Saint-Valery-en-Caux, petite station balnéaire du Pays de Caux, est une cité côtière affichant deux visages à ses visiteurs : d'un côté une façade maritime encadrée de falaises de craie et bordée de plages de galets, de l'autre, un arrière-pays verdoyant. Saint-Valery s'écrit Saint-Wary en picard. Le nom est sans rapport avec le latin Valerius dont sont issus Valère et Valérie. Il procède du nom germanique Walaric. Le nom de la localité est attesté sous la forme Sanctum Walaricum en 990, Le nom apparaît pour la première fois dans un document datant de 990, selon la charte dans laquelle Richard Ier, duc de Normandie, octroie une partie de ses biens personnels à l’abbaye de Fécamp. Cette charte a aujourd’hui disparu, mais une copie du XIIe siècle est actuellement conservée à la bibliothèque municipale de Rouen.
Le nom Sancti Walarici apparaît vers 1025, Ecclesia Sancti Walarici (ou Walerici) entre 1130 et 1164, Sancto Walarico in Planis en 1273, Saint Valeri ès plains en 1282, De Sancto Wallarico in planis en 1284, Sanctus Valericus in Planis en 1337, Saint Valier ès plains en 1374, Saint Valery ès plains en 1456, Saint Valery ès plains en 1456, Saint-Valery-en-Caux en 1953.
La légende de la création de Saint-Valery-en-Caux dit qu’elle aurait été fondée au VIIe siècle lorsque l’évangélisation des campagnes se développe sous l’impulsion des rois francs. Ainsi, Walaric fondateur du monastère de Leuconaüs (Saint-Valery-sur-Somme), fut appelé « l’apôtre des falaises » en portant la bonne parole sur tout le littoral. Selon la même légende, il aurait fondé un prieuré au fond de la vallée de Néville, là-même où sera plus tard construite l’église de Saint-Valery-en-Caux. La population des alentours se fixa autour de ce prieuré afin de suivre la pratique du culte, donnant ainsi naissance à la ville.
L'hagiotoponyme fait référence à Valery de Leuconay pour lequel Guillaume le Conquérant avait une grande vénération, il fit prélever une partie de ses reliques et les emporta dans différentes églises d’Angleterre. Il en déposa aussi en Normandie, dans ce lieu qui prit plus tard le nom de Saint-Valery-en-Caux. On peut voir aussi un gisant dans l’église Saint-Valery de Varengeville-sur-Mer. Tirant donc son nom du moine ayant bâti sur la commune le premier édifice chrétien, les traces du passé mènent bien avant et témoignent de l'occupation du territoire par le peuple romain.
C'est vers 1209 que le port de pêche construit par les moines est reconnu. Le hareng est alors la spécialité de ce port. Cependant des conflits frappèrent la ville portuaire et le port fut submergé par la vase. Ce n'est qu'en 1660 que Louis XV fit déboucher le port et que les activités maritimes reprirent. En 1472, après avoir levé le siège de Beauvais, Charles le Téméraire met Saint-Valery et toute la contrée à feu et à sang. Au cours de la Révolution française, la commune porte provisoirement le nom de Port-le-Pelletier.
Plus tard, le centre-ville fut presque entièrement détruit par les bombardements lors du siège de la ville, du 10 au 12 juin 1940. En effet, dès le 10 juin, la 7e Panzerdivision menée par Rommel perce jusqu'à la Seine les positions du 9e corps d'armée français du général Ihler ainsi que de la 51e division d'infanterie (Highland) du major-général Fortune, et les isole. Rommel, devinant l'intention des Alliés de s'embarquer pour l'Angleterre fait encercler Fécamp le 10 juin. Par ses tirs d'artillerie, il oblige la Navy à s'éloigner : deux de ses navires sont endommagés. Les troupes alliées se replient sur Saint-Valery-en-Caux, dernier port de la poche.
Le 11, Rommel fait pilonner la ville et le port de Saint-Valery-en-Caux. Le général André Berniquet, commandant la 2e division légère de cavalerie, y perd la vie. Lors de cette journée, les Alliés opposent une résistance tenace, afin de pouvoir embarquer un maximum de troupes dans l'hypothèse de l'arrivée de la Royal Navy. Un épais brouillard empêche tout embarquement de nuit. Au matin du 12 juin, le cargo armé français le Cérons engage un duel avec les canons allemands juchés sur la falaise d'amont de Saint-Valery. Après avoir détruit deux canons de 105 mm allemands, le patrouilleur est coulé. Le cargo français réquisitionné Granville est touché par un obus de char allemand et coule au large de Paluel. Rommel accepte la reddition du général Ihler en début de soirée sur la place détruite de la ville.
