Au Havre, nombreux pensent que cette ville a porté le nom de Franciscopolis. En réalité, il s'agit d'un nom qui n'a pas été officiel. En fait, au cours de son histoire, la ville a porté un certain nombre de noms. Le nom de la ville est attesté en 1489, avant même sa fondation par François Ier, sous la forme le Hable de Grace, puis ville de Grace en 1516, deux ans avant sa fondation officielle. Lorsque l'on évoque Le Havre, on pense immédiatement à son port... Résolument moderne, Le Havre est aussi reconnu pour son architecture.
En grande partie détruite par les bombardements de 1944, Le Havre fut reconstruite après la guerre par Auguste Perret, et de nombreux monuments sont aujourd'hui les symboles de cette renaissance. Classée au Patrimoine Mondial par l'UNESCO, l'étonnante architecture du centre-ville reconstruit Perret donne un caractère unique à la ville. Cette ville de Normandie a beaucoup de choses à raconter.
La présence humaine sur le territoire havrais remonte à la préhistoire, vers 400 000 av. J.-C.58. Au cours de l'âge du fer, le peuple celte des Calètes s'installe dans la région. Dès l'Antiquité, le trafic fluvial sur la Seine fait vivre les cités gallo-romaines de l'estuaire. Une voie romaine relie sans doute Lillebonne (Juliobona) à l'embouchure de la Seine et passe par le territoire actuel de la commune du Havre. Fondée le 8 octobre 1517 par François Ier, la ville du Havre est construite sur des marais. C'est une création relativement récente. Elle connait un fort essor démographique grâce au dynamisme de son port aux XVIIIe et XIXe siècles.
Prenez la direction de l'Office de Tourisme du Havre, situé Boulevard Clemenceau, sur le front de mer, entre la plage et le port de plaisance. Vous y trouverez une documentation complète ainsi que de nombreux services pour préparer votre visite. Prendre la direction de la Rue Victor Hugo, rue piétonne, pavée, et bordée d'arbres. Dans cette rue, vous trouverez de nombreux bars et restaurants. Idéal pour faire une pause et lézarder au soleil, car le style Perret a un énorme avantage, il est aéré ; la ville est donc très lumineuse.
Pour bien comprendre cette ville, il faut commencer par visiter l’Appartement témoin Perret, au 181 Rue de Paris. Chargé de remettre la ville debout, l'architecte Auguste Perret créa des habitations lumineuses et fonctionnelles, comme en témoigne l'appartement témoin Perret. Cet appartement a été acheté par la mairie du Havre, et a été remeublé dans le style des années 50. L’Appartement témoin Perret est un véritable musée consacré à l’architecture intérieure, ainsi qu’à l’ameublement et à la vie quotidienne depuis la Libération jusqu’au milieu des années 1950. Le saut dans le temps est garanti !
Engagez-vous dans la Rue Paul Doumer, toujours dans le style Perret, très agréable avec ses jolies boutiques de cadeaux et de design. Prendre la première rue à gauche vers l'Église Saint-Joseph. Bâtie en mémoire des victimes des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, la majestueuse église Saint-Joseph aux allures de gratte-ciel new-yorkais surplombe toute la ville du Havre. À cet emplacement, il y avait dès 1870 une chapelle puis une église. Dernier monument créé par Auguste Perret, chef-d'œuvre architectural du XXe siècle, l'édifice se distingue par son impressionnante tour-lanterne octogonale de 107 mètres de haut !
À l'intérieur de église Saint-Joseph, le regard est tout entier aspiré vers le sommet de la tour-lanterne. L'entrée, précédée d'un narthex, domine légèrement l'ensemble de l'église. La structure interne de l’édifice se révèle immédiatement : celle-ci se divise d'une part en quatre ensembles de piliers soutenant la tour-lanterne et d'autre part en un ensemble de colonnes nervurées supportant les parties basses de l’édifice (collatéraux, tribune et chapelle). Les seize piliers (chacun mesurant 1,3 m de côté) reposent sur des pieux enfoncés à 12 m de profondeur ; ils sont reliés par groupe de quatre au moyen de croix de Saint-André, le tout formant un total de quatre ensembles de 6,3 m de côté et 25 m de hauteur, distants les uns des autres de 17 m. La tour-lanterne repose sur ces derniers ensembles, reliés au beffroi par quatre bracons en forme de V. Cette pièce de charpente est renforcée par des tirants en béton précontraint. Les innombrables vitraux multicolores suscitent l'admiration…
Votre balade débouche sur la place du Volcan. Constitué de deux bâtiments en forme de volcan, l'espace Oscar-Niemeyer, construit à la fin des années 70 par le célèbre architecte brésilien, et le musée d'Art moderne André Malraux, aux remarquables collections impressionnistes et fauves des XIXe et XXe siècles, raviront les amateurs d'art et de culture. Déhambulez dans la Rue de Paris. Cette rue commerçante constitue l'axe historique de la ville, reliant l'avant port (au sud) à la mairie (au nord). Lors de sa reconstruction, elle est légèrement décalée. Pour reconstruire cette rue, Auguste Perret se serait inspiré de Rue de Rivoli à Paris, avec ses arcades et ses façades monotones.
