La devise de Forges-les-Eaux : "Par le fer et par l'eau" est très compréhensible lorsque l'on se plonge dans son histoire... Forges-les-Eaux tient en effet son nom de son sol, riche en fer qui donna naissance aux forges dès l'époque gallo-romaine, et de ses sources thermales. Les premières traces de la ville de Forges-les-Eaux datent de l’époque gauloise. Pour se protéger des envahisseurs, et profiter des nombreuses ressources du territoire, des premières tribus viennent s’installer dans la boutonnière du pays de Bray. Le caractère marécageux des paysages en faisait alors une forteresse imprenable pour les Gaulois.
A l'épuisement des gisements, succéda l'exploitation des sources ferrugineuses aux vertus thérapeutiques. Ainsi, dès le XVIe siècle, Forges-les-Eaux devînt une station thermale renommée attirant de nombreuses personnalités, telles Louis XIII, Anne d'Autriche, venue à Forges soigner son infertilité. Le miracle eut lieu. Forges-les-Eaux et la reine donnèrent à la France un futur grand roi: Louis XIV, puis le Cardinal de Richelieu en 1633 et bien d'autres encore... Au XVIIIe siècle, un anglais, Georges Wood, créa la première Faïencerie en ville. Ainsi, tout au long du XIXe siècle, faïences fines et culs noirs représentent une production importante qui fît revivre la ville.
Le nom de la localité est attesté sous la forme Forges-en-Bray au XIXe siècle. Ce nom fait pleinement référence au deux ressources importantes de la ville. Le fer que les forges utilisèrent jusqu'au XVe siècle, et plus tard bray (l'argile ) que les faïenceries utilisaient pour fabriquer de la vaisselle. Avant que la réputation de ses eaux ne lui fournisse ce complément thermal dans la première moitié du XX siècle : Forges-les-Eaux. Forges-en-Bray devient alors Forges-les-Eaux par décret royal !
Envie de replonger dans les plus vieux secrets de la ville sur la route des vacances ? À Forges-les-Eaux, il est agréable de se balader et de rencontrer des lieux faisant écho à l’Histoire. Forges-les-Eaux, niché au cœur de la Normandie, est célèbre non seulement pour ses sources thermales mais aussi pour son patrimoine historique dense, marqué par la présence de trois églises successives. Partez à la découverte d'un parcours touristique composé de 20 lieux matérialisés par des totems.
Vous pouvez commencer votre promenade par le Grand Casino Partouche, situé avenue des Sources, dans la partie basse de la ville. Cette partie basse de Forges est communément appelée « ancien quartier thermal ». Le casino que vous voyez aujourd'hui est en fait le troisième casino construit à cet emplacement. Le tout premier casino, pas assez somptueux, est rasé en 1872 et remplacé par un plus beau et plus grand, répondant aux attentes de la clientèle de l’époque. Malheureusement ce deuxième casino brûle en 1896. On en reconstruit un troisième en 1903, remanié dans les années 1950, pour lui donner notamment cet aspect de temple grec. À l’entrée de Forges-les-Eaux au pied du Casino, une statue en bronze de Richelieu rappelle la venue du Cardinal Richelieu en juin 1633 accompagnant le Roi Louis XIII et la Reine Anne d’Autriche. Cette statue est l’œuvre du sculpteur Hippolyte Lefèvre. Elle est la propriété de la Sorbonne, prêtée à la ville.
A proximité, l’ancien parc thermal prêtent à la détente et aux loisirs. Les vertus curatives des eaux de Forges-les-Eaux sont connues depuis le XVIe siècle. Au XVIIe siècle, les moines du couvent des Capucins viennent en cure trois mois pour goûter aux bienfaits de ces eaux de jouvence. Mais en 1633, c'est surtout la venue du roi Louis XIII et de la reine Anne de Bretagne qui popularise Forges-les-Eaux. Car la reine ne parvient pas à avoir d'enfant, et les eaux ferrugineuses (chargées en fer) de Forges ont la réputation de guérir l'anémie et la stérilité. Et cela marche, car la reine donne naissance au futur Louis XIV. En ce qui concerne le premier établissement thermal de Forges-les-Eaux, il apparait assez tard. En effet jusqu’alors, la station fonctionnait avec une simple buvette, un bassin en plein air divisé en 3 compartiments : Reinette, Royale, Cardinale... Les eaux étaient réputées être bénéfiques en absorption uniquement.
