Montauroux (Village perchés-83)

Limitrophe des Alpes-Maritimes, Montauroux est située dans le département du Var, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, à environ 20 kilomètres de Cannes et la Côte d'Azur. Typiquement provençal, surnommé "le balcon de l'Estérel", Montauroux est un des 9 villages perchés du Pays de Fayence. Village niché sur une arête rocheuse et s'étalant à flanc de coteau, entouré de vastes massifs forestiers, Montauroux mérite le détour tant il regorge de richesses diverses.

En provenance de Nice ou de Marseille, il faut quitter l’A8 à la sortie n°39 « Les Adrets de l’Estérel » puis suivre la D37, puis la D562.  Un paysage de collines et de coteaux boisés s'offre à vous. Mais Montauroux, caché dans une épaisse végétation, est difficile à voir de loin. Typiquement provençal, ce très vieux village fut bâti en gradins. Perché à 364 m d'altitude, Montauroux n'était au XIe siècle qu'une place forte militaire. C'est au XIIIe siècle qu'un village s'implante sur la colline.

Même si l’on retrouve des traces de vie datant de la Préhistoire et de l’époque romaine. La situation géographique de ce lieu est tout à fait privilégiée, entre contreforts alpins au nord, ancienne via Aurélia au sud, la rivière de la Siagne à l’ouest et l’enfilade des villages du pays de Fayence à l’ouest. Le premier village s’est appelé le "Mont d’Aurosa", ce qui avec les déformations linguistiques et orales est devenu Montauroux. Montauroux émerge véritablement en 1044, lors de l’installation de Pierre d’Aurosa sur ce piton calcaire.  Le seigneur Pierre d’Aurosa faisait partie des chevaliers de confiance que l’Église installait sur leurs domaines éloignés afin de défendre les paysans et leurs biens. Construisant son « castlan » sur un rocher dominant les terres cultivables, Pierre d’Aurosa fit construire une église et contribua à l’installation de paysans dans des grottes situées au pied du rocher et tout autour de l’église. 

Le XIVe siècle apporte son lot de catastrophes naturelles ravageant les cultures et engendrant la famine, la venue de la peste, sans oublier le changement de mains de la Provence. Le roi de France tentant de s’approprier la Provence, les petits fiefs fortifient leur village. Montauroux ayant déjà un embryon avec sa grosse tour carrée entourée d’un mur d’enceinte, la forteresse s’agrandit en 1365, puis furent construits des murs englobant la bourgade. Au XVIe siècle, Montauroux connaît des heures sombres avec les guerres de Religion où se déroula la célèbre bataille de Montauroux, qui opposa en 1592 l'armée d'Henri IV aux troupes du duc de Savoie. 

En effet, les troupes de Savoie approchant, le roi Henri IV de Navarre dépêche le duc d’Epernon, alias Jean de Nogaret de la Valette, pour assurer la protection de la Provence. Mais l’ambition et le pouvoir étant les plus forts, Epernon trahit le roi, assiège Montauroux, fait pendre presque tous les défenseurs du village et démolit la forteresse en 1592. Depuis lors, les Montaurousiens ayant la rancune tenace, brûlent l’effigie du duc tous les ans, lors de la fête patronale de la Saint-Barthélemy.

De cette forteresse subsiste une haute tour crénelée construite en maçonnerie. Le château de Tournon, construit dans la forteresse aux XVe et XVIe siècles, possède une courtine crénelée en blocage sur plan semi-circulaire, une chapelle et plusieurs autres bâtiments, bel ensemble restauré. (château de Tournon, propriété privée, ne se visite pas). Le château de Tournon au XIIIe siècle faisait partie du domaine de Callian. En 1235, apparaît dans les textes le castrum de Tournon, forteresse dont les ruines dominent la Siagne. Il s’agit d’une forteresse militaire destinée à protéger le passage de la Siagne. La seigneurie de Tournon, fut confiée aux Villeneuve qui en devinrent les seigneurs puis vint les Pontevès, suivis des Castellane au XVe siècle. Ces derniers possèderont le domaine pendant deux siècles et construiront, plus bas, faute de confort dans la forteresse, le château de Tournon.

