Beauchastel (Village de caractère-07)

Classé Village de caractère et inscrit sur l'inventaire des sites pittoresques de l'Ardèche, Beauchastel est située dans le département de Ardeche en région Auvergne-Rhône-Alpes, le village prend place à quinze kilomètres de Valence et à une vingtaine de kilomètres de Privas, au confluent de l’Eyrieux et du Rhône. Il se situe au cœur du Bas-Eyrieux, non loin de Valence, Saint-Laurent-du-Pape ou Toulaud.

Le village de Beauchastel est un village d’origine médiévale, a été fondé dans le courant du XIIe siècle au pied du château à l'origine de son nom. Pillé durant la guerre de Cent ans puis lors des guerres de religion, il a perdu malheureusement au fil des siècles une partie de son patrimoine d'origine. Le village se reconnaît à son puissant donjon carré. Ses maisons en schistes de la montagne et en galets de l’Eyrieux, ses passages couverts, ses escaliers tortueux et ses ruelles étroites grimpent du bas de la colline jusqu’à la place du village. La population du village est répartis entre le vieux village d’un côté de l’ancienne 86 et les maisons plus récentes, du XXème siècle en général, de l’autre côté, en direction du barrage.

Grenier à sel du royaume lors des XVIIe et XVIIIe siècles, la commune est depuis devenue un haut lieu du tourisme régional grâce à d'importantes campagnes de restauration dans son vieux village. Beauchastel attire également par sa gastronomie, son territoire faisant partie de zones d'appellation comme l'IGP Coteaux de l'Ardèche, la châtaigne d'Ardèche, le jambon de l'Ardèche, le Picodon, le poulet des Cévennes ou encore le saucisson de l'Ardèche. Beauchastel en a des histoires à partager avec vous !

Au départ de Montélimar, prendre A7, puis la N7 pour sortir sur la D104N pour rejoindre Le Pouzin. Il ne reste alors plus qu’à suivre la D86 pour arriver au village de Beauchastel. Si vous arrivez de Valence, il faudra suivre la N7, traversez le Rhône au niveau de Champfort, puis la D86 jusqu'au village. Accroché à la roche, en hauteur comme pour éviter les crues de la rivière, ce village au caractère fameux invite à une balade au hasard de son labyrinthe de ruelles souvent animées, jusqu’au pied de son ancien château du XIIe siècle. L'ancien village de Bellum Castrum est le principal attrait de Beauchastel.

Le village est cité pour la première fois sous le nom de « Bellum Castrum » en 1179 lorsque  Odon, évêque de Valence, donne vers 1179 à l’Église de Valence le dominium du castrum et du mandement de Bellum Castellum. L’évêque réserve toutefois l’usufruit de ce castrum à son neveu Odon II de Retourtour et à ses héritiers, à charge pour eux de tenir Beauchastel en fief rendable de l’Église de Valence. Les premiers seigneurs, les Retourtour et les Briand font ériger des remparts et un donjon à base carrée pour se protéger. On accèdera à l’intérieur des remparts par des portes dont il reste certains emplacements. En 1224, Aymar II de Poitiers, comte de Valentinois, et son fils Guillaume reconnaissent tenir Beauchastel en fief rendable de l’Église de Valence. Vers 1235 Armand de Retourtour et ses fils, Maurice et Briand, échangent avec Giraud Bastet, seigneur de Crussol, tout ce qu’ils possèdent, notamment à Cornas et à Soyons, contre trois parts du castrum et du mandement de Beauchastel achetées par Giraud Bastet à Jocerand Pilosi et sa femme pour 4000 sous.

Compromis vers 1244 entre Philippe de Savoie, évêque de Valence, et Aymar de Poitiers, comte de Valentinois. L’évêque de Valence réclame notamment la restitution de divers castra dont Gluiras, Beauchastel et Saint-Marcel que le comte avait saisi au détriment de l’Église de Valence et pour lesquels il ne rendait pas hommage. Les arbitres décident que le comte de Valentinois devra tenir Gluiras, Saint-Marcel et Beauchastel en fief de l’évêque de Valence. Testament en 1247 d’Armand de Retourtour. Son fils Maurice reçoit notamment Beauchastel et tout ce que possède Armand dans le castrum de Retourtour. Vers 1289 Odon et Armand de Retourtour, seigneurs de Beauchastel, frères, donnent à Aymar de Poitiers tout ce qu’ils avaient acquis de Béraud de Bouzols au lieu appelé del Bozat situé sur le chemin public entre les Nonières et Saint-Agrève.

Aymar IV de Poitiers, comte de Valentinois, reconnaît en 1299 tenir de Guillaume de Roussillon, évêque de Valence, le château de Beauchastel. Procuration passée en 1302 par Aymar IV de Poitiers, comte de Valentinois, à Guillaume Crespin, châtelain de Sauzet, pour aller réclamer à Armand de Retourtour, seigneur de Beauchastel, trois bourgeois de Valence, arrêtés par son fils Briand et enfermés dans le château de Beauchastel. Testament en 1310 d’Armand, seigneur de Retourtour et de Beauchastel. Il émancipe son fils aîné Odon et lui donne notamment son château de Beauchastel.