Le premier établissement vit ainsi le jour vers les années 1840. Avant cette date les eaux ne sont considérées curatives qu'en les buvant, et non pas en nageant dedans. Le premier établissement fut détruit en 1872 et un bâtiment plus moderne, offrant des prestations de qualité fut réaménagé. C’est ce bâtiment qui sera occupé pendant la seconde Guerre Mondiale et malheureusement saccagé. Rasé à la libération, on le remplaça par un kiosque. Cette solution, provisoire à l’origine, perdurera jusqu’à la fin de la station thermale.
Ce kiosque toujours visible dans le parc du Casino avec ces carrela ges bleus, a été surnommé lors de sa construction la soucoupe volante. Après la Guerre et ce jusqu’au début des années 1980, c’est autour de cette rotonde que les curistes venaient boire la Reinette, la Royale et la Cardinale.
Aujourd’hui les robinets sont fermés. Forges-les-Eaux n’est plus classée Station Thermale. L'établissement Forges Hôtel fut construit dans les années 1990 (Club Med à l'origine) dans le Parc du Casino. C'est aujourd'hui un établissement de remise en forme.
À proximité du kiosque et de la statue du Cardinal Richelieu, on aperçoit une grille en fer forgée qui encadre un escalier. Celui-ci permet d’accéder au trois bassins souterrains de la Reinette, la Royale et la Cardinale (fermé aujourd'hui au public). Les sources coulent toujours aujourd’hui, elles vont se jeter dans la rivière l’Andelle à la sortie de Forges-les-Eaux mais ne sont plus utilisées de quelques manières que ce soit.
Non loin du Parc du Casino, un très joli pavillon en brique et bois peinte aux couleurs pastelles, construit à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris en 1867 puis offert à la ville de Forges-les-Eaux en prévision d’un séjour de l’Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III. Il s’agissait du pavillon Suisse. À la fin de l’exposition, cette bâtisse entièrement démontable comme tous les pavillons d’exposition. Ironie de l’histoire, la proximité de la statue du Cardinal Richelieu fit qu’on lui donna quelques temps plus tard, le nom de Villa Richelieu.
Construites à proximité du Casino, admirez les élégantes villas datent pour la plupart de la fin XIXe début XXe siècle. Elles sont un superbe exemple de l'architecture de villégiature qui se développe à cette époque dans toutes les villes d'eaux. D'abord construites pour être louées aux curistes, elles deviennent rapidement des lieux d'habitation permanents. Ces cottages utilisent les matériaux à la mode de cette époque: briques, métal, verrières grâce au développement industriel et au chemin de fer. Une promenade rue Hébertot et rue Cyprien Riden permet d’en découvrir toute l’originalité et la richesse de style. D’autres superbes exemples sont visibles rues Lemarié, Godouet, Marette et Beaufils : elles datent du début du XXème et étaient destinées à être occupées toute l’année et non plus à la location. Elles furent souvent construites par la bourgeoisie forgionne qui vivait de ses rentes.
Poursuivre votre balade par la Rue Jacques Hébertot, pour admirer la Porte de Gisors. A l’origine, cette majestueuse façade provient de la chapelle du couvent des Carmélites construit au XVIIe à Gisors dans l’Eure. L’édifice fut bâti à l’initiative de François Sublet, ministre de Louis XIII pour sa fille qui entrait dans les ordres. Après la Révolution Française, ce bâtiment fût transformé en théâtre municipal et bombardé pendant la Seconde Guerre Mondiale. Jacques Hébertot, propriétaire du Casino de Forges dans les années 1950, acheta à la ville de Gisors le dernier vestige encore intact et l’érigea dans la ville de Forges-les-Eaux dans le but de recréer un certain décor historique. C’est aussi le cas de la façade qui est située actuellement dans le parc de la piscine municipale.