Après ces moments terribles, le XVIIe siècle fut une période prospère pour tous, avec la construction, sur l’emplacement même de la forteresse, de la chapelle Saint-Barthélemy, l’élévation au rang de marquisat de Montauroux, grâce au marquis Charles de Lombard, Président au Parlement d'Aix, qui finança la construction d’un hôpital et d’une chapelle à la Colle Narbonne (Colle noire actuelle), car Montauroux fut longtemps un passage sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Après un siècle de lumière relativement calme, Montauroux connaît de grands travaux, le pavage des rues de 1589 à 1862 et la première amenée d’eau potable au cœur du village en 1867 par le biais de fontaine et plus tard la construction de lavoirs. Puis les Montaurousiens firent leur propre révolution en se libérant du « joug » du marquis de Lombard.

Le 12 décembre 1851, le département du Var est en état de siège. C’est le temps de la répression impitoyable : Allongue le juge de paix de Fayence fournit aux autorités une liste de 17 habitants de Montauroux parmi les 130 habitants du canton qui sont poursuivis pour leur engagement républicain : 11 Montauroussiens sont condamnés pour leur participation à la commission insurrectionnelle ou à la colonne armée arrêtée à Seillans. Plusieurs d’entre eux se réfugient dans des cabanons à Siagne ou s’enfuient à Nice espérant des jours meilleurs.

Aujourd'hui, Montauroux va vous surprendre avec tous ses visages. Ce village longtemps sentinelle, surveillant l’entrée de ce territoire regorge de nombreuses richesses naturelles, de petits patrimoines privés, d'anciens lieux de mémoire et des traditions quelque peu oubliées. Venez les découvrir au gré d'une balade dans le village, un dépliant est à votre disposition à l'Office de Tourisme. Cette balade vous fera parcourir le vieux village du point le plus ancien au point le plus récent et permettra également de découvrir une ressource et une richesse bien conservées sur ce territoire : l'eau. Une balade au fil de l'eau où fontaines, lavoirs, abreuvoirs, canal couvert et culée d'aqueduc jalonneront votre parcours. Une remontée dans le temps au fil de l'eau.

En arrivant au pied du village de Montauroux, on passe devant un grand lavoir traditionnel sur lequel s'appuie la place centrale. Perché sur sa colline, il fait face à Callian situé sur la colline voisine. Il paraîtrait qu'on entendait jadis d’un village à l’autre, les annonces faites par le crieur public. Vous trouverez deux parking gratuit pours stationner votre véhicule : le parking Place du Clos ou le parking de la Fontaine. Dirigez-vous vers le Bureau d'Information Touristique de Montauroux, Espace Manfredo Borsi, situé sur la Place du Clos.

Dans l'espace Manfredo Borsi se trouve une exposition des œuvres de Manfredo Borsi, orfèvre, peintre, céramiste, qui a inventé les "Tableaux céramiques". Cette exposition présente des œuvres prêtées par la ville de Montauroux à la suite d'une donation de son fils Armand et de son épouse Houria. De la place du Clos, place centrale du village et véritable balcon sur l’Esterel, une vue à 180° s’offre à vous, allant du massif du Tanneron au massif des Maures en passant par l’Esterel. La table d’orientation vous guidera dans la lecture de ce magnifique panorama.

La Mairie domine la place du Clos avec son toit "à la marseillaise", coiffé d'un campanile et d'une horloge, elle abrite dans son hall, une robe de mariée, création du couturier Christian Dior y est exposée. Pour explorer Montauroux, empruntez l'une des petites ruelles étroites bordées de maisons aux murs de pierre et ponctuées de petite placettes, de fontaines et quelques petits commerces et cafés. Elles montent toutes vers le sommet du village et l'église paroissiale Saint-Barthélemy. Dans la rue Eugene Segond, de nombreux linteaux francs-maçons ornent les maisons.

Vous voici sur la Place Justin Blanc, place en hommage aux héros de la résistance. Prendre la rue du Rastel, en Provençal Rastel est un lieu de réunion où l'on offre à boire ou lieu où se tient cette réunion. A n°24 bis de la rue Rastel, vous trouverez une "cuberte", passage couvert qui permettait un accès direct aux champs situés en contrebas. Poursuivre jusqu'à l'église Saint-Barthélémy, mentionnée au cartulaire de Lérins au XIIe siècle, cette église a été agrandie en 1691. La façade montre encore parfaitement les traces de l’église primitive : porte ancienne murée, murs extérieurs, ancien oculus et clocheton. Anciennement, l’église possédait un toit en tuiles vernissées comme à Callian, mais depuis la foudre incendiaire de fin XVIIIe siècle, des tuiles normales recouvrent cet édifice. Dernière restauration interne de l’église en 1994.

