Bergues se situe dans le Blootland Français, une plaine maritime qui comporte quelques polders et un important réseau de canaux dont le débit doit être réglé en permanence. Le nom de la ville vient du néerlandais groene berg qui signifie "colline verte". En 1646, la ville était appelée Bergue-Saint-Vinox. Pendant la Révolution française, pour gommer la référence à l'église contenue dans le nom Berghes-Saint-Winoc, la ville est rebaptisée Bergues-sur-Colme. Avant de visiter Bergues, il est essentiel de comprendre les origines et l’évolution de ce village d’exception. Remontez le temps et découvrez comment cette petite bourgade est devenue l’un des joyaux du patrimoine du Nord.
Bergues a eu une riche histoire, et fut une place politique longtemps importante. Sous l'Empire romain, ce qui sera la ville de Bergues faisait partie de la Gaule belgique et était habitée par les Ménapiens. Bergues a changé au moins cinq fois de maître au cours de son histoire depuis le Moyen Âge : elle a appartenu pendant 522 ans aux comtes de Flandre, puis 93 ans aux ducs de Bourgogne et comtes de Flandre, 79 à la maison d'Autriche, 111 ans à l'Espagne (Pays-Bas espagnols), avant de devenir définitivement française en 1668. Que ce soit au niveau de ses façades, de ses places, de ses traditions, Bergues est l'une de ces villes flamandes sur lesquelles le temps semble n’avoir pas d’emprise.
Comme au temps jadis, Bergues est rythmée aux accents de son carillon qui égrène tous les quarts d'heure ou quand il sonne de ses cinquante cloches pour le marché du lundi matin ou les fêtes traditionnelles comme le carnaval. Des remparts séculaires aux canaux paisibles, en passant par l'impressionnant beffroi et les charmantes ruelles pavées, laissez-vous guider à travers les mille et un attraits de ce village hors du temps. Découvrez Bergues à pied, au détour des rues, ruelles et places qui ont pour la plupart gardé leur trace du Moyen Âge ou leur style typique de la Flandre. Si "l’incontournable" Vauban a œuvré à l’invulnérabilité de la Ville, il n’est pas le seul, ce qui donne une physionomie toute particulière à cette place-forte aux murs ocres.
Bergues a conservé la quasi-totalité de ses remparts. L’ouvrage à corne protégeant la porte sud, les deux bastions retranchés de l’ouest et de la redoute Fort François, située le long du canal nord-est ont été démolis. Les fossés ont été également remblayés dans cette zone. Les autres inondations et remparts sont conservés mais envahis par la végétation. Qu’ils soient médiévaux ou dus au talent du génial Vauban, la ville s'est blottie au pied de son beffroi. Vous pouvez stationner votre véhicule au Parking du Stade, situé Chemin des Fortifications.
Dirigez-vous vers la Porte de Cassel, dédiée à Louis XIV, qui conquit la Flandre au XVIIe siècle. Cette porte était la porte d'entrée principale de Bergues. La ville possède encore 5 portes. De style classique, celle-ci porte le soleil rayonnant, emblème de Louis XIV, sur le fronton triangulaire qui la surmonte. Continuez vers le Beffroi de Bergues, Place de la République. Faisant face à l’Hôtel de Ville, le beffroi et son carillon font la fierté des Berguois. Troisième beffroi construit à cet endroit. Le premier l’a été en 1112, celui-ci a été reconstruit en 1961 suite à sa destruction par incendie (30 mai 1940) puis par dynamitage (16 septembre 1944) par les Allemands. Il reprend dans ses grandes lignes le beffroi précédent.
Symbole des libertés communales et de la ville, le Beffroi de Bergues d'une hauteur de 47 mètres est inscrit au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Il abrite aujourd’hui le carillon, l’Office de Tourisme, l’Espace Beffroi ainsi que les écoles de dessin et de musique de la ville. Pour accéder à son sommet : courage ... un simple escalier de 206 marches. Le carillon, c'est 6 tonnes de bronze. La plus grosse cloche pèse 1500 kg, la plus petite 14 kg. Le premier carillon, qui datait de 1544, ne possédait que 10 cloches. Une fois à son sommet, profitez de la vue imprenable sur la plaine des flandres.
