Au cours de cette visite des vestiges archéologiques vous pouvez imaginer ce qu'était le centre d'une cité à l'époque gallo-romaine. Les ruines imposantes du Forum de Bavay ont longtemps été recouvertes de terre et d’herbe, au point que personne n’avait une véritable idée de sa taille. Il faudra attendre le XVIIIe siècle, mais surtout le XIXe siècle pour que le passé antique de Bavay resurgisse.
Tout commence en 1716, les pères de l’Oratoire découvrent une inscription mentionnant le passage de Tibère, quelques chapiteaux et fragments de dallage. En 1792, un trépied de Bacchus est retrouvé. Bavay devient connue des érudits, antiquaires, amateurs éclairés, qui viennent fouiller et humer un air antique à la recherche du bel objet. Au siècle suivant, le site devient le théâtre de fouilles sauvages où le mobilier archéologique mis au jour est rapidement dispersé dans le monde au gré des ventes, ce qui incite l'abbé Augustin Carlier à lancer des fouilles scientifiques sur le site.
Au début du XXe siècle, l’archéologue et archiviste Maurice Hénault a identifié Bavay comme une ville antique importante et les quelques pierres encore visibles comme les vestiges d’un forum et des thermes alimentés par un aqueduc amenant les eaux d'une fontaine située à une vingtaine de kilomètres. Le forum, édifié entre les Ier et IIIe siècles, a finalement été grande partie redécouvert en 1940, à la suite d'un bombardement allemand, qui a mis à jour les anciennes pierres et briques romaines, à la grande surprise des habitants. Quand une histoire en chasse une autre… quelle ironie du sort que les faits qui se produisirent à Bavay le 17 mai 1940 : la commune est alors en proie à de violents bombardements aériens qui mettent à jour des restes de la cité antique.
Ces découvertes se sont accélérées après la deuxième guerre mondiale, période à laquelle le chanoine Henri Biévelet, de 1942 à 1976, a dégagé à l’ouest la plus grande partie des magnifiques cryptoportiques, ainsi que l’esplanade. Ces galeries souterraines servaient de fondation au portique supérieur, et, qui sait, peut-être s’y promenait-on… Et, à l’est, les fondations d’une des basiliques les plus vastes jamais découvertes dans le monde romain : 98 mètres ! Ce n’était pas une église, mais un endroit civil où se traitaient les affaires de la cité. Henri Biévelet collecte au passage d’importants trésors archéologiques, aujourd’hui mis en valeur dans le musée.
Découverte en 1969 du « Trésor des bronzes », un ensemble exceptionnel de plus de 300 objets. Jean-Claude Carmelez, accompagné de collègues enseignants et de lycéens, prend la relève des fouilles et poursuit l'exploration scientifique du site jusqu'en 1997. Les dernières fouilles en date ont été réalisées entre 2020 et 2021 par le Service archéologie et patrimoine du Département du Nord, dans le cadre d'une opération préventive en amont du chantier de couverture du cryptoportique. En plus des ruines, on a trouvé à Bavay un grand nombre de tombeaux et de stèles funéraires portant des inscriptions d’origine romaine. Mais on a, avant tout, retrouvé des objets de la vie courante : céramiques et terres cuites, bijoux, vaisselle, outils, vases, mosaïques, monnaies… et de très jolis bronzes.
Le site archéologique du Forum antique de Bavay semble ne pas avoir fini de nous révéler ses secrets puisque c’est aujourd’hui une trompette droite gallo-romaine qui vient d’y être découverte, dans un excellent état de conservation. Sur un chantier de la ville de Bavay, les archéologues du département ont fait la découverte de blocs de calcaire bleu attirant leur regard. Leur disposition n’était clairement pas le fruit du hasard et cachait donc quelque chose. Sous les blocs un ensemble de tube en alliage cuivreux dont un avec un embout ouvragé ainsi que des morceaux de pavillon. Il s’agirait d’une trompette de la légion Romaine démontable. Une fois les pièces assemblées, la trompe devrait mesurer 2m70. Le fait qu’elle soit démontable tente à prouver qu’elle servait aux cérémonies religieuses ou officielles. La date d’enfouissement est estimée au IIIe ou au IVe s. ap. J.-C. Bien que deux trompettes Gallo Romaine aient été retrouvées au XIXe siècle, c’est la première trompette en aussi bon état de conservation et avec un contexte aussi précis.
Vous êtes à présent invités à déambuler sur cet espace chargé d’histoire, lieu de rencontre autrefois privilégié par les Romains. Le cœur de cette civitas est son forum monumental, construit en deux phases principales entre le Ier et la fin du IIe siècles ap. J.-C., avant d'être transformé en réduit défensif durant l'Antiquité tardive. Sa position stratégique explique que son forum est le troisième plus grand par la taille, après le Forum de Rome et celui de Carthage.
