Laissez-vous emporter par l’esprit des lieux qui ne cesse d’évoluer pour se rapprocher de l’original. Tel qu'il nous est parvenu, le château ne paraît guère avoir changé depuis 1644. Depuis les grilles, sur les 7 heactres de verdures, on aperçoit le chateau de 800m² habitables. Le Château d’Esquelbecq a conservé son plan médiéval dont l’origine remonte au XIIIe siècle. Le château est de plan quadrangulaire; ses murs sont cantonnés de huit tours et pignons à pas de moineaux, dont quatre aux angles, deux au centre des longues courtines et deux flanquant cette porte d'entrée. Un liseret de pierres blanches le ceinture à mi-hauteur et aurait pour signification la puissance des seigneurs du lieu. La date la plus ancienne retrouvée sur le bâti de la conciergerie indique 1590.
Singulier ce Château d’Esquelbecq, en effet, avec ces signes inscrits sur les murs : croix, losanges, cœurs, étoiles… On a beaucoup spéculé sur leur signification. L’histoire du château explique peut-être en partie leur origine. En 1584, la famille Hallewyn, d’origine française, est invitée très fortement à céder la propriété à Valentin de Pardieu, gouverneur de Gravelines. Les Flandres sont sous domination espagnole. Une domination espagnole qui inclut un fervent catholicisme. La présence de la croix de Bourgogne, de motifs chrétiens, de runes sont très probablement autant de signes protecteurs que des signes de reconnaissance. N’oublions pas que l’histoire d’Esquelbecq est faite de dévastations y compris des édifices religieux. Jusqu’en 1585, l’insécurité règne dans les Pays-Bas.
Son accés s'effectue par par deux ponts, dont l'un conduit à un terre-plein vis-à-vis des dépendances, et l'autre permet de franchir les douves et d'atteindre la porte qui mène à la cour intérieure. Dans la cour d'entrée, le colombier à burbe a été préservé depuis Ie XVIIe siecle. La date de 1606, visible sur l’édifice, correspond aux grands travaux de restauration entrepris par Philippe de Guernonval qui vient d’hériter de la propriété. C’est lui qui entreprend les travaux les plus importants et donne son aspect au château d’aujourd’hui. De nombreux panneaux disséminés vous expliquent l’histoire des lieux, de ses occupants, les travaux entrepris…
Au fond de la cour, les occupants allemands ont construit un blockhaus de béton, qui se visite. Des panneaux ont été installés sur les murs pour expliquer la vie du château durant la Seconde Guerre mondiale et le contexte historique de l’occupation des lieux. On apprend ainsi que les Allemands ont laissé des balles dans les arbres… et des dessins coquins sur les murs.
L’extérieur du château n’est pas sans importance. Passez par la cour d’entrée paysagère autour du colombier à bulbe et vous trouverez le long des douves presque 1 km de buis, plus d’une centaine de fruitiers, un potager en permaculture, et une serre à vigne. Son jardin à compartiments inspiré des jardins clos du Moyen Age se démarque par sa symétrie, ses perspectives courtes et ses arbres fruitiers anciens (poiriers, pommiers). Son origine remonterait à la première moitié du XVIIe siècle. Il contient notamment un potager composé de huit parcelles rectangulaires. Un autre lieu du domaine est à ne pas manquer, l’élégant parc paysager aux arbres centenaires imaginé par un ancien maire du village, Louis Colombier, entre 1821 et 1852. Dans le même temps, il procède à l’agrandissement du domaine d’Esquelbecq.
Le très beau jardin “à compartiments” est un exemple unique de jardin flamand Renaissance. Le jardin du Château d’Esquelbecq se compose de deux parties distinctes dont l'une à l'Est est visible depuis la place du village : une croix de Bourgoggne dont le tracé des allées par des fruitiers palissés le long d'un treillage est souligné de bordures de buis. A l'Ouest, la plus grande partie, on trouve un jardin potager divisé en huit parcelles rectangulaires bordées de buis et de fruitiers. Au total plus d'une centaine de fruitiers anciens en contre espaliers : poiriers et pommiers.