Traversez la Place de la République en direction de l’Hôtel de Ville de Bergues. Reconstruit en 1871 avec les pierres bleues de Soignies et grises de Marquise de l’ancien bâtiment de style renaissance flamande. Avec ses meneaux, ses colonnettes et ses obélisques, l’hôtel de ville de Bergues rappelle des constructions belges de la même époque. À droite, sur la façade, un buste de Lamartine rappelle l’élection de ce dernier en tant que député de Bergues en 1833. À partir du printemps, le géant “L’Électeur de Lamartine”, créé en 1913 et coiffé d’un chapeau haut de forme, vient s’asseoir devant l’hôtel de ville.
Empruntez la rue du Gouvernement à droite puis tournez à droite, rue des Annonciades. Franchissez la porte de Marbre et longez par la gauche les deux tours : la Tour carrée et la Tour pointue, vestiges de l’Abbaye Saint-Winoc. Au début du XIe siècle, un moine breton nommé Winoc provenant de Saint-Omer a évangélisé le Groënberg ou “mont vert”, où se situait Bergues, et a fait construire sur la colline une abbaye bénédictine. A l’aurore de la révolution, l’Abbaye Saint-Winoc est rayonnante et prospère. Les 25 moines qui y résident, jouissent de l’estime générale de la population. Ils ont su maintenir l’observation stricte des règles de Saint-Benoit.
Porte d’entrée du Champs de mars, devenue aujourd’hui jardin public, la Porte de Marbre est à l’origine le portail d’entrée de la cour du palais abbatial. Lors de la Révolution Française, la colline devient un champ de manœuvre pour les troupes et les moines en sont chassés. Seules les Tours Carrée et Pointue ont survécu à la destruction de l’abbaye Saint-Winoc, en leur qualité d’amer pour la navigation. Les navires entrant dans le chenal de Dunkerque prenaient une direction sûre en se guidant sur les deux tours de Bergues. En 1812, la Tour Pointue s’est effondrée, faute de soutien, et le Ministère de la marine l’a fait reconstruite. La ville a acheté le site, au début du XXe siècle, pour en faire un jardin public. La Tour Carrée, bâtie à la croisée du transept de l’ancienne abbaye, est aujourd’hui la plus vieille construction de la ville qui subsiste.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le jardin de l’ancienne abbaye Saint Winoc, a servi de cimetière aux troupes allemandes. Aujourd’hui, les sentiers du Jardin public de Bergues sont un lieu incontournable pour les balades en famille. A la sortie du jardin public, virez avenue Félix Baert à droite jusqu’au bastion, passez sous l’arche de droite. Avant la troisième arche, engagez-vous à gauche, descendez les marches deux fois puis, par la poterne à droite, quittez les remparts. Préservée dans sa quasi-totalité, l'enceinte fortifiée de Bergues dispose de plusieurs témoins de ses différentes périodes de contractions.
Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, a durablement marqué le paysage français. Architecte, ingénieur et urbaniste, il excelle dans la construction d’ouvrages militaires, défensifs et offensifs. Maréchal de France, il dote la France d’une véritable ceinture de fer. Sur les ordres du roi Louis XIV, il construit trente places fortes et en réaménage plus de trois-cents. Au pied des remparts, cheminez à gauche. Longez à gauche le fossé entourant les fortifications (bien suivre le balisage). Rejoignez l’avenue de la Liberté. Empruntez cette rue le long du trottoir, montez à gauche 5 marches puis poursuivez à gauche par le haut des remparts. Contournez la maison de retraite.
