Le nom de la localité de Bavay est attesté sous les formes Bagacum/Bagaco (300), Bagacum, Itinéraire d'Antonin, la Table de Peutinger, Bacaco (365), Bavaca (869-75), Bavacum au XIVe siècle, Bavai (1793). Le nom de Bagacum est un dérivé en -acum, suffixe localisant à l'origine, précédé de l'ancien terme celtique bagos : hêtre. Néanmoins qui pourrait s’imaginer que ce discret petit bourg a été l’un des carrefours de l’Antiquité ? Et qu’elle abrite encore de nos jours l’un des plus grands forums antiques du monde gallo-romain et le plus grand de France ?
À la croisée des chemins, Bagacum, désormais plus connue sous le nom de Bavay, a connu ses heures de gloire sous l'Antiquité. Il y a de nombreux siècles passés, Bagacum était la capitale des Nerviens, l’un des plus puissants peuples du nord de la Gaule… L’empereur Auguste avait partagé la Gaule en trois provinces, dont la “Gaule belgique”, située entre la Seine et le Rhin, dans laquelle le territoire des Nerviens occupait un vaste territoire compris entre l’Escaut, la Sambre et la Meuse.
Au XIIe siècle, la région de Bavay fait partie du comté de Hainaut. Aux XIIIe et XIVe siècles, la ville est fortifiée, le dessin de l'enceinte médiévale et de son importante levée de terre apparaît encore aujourd'hui. En 1433, le comté de Hainaut dont Bavay fait partie devient partie intégrante des Pays-Bas bourguignons très prospères. Bavay connaît alors une période économique très prospère. Rattachée au royaume de France à la fin du XVIIe siècle, la commune prend alors peu à peu le visage qu'on lui connaît désormais. Appréciée des visiteurs de passage, la cité de Bavay séduit par la richesse de son patrimoine historique, elle possède encore plusieurs vestiges de son riche passé gallo-romain.
En arrivant dans l'ancienne cité Nervienne, dirigez-vous vers le site archéologique de l'antique Bagacum. Il est possible de découvrir un forum du Ier siècle qui a été dévoilé au grand jour au moment des bombardements de 1940. Quand une histoire en chasse une autre… quelle ironie du sort que les faits qui se produisirent à Bavay le 17 mai 1940 mettent à jour des restes de la cité antique. Les vestiges du forum de Bavay datent de 150 après Jésus Christ. Il est l'un des seuls en France qui a pu être entièrement dégagé et sa basilique longue de 98 m est la plus grande découverte à ce jour. Au cours de notre visite dans les vestiges archéologiques qui s'étendent sur près de trois hectares, vous pouvez imaginer ce qu'était le centre d'une ville à l'époque gallo-romaine. Découvrez les ruines du forum, une basilique civile et un cryptoportique.
À côté, le musée départemental d'Archéologie abrite des objets issus des fouilles menées sur le site tels que bronzes, poteries, vaisselle... Depuis 2004, le musée présente une restitution en 3D du forum de Bagacum Nerviorum, capitale des Nerviens. Cette restitution est actualisée et continue d'évoluer, au fur et à mesure des découvertes sur le site et de l'accroissement des connaissances archéologiques et architecturales. Baladez-vous ensuite dans les petites rues aux allures médiévales en passant par la Grand'Place et son beffroi.
Entre les XIIIe et XIVe siècles, la cité de Bavay s’est développée à l’intérieur d’une muraille construite en s’appuyant sur la muraille romaine du IIIe siècle, sur une levée de terres qui ceinture le centre-ville aujourd’hui encore. Les murs, qui étaient flanqués de sept grosses tours, ont été quasiment tous détruits en 1654. Il n’en reste que quelques-uns, adossé au forum antique. Mais vous pouvez parcourir leur ancien tracé le long du “sentier des Remparts”, proposé par l'office de tourisme afin de découvrir les sites et monuments importants de la ville. Le long de la visite, vous croisez des panneaux numérotés, qui vous expliquent ce qu’était le lieu ou ce que représente tel ou tel monument.
