En 1947, certains survivants du massacre retournent sur les lieux du massacre de la Plaine au bois accompagnés de membres de la War Crimes Interrogation Unit, l'enquête est dirigée par le bureau du Judge Advocate General (en). Il s'est avéré impossible de monter un dossier suffisamment solide pour déclencher des poursuites. Un certain nombre de témoins oculaires présumés sont morts sur le front de l'Est, alors que d'autres ont invoqué le serment SS et ont refusé de parler.
En 1988, après une campagne du parlementaire britannique Jeff Rooker, l'affaire est de nouveau ouverte mais un procureur allemand conclut qu'il n'y a pas assez de preuves pour lancer des poursuite. Le régiment SS Leibstandarte Adolf Hitler était sous le commandement de l’Obergruppenführer Sepp Dietrich qui a prétexté que, réfugié plusieurs heures dans un fossé entre Esquelbecq et Wormhout avec Max Wünsche, il n'avait pas pu donner l'ordre d'exécution. D'après des témoignages après la guerre, les soldats auteurs du massacre appartenaient au second bataillon sous le commandement de l'Hauptsturmführer Wilhelm Mohnke.
Cependant Mohnke qui était prisonnier des Soviétiques jusqu'en 1955, n'a jamais été jugé pour sa participation présumée à un crime de guerre lors de cette tuerie hors de combat. Mohnke a fortement nié les accusations, racontant à l'historien Thomas Fischer « Je n'ai pas ordonné de faire prisonniers des Anglais ni de faire exécuter des prisonniers. » Mohnke est mort en août 2001. A partir des archives allemandes de l'époque, il s'avère que Sepp Dietrich avait été libéré de son fossé avant le massacre et que les meurtres étaient de toute façon de sa responsabilité.
Esquelbecq, le massacre sauvé de l’oubli
Longtemps ce massacre resta ignoré. Jusqu'à ce que, parmi les vétérans britanniques venus commémorer l'anniversaire de l'opération Dynamo, certains survivants de cet épisode tragique se mirent à la recherche du lieu du massacre et à raconter ce qu'ils y avaient vécu. A partir de ces témoignages poignants, un historien local amateur Guy Rommelaere rédigea son livre intitulé: "Le massacre oublié". Le site de mémoire de la Plaine au Bois, où s’est produit ce massacre honteux, existe grâce à la vigilance d'élus qui ont d'abord évité que la pâture ne soit soumise au remembrement et devienne ainsi un champ tout à fait banal.
En 1999, le site du massacre est menacé de destruction. Une première réunion avec MM. Jean Michel Devynck, René Kerckhove, Christian Deblock maires d'Esquelbecq, Wormhout et Ledringhem, Guy Rommelaere (historien), Jack Squire (délégué de la Royal British Legion) décident de créer une association de sauvegarde. Après une première assemblée qui a lieu le 19 janvier 2000, l'assocation est déclarée au Journal officiel. Elle a pour but la sauvegarde du site, l'ouverture du site aux visiteurs et la remise en état des lieux. Le 7 décembre 2000, l'association devient propriétaire du site (23 442 m²) pour la somme de 28 589 euros. Cette somme a été réunie grâce à la vente du livre de Guy Rommelaere, de l'aide du journal Daily Mail, des communes d'Esquelbecq, Wormhout et Ledringhem, et de dons divers. Le journal News of the World finance quant à lui la reconstruction de la grange du massacre.
Aujourd'hui, le visiteur y découvre une réplique de la grange au toit de chaume où a eu lieu le carnage, une stèle qui rappelle la mort de 300 personnes, combattants et civils, ainsi qu’un belvédère de cinq mètres de haut. Dans la grange reconstituée se trouvent les témoignages des survivants, notamment celui de Bert Evans qui a réussi à s’enfuir de la grange pour se cacher dans une mare, près de laquelle ses cendres ont été dispersées après son décès en 2013. Y figurent également des hommages rendus par les visiteurs à ces martyrs du nazisme.
L’intérieur de la grange est littéralement recouvert de “poppies”, ces coquelicots symboles des soldats décédés. Ils sont apportés par des vétérans, mais aussi par des enfants d’écoles anglaises, par des étudiants, par des clubs cyclistes belges, hollandais ou britanniques, par des membres des familles des soldats massacrés, ou simplement par des passants désirant commémorer leur souvenir.
“L’arbre sacré” est le nom donné à un vieil arbre fendu qui a permis aux survivants, bien des années plus tard, de retrouver le lieu, bien que la grange ait été démolie.
Les 40 chênes disposés à côté de la grange ont poussé à partir de graines semées en Grande-Bretagne et ont été envoyés en France le 18 février 2004 par l’association des Vétérans de Birmingham-Dunkerque, à la mémoire des 80 hommes exécutés, dont beaucoup étaient originaires de Birmingham. Chaque arbre planté pour les victimes de ce massacre, est bordé par une stèle portant le nom d’un ou deux soldats exécutés et identifiés décédés à la Plaine au Bois suite à la barbarie des SS.
La mare est toujours présente et, en haut du monticule de terre, se trouve une table d’orientation permettant de connaître les positions des forces en présence ce 28 mai 1940. On ne retrouva jamais le corps du deuxième soldat malgré le curage de la mare. Un belvédère fut édifié avec la terre extraite de la mare, complété par la terre d’une autre mare. Au sommet de ce belvédère, se trouve une table d’orientation représentant les positions britanniques et les mouvements des troupes nazies. A proximité de ce belvédère se trouve une stèle édifiée à la mémoire des combattants et des civils tombés durant la seconde guerre mondiale, dans cette partie de la Flandre. Il est possible de visiter librement l’émouvant site de la Plaine au Bois, tous les jours de la semaine.
A 5 minutes du site, sur la place d’Esquelbecq, se trouve le Musée Mémorial de la Plaine au Bois. Situé dans la Maison de Westhoek, cet émouvant petit musée commémore les soldats assassinés en 1940, en replaçant l’événement dans le contexte de l’opération Dynamo et, plus largement, dans celui de la Seconde Guerre mondiale. On y retrouve aussi des objets et des souvenirs offerts par les régiments auxquels appartenaient les soldats assassinés, et l’histoire de la création du mémorial de la Plaine au Bois.
Le musée propose aussi des photographies du village pendant l’occupation (les Allemands s’étaient installés dans le château), les journaux de marche des régiments anglais narrant les combats de la bataille de Wormhout, des témoignages de soldats survivants et de fermiers de 1940, des photos souvenirs prises par un Allemand dans les Flandres, les biographies de plusieurs des soldats tués ou survivants, etc...
Le livre « Le Massacre Oublié » publié en 2001 raconte ces faits historiques. Il est disponible en versions française et anglaise dans les Offices de Tourisme d’Esquelbecq et de Wormhout.