Quittez le chemin de ronde à droite, montez l’escalier et traversez la rue pour entrer à nouveau dans le jardin public. Traversez-le pour retrouver la rue Félix Baert que vous empruntez à gauche jusqu’au rond point. Suivez alors à droite la rue des Postillons, traversez puis un peu plus loin, passez sous la poterne et retrouvez- vous à nouveau à l’extérieur des remparts. Poursuivez à gauche en suivant bien le balisage. Traversez avec prudence la Route d’Hondschoote, dirigez-vous vers le camping en face, franchissez le pont de Bergues. Le canal de la Basse-Colme serpente le long de la rue du Port et du quai de la Manutention.
Dans le virage, quittez la rue Vauban pour les remparts en face et rejoignez la porte aux Boules. Franchissez le pont et longez à gauche le canal du Roi. Quittez le canal du Roi à gauche, croisez les terrains de tennis, le camping et aboutissez au pont de Bergues. Franchissez-le, traversez avec prudence la route, au passage admirez la Porte d'Hondeschoote. La construction de cette porte remonte à 1679. Autrefois, elle comportait un pont-levis. En 1910, la porte perdit sa partie supérieure (elle fut décapitée). Elle fut élargie en 1935. Repérez les nombreux détails architecturaux sur les façades : les mascarons, les datations de bâtiments, les niches, les gratte-pieds, chasse-roues et sonnettes.
Virez en bas à droite sous le Passage de la Jardinière. Continuez par la rue du Coq. Puis, tournez à droite dans la rue des Capucins et prendre la direction de l’église Saint-Martin de Bergues. La première église Saint-Martin a été édifiée vers l’an 900, mais l’histoire agitée de Bergues a obligé à plusieurs reconstructions ou remaniements. Elle a été remplacée à la fin du 16e siècle par une grande et vaste hallekerque (église-halle) de style gothique tardif. Durant la Seconde Guerre mondiale, celle-ci a été incendiée en 1940, puis détruite en 1944. Seule une partie du mobilier avait été évacuée en 1939, dont des toiles flamandes et italiennes conservées au musée du Mont-de-piété. Le nouveau édifice, construit à l’emplacement de l’ancienne église, ne garde de celle-ci que le chœur latéral et le bras droit du transept, mais avec trois vaisseaux à la toiture de même hauteur, faisant de cette église une hallekerke, typique des Flandres.
Devant l’église Saint-Martin de Bergues, le monument aux morts de Bergues surprend par son style. La plupart des monuments de la Grande Guerre célèbrent la victoire, la patrie, mais, si la sculpture féminine représente surement la ville victorieuse, le soldat en bronze effondré sur le sol est clairement décédé. En face de l’église Saint-Martin de Bergues se dresse également le Mont-de-piété, un ancien organisme de prêt sur gage, bâti entre 1629 et 1633 sur les plans de Wenceslas Cobergher. L'ancien mont-de-piété, bâtiment de briques et de pierres, accueille le musée municipal de Bergues. Ce lieu expose des peintures flamandes, françaises et italiennes.
Dans la salle consacrée à l’art religieux du musée municipal de Bergues sont exposées des pièces d’orfèvrerie provenant du trésor de l’église Saint-Martin de Bergues. Avant de repartir, faites un petit tour dans le jardin situé derrière le musée municipal de Bergues, vous pourrez vous asseoir sur un banc pour admirer les fenêtres surmontées d’arcatures. Retrouvez un peu plus loin le parking du départ. De nombreux restaurants offrent les spécialités locales : Fromage de Bergues, Saucisse de Bergues ou Potsch'vleech, arrosés comme il se doit d'une bonne bière du pays.
A proximité immédiate de Bergues, c'est la découverte de la Flandre, de ce plat pays où fleurissent ces gros bourgs aux murs de briques et leurs gigantesques églises, de cette terre que sillonnent canaux et watergangs, et dont les chemins, jalonnés de chapelles ou de petits ponts, conduisent encore parfois jusqu'à quelques moulins ou quelques estaminets…