Vous voici devant la cathédrale Notre-Dame de la fin du XVIe siècle. La cathédrale est un curieux édifice, un mélange de style baroque, gothique et Renaissance, le plus ancien monument du centre-ville du havre, un édifice qui pourrait presque choquer par son originalité au milieu de ce quartier standardisé à l’extrême. Peu après la fondation du Havre, en 1522, une première chapelle de bois et de chaume (entourée d’un cimetière) est édifiée le long de l’axe principal de la ville, la rue Saint-Michel, future rue de Paris. Cette cathédrale Notre-Dame connut plusieurs destructions, endommagée par les bombardements des Anglais qui assiègent la ville en 1759, ravagée par les bombes en 1944, l'église fut à chaque fois reconstruite.
La façade ouest de la cathédrale Notre-Dame, classique, présente une superposition de décors et d’ordres. Si le bas-relief de calcaire du portail latéral, dit des "anges jouant de la trompette" et flanqué de colonnes ioniques nervurées a été réalisé à partir de 1630, le tympan central est quant à lui, issu des rénovations entreprises sous la Restauration. L’intérieur abrite un mobilier en partie préservé. Le grand orgue, offert par Richelieu, alors gouverneur du Havre, en 1639, restauré à plusieurs reprises aux XIXe siècle et XXe siècle est totalement détruit lors des bombardements. Son buffet est reconstitué en 1980. Petite originalité, on peut admirer à l'intérieur l'ancien chemin de croix du navire, le Normandie.
En sortant de la cathédrale Notre-Dame, dirigez-vous vers le bassin du Roi, après le pont Notre-Dame, tourner à gauche sur le quai Michel Féré. Puis, engagez-vous dans la Rue de Bretagne ; deuxième rue à droite. Vous voici dans le quartier breton, l'un des plus anciens quartiers de la ville. L'église Saint-Francois, date du XVe siècle et est l'un des rares édifices du centre ayant échappé aux bombardements. Le quartier doit son surnom à la communauté bretonne, venue massivement s'installer ici au XIXe siècle. Aujourd'hui encore, la tradition bretonne est perpétuée grâce à de grandes fêtes et manifestations.
Rendez-vous à la Maison de l'Armateur, une maison-musée sur cinq niveaux dont les pièces, ornées de parquets en bois exotique, se déploient autour d'un puits de lumière octogonal. La Maison de l'Armateur a une architecture intérieure insolite : 25 pièces sur cinq niveaux, organisées autour d'un puits de lumière. Construite au XVIIIe siècle, cette maison d'un négociant armateur a survécu aux bombardements de 1944. Poursuivre votre promenade par le quai de l'île, puis le quai Southamdon. Admirez au passage la Catène, sculpture faite de conteneurs. Cette œuvre monumentale composée de deux arches de conteneurs a été réalisée en 2017 pour fêter les 500 ans du Havre. Elle devait être éphémère, mais pourrait bien rester. Vue depuis la Rue de Paris, monotone et rectiligne, elle attire le regard et ses couleurs réveillent un peu tout ce gris.
Visitez à présent le Musée André Malraux. Face aux jetées du port, premier musée reconstruit après-guerre, conçu au départ comme musée-Maison de la Culture, inauguré en 1961 par André Malraux, ce bâtiment conjugue toujours soixante ans après son ouverture, élégance et modernité. Le MuMa est le deuxième plus grand musée impressionniste de France après le Musée d'Orsay à Paris. Le mouvement fauve y est aussi dignement représenté : Dufy, Friesz, Marquet, Derain, Van Dongen… Dès 1845, se trouve sur le site le musée des Beaux-Arts. Mais suite aux bombardements, il est complètement détruit, ainsi que l'ensemble de ses collections de statues. Ses peintures, elles, avaient été sauvegardées en lieu sûr. Autant dire que sa visite est un incontournable.
Votre visite du Havre ne serait pas complète sans vous rendre au port qui s'étend sur près d'une trentaine de kilomètres. Par son activité, le port du Havre est le premier port français et le cinquième port européen. C'est à la fois un port de commerce, de plaisance et de pêche. Fondé au début du XVIe siècle par la volonté de François Ier, il est aujourd'hui l'un des plus grands ports de commerce de France. Vous pourrez notamment apercevoir d'immenses cargos et des paquebots venus faire escale. Baladez-vous le long des deux ports de plaisance, ou embarquez à bord du Ville du Havre II pour une balade à la découverte du port et de la baie de Seine.
