Dressée sur la place du village d’Esquelbecq, vous ne pouvez pas la manquer l'Eglise Saint-Folquin, d’autant plus que sa façade particulière attire l’œil. Typique des églises à trois nefs de la région, les hallekerque (église-halle), elle est reconnaissable à ces motifs géométriques qui couvrent sa façade. Façade losangée, jeu bicolore de la résille de briques beiges ressortant sur les fonds des briques rouges de la façade. Cet appareil a été réalisé en 1610. C'est l'une des caractéristiques de cet édifice. Elle se présente actuellement sur une surface de 1000 m², depuis la place, on peut apercevoir les cloches de son carillon. Son histoire est aussi mouvementée que celle du château.
Esquelbecq était située sur le territoire des Ménapiens. Peuple belge mentionné par César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules. L'oppidum de Cassel constituait la place forte méridionale de la civitas des Ménapiens. Une voie romaine venant de Cassel traversait le village pour aboutir à Mardyck. Cette voie romaine correspond plus ou moins au tracé de la route départementale 52 actuelle. Esquelbecq est un nom dérivé du flamand, c’est sans doute à la traversée de l’Yser et à la présence de nombreux chênes que le nom de notre commune doit son origine : "la rivière aux glands" ou “le ruisseau aux chênes”.
La première apparition du nom du village dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Bertin de Saint-Omer date du IXe siècle, on parlait alors d’Hiclesbeke, d’Ekelsbeke…. La vie de l’évêque Folquin, devenu Saint par la suite, y est retracée. L’évangélisateur meurt à Esquelbecq le 14 décembre 855, lors d'une tournée pastorale, après 40 ans de sacerdoce. Esquelbecq étant alors située dans le diocèse de Thérouanne dont Folquin était évêque. Au XIXe siècle, une maison du village située sur la grand-place, portant une statue du Saint-Bertin dans une niche de la façade était considérée par la tradition comme celle où il trépassa.
Né en 780 près de Metz, Saint-Bertin est le cousin germain de Charlemagne. Le saint efffectue ses études à l’école impériale d’Aix la Chapelle. En 815, il sera intronisé quinzième évêque de Thérouanne. Selon ses volontés, son corps sera transféré en l’abbaye de Saint- Bertin à Saint- Omer pour y être inhumé. Il est vénéré par les femmes dont l’accouchement s’avère difficile. En 1181 et 1210, les reliques, conservées à Saint-Omer, furent amenées temporairement à Esquelbecq, à la demande du village, amenant à chaque fois des miracles : guérisons de maladies anciennes, lueurs dans le ciel la nuit...
Après que le village a été détruit par les invasions vikings en 880, les seigneurs locaux (châtelain de Bergues et comtes de Flandre) décidèrent de construire un château. De cette lointaine construction et de ses occupants, aucun document ne nous est parvenu à ce jour. Le village appartenu d’abord aux de Ghistelles, puis aux d’Hallewyn qui furent obligés, sous la domination espagnole, de vendre leurs biens à Valentin de Pardieu, gouverneur de Gravelines. À sa mort en 1595, ses terres revinrent à son neveu Philippe Levasseur de Guernonval, dont la famille posséda le château jusqu’à la Révolution. C’est Philippe Levasseur de Guernonval, fait chevalier d’Esquelbecq, puis premier baron du même lieu en 1612, qui aura à cœur de relever les ruines du village dont il restaure le château (1606) et l’église (1610). Il meurt en 1633.
Celle qui porte le vocable de Saint-Folquin n’a pas été épargné ni par les pillages, ni par les incendies. L’église Saint-Folquin d’Esquelbecq a été construite au Xe siècle, puis constamment remaniée jusqu’au XVIIe siècle, où elle est devenue une “hallekerke” typique des Flandres avec trois nefs d’égales dimensions.
L’histoire de l’église Saint-Folquin d’Esquelbecq a connu trois périodes essentielles. Jusqu’au Xe siècle, elle dispose d’une base romane. Si les murs intérieurs en pierre de Cassel datent des Xe et XIIe siècles, le reste de l’église, agrandie en 1522, est typique du style architectural flamand des XVIe et XVIIe siècles. On voit nettement que les pierres de Cassel, sombres, ont été récupérées pour élever la partie gauche de l’église. Mais les artisans n’en ayant plus assez, ils ont utilisé des briques d’argile rouge, moins chères, pour édifier la partie droite. En 1586, Valentin De Pardieu dote l’église d’un carillon de 12 cloches.
Puis au XVIIe siècle, d’importants travaux de reconstruction ont été réalisés lui attribuant alors trois nefs égales, ce qui lui permet de porter le nom de "Hallekerque". En 1793, durant les troubles révolutionnaires, l’église fut pillée et vidée de ses objets précieux, mais garda son mobilier, ses autels et ses boiseries. Le tableau de la crucifixion en céramique date du XVIe siècle. Il était à l’origine dans un couvent de Dunkerque. Il ne reste malheureusement pas grand-chose de ce magnifique mobilier ancien, car l’église Saint-Folquin d’Esquelbecq a été ravagée par un incendie en 1976. En un temps record, l’ensemble de l’édifice fut la proie des flammes. Seuls les fonts baptismaux et la sacristie ont été épargnés.
L’autel est ainsi composé d’éléments modernes et anciens : les statues en bronze et le bas-relief en cuivre ont été créés après 1976, alors que la pierre sombre est ornée des vestiges du mausolée et des gisants des barons De Guernonval détruit à la Révolution. En effet, sous le chœur, une crypte a été mise à jour puis rebouchée ; elle contient les restes de la famille Guernoval, les seigneurs des lieux. Autrefois, la coutume voulait qu’à leur décès, les corps soient ensevelis dans l’église de leur village. La porte du tabernacle date de 1560, elle a été sauvée de l’incendie.