Vous pouvez également commencer votre balade par l’église Notre-Dame de l’Assomption, qui se dresse juste en face du forum antique. L’église Notre-Dame de l’Assomption, dont on remarque l’important chevet et le clocher, a une histoire mouvementée. De date inconnue, construite sur l’emplacement des thermes romains, cette église est très ancienne, elle fut en partie détruite par un incendie en 1469, puis entièrement par un autre incendie en 1572, occasionné par des troupes espagnoles. L’église actuelle est construite sur l’emplacement de cet édifice primitif en 1575. La tour du clocher est consolidée en 1709 et refaite en 1781. La tour porte la devise “Jesus Maria” des oratoriens : une congrégation religieuse fondée en 1611 et spécialisée dans l’enseignement. Le mur sud de la nef est rebâti en 1715, avec élargissement du bas côté. La sacristie est ajoutée en 1867, la tour restaurée de nouveau en 1892. La couverture de l’édifice et une partie du pignon ouest sont détruits lors des bombardements de la seconde guerre mondiale en 1940. L’église est réparée en 1943 et des vitraux contemporains sont installés en 1979.
Edifiée sur un soubassement en grés, l’église Notre-Dame de l’Assomption est principalement construite en briques rouges avec des appareils en pierre bleue notamment autour des baies. Sa façade est résolument tournée vers le Forum antique en léger surplomb. L’église comprend une nef de trois travées, séparée des bas côtés par des colonnes supportant des arcades plein cintre, un chevet à trois pans et deux travées et un clocher en façade coiffé d’un dôme. L’église Notre-Dame de l’Assomption abrite deux statues d’évêques du XVIIIe siècle et plusieurs dalles funéraires des XVII et XVIIIe siècles dont celle de Jean du Chasteler, prévôt de Bavay et de son épouse Françoise de Carondelet morts en 1624. La jolie statue de Notre Dame de l’Assomption date du XVIe siècle. Dans l’entrée, on peut admirer aussi les murs du couvent des sœurs grises fondé en 1508. Une stèle, à la mémoire du chanoine Henri Biévelet, initiateur des fouilles archéologiques modernes, est aussi visible sur le parvis de l'édifice.
Un hypocauste retrouvé dans ses fondations témoigne de l’emplacement d’anciens thermes de l’époque romaine. L'hypocauste est le nom donné au système de chauffage par le sol utilisé à l'époque romaine et gallo-romaine surtout dans les thermes romains. Celui de Bavay se situe dans une cave de la rue Saint Maur. Datant du 1er siécle de notre ére il a été découvert par le Chanoine Henri Bievelet en 1953. Engagez-vous dans la Rue Saint-Maur, nommée Saint-Maur en souvenir de l’hôpital Saint-Maur fondé en 1425 qui se trouvait derrière le monument aux morts de la place du 11 novembre. Passez ensuite sur la place charles de Gaules où l’ont peut admirer l’hôtel de ville.
L’hôtel de ville de Bavay en pierre bleue, date de 1784, il a été construit en remplaçement du premier hôtel de ville construit au milieu du XVIe siècle par Jacques Dubreucq, sculpteur belge, auteur de l'église Sainte Waudru à Mons. Suite à l’implantation de plusieurs entreprises au début des années 1860, les finances publiques de Bavay prospèrent alors et en 1867-1868, d’importants travaux de réfection de l’hôtel de ville sont entrepris. Sur la façade de l’hôtel de ville, une plaque fut déposée en 1957, par les Amis de Bavay, sous l’impulsion de leur président, René Damien (1893 1971). Elle rappelle la bataille du Sabis, gagnée par César sur les Nerviens : « En l’an 57 avant Jésus-Christ, le peuple nervien, sous la conduite de son chef, Boduognat, avec l’aide de ses alliés Atrébates et Viromandues, ont balancé un instant la fortune de César ».