Fait rare dans la région, Le Havre abrite au sein même de son centre-ville une plage de galets. Cette plage de galets, avec un peu de sable, mesure 2 km de long. La promenade est très agréable et très fréquentée des habitants du Havre. Aménagée, elle dispose de plusieurs lieux de loisirs et de divertissements, à l'instar d'aires de jeux pour les enfants ou de terrains de sport, et permet de profiter des bienfaits de la mer de la Manche. Elle est bordée de nombreux petits restaurants, de jolies petites cabanes de bois colorées, et pour ne rien gâcher, en arrière plan, vous pourrez admirer quelques magnifiques demeures épargnées par les bombardements, histoire de vous faire une idée de ce à quoi ressemblait Le Havre d'autrefois. Prolongez votre promenade vers Église Saint-Vincent de Paul et son quartier préservé des bombardements.
En 1848, l'actuel quartier Saint-Vincent du Havre était en dehors des fortifications de la ville. Les familles ouvrières s'y entassaient, soit environ six mille personnes. Il n'avait pas bonne réputation. C'est là que cette même année, à l'âge de 42 ans, l'abbé Beaupel fut envoyé par son évêque pour fonder une paroisse et faire bâtir une église. Achevée en 1877, l'Église Saint-Vincent de Paul est de style néo-roman. La tour-lanterne est terminée en 1856, mais il faut attendre 1877 pour que le portail soit achevé. L'érection des deux tours encadrant le portail est finie en 1882. Le grand orgue date de 1883.
Après cette visite, prendre l'Avenue Foch, puis le Boulevard de Strasbourg. C'est axe historique a été conservé lors de la reconstruction de la ville. Très endommagé à l'est (Avenue Foch), il est reconstruit dans le style Perret. Noyés dans la végétation, ses immeubles "cossus", avec leurs stores de couleur, sont plutôt jolis à regarder. À l'ouest (Boulevard de Strasbourg), après la mairie, beaucoup d'immeubles ont été sauvegardés, on y retrouve donc le style varié et bourgeois de la plupart des belles avenues classiques. Vous y verrez entre autres le joli Palais de Justice. Aujourd'hui, le boulevard est devenu piéton, seul le tramway l'emprunte. C'est donc l'occasion de faire une belle balade.
Profitez du Square Saint-Roch pour une pause bucolique. À l'origine, au XVIe siècle, se trouvait ici la chapelle Saint-Roch et des bâtiments pour les pestiférés. Puis les immeubles seront détruits et le lieu deviendra un cimetière en 1782. Mais lors du développement du quartier au XIXe siècle, les corps sont levés et le cimetière est transformé en square en 1860. Ironie du sort, lors des bombardements, durant lesquels 5·000 personnes perdirent la vie, le parc redeviendra un cimetière temporaire. Ce parc à l'anglaise de deux hectares est très joli et très agréable pour faire une pause.
Continuez en direction de l'hôtel de ville du Havre. Œuvre d'Auguste Perret et de Jacques Tournant, l'hôtel de ville impressionne par sa façade et ses dimensions. La mairie fut reconstruite dans les années 1950, dans le style Perret, comme l'ensemble du centre-ville. La mairie ferme au nord une immense place de 5 hectares, composée de jolis jardins et bassins, dessiné par Auguste Perret lui-même. C'est l'une des plus grandes places d'Europe. Cet immense espace "vide" contribue à donner au style Perret cet aspect froid et monumental, un peu stalinien. Une montée au 17ème étage de la tour de l’Hôtel de Ville permet de comprendre la géographie de la ville. Le panorama est à couper le souffle. On aperçoit les courbes blanches du Volcan de Niemeyer (Théâtre et bibliothèque), l’avenue Foch (les Champs Elysées havrais) débouchant sur les deux tours de la Porte Océane et bien sûr la tour lanterne de l’église Saint-Joseph, l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture du XXème siècle.
D'autres édifices religieux d'époque médiévale sont également visibles, comme l'abbaye de Graville, plus vieux bâtiment du Havre, elle mêle à merveille les styles roman et gothique. La chapelle d'Ingouville, du XVe siècle, mérite également le détour avec son style gothique flamboyant. On remarquera aussi de nombreux monuments témoignant de la vocation maritime de la ville normande, comme les docks Vauban, le fort de Tourneville, ou encore les fameux jardins suspendus. Ces derniers sont un jardin botanique situé à l'intérieur de l'ancien fort de Sainte-Adresse et qui rend hommage aux botanistes de la ville qui ont parcouru le monde pour découvrir de nouvelles espèces végétales. On y découvre notamment des serres et des espaces thématiques sur l'Amérique ou encore l'Asie. Les Jardins Suspendus, labellisés Jardins Remarquables et Jardins botaniques de France et des pays francophones domine la baie de Seine, ses jardins paysagers thématiques offrent un splendide panorama sur la mer et Le Havre !