L'origine exacte du nom de Méounes est discutée. On a vu son origine dans le nom de la déesse romaine Mellona, protectrice des abeilles et des ruches. Il existe également un "mel", slave ou celte, signifiant "argile blanche" ou "craie". Le nom Melno apparaît pour la première fois en 965, dans un cartulaire de l'abbaye de Saint Victor et désignait une dépendance de la "villa" de Fiossac, à la Roquebrussanne. Melno devint Melna, puis Meuno, Meaune, Méounes. L'ajout "lès Montrieux" du latin "montis rivis" : "les monts aux ruisseaux", est très récent.
Les premières traces d'implantation humaine à Méounes remontent à la préhistoire. En attestent les outils en pierre taillés retrouvés dans les cavernes ou grottes aux alentours du village. Pour la période gallo-romaine, on a découvert des vertiges autour de chapelles Saint Lazare et Saint Michel, dont le plus spectaculaire est une pierre d'autel dédié à Jupiter. L'ancien sanctuaire païen dont il faisait partie a probablement été modifié et christianisé vers le Ve siècle, devenant ainsi la Chapelle Saint Lazare.
Au VIIIe siècle, ce sont les Sarrasins qui mettent à sac la région et y installent des postes fixes le long de la côte, qu’ils tiendront une centaine d’années. Il y a peu de chances que Méounes ait échappé aux dévastations qui accompagnent les conquêtes successives dans cette région. C’est probablement pour cette raison que les méounais se retranchèrent derrière les murs du castrum construit au sommet de la colline de la vierge. La statue que l’on peut y voir de nos jours porte d’ailleurs le nom de Notre Dame du Château. Il est fait mention de ce château dès l’an mil.
Les seigneurs de Méounes n’ont laissé que peu de traces. Le premier cité dans les textes est Stabilis de Melna, en 1035. Ces descendants apparaissent parmi les bienfaiteurs de la Chartreuse de Montrieux au XIIIe siècle. C’est à cette époque que la lignée des seigneurs de Méounes semble s’éteindre et que le domaine revient aux seigneurs de Signes, auxquels elle est apparentée.
La fin du XIème siècle vit apparaître de nouvelles fondations, parmi les quelles la Grande Chartreuse, sur l’initiative de Saint Bruno, poussé par un désir de vie monastique dans la pauvreté et l’austérité. Si Saint Bruno s’est installé dans la vallée de Chartreuse dans le Dauphiné en 1084, c’est sur la demande de l’évêque de Marseille en 1137 que furent envoyés de la Grande Chartreuse 5 moines pour fonder Montrieux. Les chartreux installèrent un ermitage au lieu dit « Mons Rivi » (le mont du ruisseau), sur la commune actuelle de Méounes-les-Montrieux, au cœur d’une importante forêt domaniale. Cette chartreuse sera la Huitième de la maison de l'ordre.
La journée cartusienne des Pères et Frères Chartreux n’a ni commencement, ni fin ! Premier lever à minuit pour l’office de la nuit de 2 heures : veillée composée de chants et de lectures. Le lever du matin a lieu à 6 heures, suivi de la messe conventuelle à 8 heures. La matinée et l’après-midi peuvent être occupés selon un bon équilibre, en lectures spirituelles, étude ou travail manuel : forge, maçonnerie, menuiserie, électricité et aussi potager, vignes et verger pour répondre aux besoins d’une communauté qui vit "pauvrement" sur le plan matériel pour préserver une relative autarcie.
Dans la tradition monastique, l’ordre Cartusien met à l’honneur un temps quotidien de labeur corporel pour progresser vers la charité parfaite par la pratique des vertus. Le repas du midi est pris en commun seulement le dimanche et jours de fêtes. Les autres jours, chaque moine prend son repas seul en son ermitage. A 16 heures, les vêpres réunissent la communauté. Le repas du soir pris en cellule est suivi d’une méditation. Lorsque la rigueur de la discipline et les exercices spirituels deviennent pesants à l'esprit, le moine trouve dans le charme du désert et la beauté des paysages un soulagement et un regain de vigueur.
Compte tenu de ce que nous savons, tant par les archives que par les souvenirs recueillis auprès des descendants des vieilles familles de la région, et ils ont bonne mémoire, on peut très nettement situer les points forts de la présence des Chartreux au Revest jusqu'au XVIIe siècle. C'est aux recherches du Chanoîne Saglietto publiées en 1932-33-34 dans les Archives d'histoire et d'archéologie du diocèse de Fréjus et Toulon que nous devons d'avoir pu cerner avec précision le domaine de la Chartreuse aux abords du Revest.
Au Moyen Âge, un père chartreux partit voyager en Orient, en rapporta des graines et des plants de styrax aliboufier qu'il plante autour du monastère et qui deviendront une grande forêt couvrant des bois et des forêts entières, et de « riantes collines », autrefois, de Saintes-Maries-de-la-Mer à Fréjus, de Solliès, à Signes, La Farlède, Belgentier et Roquebrune. Connus des pharmaciens, étudiants de Montpellier et botanistes pendant des siècles, il fut redécouvert par Pierre Pena et Mathias de l'Obel revenant d'Italie, puis au XIXe siècle. Ils servaient à faire des chapelets et, incisés, exsudaient une résine blanche parfumée offerte aux amis des chartreux.
