Des origines religieuses de Maubeuge, fondée il y a quatorze siècles par Sainte Aldegonde, la cité sambrienne n'a eu de cesse, tout au long de son histoire, d'affirmer son originalité et un caractère bien trempés. Chaque époque a laissé sa trace à Maubeuge, à commencer par la tumultueuse fin du XVIIe siècle, lorsque Vauban, à la demande du Roi Soleil, érigea sa fameuse ceinture de remparts, aujourd'hui véritable bouquet de verdure en plein centre-ville.
Commençons par un petit point historique. Sainte Aldegonde fonde une abbaye de femmes au VIIe siècle. Maubeuge est attestée pour la première fois dans une source écrite en 870 lors du traité de Mersen. Maubeuge reçoit ses premières fortifications au XIIe siècle. Maubeuge apparaît sur un sceau échevinal dès l'an 1293 mais ce n'est qu'au XVe siècle que ce nom devient définitif après l'usage de diverses variantes. La première enceinte du domaine des chanoinesses disparaît dans un incendie à la fin du XVIe siècle. En 1339, le comte Guillaume II de Hainaut autorise l'édification de nouveaux remparts plus vastes comprenant six portes et vingt-deux tours sur trois kilomètres. Mais malgré ces prudents aménagements, la ville de Maubeuge est, jusqu'à son rattachement à la France en 1678, saccagée et pillée plus de vingt fois.
Cette seconde enceinte reçoit quelques adaptations à l’artillerie à poudre vers 1425. Au fil des siècles, Maubeuge appartient aux comtes de Hainaut, aux ducs de Bourgogne, à la Maison d’Autriche (1478-1513) et à la Maison d’Espagne (1513-1678). Restée en territoire espagnol après la guerre de Dévolution (1667-1668), et malgré la prise de Mons et Charleroi, elle n’est cédée définitivement à la France qu’en 1678, à la signature du traité de Nimègue. En 17 septembre 1678, la signature du traité met fin à la guerre de Hollande (1672 / 1678). Maubeuge est définitivement rattachée à la France par le traité de Nimègue, ratifié par le roi Louis XIV le 3 octobre, et par le roi d'Espagne Charles II le 14 novembre. La ville vit alors une période de calme relatif. Ce traité permet à la France de se pourvoir d'une frontière fortifiée au nord de son territoire, pour mettre le pays à l'abri des invasions. C'est la construction du fameux "Pré carré" de Vauban qui va dessiner approximativement la frontière actuelle du nord de la France de Dunkerque à Givet.
Louis XIV chargé Vauban, en 1679 de fortifier Maubeuge. A cette date, l'enceinte médiévale de Maubeuge étant en fort piteux état et ne présentant plus d'intérêt dans sa défense, Vauban propose en remplacement pour la ville, un nouveau système de fortification en tenant compte des défauts de sa situation que commandent les hauteurs avoisinantes. Celui-ci démantèle l’enceinte médiévale, dont il ne conserve que deux portes : au sud, la porte d’Avesnes, au nord, la porte de Mons. Le nouveau périmètre est établi en retrait de l’enceinte médiévale pour tenir compte des hauteurs environnantes. Ces travaux nécessitent de détruire un tiers du bâti de la ville. La construction s’effectue sous la direction de Jean de Mesgrigny, gouverneur de la citadelle de Tournai.
S'élèvera alors une nouvelle défense dite "rasante" : murailles, fossés, et autres ouvrages, sont ainsi enterrés. Définitivement arrêté, on construira sur la Sambre, une place neuve, fermant la frontière entre Le Quesnoy et Philppeville. Le chantier commence en 1679 et s’achève en 1685 selon le premier système dit de Vauban. La nouvelle enceinte présentent en projection heptagonale composée d'une ligne de remparts imposants flanqués de 7 bastions à orillons surmontés d'autant de cavaliers d'une hauteur moyenne de 9 mètres, mettant la ville à couvert des tirs plongeants environnants.
Sous les cinq bastions de l'enceinte de la rive gauche, Vauban fera construire à l'épreuve de la bombe des salles souterraines servant de magasins en cas de siège. Elles ne communiquent pas entre-elles. Durant l'incendie de Maubeuge en 1940, elles serviront d'abris aux habitants non évacués encore en ville. La plus grande sous le bastion de Falize est encore partiellement visible lors des journées des villes fortifiées et du patrimoine.
En fait de souterrains, il s'agit d'un système de défense mis en place lors de la construction des murailles qui s'enfonce sous les défenses avancées de la place au dessus de la contre-escarpe. Ce couloir chemine parallèlement au fossé et on y accède par plusieurs portes ouvertes dans la muraille. Ce sont des contre-mines, destinées à découvrir en cas de siège, les travaux d'approche par sapes de l'assiégeant. Lors des visites on peut y voir et découvrir les fourneaux devant contenir les poudres destinées par leurs explosions, à contrer les travaux de l'ennemi.
