De ses 176 mètres d’altitude, la commune de Cassel, offre des panoramas sublimes sur la campagne flamande jusqu’à Dunkerque et même les collines de l’Artois par temps clair, mais elle révèle d’autres richesses qui se découvrent au fil des visites dont l'Hôtel de la Noble Cour, devenu Musée Départemental de Flandre. En arrivant, garez-vous sur la grande place de Cassel où se trouve l'édifice. Admirez sur la place les anciennes façades en briques, typique de l'habitat du nord.
L’Hôtel de la Noble Cour a eu une histoire tourmentée. Ce bâtiment qui domine la place frappe par sa façade conjuguant architecture flamande et éléments de la Renaissance italienne du XVIe. Une architecture typiquement flamande côté jardin, avec en particulier un pignon « à pas de moineaux ». Sa façade attire immanquablement le regard. C’est un bâtiment imposant, son histoire intimement liée à celle de la ville, lui à fait partager les mêmes tourments. Il subit donc d’importantes détériorations pendant les révoltes, les incendies et les différentes batailles qui se sont déroulées à Cassel.
Jusqu’aux batailles de Flandre en 1677, Cassel appartient au comté de Flandre. L’Hôtel de la Noble Cour abritait la châtellenie qui avait un rôle administratif et financier et la Cour qui exerçait une justice locale. La châtellenie aurait été fondée au XIe siècle sans doute par Robert le Frison mais aucun document ne l’atteste ; cependant un acte de 1218 mentionne son achat par la comtesse Jeanne de Flandre. À partir de cette date et jusqu’à la Révolution française, plusieurs baillis ont eu la charge de la châtellenie qui rassemblait 9 vierschaves ou juridictions soit 54 paroisses situées en majorité aujourd’hui dans la Flandre française intérieure.
Au XVIIIe siècle une salle, appelée aujourd’hui "salle de la châtellenie", y est aménagée pour le stockage des archives ; la salle du tribunal est située au premier étage du bâtiment.
Le musée est créé le 1er juillet 1837, date à laquelle Charles Vanoverschelde, né à Halluin en 1771 et demeurant à Cassel, cède son cabinet d'histoire naturelle pour la somme de 3 500 francs à une fondation privée. L'ensemble de cette première collection est installé dans l'ancien Hôtel de Ville, qui est mis à disposition de la fondation à titre gracieux par la municipalité. En 1889, le musée devient municipal. Plusieurs donation d'objets ethnographiques et d'art affluent et modifient l'orientation première de la collection composée initialement essentiellement de pièces minéralogiques et paléontologiques.
En 1914, le maréchal Foch installe son quartier général à Cassel dans l'Hôtel de la Noble Cour. À la fin de la guerre, le maréchal envoie à ses anciens logeurs, les Deschodt son képi de général qui est donné par la suite au musée. Son uniforme rejoint en 1938 dans les collections du musée à la suite d'un don effectué par Madame la Maréchal. Se pose alors la question du devenir du musée : faut-il créer un nouveau musée consacré à la Grande Guerre ?
La Seconde Guerre mondiale interrompt ces interrogations. Devant l'avancée rapide des Allemands, il convient de mettre à l'abri les pièces les plus emblématiques. Environ 50 objets qui sont répertoriés dans un document officiel du 12 octobre 1939 sont transférés au dépôt de Coulans-sur-Gee dans la Sarthe. Parmi eux, on compte le Carnaval de Cassel d'Alexis Bafcop. Heureuse intuition, car l'ancien Hôtel de Ville, qui faisait office de musée depuis 1837, est bombardé en 1940.