Engagez-vous dans l'Avenue des Sources, elle fut successivement appelée Allée des Capucins, Rue Royale, Rue des Fontaines, Rue des Eaux Minérales et enfin Avenue des Sources. Jusqu’au XVII-XVIIIe siècles, la ville de Forges-les-Eaux s’arrêtait au niveau de l’église actuelle. Quelques habitations bordaient ce chemin de terre qui permettait d’accéder aux eaux ferrugineuses situées dans la campagne en bas de la ville. Cette allée était bordée d’arbre et servait de promenade.
Sur la gauche l'Hôtel Continental est le plus ancien hôtel de Forges-les-Eaux construit dans les années 1870. À l’époque, il s’agissait d’un des bâtiments les plus modernes de la ville, équipé de l’eau chaude et l’électricité au gaz à tous les étages. Son architecture en forme de chalet évoque les constructions qui se développent dans les villes d’eau à la fin du XIXème ou l’architecture de villégiature prend tout son essor. Pendant la Première Guerre Mondiale, la ville ayant été réquisitionnée par la Croix Rouge et transformée en ville hôpital, l'Hôtel Continental abrita un hôpital franco anglais, puis durant la Seconde Guerre Mondiale, l’armée Allemande y installa les bureaux de la Kommandantur allemande.
Prendre la direction des Étangs Antelle, puis tournez à droite dans l'avenue Olivier de Montalent. Admirez la porte de la piscine, cette façade provient également de la ville de Gisors. Après la Seconde Guerre Mondiale, elle fut démontée et remontée ici, pour donner plus de cachet à la ville. On ne connait pas la provenance exacte de cette façade. Sur votre gauche se trouve les étangs et Bois de L'Épinay. Les étangs ne sont pas naturels, ils ont été aménagés sur d’anciennes tourbières dans les années 1980, permettant ainsi de rendre l’espace plus accueillant. Aujourd’hui protégé et classé espace naturel sensible du Département, cet endroit offre 4 jolies promenades ouvertes au public (promenades écologiques et forestière).
Sur la berges, à l'est, ne manquez pas la statue des trois sources (trois jeunes filles fraiches) faisant référence aux trois sources ferrugineuses de Forges : la Reinette, la Royale et la Cardinale que les curistes pouvaient boire autrefois. Situé entre deux rivières, l'Andelle à l'est et la Chevrette à 500 mètres à l'ouest, le Bois de l'Epinay couvre une surface d'environ 75 hectares. Ce bois fut exploité à l'excès au XIXe siècle, par les briqueteries, les forges et les faïenceries. Après cette balade, revenez sur vos pas pour déhambuler dans l'Avenue des Sources.
Autrefois, entre le 22 et le 32 de l'avenue, se trouvait le Couvent des Capucins. C’est le Duc de Longueville, Gouverneur de la Normandie, qui entre 1630 et 1631 offrit ces terrains à une communauté de moines capucins pour qu’elle puisse s’établir définitivement à Forges et offrir ainsi aux buveurs d’eau de passage un lieu de prières. Une chapelle, des bâtiments conventuels et un grand parc furent ainsi aménagés. Les curistes s’y rendaient pour prier, converser dans le grand jardin et surtout assister aux réjouissances proposées par les moines : jeux, spectacle, théâtre, bal. Malheureusement, comme tous les monastères, le Couvent des Capucins fut ravagé lors de la Révolution et vendu comme bien national. Les lieux deviendront une gendarmerie puis, grâce à Madame de Caulaincourt, une école chrétienne gratuite. De ce passé subsiste aujourd'hui les grands bâtiments en brique rouge datant de l’école des frères, la façade sur laquelle se trouvent deux niches abritant deux statues religieuses et la plaque commémorant la fondatrice Madame de Caulaincourt.
