La route pour se rendre à Dunkerque traverse le Blootland, aussi appelé "plaine maritime de Flandre", caractérisée par un paysage plat de champs cultivés. Le paysage est également composé de nombreux canaux chargés de drainer les eaux vers la mer : les wateringues. Le nom de Dunkerque est vraisemblablement issu de l'ancien néerlandais puisqu'il apparaît en 1067 sous la forme Dunkerka qui signifie « église de la dune ». On y parle un dialecte très particulier, avec des mots empruntés aux marins et au flamand occidental : le dunkerquois. La légende veut que la ville ait été fortifiée par le terrible Allowyn, figure mythique représentant un chef germain ou scandinave, réputé fondateur de Dunkerque, et ait ainsi été la seule ville de la côte (la mer allant alors jusque Saint-Omer) à être préservée des attaques et pillages des Vikings. Aujourd'hui, Allowyn réapparaît à chaque carnaval de Dunkerque sous les traits du « Reuze » (de reuzen), le géant.
L'histoire de Dunkerque est liée à la mer du Nord. La ville se développa autour de son port. Du fait de sa position, elle suscita de nombreuses convoitises et appartint périodiquement au comté de Flandre, au royaume d'Espagne (Pays-Bas espagnols), aux royaumes d'Angleterre et de France. Le 25 juin 1658, elle changea trois fois de nationalité et devint définitivement française le 27 octobre 1662. Laissez votre voiture sur l'un des parking de la ville et promenez-vous nez au vent, vous n'en apprécierez que mieux ses nombreux charmes. Faire une balade pédestre en ville, c’est goûter à une succession d’instants marquants de son histoire. Les dunkerquois ont vu leur cité 33 fois sacrifiée.
Dirigez-vous vers l'Office de Tourisme et des Congrès Communautaire, situé au Beffroi de Saint-Eloi, Rue de l'Amiral Ronarc'h. La tour aurait été initialement construite au XIIe siècle pour servir de phare et lorsque le seigneur Robert le Bar décide en 1450 d'en faire le clocher de l'église Saint-Eloi, il la fait relever à 58 mètres. En 1558, les français qui envahissent la ville brûlent l'église, seule la tour subsiste au milieu des ruines. Ce beffroi qui abrite un carillon de 50 cloches servira jusqu’en 1940 de tour de guet. Le guetteur veillait jour et nuit à la sécurité de la ville en cas d’incendie ou d’attaques ennemies et entretenait également un feu servant de balise pour les marins car la tour a toujours servi de repère visible depuis la mer. Selon la tradition, une seule et même famille, les Garcia, aurait occupé cette charge durant 600 ans. La terrasse panoramique du Beffroi de Saint-Éloi vaut le détour. En toute liberté, vous accédez à la plateforme par l’ascenseur, c’est facile. Il faudra compter ensuite une soixantaine de marches d’escalier pour découvrir le panorama à 360° sur la Flandre, la mer du Nord et le 3ème port de France.
Après cette visite vertigineuse, dirigez-vous vers l'Église Saint-Éloi, située à proximité de la Place Jean Bart, porte de nombreuses strates de l’histoire du Moyen-Âge à nos jours. Les premières traces de sa construction datent du XVème siècle, approchez-vous de la façade pour observer les impacts d’obus que les guerres ont laissés derrière elles. Si les portes de l’église sont ouvertes, entrez discrètement. Surnommé « cathédrale des sables », l’édifice de plan allongé est construit de briques à l’exception des encadrements de fenêtres, des piliers intérieurs et de la façade qui sont réalisés en pierre blanche. Sans cesse restaurée et agrandie depuis sa création, l’église à cinq vaisseaux a pris de nombreuses formes architecturales au fil des temps, des incendies et des destructions. En prolongeant les nefs latérales, un espace déambulatoire comporte cinq chapelles qui permettent le recueillement. Dans le choeur de l’église, repose le héros dunkerquois, Jean Bart, corsaire anobli et vénéré par le roi Louis XIV.
Continuez vers la Place Jean Bart, jusqu'à l'inauguration de la statue en 1845, la place s'appelait "place Royale". Après, elle changea de nom pour s'appeler "place Jean-Bart". Le corsaire de bronze, monté sur son piédestal entouré du nom de ses vaisseaux, veille sur la ville depuis 1845, date à laquelle le sculpteur David D'Angers afficha son talent en l'honneur de notre héros des mers. Sans égal sur les mers, le marin dunkerquois, en fin stratège, sauva maintes fois le royaume de Louis XIV des convoitises ennemies et la France de la famine en 1694. Le célèbre corsaire dunkerquois, Jean Bart fut anoblit par le roi Louis XIV.
En longeant les commerces de la Place Jean Bart, laissez le corsaire derrière vous et tournez à droite dans la rue piétonne de la Marine. Longez "l’Axe Marine" jalonné de sculptures minimalistes réalisées par l’artiste new yorkais spécialiste du Land Art, Richard Nonas. Les blocs de granit marquent la continuité de la perspective entre la ville et les premiers bassins du port. Sur votre gauche, par la rue du Président Wilson, contournez le Centre marine pour rejoindre le Parc de la Marine et les bassins.