L'église Saint-Barthélémy présente en son sein un chœur orné d’une fresque à ciel ouvert, exécutée en 1859 par deux peintres niçois, Galli et Coste, et représentant les quatre évangélistes et Saint-Barthélemy. Elle renferme également plusieurs retables signés Van Loo dans les chapelles latérales, un baptistère surmonté d'une coquille de gypse (signe que Montauroux marqua une étape importante sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle), le tableau de l’Assomption, la statue de saint Barthélemy, ainsi qu'un orgue italien restauré datant de 1870. En 1970, au cours de travaux de restauration de l’église Saint-Barthélemy de Montauroux, un parchemin est découvert, témoignage républicain, dissimulé dans un œil de bœuf.

En voici le texte : « Cette tribune a été faite à Montauroux par Blanc Pons Paulin pour maire Truc et pour recteur Murère du Bar. Fait à Montauroux, le 23 juin 1849, l’an de la République. Vive la République démocratique et sociale : liberté, égalité et fraternité. Le citoyen Blanc , menuisier ». L’auteur de ce message n’est autre que Paulin Blanc, né en 1825, qui a été chargé d’un travail de menuiserie dans cette église. Les archives nous livrent de nombreuses informations sur l’engagement républicain de ce personnage. Recherché par les autorités comme 13 autres Montauroussiens, il est déclaré en fuite en janvier 1852 à l’image de tous ses camarades. 

En prenant la montée, au n°12 de la rue de l'Église, sur votre gauche découvrez l'ancien prieuré du XVIe siècle qui servit également d'hôpital pendant la Seconde Guerre mondiale puis de maison de repos. Les vestiges de l'ancienne Forteresse bâtie sur un piton rocheux par le seigneur d'Aurosa détruite en 1592, se trouve au n°21. Vous débouchez sur "l'iéréto", où l'on battait le blé au fléau, autrefois. Depuis l'ancien cimetière, profitez d'une très belle vue panoramique sur la vallée et le village de Callian.

Le point culminant de Montauroux est la chapelle Saint-Barthélemy, nommée d’après le Saint Patron du village, Apôtre-martyr parti évangéliser la Mésopotamie où il fût dépecé vivant. La chapelle Saint-Barthélemy faisat partie d’un ensemble castral datant du XIIIe siècle comprenant un logis et une chapelle. Le tout fût démoli en 1592 pendant la guerre de la Ligue lors des attaques des troupes du duc d’Epernon. Sa reconstruction, à la demande des membres de la confrérie des Pénitents blancs, qui s’occupait des mourants et des morts.

La chapelle Saint-Barthélemy actuelle a été construite avec les pierres de l’ancien fort suite à une souscription des habitants de Montauroux et fût achevée en 1638 comme l’indique l’inscription placée au dessus de la porte d’entrée donnant sur le cimetière, son architecture est assez anodine. Vendue après la Révolution, changeant de propriétaires au cours des siècles cet édifice s’est trouvé dans les biens de Christian Dior lorsqu’il acquit le Château de la Colle Noire en 1950 dominant la plaine de Montauroux. Il la fît restaurer et en fit don à la commune en 1953 qui l'a restaurée. 

L'intérieur spectaculaire de la chapelle Saint-Barthélemy avec sa voûte en berceau et ses murs entièrement recouverts de panneaux de bois peints lui valurent d’être classée au patrimoine des monuments historiques en 1958. Les décors peints de la chapelle ont dû être réalisés entre 1755 et 1760 ; une série de délibérations du conseil de la communauté, enregistrées entre 1753 et 1758, semble déterminer le contexte de mise en place de ce décor. Treize tableaux se succèdent ainsi au-dessus des bancs des confrères pénitents, consacrés à la vie de la Vierge, de la Visitation à la Pentecôte.

La quasi totalité de ces peintures a trouvé sa matrice dans un gigantesque corpus européen des XVIIe et XVIIIe siècles. La gravure identifiée comme la plus récente, à l’origine du Couronnement d’épines, illustre des Evangiles anglais publiés en 1754. Les panneaux s’organisent sur deux registres, les douze Apôtres et les symboles des litanies de la Vierge, vases, roses et encensoirs. Ces panneaux alternent avec des trophées de coiffes, ornements liturgiques, instruments de dévotion et matériel de procession. Le plafond commémore le mariage de la Vierge. La scène de mariage orientée face à l’entrée se trouve au centre d’un décor de bouquets. Elle jouxte, d’une part à sa gauche un cartouche consacré à sainte Barbe, mais surtout à sa droite une sainte Marguerite, patronne des femmes mariées. Les quatre médaillons pourraient évoquer, à défaut d’une généalogie, une petite galerie familiale, composée des « portraits » de Joachim et Anne, parents de la Vierge, et de Jésus. L’hypothèse d’un mariage célébré en la chapelle des Pénitents, à l’origine d’un legs qui aurait permis le financement du décor, n’est pas à écarter. Visite seulement de l'extérieure du site.