Située au 11 Avenue des Sources, au fond d’une allée pavée de grès, cette superbe villa était la propriété de Mr et Mme Beaufils, notaire de Forges-les-Eaux. Cette demeure était entourée d’un parc et d’un lac aujourd’hui disparu. L’allée permet d’aller jusqu’au camping municipal en passant à proximité de la maison de retraite de Forges les Eaux : la fondation Beaufils. Les Beaufils étaient amis avec la Famille Flaubert. En 1848 avec les émeutes de la révolution de Juillet, causées par la fin du règne de Louis Philippe, toutes les grandes villes françaises sont en émoi.
Flaubert, sa mère et la petite Caroline (nièce de Flaubert) décident de quitter leur propriété de Croisset et de prendre refuge chez leurs amis de Forges. C’est en réalité surtout pour des raisons familiales que la Famille Flaubert arrive à Forges. Le père de la petite Caroline, Emile Hamard qui avait fui à l’étranger après la mort de son épouse. Instable psychologiquement, il souhaite récupérer sa fille. D’où la nécessité de quitter Croisset, en attendant de trouver une solution juridique. Profitant de son séjour dans la région, Flaubert y trouvera l’inspiration pour l’un de ses plus célèbres romans : Madame Bovary.
Tournez sur votre gauche en direction de la Place du Général de Gaulle. Nommée anciennement Place Verte, Place de l’église, elle est dédiée aujourd’hui au Général de Gaulle en mémoire de son passage dans cette commune en octobre 1944, après la libération de la Normandie. Le monument aux morts, situé au centre de la place, a été édifié en 1921, entouré de 4 obus il représente un poilu blessé assit sur le sol. Sur une des faces du monument figurent les armes de la ville, un drapeau et l’inscription suivante : À ses glorieux morts la Ville de Forges.
Au fond de cette Place du Général de Gaulle trône l’église saint Eloi. Elle porte le nom de Saint Éloi, patron de la ville, et patron des orfèvres et de tous les métiers utilisant un marteau. Aussi ce nom n'est pas surprenant puisque l'histoire de Forges-les-Eaux est étroitement liée à l'extraction et à l'utilisation du minerai de fer. Jusqu'au IXe siècle siècle, se trouvait sur cette place la seconde église de Forges-les-Eaux, construite rapidement pour remplacer l'Église Saint-Nicolas de la Place Brévière, détruite par les Révolutionnaires Cette église comportait tant de malfaçons qu'on dut la détruire et en construire une nouvelle, au début du XIXe siècle. Edifiée dans un style néo-gothique, elle est en pierre et en brique. À l'intérieur, des vitraux représentent des scènes de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament.
Après cette visite, revenez vers la rue de la république et ses maisons à Colombage. Jusqu'au XVIIIe siècle, Forges-les-Eaux ne s'étendait guère au delà de l'Église Saint-Eloi. Au delà de la Rue de la République, l'avenue des sources n'était qu'un simple chemin de terre menant aux sources d'eau ferrugineuse situées plus au sud, en pleine campagne. Puis le chemin fut planté d'arbres et se transforma peu à peu en avenue. Dans la Rue de la République, appelée Grande Rue jusqu’en 1902, on y remarque de belles façades restaurées à colombages datant du XVIIIe siècle, construites avec les matériaux locaux : grès, bois et brique. A l’origine les toitures étaient en chaume. Celui-ci fut interdit après un incendie au XVIIe qui ravagea une grande partie de Forges-les-Eaux, remplacé ensuite par la tuile puis l’ardoise au XIXe siècle.
La grande bâtisse blanche, l’école du Sacré Cœur au n°17 de la Rue de la République a été fondée en 1826 à l’initiative de Mme de Caulaincourt dont l’époux était homme politique du 1er Empire, fidèle de Napoléon Bonaparte. Veuve très jeune, elle consacra son bien aux donations et œuvres de bienfaisances. Elle fonda ainsi cette école pour l’instruction des jeunes filles, qui deviendra école du Sacré Cœur. C’est encore aujourd’hui une école primaire privée mixte dont la cour interne offre une magnifique vue sur la campagne forgionne (visible uniquement quand le porche est ouvert). Une plaque en façade relate la création de cette école par Mme de Caulaincourt.
