Au fil de la Seine, La Bouille est une halte réputée depuis plusieurs siècles, un site romantique à connaître. Le nom de la localité est attesté sous les formes La Boille fin du XIIIe siècle ; Port de la Bouille entre 1396 et 1421 ; La bouille en 1629, en 1715 (Frémont), et en 1757. Une bouille est un bourbier, un marais, lieu marécageux, du latin bau-ucula, dérivé de baua, « boue ». Le village médiéval, construit en bord du fleuve, soumis aux inondations, devait être effectivement fort boueux. Dès le XVIe siècle, sous François Ier, il devient un port très important et parviendra même à éclipser les ports voisins de Moulineaux et de Grand-Couronne. C’était un vrai nœud de commerce et de passage pour l’époque. De grands bateaux pouvaient partir très loin de son port.
Vous pouvez stationner votre véhicule sur le Parking du Bac. Un circuit touristique chemine à travers La Bouille, illustré par 33 panneaux placés à proximité des lieux d’intérêt. Habitat, histoire locale, gastronomie, littérature, peinture, dictons… tous les thèmes sont abordés pour découvrir l’étonnante richesse de La Bouille. Ses rues pittoresques et son petit port en bord de Seine devraient vous séduire pendant cette étape. Dirigez- vous l'église Sainte Madeleine en suivant la Seine, les premier panneaux se découvre : Etymologie du village, le peintre Sisley, le Garage Joffet, le Théâtre, le peintre Albert Lebourg. Devant l’église, sur la petite place en face de l’église on trouve une statue de l’écrivain dans le square Hector Malot. C'est en 1967 que ce buste de l'enfant du pays, initialement destiné à la ville de Rouen, est installé dans le petit square.
Au centre du village, l'Église Sainte Marie-Madeleine, de style ogival, se dresse à l'emplacement d'une ancienne chapelle où dit-on, Louis IX et Blanche de Castille seraient venus en pèlerinage. La première pierre de l'église est posée en 1423 par Mgr de La Roche Taillée, évêque de Rouen, en présence du marquis d'Estampes, seigneur de La Bouille. Arthur Ier, comte de Bretagne, écarté de la couronne d'Angleterre par son oncle, Jean sans Terre, qui le fit assassiner en 1203, son corps aurait été retrouvé à La Bouille, y serait inhumé.
L'église Sainte Marie-Madeleine fut financée par le seigneur d’Estampes, et sa construction débuta en 1423. Mais à la mort prématurée du noble, l’édifice n’était pas terminé, et sa famille n’a pas souhaité continuer les travaux. On plaça donc un mur provisoire en guise de façade. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’elle fut véritablement achevée. Très proche de la Seine, elle est construite sur des piloris, pour la protéger en cas de crue importante. À la différence des autres églises, Sainte-Madeleine est orientée nord-sud et pas est-ouest. L’église est donc éclairée toute la journée par le soleil, et est ouverte tous les jours. A l'intérieur, la lumière qui tombe des hautes verrières vient jouer sur la pierre blanche des colonnes. Il existe dans l'église Sainte Marie-Madeleine, des panneaux explicatifs sous chaque vitrail, avec des informations sur les maitres verriers, les donateurs, la date de fabrication, les thèmes traités…
Quittez la Place du Bateau, de nouveau panneaux sont de nouveau disséminés sur votre chemin : Le Saint-Pierre, Le bateau de La Bouille, L'Hôtel de La Poste, les Spécialités Bouillaises. Le village a toujours eu une vocation touristique et une tradition gastronomique. Puis arrive les Ecrivains, au XIXe siècle, des écrivains comme Victor Hugo, Octave Mirbeau, Guy de Maupassant ou encore Gustave Flaubert ont écrit sur le village. Beaucoup, de par le courant romantique, étaient attirés par les boucles de la Seine. Mais les Ecrivains n’ont pas été les seuls à être charmés par le lieu. Voici le panneau N°14 Gauguin !
C’est dans une maison en face de la Seine qu’est né l’écrivain Hector Malot en 1830. Sa naissance a d’ailleurs marqué les esprits : le même jour, un voilier passant par là a trop vite viré de bord, et son mât est venu s’encastrer dans la fenêtre de la maison familiale. Le romancier vivra dans cette maison jusqu'à l'âge de cinq ans. La présence du fleuve, des voiliers, les histoires de marins racontées par sa mère, veuve d'un capitaine au long cours mort à Saint-Domingue, influencent son enfance et lui donnent le goût des voyages.
Engagez-vous sur le Quai de Caumont. A la sortie du vieux bourg, en direction de Caumont, les rives du fleuve sont bordées de villas normandes à l'architecture typique de la fin du XIXe siècle : toits de tuile, colombages, balcons… Rouennais et Parisiens y viennent alors en villégiature. La Bouille est encore très fréquentée entre les deux guerres et sa population double pendant les vacances. Sur le Quai Hector Malot, découvrez la Capitainerie du port de 1929. La capitainerie abritait un « maître port » qui, à l'aide d'un porte-voix et d'un tableau noir, désignait aux navires remontant la Seine le numéro de leur emplacement sur les quais de Rouen. Elle a cessé son activité en 1962.
