Tourrettes (Village perché-83)

Tourrettes, village pittoresque du Pays de Fayence, est situé dans le département du Var, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ce Village perché se trouve à l'est de la ville de Fayence, dans le canton de Roquebrune-sur-Argens à 32 km de Draguignan et 27 km de Grasse par la D562. Le site séduit par son charme et ses étroites ruelles qui rappellent les villages médiévaux de la région.

Les visiteurs de passage prennent plaisir à flâner sous les platanes qui embellissent le village. Son panorama sur les massif des Maures, l'Estérel ou encore la mer Méditerranée ne manque pas d'intérêt, tout comme ses petits escaliers ou ses passages voûtés. Tourrettes est un véritable musée à ciel ouvert. Dans un décor unique, façades, portes ou volets se sont abandonnés aux mains de plus de 80 artistes créant par leur talent une galerie insolite.

En provenance de Marseille ou de Nice, il faut quitter l’A8 à sortie n°39 « Fayence /Les Adrets de l’Estérel » puis suivre la D562. Sur votre droite, juché sur sa colline, le village de caractère de Tourrettes. Ce village bâti au XIe siècle, à 400 m d'altitude, est reconnaissable de loin par les tours de son château érigé vers 1830. Prolongement de Fayence, les deux communes ont longtemps été rivales.

L’époque romaine a laissé des traces sur la commune : le canal romain qui amenait l’eau de la Siagnole à Fréjus traverse, en partie sous terre, le nord-est de la commune. Une importante villa romaine se trouvait au quartier Saint-Simon, établissant déjà la vocation agricole de la plaine de Tourrettes. D’autres vestiges attestent la présence romaine sur toute l’étendue de la commune. Après la chute de l’empire romain, la Provence dut faire face à l’insécurité, et dans le même temps se plaça sous le signe de la ferveur religieuse.

C’est en 1032 qu’apparait le nom de Tourrettes dans les cartulaires du monastère de Lérins, évoquant probablement les petites tours de bois d’un petit fortin construit à l’époque. Puis de Saint Victor de Marseille en 1043, date de la construction de l’église Saint-André. La période troublée du haut Moyen-Âge favorisa la multiplication de « castra », villages fortifiés ou places fortes. Les archéologues ont pu répertorier dix sites fortifiés, dont  le premier château de Tourrettes qui fut construit par Bertrand de Villeneuve, seigneur de Tourrettes à partir de 1321. Il n’en reste que la Tour de l’Horloge. Le XIVe fut fatal à certaines places fortes fortifiées : la peste fit des ravages en plusieurs vagues au cours de ces années noires, et les guerres de succession de la Reine Jeanne décimèrent les « castra » isolés.

L’église a été reconstruite en 1546 et le vieux château, refuge pour les Carcistes (catholiques contre protestants), est détruit au canon par les Fayençois en 1590. En 1592, la famille de Villeneuve s’installe dans une grosse bâtisse au cœur du village de Tourrettes (mairie actuelle), dont les belles salles voûtées en sous-sol rappellent l’architecture. Au cours des deux siècles suivants, Tourrettes déploie ses ruelles et placettes autour du vieux château. La deuxième partie du XVIIe siècle voit l’apogée de la famille de Villeneuve grâce à l’habileté dénuée de scrupules de Pierre de Villeneuve, né à Tourrettes en 1639. Après une carrière militaire, il réussit à faire ériger sa terre de Tourrettes en comté, puis récupère l’héritage et les propriétés d’Antoine de Villeneuve, marquis de Trans. Le marquisat lui est adjugé en 1689, et le voilà « premier marquis de France ».

Le dernier des Villeneuve Tourrettes, Louis Henri, « le plus joli marquis du royaume » selon le Roi Louis XVI, fut arrêté le 10 août 1792 par le tribunal révolutionnaire pour avoir défendu le Roi et guillotiné le 5 juin 1793. L'original du buste de la Marianne révolutionnaire se trouve dans la salle du Conseil de la Mairie de Tourrettes... Le 15 août 1944, lors du débarquement de Provence, des unités parachutistes américaine et britanniques sont larguées autour de Fayence par erreur (elles devaient se poser à proximité du Muy). Immédiatement attaquées par les Allemands, elles réussissent à les repousser puis descendre sur Le Muy, en réquisitionnant des véhicules. Le maire des Tourrettes, venu aux informations, est tué.

Depuis la D562, tournez à droite sur la D19, puis la D219. Vous trouverez plusieurs parkings gratuits dans le village de Tourrettes : à la Chapelle des Pénitents, au Parking Boudoura. Nous vous conseillons de vous garer sur le parking du château du Puy situé sur la route de Fayence. Après avoir stationné votre véhicule, profitez de la vue sur le village où se détache le toit de l'église en tuiles vernisées. Dans un merveilleux payages, le village paisible est entouré de genêts, d'oliviers peuplé de cigales. Au gré de la rue du Château du Puy, engagez-vous dans Tourrettes, par un dédale de ruelles pavées, ponctuées de sculptures inspirées, de peintures colorées, de placettes.