Sur votre chemin, la porte de la Marine, érigée par Vauban, est tout ce qui reste de l’ancien arsenal construit en 1686. C’est par cette porte que s’ouvrait autrefois l’arsenal. Aménagé suivant la volonté de Louis XIV, il servait à la construction, à l’accastillage et à l’entretien des navires de guerre. Les bassins sont situés juste en face. Poursuivez votre parcours vers les bassins jusqu'au Quai de l'Estacade où se trouve le Princess Elizabeth. Cet élégant bateau à roue à aubes offre aujourd’hui brunch et restauration dans un cadre cosy « so british ».
Le Princess Elizabeth est une mémoire unique et bien vivante dans le bassin de la Marine. Ancien ferry, utilisé comme dragueur de mines au début de la guerre, membre des « Little Ships » et « croix militaire Dunkirk 1940 », ce bateau à vapeur des années 20 demeure une véritable pièce de musée qui a effectué quatre traversées en mer du Nord en juin 1940 sauvant la vie de près de 1700 hommes durant l’une des plus grandes opérations de rembarquement de soldats de l’histoire militaire, l’Opération Dynamo.
Longez le bassin jusqu'à la Communauté Urbaine de Dunkerque. Créé par décret ministériel, la première communauté urbaine de France est née à Dunkerque. Le bâtiment de l'Hôtel communautaire fut inauguré en 1988. Les éléments de sa construction reprennent l’architecture régionale avec l’utilisation de tuiles et de couleurs beige et rouge. Dans le hall de l’Hôtel communautaire, une mosaïque monumentale représente le Carnaval de Dunkerque.
Longez le quai jusqu’au bassin du Commerce. Devant vous, observez le quai de la Citadelle. Visitez le Musée portuaire de Dunkerque. Situé dans un lieu édifié en 1868 qui abritait autrefois un entrepôt de tabac, le magasin Bourdon. Il est né en 1992 de l'initiative d'anciens dockers qui dès les années 1970 avaient entrepris de réunir et conserver des témoignages de leur métier et de leur milieu. Constitué essentiellement d’outils traditionnels de dockers, il s’agissait donc au départ d’un musée professionnel qui s’est enrichi et considérablement développé par la suite. Toutes les histoires fascinantes du port sont racontées dans ce bel écrin de près de 1 600 m² d’expositions. Des corsaires aux pêcheurs à Islande, des dockers aux pilotes, des goélettes aux porte-conteneurs, tous les métiers du port de Dunkerque sont retracés sous forme d’images, de maquettes, de photographies, de tableaux ou d’espaces interactifs.
Dirigez-vous devant le Trois-mâts Duchesse Anne. Le « Grossherzogin Elisabeth » est un 3 mâts de la Marine marchande allemande d’une longueur de 92 mètres qui trône, de son élégante carcasse blanche, au milieu du bassin du Commerce. Premier navire école conçu pour la formation d’officiers, il pouvait accueillir jusqu’à 200 cadets. En 1932, il cessa de naviguer, puis sera remis à la France comme dédommagement de guerre en 1946, et sera sauvé de la casse en 1970 grâce à l’opiniâtreté de quelques passionnés. Il est le seul trois-mâts carré visitable de France.
Une déhambulation le long du quai de la Citadelle offre une vue imprenable sur le port de plaisance. Petits et grands voiliers se côtoient, frémissants aux vents du nord. Le bassin du Commerce, profond de 4,20 mètres, est séparé de la mer du Nord par une écluse, ce qui permet de maintenir un niveau d’eau constant. Autrefois, depuis la plus haute lucarne de leur hôtel particulier, les armateurs guettaient les navires entrant au port. Dans ce berceau maritime, manufactures, brasseries et filatures ont façonné l’expansion du port historique. D’imposants entrepôts du XIXe composent les façades de la Citadelle, devenue aujourd’hui le campus universitaire et de recherche de Dunkerque, le rendezvous incontournable des véritables noctambules et le point d’ancrage de l’histoire du 3e port de France.
Continuez vers le Bateau-feu Sandettié. Reconnaissable à son rouge flamboyant, ce vaisseau de 47 mètres protégeait les navires de l’échouage. Construit en 1952, le Sandettié fut mis à la retraite en 1989 après 37 ans de loyaux offices. Ce sera le dernier en activité en France. Les bateau-feux sont aujourd’hui remplacés par des bouées balises automatiques fonctionnant à l’énergie solaire. Poursuivre jusqu’au remorqueur l’Entreprenant. Construit à Dunkerque en 1965 aux Chantiers Ziegler, « L’Entreprenant » est muni d’un incroyable système de traction et d’un moteur huit cylindres de plusieurs milliers de chevaux. Il doit son nom à des qualités qu’il a déployées durant sa mise en service. S’il est devenu un fleuron du patrimoine flottant, pas moins de sept remorqueurs sont amarrés aujourd’hui au-delà du Môle 2, toujours prêts à partir en mer. Ils sont « Farouche », « Clairvoyant », « Adroit », « Puissant »…
Rejoignez la place du Minck sur votre droite où se dresse la tour du Leughenaer. Sur la place du Minck, tous les matins de bonne heure, les pêcheurs dunkerquois vendent la pêche du jour en direct des aubettes. Témoignage du passé flamand, le terme « Minck » ou « Mijn » signifie en néerlandais « le mien ». Autrefois, le premier à le crier remportait le poisson. Observez au loin un drôle de pont comme une table posée à l’envers. Le chenal mène ici à la pleine mer. Le marnage, différence entre marée haute et marée basse, est de 4 à 7 mètres.
