Un peu d’Histoire…L'histoire de Dunkerque commence lorsque l'amoncellement du sable dû aux courants marins forme des dunes qui gagnent sur la mer. Malgré l'instabilité des dunes attaquées par le vent et la mer, des pêcheurs choisissent de s'installera, formant alors un bourg sans nom. À la fin du premier millénaire, un hameau s'est formé sur une dune de l'estuaire du Vlieta. Afin d'évangéliser la zone, on construit une chapelle pour les pêcheurs et leurs familles. Au fil des années, les Dunkerquois apprennent à maitriser les dunes et les eaux intérieures afin d'éviter les inondations de l'arrière-pays.
Au cours du Xe siècle, la Flandre connaît des incursions vikings. En 960, Baudoin III dit Baudouin le jeune, quatrième comte de Flandre, auquel appartient la bourgade, fait édifier une première muraille autour de la villea. Les moines de Bergues-Saint-Winoc construisent de grands fossés appelés watergangs afin d'assécher les terres et les rendre cultivables. Le 27 mai 1067, en reconnaissance de leurs efforts, Baudouin V de Flandre leur attribue l'autel de Dunkerque ainsi que la dîme Cet acte signé par le comte de Flandre est la première mention historique du nom de Dunkerque.
À l'origine, la tour aurait été initialement construite au XIIe siècle comme tour du guet et repère nautique. Vers 1450 l'église Saint-Éloi est rattachée, et lui sert de clocher. Lorsque le seigneur Robert le Bar décide en 1450 d'en faire le clocher de l'église Saint-Eloi, il la fait relever à 58 mètres. Au milieu du XVe siècle, les Dunkerquois construisent un amer, c'est la naissance de l'actuel Beffroi. En 1558, les français menés par le maréchal de Thermes envahissent la ville brûlent l'église, seule la tour subsiste au milieu des ruines. Bien que la volonté des Dunkerquois soit de reconstruire un lieu de culte plus grand et plus beau que le précédent, les finances manquent... La reconstruction de l'église commence vers 1560 sous la direction du maître-d'œuvre Jean de Renneville mais, faute de moyens, les travaux s'interrompent en 1585.
L'église est reconstruite en 1591 mais elle n'est que symboliquement reliée au clocher par les vestiges et les ruines de la première église, seules quelques voûtes trahissent le lien physique sensé les unir. Une voie publique est percée entre le beffroi et l'église pour faciliter les communications. L'ancienne tour, séparée de la nouvelle église par une partie des ruines de la première église, reste isolée et sert à la fois de clocher, de beffroi municipal, et d'amer. Le projet original ne sera jamais terminé. En 1782 , l'intendant De Calonne demande à l'architecte parisien Victor Louis un projet de façade pour remplacer la vétuste arcade qui relie le beffroi à l'église. Le beffroi est définitivement séparé de l'église par une rue. En 1783, la rupture est consommée : la réfection de Saint-Éloi par Victor Louis lui donne un nouveau péristyle, à son tour démoli un siècle plus tard, avant que l’architecte Van Moë ne lui donne la façade néogothique qui est encore la sienne aujourd’hui.
Restauration du beffroi en 1834 par Charles Henry, architecte communal, et Louis Cornemuse, entrepreneur. En 1835, on modifie son couronnement. La plate-forme du beffroi est restaurée avec la construction de nouveaux pinacles, l’édification d’une nouvelle balustrade à croisillons et quatre nouvelles tourelles. Après la Première Guerre mondiale, le 15 avril 1923, on modifie la base afin qu'elle reçoive un cénotaphe à la mémoire des morts de la Grande Guerre, réalisé par Pierre Fritel. Raymond Poinc aré, chef du gouvernement, inaugure le cénotaphe renfermant le parchemin où figurent les noms des 1 500 poilus de Dunkerque.
Ce beffroi servira jusqu’en 1940 de tour de guet. Le guetteur veillait jour et nuit à la sécurité de la ville en cas d’incendie ou d’attaques ennemies et entretenait également un feu servant de balise pour les marins (point de repère) car la tour a toujours servi d’amer (repère visible depuis la mer). Selon la tradition, une seule et même famille, les Garcia, aurait occupé cette charge durant 600 ans. Endommagé par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le beffroi est réparé par les services des Monuments Historiques.
La loge du guetteur autrefois sur la terrasse disparaît et un nouveau carillon de quarante-huit cloches prend place dans l'édifice en 1962. Les travaux de restauration entrepris à la fin du siècle dernier lui donnent son aspect actuel. Clocher, tour de guet, amer, phare... les fonctions qu'on lui attribue sont multiples et cet édifice illustre parfaitement le débat autour de l'appellation "Beffroi" et de la multitude des situations.
Le beffroi de Dunkerque est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de Beffrois de Belgique et de France depuis 2005. Le rez-de-chaussée accueille aujourd'hui l'Office de Tourisme. Cette massive tour carrée d’une hauteur de 58 m construite en brique dans le style gothique est composé de six étages. Il s’amincit graduellement : il mesure 15 mètres de large à la base et huit mètres au sommet. De puissants contreforts placés aux angles lui assurent une solidité remarquable alors que les fondations ne dépassent pas 1,70 mètre de profondeur. L'accès au beffroi se fait dans l'office de tourisme.
Commencez votre voyage dans le temps par la montée en ascenseur jusqu’à l’impressionnant carillon de 50 cloches dont le bourdon, appelé Jean-Bart, pèse sept tonnes qui chante des airs de chez nous toutes les 15 minutes. Vous poursuivez votre visite par l’ascension de 65 marches et vous reprenez votre souffle avant que la vue ne vous le coupe ! Du haut du beffroi, le panorama à 360 degrés offre une superbe vue sur le centre-ville, le quartier de Malo-les-Bains et le port. De la plate-forme du beffroi, le visiteur peut voir s’élever un autre beffroi, communal cette fois: celui de l’hôtel de ville, édifié en 1901. Hauteur: 58m. Un ascenseur mène au 5e étage, reste alors à gravir une soixantaine de marches.
Dans le cœur des Dunkerquois, cette tour est le véritable beffroi de la ville, c'est encore plus vrai lorsque les cloches égrainent la célèbre Cantate à Jean Bart qui fait s'agenouiller tous les carnavaleux.