Descendre la rue des Marchands, première rue de l'origine du village avec ses maisons troglodytes. C'est là, sous un arbre que les anciens consuls tenaient leurs assemblées. Prendre sur votre droite la rue de la Fontaine, il existe de nombreuses fontaines et quelques lavoirs faisant entendre leur douce musique au coeur du village. Continuez en direction de la rue Mirabeau, au n°9 de la rue, dans le renfoncement de la placette, se trouvait la maison du Marquis de Lombard de Gourdon, devenu par mariage en 1672, marquis de Montauroux et du Castellet ; seigneur de Gourdon, de Cuébris, de Sainte-Cécile et de Courmes. Un peu plus bas, au centre de la place de la Rouguière coule une fontaine-abreuvoir à double vasque, et tout autour, on peut voir plusieurs linteaux sculptés et gravés. 

Prenez sur votre gauche la rue de la Rouguière, puis sur votre droite la rue Antoine Bonnet, au niveau du n°7, la Fontaine Saint-Antoine est la première fontaine publique du village construite en 1875 sur l'emplacement d'une chapelle. Avant de reprendre votre véhicule, descendez l'avenue Georges lacombes jusqu'au Lavoir de la Barricade. Le lavoir de la Barricade est un lavoir communal couvert où se faisait autrefois la bugade. La bugade est un terme d'origine provençale (bugado en provençal) qui désigne la grande lessive du linge de maison et par extension le lieu où on faisait la lessive. La technique consistait à blanchir le linge à la cendre. En vigueur avant l'invention du savon au XVIIe siècle, la grande lessive à la cendre se pratiquait au printemps et à l'automne. C'était un événement de la vie communautaire qui rassemblait les femmes du village et donnait lieu à une grande fête avec repas, chants et danses. En face du Lavoir de la Barricade sur la gauche, le moulin à huile est toujours en activité.

Depuis Montauroux vous êtes à deux pas du lac de Saint-Cassien et sa réserve ornithologique. Au travers d'une balade sur les bords du lac de Saint Cassien ou même non loin du village, un passé riche d'histoire vous attend. Disséminés sur la commune de Montauroux, les vestiges d'un canal couvert d'amenée d'eau, une culée d'aqueduc, les ruines d'un aqueduc ou encore des meules. Au lieu-dit Font Neuve, dans le vallon de Mailla, sur l’ancien chemin allant de Montauroux à Mons, existent toujours un lavoir datant de 1756 ainsi qu’un abreuvoir plus ancien. De nombreuses sources alimentent en eau ces lavoirs qui se sont rapprochés petit à petit du cœur du village. Couverts et entretenus, ils offrent une belle mémoire de notre passé. Au Nord du village de belles promenades sont à faire dans les trois vallées de la Haute-Siagne. La rivière de la Siagne et ses affluents traversent un territoire protégé avec une biodiversité très riche, une végétation luxuriante et sauvages.

N'oubliez pas !

Les lieux les plus enchanteurs sont souvent les plus vulnérables. L'affluence du tourisme pouvant fragiliser encore plus les lieux, veillez à en prendre soin et à ne laisser aucune trace de votre passage. Par respect pour les habitants et l'environnement, merci de respecter le droit de propriété et à la vie privée, respecter les panneaux signalétiques et consignes. 

• Veillez à toujours respecter les biens et les personnes lors de votre passage et de ne pas pénétrer sur les terrains privés.
• Observez le code de la route en tous lieux et en toutes circonstances, et soyez courtois avec les autres usagers que vous pourrez croiser sur votre chemin.
• Camping et Feux interdits (pas de barbecue) - La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
• Veuillez ramasser vos déchets avant de partir. Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne. L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre. ​Pensez boite à mégots.

Soyez vigilants et attentifs à tous ces petits gestes pour que nos petits et grands paradis le reste encore de nombreuses années et que les personnes qui passeront derrière nous en profitent tout autant.

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