre blainvillais Eugène Tirvert a immortalisé cet évènement par un tableau maintenant exposé à la mairie.
Continuez en direction du moulin, déjà présent sur une gravure du village en 1696, a été en activité jusqu’en 1966. On y produisait de la farine. On passe souvent sur le pont sans remarquer ses superbes arches de pierre. Initialement, la chaussée était moins large. Entre le moulin et le pont, se trouve un chemin qui menait à l’abreuvoir. On venait y remplir les tonnes à eau et les chevaux s’y abreuvaient. Le musicien, chansonnier Frédéric Bérat (1801-1855), dont le frère aîné Charles-Antoine habitait Maillomets, a composé le célèbre « J’irai revoir ma Normandie ».
Sur la Route de Ry, à l’emplacement de la pharmacie et des cases commerciales, se tenaient les Ateliers d’Albert Ménage. Ceux-ci vendaient et réparaient les machines agricoles. En face des Ateliers, Albert Ménage avait installé un café. Cela permettait à ses clients d’attendre patiemment que les réparations soient terminées. Dans la Grande Rue, la vitrine de la boulangerie a évolué au cours des années, mais son emplacement est resté inchangé. Sur la petite place devant la boulangerie, deux maisons ont une histoire
Deux foires avaient lieu chaque année à Blainville-Crevon : Au printemps, à la mi-carême, la première de l’année de la région En septembre, à la Saint Michel Un marché aux bestiaux se tenait en haut de la place. Des stands étaient installés sur la place de la mairie. Le soir, un bal était donné sous la Halle. Celle-ci était fermée pour l’occasion et se transformait en salle des fêtes.
De nombreux commerces en haut de la place de la mairie étaient regroupés au sud-est de l’ancienne halle (actuelle bibliothèque) : épiceries, cafés, merceries, coiffeur… Près de la partie haute de la bibliothèque, remarquez la présence d’une borne surmontée d’une boule métallique. Cette borne a beaucoup voyagé. Tout d’abord, elle était située à Capendu. Des bornes, reliées par des chaines, bordaient un chemin communal qui traversait la propriété du château du XIXe siècle. Cette parcelle a été vendue au propriétaire du château.
La bibliothèque était autrefois une halle. Elle abritait un marché. Elle fut transformée en salle des fêtes dans les années 1950. La toiture a été conservée mais a été surélevée. Le clocheton sur le toit est un souvenir de la vie passée de cette halle. Sous la Halle, vous pouvez observer les panneaux qui servaient à clore le bâtiment pour le transformer en salle des fêtes. Une diligence, puis ensuite des autobus De Dion Bouton de la compagnie des « Autobus Rouennais », assuraient la liaison entre Ry et la gare de Morgny-la-Pommeraye. Ils s’arrêtaient à Blainville, près de la Halle.
Il y avait plusieurs hôtels à Blainville-Crevon. Un des plus important était l’Hôtel de France, café-restaurant « Au grand veneur » au carrefour de la place de la mairie et de la route de Ry. Il était tenu par la famille Auber. À l’angle de la route de Rouen et de la route de Morgny, d’un côté il y avait Monsieur Gaultier, le bourrelier, de l’autre le Café - Épicerie de Monsieur Clovis Blanchard. Cet établissement a également abrité l’Hôtel de la Poste. En effet, autrefois, la Poste était située route de Morgny, sur la gauche en se dirigeant vers la Collégiale.
Si Blainville-Crevon a vu naître le célèbre peintre et sculpteur Marcel Duchamp, elle est surtout connue pour abriter un site médiéval aux parties basses exceptionnellement conservées, l'occasion de se plonger dans des siècles d'histoire. Pour la petite histoire, le château de Blainville-Crevon était totalement enseveli jusqu'en 1967, date à partir de laquelle une équipe de bénévoles passionnés s'est attachée à lui rendre de sa superbe. Au nord-ouest, s'étendant sur la commune de Morgny-la-Pommeraye, le château de Mondétour a été construit au début du XVIIIe siècle pour Pierre Duval, alors directeur de la Monnaie de Rouen. De style classique, bâtie en briques, inscrite à l'Inventaire, l'élégante demeure dispose d'extérieurs bien entretenus et d'une orangerie où sont accueillies des réceptions.