Jusqu’en 2013, l'église Saint-Folquin d’Esquelbecq accueillait encore plusieurs reliques du saint Folquin de Thérouanne, disparues depuis. Ainsi était conservée jusqu'en 1793 une de ses étoles, que l'on transportait au domicile des personnes en cours d'accouchement et placée à leurs côtés. Emportée à l'étranger pendant la Révolution, on ne sait ce qu'il en advint. En 1618, la châsse de Folquin à Saint-Omer fut ouverte à la demande de Philippe Levasseur de Guernonval, baron d'Esquelbecq, dans le but d'en prélever quelques os pour doter l'église d'Esquelbecq, placée sous l'invocation du saint, reconstruite après les pillages et dévastations liées à la furie iconoclaste. Les ossements en question furent remis aux fils de Philippe de Guernonval, un religieux de Saint-Bertin, Guillaume de Whitte présent à la cérémonie écrivit une vie de saint Folquin qu'il dédia au seigneur d'Esquelbecq. Les reliques arrivèrent à Esquelbecq le 14 août 1618. Lors de la Révolution, le curé constitutionnel Antoine Devulder cacha les reliques de saint Folquin pour éviter leur destruction. Seule sa servante fut mise dans le secret.
Lors des travaux réalisés après l’incendie de 1976, les artisans ont découvert des dédicaces gravées sur des ardoises, placées dans les murs de l’église Saint-Folquin d’Esquelbecq par leurs prédécesseurs en 1522. Les vitraux ont tous été créés par des artistes différents, au style différent. Certains sont totalement modernes et d’autres sont inspirés par les précédents. Le vitrail de Saint-Joseph représente, autour du saint, les différents métiers du village : agriculteur, maçon, forgeron, tisseur de lin, brasseur,... Et, à ses pieds, les armoiries de la famille De Guernonval.
Une autre particularité de l'intérieur de l'église Saint-Folquin d’Esquelbecq est son orgue mésotonique, instrument rarissime, commandé à l'atelier Garnier. Le cahier des charges aurait exigé 'une orgue de type flamand-néerlandais s'inspirant des XVIIIe et XVIIIe siècles". Haut de plus de 11 mètres et composé de 2000 tuyaux, le splendide orgue en bois de tilleul a été recréé par Marc Garnier, qui a copié un orgue flamand du XVIe siècle.
Afin de permettre aux visiteurs de passage dans le sanctuaire dédié à Saint-Folquin de faire plus ample connaissance avec son histoire, une exposition permanente a été mise en place au fond de la nef latérale gauche. A la croisée du transept, la tour clocher montre un petit carillon extérieur, don de Valentin de Pardieu, seigneur d'Esquelbecq, qui fit graver ses armoiries et sa fière devise : "Vaincre ou mourir". Le carillon d'avant 1976 était l'un des plus anciens de France. Il avait été fondu en 1586 par Marc de la Serre . Aujourd'hui, le carillon égrène sa ritournelle tous les quarts d'heures, des airs typiques de la région.
Au premier étage du clocher, un espace muséal relate le tragique épisode de l'incendie, des objets religieux anciens sont également exposés. Le clocher et son carillon sont accessibles aux groupes lors des visites guidées. Depuis la tour, une vue panoramique sur la plaine de l'Yser s'offre à vous. Vous avez aussi une vue saisissante sur la voute boisée en forme de carène de bateau inversée, parsemée d’étoiles dorées. On peut accéder à la tour à base romane par un escalier étroit de pierre de 75 marches, logé dans un pilier du XIIe siècle rehaussée en 1522.
La version actuelle de l'église Saint-Folquin d’Esquelbecq est donc le résultat d’une résurrection après le dramatique incendie du dimanche 11 avril 1976 (dimanche des Rameaux). Un vaste élan de solidarité et une mobilisation générale de tous les habitants, élus en tête, ont permis d’entreprendre une opération de déblaiement et de démarrer la reconstruction à l’identique sous l’impulsion de Gabriel Deblock, maire de l’époque, de Georges Decalf, curé et de Charles Waldschmidt, architecte des bâtiments de France. Les travaux démarrent en 1976. Le carillon de 23 cloches fondues à Villedieu les Poëles est béni en juin 1977. Le sanctuaire, béni par Mgr Gand, évêque de Lille, est rouvert au culte le 9 avril 1978 soit pratiquement jour pour jour, deux ans après le sinistre.
L’église Saint-Folquin d’Esquelbecq est un élément capital du patrimoine local et joyau de l’architecture flamande. Sur le côté droit de l’église, vous trouverez le monument aux morts de la commune, incrusté dans le mur. Un peu plus à droite est fixée une plaque qui rappelle qu’à Esquelbecq, des soldats français de la jeune république combattirent une coalition royaliste dans le cadre de la bataille d’Hondschoote, qui permit de lever le siège de Dunkerque fait par les Anglais.
Face à l’église Saint-Folquin d’Esquelbecq se trouve le château et son auberge. Précieux témoin des châteaux seigneuriaux de Flandre, cet élégant édifice est entouré de douves et d’un jardin d’esprit Renaissance Flamande. À proximité, vous trouverez l’auberge du château du XVIIe siècle, remarquable par son pignon à pas-de-moineau, ses dessins de brique et son cadran solaire. Outre le château, l’intérêt se porte sur le remarquable jardin d’esprit Renaissance, recréé entre 1821 et 1852, la conciergerie construite en 1590, et l’élégant colombier octogonal datant de 1606.