La 7e Panzer a dû mobiliser tous ses moyens pour réduire la défense franco-écossaise mais est récompensée par la prise de douze généraux alliés dont Ihler et le major-général Victor Fortune commandant la 51e division d'infanterie (Highland). En outre, entre douze mille et vingt-six mille soldats, dont au moins huit mille Britanniques, une centaine de canons, cinquante-huit blindés légers et trois cent soixante-huit mitrailleuses, ainsi que des milliers de fusils et de camions sont capturés par l'armée allemande. Saint-Valery-en-Caux sera libérée par les Alliés le 11 septembre 1944. Le centre-ville de la commune sera à reconstruire après avoir été détruit à plus de 70 % après avoir été occupé par les Allemands lors de cette Guerre mondiale.
Aujourd'hui, pour découvrir la ville de Saint-Valery-en-Caux, 3 parcours de 3 à 6 km s’offre à vous : Circuits « centre historique : quartier St Léger », « ville reconstruite » et « Côté campagne : quartier de l’église et place de la Croix ». A travers ces 3 balades, vous découvrirez l’histoire de cette station touchée par les bombardements lors de la 2nde guerre mondiale. Retrouvez le dépliant des parcours dans les points informations de l’Office de tourisme de la Côte d’Albâtre, situé Quai d'Amont.
A partir de Office de tourisme, de l'autre côté du port, grimpez-en haut de la falaise pour découvrir une vue imprenable sur Saint-Valery-en-Caux, son centre-ville et sa plage. Une fois arrivé en haut, une stèle en l'honneur de la 51ème division des Highland commémore l'époque de la Seconde Guerre mondiale qui a lourdement marqué la ville. Direction ensuite le front de mer, une superbe balade, le long des quais et jusqu’à la plage de Saint Valéry en Caux qui est sectionnée par des digues depuis lesquelles la vue sur les falaises est à couper le souffle.
La plage principale de Saint-Valery-en-Caux s’étend sur la rive droite du port. Composée de galets, la partie la plus à l’Est est surveillée en été et à proximité des falaises d’Amont. En allant vers l’ouest, la plage continue jusqu’à l’entrée du port. L’environnement est très agréable mais les galets sont relativement gros. Sa superbe plage, bordée de cabines de bain à rayures au XIXe siècle, en a fait une petite station balnéaire réputée encore aujourd’hui. On trouve deux parkings. Le plus grand se situe au niveau du casino de Saint Valery. Le second au niveau du port en front de mer.
Prende à présent la direction de la Chapelle Notre-Dame-du-Bon-Port, Place de la Chapelle. La chapelle Notre-Dame du Bon Port vaut quant à elle le détour pour les magnifiques vitraux qu'elle abrite. Le grès de son soubassement provient de l'ancienne chapelle Saint-Léger. Cette Chapelle date de 1953 est due à l'architecte Raymond Lopez et ses vitraux à André-Louis Pierre.
Vous ne pourrez quitter la ville sans avoir visité l'église Saint-Valéry, 44 Rue d'Ectot. Tirant son nom du moine fondateur de cet édifice, sa construction remonterait au XVIe siècle selon une inscription mentionnant l'année 1530 sur une colonne dans la tour du clocher. L'église est faite d'une nef et de deux collatéraux. C'est un bâtiment entièrement en grès, avec une toiture en ardoise. Des vitraux du XIXe siècle de Claudius Lavergne la décorent. Les confessionnaux, datant du XVe siècle sont classés monuments historiques. L'orgue du XVIIIe siècle, restauré en 2008, est signé Nicolas Antoine Lété. Par ailleurs, un vitrail a été offert par les Écossais d'Inverness, en souvenir de la 51e division d'infanterie (Highland).
Votre promenade vous emmène sur une colline de l'autre côté du port pour une promenade dans les quartiers anciens et tranquilles de Saint Léger à l’écart du port, vers le couvent des Pénitents. Fondé en 1623, situé dans le centre historique de Saint-Valery-en-Caux, ce couvent franciscain était appelé à l’origine Couvent de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Depuis de longues années, dès 1558, les franciscains venaient avec la permission de l’abbé de Fécamp, prêcher à Saint-Valery-en Caux. A l’époque de la pêche aux harengs, faisant la quête du poisson dans ce bourg et à Veules les Roses, ces moines s’étaient attirés le respect des populations maritimes.