L’hôtel de ville est adossé à une tour dite Le Beffroi dont la construction remonte au XVIIe siècle. A gauche de la tour, se trouve l’ancienne maison du garde de la même époque dont le pignon est à pas de moineau. L’ancienne maison des gardes est érigés en briques peu de temps après le rattachement du nord à la France par le traité de Nimègue. Plusieurs campagnes de réparations sont réalisées sur la tour par l'architecte Aubry au cours du XIXe siècle. L'aménagement de la salle principale, située au rez-de-chaussée, constituée par la réunion de la prison des hommes et de la chambre occupée par le concierge, a été réalisé par l'architecte Aubry en 1827-29. En 1862, l'architecte de la ville, Félix Guillemin, conçut un projet d'agrandissement et de rénovation de l'hôtel de ville. Le pignon à redent de la maison des gardes donne dans la rue Pierre-Mathieu.
Une des maisons les plus anciennes de Bavay, portant la date de 1682 sur les fers d’ancrage, est située à l’angle sud-ouest de la place. Au centre de la place Charles de Gaulle, se trouve une colonne de 1870 portant la statue de la reine Brunehaut. Si les voies romaines de la région s’appellent Chaussées Brunehaut, c’est une erreur d’attribuer leur construction à la reine Brunehaut, princesse germanique du VIe siècle devenue reine des Francs, qui régna sur un royaume mérovingien pendant 33 ans. (547 613). Le monument ne s’appuie que sur une légende et en réalité, il remplace une colonne romaine qui marquait le lieu de rencontre des sept chaussées romaines qui se dirigeaient vers le Rhin, l’Océan, les Alpes et les Pyrénées.
C'est une colonne octogonale à cannelures baguée. Elle repose sur un socle octogonal. Chaque face porte l'inscription du nom de la ville où la chaussée aboutit, ainsi que les armes de la ville sur le fronton cintré terminant chaque face. La colonne est terminée par un dôme enserré dans un crénelage souligné par une rangée d'oves. En vous baladant dans la ville, admirez dans les rues les nombreuses façades anciennes et ne manquez pas non plus d'admirer le kiosque de concert octogonal, situé dans le parc municipal Gaudonnet, il a été conçu en 1958 en remplacement du kiosque démontable qui se dressait sur la place. À la sortie du parc, on passe le porche du presbytère qui etait l’entrée de l’ancien couvent des Sœurs grises, créé au XVIIe siècle et disparu durant la Révolution française.
Dirigez-vous vers la Rue Notre-Dame située près du château d’eau. Des plans de la ville du XVIe siècle révèlent qu’il y avait hors des murs des remparts une maladrerie qui servait d’hôtellerie de quarantaine lors d’épidémies. Si vous voulez continuer la balade, vous pourrez aussi rejoindre le cimetière communal qui abrite douze tombes de la Commonwealth War Graves Commission de soldats morts durant la Première Guerre mondiale en août 1914 ou novembre 1918.
Avant de retourner vers la place centrale, vous croiserez quelques beaux bâtiments en briques et pierres bleues, typiques de la région, construits au XVIIIe siècle. Dans la Rue des juifs, se trouve la Maison du Patrimoine, cette construction est vraisemblablement le vestige d'un ensemble plus vaste qui n'a pas pu être identifié. La forme de l'édifice laisse à penser qu'il s'agit d'un pigeonnier. Sur votre droite, la Rue des Récollets, le couvent des Récollets a été fondé en 1664. Il fut vendu en 1792 sous le nom de « Maison Crapez » ou « Château Gauthier ». C’est en cette demeure que le mayeur de Bavay reçut à diner, le 25 juin 1815, Louis XVIII lors de son retour d’exil en provenance de Gand. Les Récollets constituaient un ordre mendiant qui assurait l’enseignement de la religion et les prêches dans les églises rurales. Une nouvelle fois, le nom des rues et des ruelles, nous rappelles qu'elles fond parties de notre patrimoine historique.
Les amateurs d’archéologie pourront visiter les ruines du château des Comtes de Landas. A proximité de Bavay, le château de Rametz appartint au moyen-âge à la famille Proisy, en 1325 à la famille d’Yve jusqu’en 1766 où il devint la propriété d’une grande famille espagnole : Butron de la Tore. Les bâtiments sont surtout du XVe Siècle, avec des soubassements de fortification en grés du XIVe. En 1825, le château fut restauré. Dans la cour se trouve une chapelle du XVIIe Siècle.