Les moines obtiennent en février 1212 de Geoffroy et Jauffret, vicomtes de Marseille et seigneurs de Toulon, l'exemption des droits présents et futurs pour le blé, le vin, l'huile et autres marchandises qu'ils feraient passer par le port de Toulon. La première note rencontrée dans un cartulaire de la Chartreuse remonte à l'année 1215. Elle traite d'un échange entre Montrieux et Hugues de Solliers et ses frères, des droits que possèdait Aicard, puis Torna jusqu'à Besson et Le Revest. En 1224, le Chapitre général de l'ordre des Chartreux a enterriné et confirmé, par un acte du 10 des Kalendes de juin (21 mai), les donations faites à Montrieux en 1222.
L'exemption des droits d'octroi et de péage est à nouveau exprimée en novembre 1247 par Rostaing d'Agoult, seigneur de Toulon pour le blé, le vin, l'huile, fromage et laine. qui pourraient être expédiés ou reçus par les moines de Montrieux au port de Toulon. Dans ce vaste territoire de la Chartreuse de Montrieux, les moines avaient aménagé des chemins pour le transport des récoltes et pouvaient aussi surveiller les diverses cultures que leurs fermiers y pratiquaient. Cet important territoire était le fait de 209 donations ou achats. Les moines furent non seulement des agriculteurs, mais ils surent très vite exploiter toutes les activités industrielles qui s'offraient à eux en fonction des richesses du pays. Ils créèrent des moulins à huile et à farine, ils créèrent un paroir à drap, une tannerie.
Ils exploiteront des mines de cuivre et, utilisant le combustible du bois, tireront du minerai, des lingots qui, façonnés, leurs permettaient de fabriquer de nombreux ustensiles dont les habitants des villages voisins furent les premiers à se servir. Ces mines de cuivre étaient situées à Raboeuf, l'Auberte, la Vignasse, Baralet, la Font Martin. Mais c'est dans la fabrication du verre que les chartreux excellaient. Ils furent les premiers à exploiter les carrières de sable des environs.
C’est vers 1342, que Gherardo Petracco, frère du poète Pétrarque, s'installa à Montrieux après la mort de son amour la "Bella Donna". Pétrarque lui rendit visite deux fois. Lors de la grande peste de 1348, Gherardo refusa de quitter la chartreuse et fut le seul survivant. Il se rendit à la Grande Chartreuse où on lui permit de choisir des religieux pour repeupler le monastère. Pétrarque, qui légua à sa mort une somme d’argent au monastère, rapporte la légende suivante sur la fondation de la chartreuse.
Avec les événements de 1578-1579-1580-1581 amenèrent de nombreux Chartreux à fuire leur couvent. Belgentier, Méounes, Montrieux furent le théâtre d'affrontements sévères entre les troupes rivales des guerres de religion. De très nombreux habitants quittèrent leurs maisons, s'en allèrent vers Toulon. Les moines s'éloigneront du couvent.
C'est alors qu'un groupe de gens de Signes, Méounes et Belgentier, parmi lesquels se trouvait la femme Isabelle Florence dite "l'Amour" ou "la Moure", se rendit à la Chartreuse en décembre 1578 et la livra au pillage. Le désastre fut tel et la situation des moines si triste que le chapitre général de 1579 chargea le prieur d'Avignon de s'entendre avec l'évêque de Toulon et les autorités civiles de Hyères pour décider s'il fallait reconstruire la Chartreuse sur son ancien emplacement ou la transférer soit à Toulon soit à Hyères.
En décembre 1581, l'affaire de la translation était si avancée que le R.P. Général donnait pouvoir au Prieur de Montrieux, Dom Étienne de Faye, de s'entendre avec les Dominicains de Toulon pour le choix du lieu de construction de la nouvelle Chartreuse. Mais l'affaire en resta là. Montrieux se releva de ses ruines et les Chartreux qui avaient émigré à Toulon et à la Verne rentreront au couvent.
Abandonnée à la Révolution, les moines s'y établissent à nouveau en 1843 et en sont chassés manu militari une nouvelle fois en 1903 par les lois Combes anticongrégationnistes de la Troisième République et le bâtiment vendu aux enchères à Brignoles. Les religieux, 14 pères et 14 frères lais, se réfugient à la chartreuse de la Cervara en Italie et en 1936, la communauté de la Cervara fusionne avec celle de Montrieux, quitte le monastère de Cervara pour aller dans la chartreuse de Mougères. En 1928, une communauté de Chartreux revient dans les lieux, mais apparemment, à l'époque du voyage de Pierre Auguste, la Charteuse est apparemment inoccupée, mais une visite est probablement organisée pour la Chapelle.
C’est à la Chartreuse de Montrieux que fut inhumé le comte de Valbelle. Son tombeau, un des plus beaux monuments de Provence, composé de quatre figures féminines, deux debout, deux assises, est attribué à Christophe Fossati et fut détruit à la Révolution. Les statues furent vendues. L’Espérance fut placée à la Sainte-Baume, la Force au tribunal de Draguignan, la Provence, après avoir décoré une fontaine à Toulon, se trouve au musée de la ville et enfin sainte Monique a été envoyée à Fréjus. Le buste par Houdon, retrouvé en 1811, est au musée de Draguignan. Deux petits pleureurs sont dans l’église de Méounes-lès-Montrieux.
Aujourd’hui la communauté est composée de 7 pères du Cloître, de 3 frères et d’un moine demeurant chez les Petites Sœurs des Pauvres. Ce qui différencie un père d’un frère est le degré et la façon de vivre la solitude : certains s’épanouiront dans la solitude très stricte de la cellule (les pères) et les autres dans une vie comportant une plus grande part d’activité physique. Il n'y a pas de noviciat. Les novices ne sont formés que dans les deux autres chartreuses françaises, la Grande Chartreuse et la chartreuse de Portes. Ils furent très proches de la fondation des Petits Frères de Jésus et de leur consolidation dans les années 1950.