Continuez Rue de Seine où se trouve le Manoir Bon-Accueil du XVIIIe siècle. Cette imposante maison normande portait jadis les panonceaux de l'étude notariale ; le père d'Hector Malot y a officié. Après le transfert de l'étude à Grand-Couronne, en 1887, elle sert un temps de pension de famille. A partir de 1934 et pendant une trentaine d'années, elle accueille une école privée.
Rue du Colonel Perrin, en face du Grenier à sel se trouve l'Ancienne mairie. C’est dans cette mairie où Jean-Baptiste Malot fut maire pendant 22 ans, qu’a été rédigé l’acte de naissance du romancier, aujourd’hui consultable dans l’actuelle mairie. Ce bâtiment conçu à l'origine pour abriter une mairie, une école de garçons, le logement de l'instituteur et un local destiné aux bains-douches, ne manque pas de pittoresque avec ses toits aux tuiles étagées, ses murs à colombages et son campanile portant, à son faîte, une girouette drakkar. Passez devant l'étude Notariale, rue de Seine. Me Jean-Baptiste Patrice Malot a été nommé notaire le 30 décembre 1806 par décret signé de Napoléon. Il officia dans cette étude jusqu’en 1832, date à laquelle son gendre, Me Beauvet, prit la relève.
Parmi les autres bâtiments à découvrir dans le village, il y a l’ancien grenier à sel, rue du Colonel Périn, transformé aujourd’hui en salle d’exposition. Le grenier à sel était une fois au cœur des impôts détestés sur le sel imposées autrefois dans la région. Sous l'Ancien Régime, la Normandie fait partie des pays de grande gabelle, où les habitants sont tenus d'acheter une certaine quantité de sel. Les collecteurs de la gabelle viennent s'approvisionner à La Bouille pour distribuer le sel dans les villes et les villages de Basse Normandie. Les greniers sont situés sur les côtes : au Tréport, à Saint-Valéry, à Quilleboeuf, à Dieppedalle, etc. La basse Seine, moins taxée que la Loire, fournit en effet toute la France du Nord. Le "grenier d'impôt" de La Bouille est l'un des plus anciens de Normandie.
Dans la Côte Albert-Lambert, vous trouverez Les Gazouillis. Plusieurs textes anciens évoquent la présence d'une industrie du drap à La Bouille au XVIIIe siècle. Le grenier étente de cette grande maison en témoigne. Une rue de La Bouille porte le nom de « Rue des Canadiens » et une place, celui de « Place de la Libération ». Si certains Bouillais en connaissent la signification, puisqu'ils ont vécu ces évènements, d'autres, plus jeunes, ignorent peut être le motif du choix de ces noms. Dans l'après-midi du 27 août 1944, des soldats des troupes canadiennes entraient dans le village de La Bouille, occupée par les Allemands depuis 4 ans. En hommage à leur courage, qui nous a permis de recouvrer la liberté, la Municipalité a souhaité marquer l'évènement, et fêter la libération de La Bouille. Le nom des rues de nos villages et villes fond partis de notre patrimoine.
Continuez vers la Place Saint Michel, dans la rue Saint-Michel, admirez l'Ancien hôtel Saint-Michel du XVe siècle avec sa belle façade à pans de bois. En juin 1467, Louis XI se rend à La Bouille pour rencontrer le Duc de Warwick, ambassadeur d'Angleterre. L'entrevue a lieu dans cette maison à colombages. A cette occasion, il y est « moult festoyé » : la dépense se monte à 325 livres, 6 sous et 6 deniers. La chambre de cette demeure conserve une cheminée ornée d'un médaillon aux armes de France.
Au n°8 de la Place Saint-Michel, une autre Maison à pans de bois date du XVe siècle, dont la façade a été remaniée au XIXe siècle. Une statue de l'Archange Saint-Michel du XVe et XVIe siècles est accrochée au flanc de cette bâtisse. En 1639, la révolte des Va-nu-pieds, soulèvement de paysans contre l'établissement des greniers à sel en Basse Normandie, embrase la province. Le chancelier Séguier, dépêché en Normandie pour diriger la répression, prend ses quartiers au Grand Hôtel Saint Michel et envoie de nombreux édits qui font dire aux Rouennais : "Le mauvais vent vient de La Bouille". L'insurrection est étouffée en 1640.
La mairie de La Bouille est, quant à elle, beaucoup plus récente. Construite dans un style néo-normand en 1933 par l’architecte Roger Pruvost, elle accueillait l’école pour les garçons, la maison de l’instituteur, mais également les bains et douches publics. Si vous observez bien, vous pourrez apercevoir à son sommet, au-dessus de l’horloge, une girouette en forme de drakkar, clin d’œil direct aux Vikings.
Aujourd’hui, ce village de La Bouille regorge de petites galeries d’artet d’artisans disséminés dans le centre. N’hésitez pas à pousser la porte d’une des nombreuses galeries d’art, certaines ouvrent même leur atelier au public. Enfin, la Bouille a conservé son célèbre bac la reliant à la rive droite de la Seine et l’embarcadère se situe au même emplacement qu’à son ouverture, en 1831. Son charmant chemin de halage est également accessible et emprunté par l’un des parcours impressionnistes proposés par Seine Maritime Attractivité. Par ailleurs, pour les amoureux de la petite reine, La Bouille est accessible via l’un des itinéraires cyclables de La Seine à Vélo autour de Rouen.