Lors de votre balade, remarquez l'élégante halle du marché fermier. La Halle au beurre, qui abrite une partie du marché le jeudi matin, a été aménagée après la Seconde Guerre Mondiale avec les vestiges de la Halle située à l’origine Place Brévière. Elle y fut démontée en 1946. La Halle et la poste, à proximité, ont été aménagées à l’emplacement d’une ancienne maison bourgeoise qui abrita l’ancien hôtel de ville jusqu’au début des années 1930 avant que ce dernier ne s’installe place Brevière.
Vous voici sur la place Brévieres et l'hotel de ville de Forges-les-Eaux. Cette place porte le nom du sculpteur Louis Henri Brévière, né à Forges-les-Eaux en 1797. Cet homme rénova la gravure sur bois en France, fut nommé directeur des travaux de l’imprimerie Nationale. Il décède quasiment ruiné dans le sud de la France en 1869. Son buste en bronze trône fièrement au fond de la place. Il est l’œuvre du sculpteur Bésus, inauguré en 1993. Toutefois, ce n'est pas la statue d'origine qui, elle, a été fondue par les Allemands pendant la guerre. Beaucoup de statues sont fondues pendant la guerre, pour au moins trois raisons: utiliser le métal en période de pénurie, détruire une partie de l'histoire française.
Sur cette place Brévieres, autour de laquelle commerces, cafés, restaurants animent le centre-ville, se trouvaient autrefois un cimetière et l'Église Saint-Nicolas, détruite lors de la Révolution. Cette église datait du XVIe siècle et avait remplacé une église romane du XIIe siècle. Elle resta en ruine pendant plusieurs décennies avant que l'on bâtisse une halle au beurre, qui elle aussi fut détruite, en 1946. Après la venue de Louis XIII en 1633, cette place fut d’abord baptisée Place Royale en souvenir de son passage. Après la disparition de l’église Saint Nicolas, elle devint Place du Marché, puis la place de la Halle après l’édification d’une halle au beurre. Enfin, elle devint Place Brévière lors de l’inauguration du Buste du graveur en 1873.
La ville de Forges-les-Eaux possède un hôtel de ville partiellement historique. Au XVIIe siècle, la bâtisse initiale était la propriété de la Famille Levaillant, Maître verrier de son état qui y accueillit le roi Louis XIII, la reine Anne d’Autriche et le cardinal Richelieu lors de leur séjour en 1633. En effet, Forges-en-Bray n’étant pas le lieu d’une seigneurie, il n’y avait pas de château pour accueillir les hôtes royaux. C’est donc la plus belle maison de Forges qui fût réquisitionnée. Au XIXe siècle, la bâtisse était la propriété de Jules Thiessé (1833-1912), député, descendant des Levaillant. Il fit démolir et reconstruire la partie située le long de la place Brévière. Seuls furent conservés l’Oratoire d’Anne d’Autriche et le Corps de Garde situés côté parc. À sa mort, la maison fut léguée à l’Université de Paris.
En 1933, après expropriation, Forges-les-Eaux récupéra la maison et en fit l’Hôtel de ville de la commune, pour remplacer la mairie qui se trouvait jusqu’alors à l’emplacement de la poste actuelle. Plusieurs transformations furent opérées dont le plaquage de la façade blanche côté ville pour démarquer la mairie des autres bâtisses de la place, construction du clocheton avec l’horloge, blason de la ville représentant le marteau et l’enclume. Côté ville, la façade blanche est caractéristique de cette période année 30 et côté parc, le XIXe et le XVIIe se côtoient.
Après avoir passé sous le porche de la mairie, vous découvrez le parc de l’Hôtel de ville, appelé aussi Parc Mondory. Un agréable espace boisé aménagé autour d’une fontaine centrale. Sur la droite, on peut découvrir l’élégant oratoire d’Anne d’Autriche et juste en face, le corps de Garde où étaient cantonné les Mousquetaires du Roi en 1633. Au fond du parc, à gauche, on découvre un cellier qui abrite un pressoir à longue étreinte du XVII-XVIII siècle (ne se visite pas). Ce bâtiment a été acheté dans une ferme des environs à la fin des années 1980 et rebâtit à cet endroit dans le but d’abriter le pressoir acquis à la même époque.