Après la guerre, l'heure est à la reconstruction. Les collections sont temporairement exposées dans l'Hôtel Taverne de Saint-Antoine à Cassel. Grâce aux dédommagements de guerre, naît l'espoir d'un nouveau musée. Parallèlement, au début des années 1950, l'abbé Verstraete de la Gorgue relance l'idée d'un musée consacré à la Première Guerre mondiale. Une nouvelle fois, les donations affluent. Le 17 octobre 1951, l'abbé Verstraete fait don de sa collection de militaria à la ville de Cassel. Les objets sont temporairement exposés dans un abri de fortune au sommet du mont à la terrasse du château. Mais la cité n'est pas en mesure de supporter le coût de deux musées et le conservateur Henri Descamps a la mission d'élaborer un projet permettant de contenir et de valoriser les deux collections.
Le musée d’Histoire et du Folklore de Cassel, imaginé par Henri Descamps, est donc inauguré en 1964. Il prend place dans l’Hôtel de la Noble Cour. Ce musée s'inscrit dans la lignée des musées d'ethnographie conçus par Georges Henri Rivière.
Initialement musée municipal, il a été départementalisé en 1997 et aussitôt fermé pour des raisons de sécurité. En 2007, la décision de le rouvrir est définitivement adoptée et la construction de nouvelles réserves entreprise. Parallèlement aux travaux de rénovation du bâtiment et de l'espace muséal, le département du Nord amorce une politique volontariste d’acquisition pour renforcer les collections de peinture ancienne et de gravures et y adjoindre un volet art contemporain.
Depuis 2010, L’Hôtel de la Noble Cour abrite le musée de Flandre. À l’intérieur, la variété des décors, entre boiseries sculptées et briques, confère à l’ensemble un caractère chaleureux. De la jolie cour pavée et du jardin situés à l’arrière du bâtiment, la vue sur la plaine de Flandre est saisissante. Le musée de Flandre possède une importante collection d’oeuvres flamandes, particulièrement des peintures. Unique en Europe, le musée de Flandre porte l’ambition de montrer la diversité et la richesse de l’art flamand du XVe siècle jusqu’à aujourd’hui.
Le parcours a été pensé non pas de manière chronologique ou thématique, mais sous la forme de diptyques (Soumission et colère, Entre Terre et Ciel, Mesure et Démesure, Ostentation et Dérision) qui favorisent le dialogue entre les domaines artistiques (peinture, sculpture, gravure, objets...). La présentation des collections, organisée par thématiques, favorise le dialogue entre art ancien et création contemporaine et permet au visiteur de découvrir des œuvres de différentes natures : dessins, estampes, tableaux, sculptures…, preuves de l’extraordinaire inventivité des artistes flamands. Cette approche culturelle permet aussi décloisonner les points de vue et d'intégrer dans le parcours permanent l'art contemporain.
Les collections actuelles constituées à l’origine de quelque 6 000 objets ont été enrichies grâce à une politique d’acquisition ciblée autour de l’art contemporain et de l’art ancien des XVIe et XVIIe siècles. Le musée abrite des œuvres de Léo Copers, Jan Fabre, Patrick van Caeckenbergh, Koen Vanmechelen, Eric de Ville ; la collection d’art ancien a accueilli des œuvres du Maître de Francfort, Guillaume Kerricx, Roelandt Savery, David Téniers, Joachim Patinir, Simon de Vos, Pieter Coecke van Aelst, Jan Fyt.
Dans la première salle consacrée à l’intimité avec le divin, votre œil est immédiatement attiré par la sculpture dorée de Wim Delvoye, Möbius Dual Corpus Direct Current. Depuis 2010, le musée n’a cessé d’œuvrer à la promotion de l’art flamand, qu’il s’agisse d’art ancien ou de création contemporaine. Depuis le 9 avril 2022, la collection permanente, enrichie d'un dépôt d’une vingtaine de tableaux des XVIe et XVIIe siècles appartenant au musée des Beaux-Arts de Valenciennes, propose une occasion unique de remanier l’ensemble du parcours permanent sous de nouveaux angles.
N’hésitez plus, pendant votre visite de Cassel, poussez les portes du musée et venez admirer les chefs-d’œuvre de Hieronymus Bosch, de Jan Brueghel, d’Antoon van Dyck ou encore de Peter Paul Rubens.