Dès le début il semble que la ville ait eu un plan en damier. Le plan initial est celui d'un forum tripartite clos, très répandu dans la seconde moitié du Ier siècle. Il a été conservé tout au long des réaménagements de la cité. Les trois parties du forum sont encore bien délimitées. La basilique, centre de l’activité judiciaire et politique est au premier plan. Puis vient l’esplanade centrale, ex-cœur civil autrefois bordé de commerces et d’administrations.
Au fond se trouvent des élévations cachées sous une sorte d’immense préau contemporain: il s’agit de l’ancienne aire sacrée, où l’on peut encore voir les restes du magnifique cryptoportique, des arches souterraines de 4 mètres de haut qui soutenaient à l’époque les portiques. Les murs latéraux du cryptoportique sont ceinturés par de petits couloirs voûtés qui jouent le rôle de vides sanitaires. Ils font le tour du cryptoportique et en épousent le tracé. Les parties enterrées des murs sont doublées par un second mur d'épaisseur presqu'identique. L'espace compris entre eux forme un petit couloir large de 60 cm. Il est couvert par une voûte maçonnée et atteint souvent plus de 2,5 m de hauteur. Ce couloir d'isolation évite l'infiltration de l'eau dans les murs internes et à l'intérieur des galeries semi-enterrées du crytoportique.
Mais les ruines les mieux préservées sont celles des arcades qui abritaient des commerces à l’époque. Elles s’élèvent encore à plus de quatre mètres de haut. Cinquante-deux petits magasins offraient là aux badauds des marchandises variées. D'importants vestiges du Bas-Empire subsistent également : il s'agit de la fortification élevée autour du forum, qui subsiste sur plusieurs mètres de hauteur au sud et à l'ouest notamment.
L’ensemble parait vaste. Pas étonnant: avec 240 mètres sur 110, Bavay est le plus grand forum découvert en France et se situe parmi les plus imposants dans l’Occident romain. Si les panneaux explicatifs sont très didactiques et intéressants, nous vous recommandons néanmoins la visite guidée. Munis d’une tablette, vous pouvez aussi visiter l’esplanade en réalité augmentée, pour voir à quoi ressemblait le forum à cette époque afin de mieux comprendre l’importance des lieux.
Au début des années 2020, le forum a été couvert d'un toit métallique de quelques 6400 m2. Les vestiges romains sont désormais protégés des méfaits du temps. Cette nouvelle configuration a bien entendu totalement changé la vision que l'on pouvait avoir sur le site archéologique, elle apporte aujourd'hui un coté beaucoup plus intimiste à la visite. Alors que le chantier de construction du parcours couvert se poursuit, le service archéologie et patrimoine du Département du Nord achève les fouilles préventives. Ils sont actuellement à pied d’oeuvre dans le cryptoportique où de très nombreux enduits peints ont été mis au jour il y a quelques semaines seulement.
Monument historique et Site d’Intérêt national, le Forum antique de Bavay est aujourd’hui un lieu incontournable de la région Hauts-de-France. Un jardin romain, une aire de pique-nique, une boutique et une programmation culturelle pour petits et grands viennent parfaire l’offre du Forum antique de Bavay.
D'autres monuments romains de Bavay n'ont pas entièrement disparu : on distingue encore parmi eux les restes d'un cirque et les débris de plusieurs édifices considérables. Le cirque dont l'emplacement se trouve compris dans l'enceinte actuelle de la ville, avait 277 mètres de long sur 92 mètres 33 centimètres de large. L'extrémité circulaire de cet édifice se dessine encore dans la partie méridionale des remparts. On n'aperçoit plus de traces de la façade opposée, dans laquelle étaient les portiques ; mais il reste des vestiges des murs latéraux à droite dans les caves pratiquées sous le rang de maisons qui garnit ce côté ; à gauche sous les jardins de ce quartier.
A l'extérieur de l'enceinte actuelle et à peu de distance de la porte dite de Valenciennes, mit à jour en 1623, se trouve des pierres de taille, des marbres brisés, des fragmens de colonnes, dans lesquels on reconnut les ruines d'un magnifique palais. Les restes d'une espèce de temple en forme de rotonde furent également trouvés en 1772, dans un champ près des remparts à l'ouest. Indépendamment de ces ruines et de beaucoup d'autres, on a trouvé à Bavay un grand nombre de tombeaux, des armes, des vases, des monnaies, des médailles, des inscriptions tumulaires, des ustensiles, des objets d'art et autres, tous reconnus d'origine romaine.
Il existe, sous l'église Notre-Dame de l'Assomption, des salles voûtées et des murs anciens dans lesquels on a cru reconnaitre, soit des thermes, soit les restes d'un amphithéâtre. De longs et profonds canaux, qu'on croit être d'anciens cloaques, ont été découverts dans plusieurs endroits de la ville. On a trouvé en 1722, dans le verger des Sœurs-Grises de Bavay, un bassin très vaste, et, sous le jardin de ce monastère, une voûte en carreaux de terre cuite d'une extrême dureté recouvrant une salle de 5 mètres de long sur 4 de large. En 1751, on découvrit dans des fouilles une mosaïque d'un beau travail, longue de 4 mètres sur 2 mètres 50 centimètres de largeur.