La nouvelle enceinte des Fortifications de Maubeuge présentent également quatre tenailles simples et une tenaille bastionnée au sud-est, de quatre demi-lunes à réduits et d’un chemin couvert. Le tout est précédé d'une ceinture de demi-lunes, dehors retranché, placé entre deux bastions et d'un ouvrage à corne à l'est. Les fossés seront larges, profonds et secs au nord. Un jeu d'écluses au sud, permettra d'inonder les fossés et de noyer toute la vallée vers Hautmont.
Deux portes dites de Mons et de France seront réalisées, l'une au nord, l'autre au sud, et deux ouvrages dénomés portes également chevaucheront la Sambre à l'entrée de la rivière dans la ville et à sa sortie, le tout formant lors de la fermeture de ces portes à 22 heures une ville close. Les deux portes sont protégées par deux des quatre demi-lunes. La porte de Mons commandait la route de Paris à Mons. La porte de Mons, construite de pierres de taille et de briques, comme toutes les portes monumentales fut du classicisme architectural de l'époque par Hardouin Mansart, ami de Vauban.
Ce bâtiment recevait une garde de 15 militaires devant assurer la surveillance des abords, contrôler les voyageurs de passage et assurer la fermeture des portes et pont-levis dès 22 heures, et la réouverture à 6 heures le matin. Occupé par le portier consigne jusqu'à la grande guerre, il sera déclassée par l'armée en 1928, l'édifice de la porte de Mons accueille la mairie provisoire en 1940, puis les services de la police nationale. Depuis sa restauration en 1997, l'Office du Tourisme occupe le rez-de-chaussée et les étages accueillent diverses manifestations comme les expositions, conférences etc... En franchissant le pont dormant qui enjambe le grand fossé sec, ceint de ses hautes murailles, s'offre alors situé au cœur de la demi-lune, dans l'ancien corps de garde, le musée.
Aujourd'hui, l'immeuble principal en façade, présente une harmonie de 15 fenêtres encadrées dont la centrale, en plein cintre avec balustres au bas donnant sur le sud. On remarque en particulier la belle toiture à la Mansart et ses ouvertures en œil de bœuf. Le premier étage était affecté au logement du commandant du génie et ses bureaux. Au niveau de la place, au centre, entre deux préaux, se découvre le passage charretier et deux corps de garde. Après avoir franchi ce passage et le pont levis qui conduit dans la fortification, on découvre la face nord de la porte avec son frontispice aux armes de France et une inscription lapidaire à la gloire de Louis XIV qui fait connaître la raison de sa construction et la date d'achèvement des travaux : 1685.
Le front sud-est des Fortifications de Maubeuge est le plus long et est protégé par la tenaille bastionnée et une déviation du cours de la Sambre. Les fossés sont inondés par la Sambre au sud, et un front du nord est également précédé de fossés en eau, remplis par un pont-écluse alimenté par un ruisseau, la Pisselotte. à l’intérieur du corps de place, des casernes de cavalerie et d’infanterie sont bâties dans la basse ville située le long de la rive droite de la Sambre et dans les terrains restés vides à l’est. Un arsenal et trois magasins à poudre édifiés contre les remparts complètent l’équipement.
Les remparts ont été bâtis en pierres avec parapets de briques. Un ouvrage à cornes, à l’est et à l’extérieur de l’enceinte, formé de deux demi-bastions, complète le système de défense mis en place. L'ensemble du chantier couvrant 56 hectares fut réalisé avec quelques 8 à 10000 hommes. Il est vrai qu'une visite du roi Louis XIV en 1680, contribuera à activer les travaux.
Durant le XVIIIe siècle, des lunettes détachées et un camp retranché provisoire sont construits autour du corps de place. Au XIXe siècle, deux portes sont créées : la porte de Bavay et la porte des Poilus. Après la Guerre franco-prussienne de 1870-1871, la ville est entourée d’une ceinture de forts périphériques établis selon les méthodes du général Séré de Rivières.
De la fin du XIXe siècle à nos jours, l'enceinte de Vauban subira de graves atteintes. En 1880 voit l'ouverture de l'enceinte à l'ouest, afin d'établir la porte de Bavay. En 1900 à la demande des bateliers, les portes d'eau sont détruites pour faciliter la navigation et on rectifie le cours de la Sambre. De 1915 à 1916, sur ordre de l'occupant, on perce le rempart dans le prolongement de la rue de l'Hospice afin de créer une sortie vers la gare de Sous le Bois. En 1932 pour lutter contre le chômage, on assiste au démantèlement des murailles du front de la porte de France. En 1936, dans l'axe de la rue Casimir Fournier, on perce le bastion des Capucins pour permettre aux chars du 509ème RCC un accès rapide au terrain de manœuvre d'Assevent. En 1958 on détruit la porte de France. En fin en 1963, on perce à l'est dans le prolongement de la rue de la Croix, la demi lune encore intacte pour accéder au rond-point du nouveau lycée.