Ce parc de cinq hectares est aujourd’hui cultivé selon les principes de la permaculture, respectant ainsi les méthodes anciennes. Le plessage est une ancienne technique de conduite des haies champêtres largement employée dans les nombreuses régions bocagères d’Europe de l’Ouest mais qui a connu un important déclin depuis le remembrement agricole. Cette manière de conduire les haies permet de réaliser, à partir d’un alignement d’arbustes et d’arbres distincts, un linéaire d’arbres solidaires les uns des autres formant une barrière robuste, opaque et potentiellement infranchissable selon les essences choisies (espèces à épines) servant à délimiter les parcelles de culture et d’élevage, mais également les habitations. Traditionnellement utilisée pour parquer le bétail et éviter sa divagation sur les routes et les cultures, elle permet, en toutes circonstances, de former une barrière vivante efficace à la vue et au franchissement. La large répartition de cette pratique a généré de nombreuses déclinaisons régionales et suscité chez les praticiens la création de nombreuses formes plus ou moins traditionnelles, ajoutant au coté pratique et indispensable de la haie un côté esthétique incontestable.
L'association du Jardin d'Esquelbecq organise des journées des plantes ainsi que des expositions d'art contemporain. Grâce à une équipe composée de salariés et de bénévoles, les jardins ont pu être rouverts au public en juin 2017 avec des animations, des expositions, des balades aux flambeaux, des concerts... Fin 2017, le jardin reçoit le Prix Villandry : Henri Carvallo, propriétaire du château et des jardins de Villandry, et les Jardins du Roi Soleil, en partenariat avec la Fondation pour les Monuments Historiques, apportent un soutien pour la restauration de la serre à vigne du potager du château. En 2018, le Prix French Heritage Society est décerné au Château d’Esquelbecq pour aider à la préservation d'un des éléments remarquable de la propriété; son Colombier.
Un arrosoir géant est planté en face du château, une œuvre d’art de Philippe Thill, “L’arrosoir d’Alice et son escargot géant”. De multiples manifestations sont organisées pendant l’année : fêtes des jardins, art contemporain, ateliers peinture, balades nocturnes aux flambeaux, parcours cyclo…
Les amateurs de fantômes s’attarderont peut-être aux grilles du château, les nuits de 21 janvier … On murmure en effet, qu’à cette date précise, au milieu de la nuit, on entend des aboiements. Ils précèdent l’apparition d’ une dame blanche qui se promène dans les jardins avec son petit chien. Il s’agirait du spectre de Marie Jacqueline Triest, l’épouse du châtelain, tuée par une de ses servantes, le 21 janvier 1655. On retrouva son corps grâce à son petit chien qui marqua l’endroit où elle avait été enterrée, au fond du parc. Tout désigna la domestique condamnée à être pendue…
Mais nul n’a jamais su les raisons de son acte. Hubert de Guernonval, l’époux de la malheureuse assassinée fit faire un tableau représentant la Sainte-Vierge et l'Enfant Jésus, entourés de plusieurs personnes en prière, dont le baron et la baronne accompagnée de son chien. Il resta longtemps accroché dans l’église d’Esquelbecq jusqu’à ce qu’un incendie le détruise en 1976.
Autour de la grande place centrale Alphonse Bergerot, face au Château d’Esquelbecq se trouve l'église Saint-Folquin, reconnaissable aux motifs géométriques couvrant sa façade. Hallekerke typique des Flandres datant du Xe siècle, elle a été restaurée à l'identique après l'incendie de 1976. Renfermant un orgue mésotonique du XVIIIe siècle, des vitraux du XIXe siècle et des statues en bois polychrome. Elle mérite également votre visite