Ce couvent franciscain était appelé à l'origine Couvent de Notre-Dame-de-Bon-Secours. C’est à la demande des gens de la région que des moines franciscains s’installent à Saint-Valéry et fondent un couvent. Leur mission consiste à moraliser une population de marins particulièrement turbulents. L’ensemble qui compose le Cloître Saint-Léger connut 3 grandes périodes d’occupations. Une première période religieuse qui dura plus d’un siècle et demi, de 1623 à 1790, où le couvent fut habité par les moines franciscains, ayant pour mission d'assagir les marins turbulents. En 1790, la Révolution ferma le couvent qui devint une caserne et un arsenal militaire jusqu’en 1866. L’ensemble fut racheté par la commune en 1870 qui en fit un hôpital puis un hospice jusqu’à la fin du XXème siècle.
L’ensemble de l’édifice, lors de la construction au début du XVIIee siècle, formait un carré parfait. Les murs sont construits avec des pierres en grès. La toiture est faite en ardoise. L’église en occupe le côté nord sous le nom de Notre Dame du bon port. A l’intérieur de la cour se trouvait un puits. Les extérieurs du couvent, au nord et au sud, étaient bordés de jardins dont un potager qui procurait de la nourriture aux moines. Une cloche sonnait les heures et rythmait le travail et la vie quotidienne des habitants du lieu. Quelques années plus tard furent accolées trois autres chapelles qui dépendaient de l’église. Pendant la révolution, les chapelles furent dépouillées de leurs richesses artistiques comme tous les édifices religieux.
Le couvent possède aussi un magnifique cloître en grès de 14 arches, coiffé d'un toit à longs pans en ardoise. Tous les moines, selon la coutume, y étaient ensevelis, sous les pieds de leurs frères. Quand on se promène sous les arceaux, on remarque sur le mur des têtes de mort indiquant la sépulture d’un pénitent. Le vieux quartier des Pénitents est à voir, il offre une architecture typique de la région, avec ses maisons en silex
Derrière le couvent des pénitents, une ruelle pavée vous pourrez également visiter le musée-maison Henry IV. De style Renaissance, cette maison à pans de bois datant de 1540 propose une exposition de l'histoire locale et des traditions du pays. Découvrez la Maison Henri IV appelée aussi maison Ladiré et son architecture singulière. Le nom commun de "Maison Henri IV" est issu de la tradition orale selon laquelle, Henri IV, en 1593, lors de campagnes militaires contre la Ligue dans la région, entre Dieppe et Fécamp, s'y serait arrêté coucher. Construite par Guillaume Ladiré, riche armateur valériquais, elle invite au voyage par sa façade sculptée. Observez ces figures exotiques... Elles rappellent les premiers voyages des normands au Brésil. En la visitant, vous en apprendrez plus sur l'histoire locale, le patrimoine cauchois et l'histoire de la pêche.
Poursuivez votre balade vers le port. Vous découvrirez un port de pêche traditionnel et un grand port de plaisance. Entouré de maisons traditionnelles, le port est sans doute un lieu incontournable de Saint-Valery-en-Caux. Aujourd'hui port de plaisance, il fut d'abord construit au XIIIe siècle pour la pêche aux harengs, produit typique de la région. L'activité de pêche subsiste encore aujourd'hui. Au retour des bateaux, les étals se remplissent de soles, bulots, crabes et autres produits de la mer. Habitués ou vacanciers, aucun ne résiste à ces délicieux produits frais. C'est une véritable attraction qui anime l'avant-port, toute la matinée ! .A l’embouchure du port, quand la météo le permet, on peut apercevoir Dieppe.
Sur la rive gauche du port, on trouve une seconde plage moins connue et plus sauvage. En vous baladant en direction du phare, vous trouverez aussi un sentier panoramique des Douaniers, et le Monument Berniquet. Pour découvrir la ville, vous aurez la possibilité de louer des vélos et de partir en balade soit sur le bord de mer soit vers l'intérieur des terres. La découverte peut devenir ludique si vous optez pour l'un des jeux de piste.