Actuellement sur le front de la chambre noire, entre le bastion de la Croix et des Capucins, se situe la demi-lune de l'étang. Aancienne redoute et tenaille réunies au XIXe siècle qui à l'aide de 2 batardeaux permettaient l'inondation en amont du front après le fermeture de l'écluse située dans la courtine 3/4. Le ruisseau du Maubiguel, aujourd'hui Pisselotte venait s'y jeter dans ce qu'était au moyen âge le grand vivier, réserve de poissons blancs appartenant au chapitre de Maubeuge. Il ne subsiste aujourd'hui que cette petite partie de vivier qui fut comprise dans les travaux de Vauban.
A l'est, au pied du bastion de Falize, se trouvent les étangs dit de Monier. Cette appellation ne doit comprendre que la petite partie située entre l'ouvrage à corne et le chemin de halage. Le secteur en eau baignant le bastion sous le nom de fausse Sambre, n'est autre en réalité que le bras de la Sambre canalisée par Vauban utilisé à usage défensif. Le magasin à poudre situé rue de la Croix est la seule poudrière encore présente des trois construites lors des travaux de Vauban. Située près de la rue de la Croix elle se compose d'une salle voûtée initialement recouverte d'une toiture et entourée d'un mur pare-feu. La salle voûtée est recouverte à l'extérieur d'une épaisse enveloppe de terre.
À l'origine, le plan Vauban comportait trois magasins à poudre disposés et répartis stratégiquement au bord de l'enceinte intérieure. Elle fut modifiée au second empire et ne présente plus rien de son aspect d'origine. Abandonnée pour n'être utilisée que très rarement, la végétation reprend ses droits sur les murs par manque d'entretien.
L’arsenal situé rue de la Croix et quai Berteau, construit entre 1678 et 1689 en même temps que les remparts, développe une longue silhouette sur trois niveaux (103 mètres de long sur 12 mètres de large). Ce bâtiment fait partie des casernements prévus à l'époque pour abriter les troupes de la garnison. Comme son nom l'indique il servait à l'origine à recevoir et entreposer les armes de la garnison de la ville, et celles des créations de la manufacture d'armes de Maubeuge (1701/1836) en attente de livraisons. Ce bâtiment a eu diverses utilisations. Il fut, entre autres, archives du Chapitre, siège de la direction de l'Artillerie, caserne ; il accueillit même les scouts.
Entre les deux guerres ce bâtiment reçu le 1er d'artillerie, puis le 520ème RCC. L'incendie de 1923 consumera sa belle et haute toiture, ne laissant durant de nombreuses années que les quatre murs calcinés servant d'enclos et d'entrepôts. Ce bâtiment visible aujourd'hui, sera reconstruit et rehaussé de 2 niveaux sur ses bases en 1936, quelques années avant le second conflit. Durant l'occupation, il est occupé par la garnison allemande jusqu'en septembre 1944, puis fut affecté successivement à différentes organisations de la résistance, des détachements de CRS, de militaires de Landrecies, de la préparation militaire etc... Réaffecté par la ville, ce bâtiment est aujourd'hui le Centre Culturel de l'Arsenal et abrite l'Ecole des Beaux Arts, la Bibliothèque Médiathèque et des salles d'expositions.
La Caserne Joyeuse, nommé d'après le marquis Jean-Arnaud de Joyeuse102 (1631-1710) officier sous Louis XIII et Louis XIV, Jean Arnaud de Joyeuses fut le premier Gouverneur de la place de Maubeuge et a laissé son nom au quartier militaire de Maubeuge. La caserne de Joyeuse était constituée de 5 imposants bâtiments construit entre 1684 et 1689, sur un espace délimité entre l'extrémité de la rue de la Croix et l'ancienne rue de l'intendance. La caserne possédait aussi une Manutention, un Pavillon et une écurie pour 150 chevaux, un Manège et une grande Esplanade. En 1959, la ville de Maubeuge cède à l'armée 40 ha au Pont-Allant en échange des casernes, remparts et terrain du dirigeable. Ce quartier n'a pas été détruit lors du bombardement, mais quelques années plus tard pour moderniser la ville. Aujourd'hui, seul existe encore, le manège, qui à donné son nom au théâtre du Manège aussi que le pavillon, siège de l'agglomération Maubeuge val de Sambre.
Les remparts des Fortifications de Maubeuge offrent un véritable moment de dépaysement hors du temps et du tumulte de la vie citadine. Ils proposent des espaces de promenade à perte de vue dans un cadre agréable et verdoyant. Les étangs Monier sont également accessibles depuis les remparts. Des visites et parcours sont organisés et proposés par l’Office de Tourisme de Sambre-Avesnois afin d’en découvrir davantage sur un passé marquant encore le présent et le paysage entier de la ville.