Le Château du Puy, aujourd’hui propriété privée, fut construit par Jacques Alexandre Fabre, l’un des premiers polytechniciens français, né à Tourrettes le 18 mars 1782. Alexandre Fabre fut envoyé auprès du Tsar Alexandre 1er, par l’Empereur Napoléon 1er, en qualité d’ingénieur des Ponts et Chaussées, pour tracer des routes à l’intérieur du vaste empire Russe. Après être resté 20 ans en Russie, il en revient Général Major avec une pension annuelle de 8000 roubles. En souvenir de cette période, il construit le château du Puy en 1830 qu’il veut être une parfaite réplique de l’École des Cadets de Saint-Pétersbourg. Il en fera son habitation mais aussi un Musée pour ses collections.

A présent partez à la découverte d'un Musée à ciel ouvert tel un parcours culturel insolite. En effet, au coeur du village de caractère de Tourrettes, dans un décor unique, quelque 80 oeuvres d'artistes ornent les façades des maisons anciennes, les portes en bois ou les volets des maisons, créant ainsi une galerie insolite. Paysages lumineux, portraits malicieux, chats facétieux, jeux d’ombres, lumières et silhouettes, mosaïques chatoyantes, sculptures métalliques ou portes aux reflets de bronze,... Du réalisme à l’abstraction et au surréalisme, toutes les disciplines artistiques sont au rendez-vous pour le plus grand bonheur du visiteur.

Commencez votre visite en suivant la rue Droite, sur votre droite la place du Terrail. Le terrail évoque le terrain, Butte, amas de terre, le terrier duquel on extrait l'argile pour les potiers, lieu où l'on entrepose de la terre. Peut-être y trouvait-on un atelier de potier ? Site ou l'on déposait des décombres, ce site était nommé "Terrail". Prendre la direction de la place de l'Horloge, sur la place à l'ombre des platanes, point culminant du village, vous pourrez admirer depuis la table d'orientation le massif des Maures, l'Estérel et la Méditerranée à l'horizon.

La Tour de l'Horloge à proximité date du XIe siècle, cette tour est située sur l'ancien "Château". Le nom de Tourrettes évoque « les petites tours » d’une forteresse, mais il est probable qu’il n’y eut jamais de château digne de ce nom sur ce plateau car, on ne retrouve in situ ou sur d’autres édifices, aucune pierre d’appareillage noble. Au XIIIe siècle, le site fut vraisemblablement fortifié par les Villeneuve, seigneurs du village, huguenots et loyaux sujets du Roi Henri IV, avec quelques tours de guet et un corps de logis sommaire. Au dessous de la tour de l'Horloge, c'est l'Adret, le sud, au devers très prononcé, et sur son talus, les maisons serrées sous la terrasse, pourvues de petites ouvertures, constituaient la première ligne de défense. Cette situation en vigie sur la plaine permettait de déceler toute attaque, d'organiser la défense et d'armer les villageois. Lors des guerres de la ligue, la forteresse Huguenotte des Villeneuve acquis au Roi Henri IV fut bombardée par un canon depuis Fayence.

Dominant le bourg médiéval de Tourrettes, la tour de l'Horloge est une tour carrée d'une hauteur de 20m, coiffée d'un joli campanile en fer forgé.  La tour de l’Horloge présente un appareil de blocage de pierre et de mortier de chaux noyée qui n’a rien de commun avec la construction militaire des forteresses de l’époque. N'hésitez pas de vous perdre dans le centre historique de ce village provençal, empruntez les petits escaliers aux rampes multi-centenaires, entrecoupés de passages voûtés, de porches rustiques, de vieilles pierres chargées d’histoire et de légendes, tournez en rond dans un incroyable labyrinthe de ruelles, sonnant encore du pas des mulets.

Vous voilà sur la place du Rigourié, son emplacement situé sous le site de l'ancien "château" explique son nom tiré du provençal regolier, ou rigoulier (qui roule ou coule dans une rigole). Les effluents venant du logis de la forteresse dévalaient dans la plaine, dirigés par une rigole passant près de la maison enchâssée dans le roc évoquant une chapelle castrale. Suivez la rue de la Jetterie (rue Jitadou en Provençal). La rue de la Jetterie, en encorbellement sur l'ubac du village, à pic sur le ruisseau, permettait la déverse des détritus et rebuts, d'où le nom de Jitadou. Prendre la direction de la place de la Mairie. La Mairie est l'ancienne maison des Villeneuve, réaménagée en 1596 dont le "château" avait été détruit. L'ancienne Mairie, abrite l'actuelle Médiathèque du village et le Musée Baston.