Sur la place du Minck, la tour du Leughenaer est à l'origine une tour ronde faisant partie des fortifications bourguignonnes de 1406. La Tour a résisté à toutes les guerres. Sa forme actuelle, octogonale, est probablement due à son rattachement en 1548 à un petit château, elle sert alors de « tour à feu ». La tour est cédée par le roi à la société de pilote en 1754. La tour devenue trop vieille, elle doit être reconstruite en 1759, on ne conserve que le rez-de-chaussée de l'ancienne tour. Elle est isolée en 1793 lors de la destruction du petit château. À l'aube du XVIIIe siècle, en 1798, elle accueille le télégraphe de Chappe. En 1824, la tour devient un phare, le premier de Dunkerque, et on la rehausse pour cela d'un étage. En 1766, l'ouvrage est acquis par la ville. C’est le monument le plus ancien de la ville.
A gauche de la tour, suivez le quai des Américains puis le quai des Anglais. Au niveau du pont de la Bataille du Texel, prenez à droite la rue de la Cartoucherie et, 500 m plus loin, à gauche, rue du contre-torpilleur Triomphant. Après 100 m, longez à gauche la rue des Chantiers de France, jusqu'au Musée Dunkerque 1940 Opération Dynamo, Courtines du Bastion. Après cette visite, entrez à droite dans le Jardin des Sculptures, parc du Musée d’art contemporain. Le Jardin des sculptures, conçu en 1978, entoure le musée d’art contemporain de Dunkerque : il expose des œuvres à travers ses chemins et ses dunes.
Longez le musée puis passez entre l’entrée et le bassin. Au bout du bassin, prenez à gauche et sortez du parc. Traversez l’avenue des Bains, rejoignez en face le sentier en bordure du canal exutoire, qui évacue vers la mer les eaux des wateringues, et longez-le à droite. Rejoignez la rue du 110ème Régiment d’Infanterie à droite. Traversez au passage protégé, partez à droite et bifurquez immédiatement à gauche rue du fort de Vaux. 20 m plus loin, un sentier à gauche aboutit place de la Petite Chapelle. Suivez brièvement à droite la rue du Leughenaer puis à gauche la rue Henri Terquem. Coupez la rue des Arbres. Au bout, effectuez un bref crochet droite/gauche rue Emery et engagez vous dans le square Léon Morel. Vous voici place du général De Gaulle. Partez à droite puis traversez à droite le cours François Bart.
Au bout, vous aboutissez à gauche, par le passage sous immeuble, face à l’hôtel de ville. Classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO, le beffroi de l’Hôtel de ville fait partie de la vingtaine de beffrois classés dans la région. Sa construction débute en 1897 et se termine en 1901. Le décor de sa façade vénère les grandes figures dunkerquoises. Au centre, se trouve la statue équestre de Louis XIV qui racheta la ville de Dunkerque aux Anglais en 1662. De style néo-renaissance flamande, la façade est dotée de larges vitres. Pendant le carnaval, c’est depuis ses balcons que le maire et ses invités jettent traditionnellement des centaines de harengs à une foule de joyeux masquelours. Dans l'arrière-cour réside, ignorée de la plupart des Dunkerquois, la Porte monumentale datant du XVIIe siècle, du même style que la Porte de la Marine.
Au sein de ce bâtiment emblématique fait de briques et de pierres calcaires de la région, un vitrail monumental raconte le retour de Jean Bart après la bataille du Texel en 1694, véritable victoire pour le royaume. Pour le préserver des affres de la la guerre, l’oeuvre du maître-verrier parisien Felix Gaudin fut démontée et conservée à Lille. Si l’hôtel de ville est ouvert : Franchissez la porte, prenez le tapis rouge. L’accès au vitrail pour les personnes à mobilité réduite se fait par la rue Faulconnier. Ne manquez pas également la Maison de l’Armateur, 15 Rue Faulconnier. Enfin, savourez la gastronomie dunkerquoise qui est un sublime reflet de son histoire maritime. Les fruits de mer, comme les moules et les crevettes grises, sont des incontournables à déguster. Les estaminets, ces bistrots traditionnels, offrent une ambiance chaleureuse où déguster des plats locaux accompagnés d'une bière régionale.