Au 1er étage de l'hôtel de ville, dans la superbe salle des mariages, vous pouvez découvrir la très belle collection de faïences de Forges-les-Eaux dite « Vieux Forges ». Les différentes vitrines exposées permettent d’apprecier un bel aperçu de la richesse de ces faïences, de leur spécificité. Pendant des siècles, on fabriqua en maints endroits du Pays de Bray des poteries grossières. Ses bois, son argile, ses sources qui affleurent le sol, ont toujours donné aux céramistes potiers de quoi exercer leur art depuis l’époque gallo-romaine.
La production forgionne était populaire. Elle répondait aux goûts et aux attentes d’une clientèle qui allait de la petite bourgeoisie pour les plus beaux plats, aux paysans brayons qui venaient acheter tout simplement sur les marchés la vaisselle de tous les jours. On distingue ainsi deux catégories de faïences : les faïences fines (dites Terre de pipe) et les faïences épaisses dites culs noirs (faïence stannifère). De nombreuses faïenceries du nord de la France avaient pris l’habitude de venir s’approvisionner dans la région de Forges-les-Eaux. C’est en 1797 qu’un anglais nommé Georges Wood fonde à Forges-les-Eaux la première faïencerie. Il avait appris son métier de céramiste à Douai et Chantilly. On a compté jusqu’à 5 faïenceries à Forges-les-Eaux toutes situées Avenue des Sources, la dernière cessa son activité en 1890. Seul subsiste aujourd’hui au n°27 de l’Avenue des Sources, un des bâtiments de la faïencerie de Georges Wood, transformé en habitation privée.
Dirigez-vous vers la rue des Fées. Cette rue devait conduire à des bois mystérieux peuplés de fées. La légende raconte qu’au cours d’une fête l’une d’elle incita un certain Uger à danser et pour le remercier lui offrit une bouteille de cidre. Celle-ci ne serait jamais vide tant qu’il garderait le secret. Mais Uger finit par révéler le secret de la divine bouteille et elle resta vide pour toujours ! Dans cette rue se trouve la maison natale de Louis Henri Brévière, maison dite du Père Uger. C’est l’une des plus anciennes maisons de la ville de Forges-les-Eaux, initialement construite en grès ferrugineux, en torchis et avec un toit de chaume. Une jolie plaque de faïence commémorative, œuvre du potier Alexandre Audel, s’affiche en façade.
Engagez-vous à présent dans la rue de l’Abbé Féret, cette rue doit son nom au prêtre qui est à l’initiative de la construction de l’église actuelle au XIXe siècle. Vous pouvez découvrir dans cette rue, au n°9, une très belle bâtisse du XVIIe siècle. Il s’agirait de l’ancien presbytère de la commune. Ces matériaux sont typiques de l’architecture de cette époque : utilisation du grès dans la partie basse pour protéger de l’humidité, structure en colombage (bois de la forêt de Bray) puis utilisation de la brique.
Pour finir votre escapade à Forges-les-Eaux vous pouvez visiter deux Musée. Le Musée des Maquettes, il se trouve dans les anciennes écuries de la maison Levaillant. Dans les années 1970, un couple de retraités parisiens vient s'installer à Forges-les-Eaux et, pour s'occuper, ils réalisent des maquettes: Une centaine de maquettes représentant les métiers des campagnes d'autrefois. La scénographie du musée met en valeur les maquettes en les disposant devant des toiles représentant les paysages normands.
Le Musée de la Resistance situé dans un ancien relais de poste du XIXe siècle. Sur deux étages, ce musée est situé dans dans un ancien relais de poste du 19e siècle. Il expose des objets et des témoignages relatifs à la déportation et à la résistance locale en pays de Bray, notamment l'aide des habitants de Forges envers les parachutistes. Pendant les années d'occupation, les Allemands occupent les places défensives et les "palais". À Forges-les-Eaux, ils occupent donc le château ainsi que l'Hôtel Continental devenu siège de la Kommandantur, l’établissement thermal et le casino furent transformés en dépôt de munition. La ville est libérée le 30 juin 1944 par les Canadiens.