La Mairie est ornée d'un bas-relief maya, apposé à la mémoire de Joseph Marius Alexis Aubin (1802 - 1891), ce tourrettan était le Précurseur de l'archéologie au Mexique; il collectionna les "codex" mexicains. Réhabilitée par la Mairie, le Musée d'Art et d'Essais, vous invite à la découverte des œuvres originales du dinandier d'art Fayençois, Paul-Maurice Perrier-Morillon offertes par Mme Ode Perrier, l’épouse de l’artiste, et celles des artisans d’Art de Tourrettes. Paul-Maurice Perrier-Morillon se définissait comme un "anarutopiste", anarchiste et utopiste à la fois. L'art de la dinanderie consiste par le martelage d'une feuille de cuivre, d'étain ou de laiton. Poursuivre votre visite via la Grande Rue, rue principale pour le passage de la piste muletière de liaison entre les villages. Passablement sinueuse et étroite, elle constituait l'itinéraire principal le plus direct.

Remontez la rue du Braou, le terme vient du provençal baus, signifiant aplomb, falaise ou escarpement rocheux. Prendre la direction de l'église Saint-André, coincée entre rues pentues et placette minuscule, elle est consacrée à Saint-André et Saint-Martial. Une première chapelle mentionnée dans le cartulaire de l'Abbaye de Saint Victor à Marseille fut érigée vers 1010 en contrebas de l'édifice actuel. Détruite lors de guerres à la fin du XIVème siècle, l'édifice fut entièrement reconstruite au XVe siècle, sur un plan à nef unique, dans le style Renaissance provençale. L'édifice est constitué d’une seule nef, qui est voûtée, étayée par de massifs contreforts, consolidation indispensable, réalisés en 1980, entre lesquels s’ouvre sa grande porte dans le mur du midi. Ce portail est couvert d’un tympan soutenu par deux piliers de pierre. Au-dessus de cette porte une haute fenêtre éclaire la nef.

L'église Saint-André de Tourrettes,arbore un clocher du XVIIe siècle rénové en 2019 et recouvert de tuiles vernissées jaune et bleu, fabriquées en Bourgogne. Pour la visiter, demandez en Mairie, la clé. Une fontaine adossée à sa façade, et un passage en "soustet" contribuent également à son charme. Le Soustet sont à la Provence ce que sont les « Traboules » aux lyonnais… En effet, ce sont des passages sous voûtes, des ruelles couvertes, des petits tunnels passant sous des habitations.

Après cette visite, descendre la Rue des Jardins, pour vous rendre à la Chapelle des Pénitents, construite au cours du XIVe siècle. Autrefois appelée Notre Dame de Cavaroux, avec son clocher typiquement Provençal, a été bâtie par les moines de Lérins. Cette chapelle accolée au cimetière, elle était à l’origine le tombeau des Seigneurs de Tourrettes. Elle devint chapelle de la Confrérie des Pénitents Blancs à partir du XVIIe siècle. Les pénitents étaient des laïcs, exclusivement, représentant toutes les couches sociales. Leur œuvre caritative d'assistance publique et la prise en charge de détresse s'étend aux champs les plus larges jusqu'à la Révolution. Chaque pénitent endosse une robe appelé "sac" généralement attachée à la cagoule qui permet d’œuvrer dans l'anonymat. La couleur désigne une action caritative précise et un patronage religieux reconnu.

Vous pouvez également découvrir le lavoir Boudoura. En provençal boudou veut dire gros, gonflé. Il désigne ce ruisseau au cours vigoureux. Le lavoir rappelle les us du Moyen-Age et tout ce qui entrait dans les obligations des co-seigneurs. Lieu de vie où les commentaires et ragots allaient bon train. À Tourrettes, diverses activités nature vous attendent. De nombreux chemins de randonnée partent du village : dénivelé, longueur, vous trouverez des itinéraires adaptés aux débutants comme aux marcheurs plus expérimentés. Ce beau village de caractère, sur l’itinéraire de deux autres villages de caractère voisins, Mons et Callian, saura vous séduire par son riche patrimoine culturel, artistique et sa douceur de vivre.

N'oubliez pas !

Les lieux les plus enchanteurs sont souvent les plus vulnérables. L'affluence du tourisme pouvant fragiliser encore plus les lieux, veillez à en prendre soin et à ne laisser aucune trace de votre passage. Par respect pour les habitants et l'environnement, merci de respecter le droit de propriété et à la vie privée, respecter les panneaux signalétiques et consignes. 

• Veillez à toujours respecter les biens et les personnes lors de votre passage et de ne pas pénétrer sur les terrains privés.
• Observez le code de la route en tous lieux et en toutes circonstances, et soyez courtois avec les autres usagers que vous pourrez croiser sur votre chemin.
• Camping et Feux interdits (pas de barbecue) - La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
• Veuillez ramasser vos déchets avant de partir. Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne. L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre. ​Pensez boite à mégots.

Soyez vigilants et attentifs à tous ces petits gestes pour que nos petits et grands paradis le reste encore de nombreuses années et que les personnes qui passeront derrière nous en profitent tout autant.

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