Par la suite on retrouve des mentions du village vers 1530, début de la Réforme à laquelle les habitants ont adhéré rapidement. Puis ce furent les guerres de religion qui sévirent sur Beauchastel pendant près d’un siècle. Les habitants restèrent fidèles à leur foi malgré les tentatives de reconversion par la force des armées royales. L'église du village fut détruite en 1570 par l'amiral de Coligny. En 1562, lorsque la guerre éclata entre le parti protestant et le parti catholique, Coligny s'engagea aux côtés du prince de Condé. 

En 1618 Beauchastel devient un des 70 greniers à sel du Royaume de France, il le sera jusqu’en 1789. Le grenier à sel, dont l’emplacement n’est toujours pas connu, etait gardé militairement. Entre temps, devenu une forteresse huguenotte, le village fut fortifié en 1620 et un temple fut construit en 1609. Le village fut ravagé par les guerres de religion, en 1622, les fortifications sont rasées sur ordre de Louis XIII. De cette période, seul le donjon protecteur à base carrée reste l’ultime défense. Construite trop près de l’Eyrieux, l’église sera détruite par les crues à deux reprises, l’actuelle bâtie vers 1769 est bien enchâssée entre les maisons du vieux village. Une digue a été édifiée au bord de l'Eyrieux en 1860.

Porte naturelle de la vallée, le village de Beauchastel s'etait ramassé au sein de fortifications dont il subsiste quelques traces. Aujourd'hui, le site a su conserver une partie de son aspect médiéval, notamment avec les ruelles en escalier, ses bâtisses médiévales, mais dévoile également quelques très beaux éléments architecturaux de style Renaissance. Situé à flanc de colline, il se compose de deux parties distinctes : le vieux village et la basse ville (village moderne). Sur les pans escarpés de la colline, ce sont des maisons en schiste et en galet de l’Eyrieux qui s’imbriquent les unes aux autres. Le centre se visite à pied, prévoir environ une heure pour découvrir ses charmes et ses recoins,... Les ruelles de ce petit village sont un véritable voyage dans son histoire.

A la sortie de Beauchastel, en direction de la vallée de l’Eyrieux, un grand parking permet le stationnement facile de votre véhicule. Une ancienne porte des remparts existe toujours. Une exposition permanente de masques guide les pas des visiteurs à travers les ruelles au milieu de maison bâties avec du schiste de la montagne (noir) et des galets de l’Eyrieux en alternance. Sur place, on recommande notamment de découvrir l’impasse du bac qui fait référence au "bac à traille" installé autrefois, pour traverser l’Eyrieux. Si vous aimez les vieux villages il faudra grimper via des escaliers tortueux, pour découvrir le labyrinthe de ruelles qui vous mènera à chaque fois vers une nouvelle surprise. A droite du parking une montée permet d’accéder à la place de l’église où des informations peuvent être obtenues à La Succulente, ancienne maison Valette, "Point info" de l’été qui devient aussi salle d’exposition durant cette période. L’Espace La Succulente était l’École des filles en 1842, puis un café de 1855 à 1932.

Cette place de l'église était la seule du Vieux Village, remarquez les maisons ayant plusieurs rangs de génoises : petits arcs sous les toits, ce qui indiquait la richesse des propriétaires.  L’église Saint-Jean-l’évangéliste de Beauchastel a la particularité d’être imbriquée dans les maisons. Depuis le XVIe siècle, Beauchastel a subi la destruction successive de trois églises, à cause des crues de l’Eyrieux ou des guerres de religion. L'actuelle fut construite en 1769, bien enchâssée entre les maisons du vieux village. La bénédiction de l’église, qui prend comme les précédentes le vocable de Saint Jean l’Evangéliste, se déroule le 2 juillet 1769 en présence du vicaire général de l’Evêque de Valence, des curés de Beauchastel, la Voulte, Saint Laurent et Royas, ainsi que des personnalités de la commune.

Lors de la révolution en 1789, l’église Saint-Jean-L’évangéliste est utilisée comme lieu de manifestations. Le 30 août, on y procède à l’élection des « officiers de la compagnie de milice bourgeoise », c’est-à-dire la garde nationale. Jacques Garnier, bourgeois, est élu capitaine commandant. Le 29 novembre, le vicaire Raphet, pour obéir à la proclamation de la loi martiale, y bénit le drapeau rouge de la garde. Durant l’année 1795, la nation, en guerre contre la monarchie d’Europe, manque de ressources et fait procéder à l’inventaire des églises. Les objets en argent de celle de Beauchastel (calice, patène, ostensoir, croix) sont expédiés au magasin des dépouilles. L’église devient le temple de la raison où se tiennent les assemblées de la Société Populaire et les séances du conseil municipal, convoquées au son de la cloche.

Depuis la construction de cette église, environ tous les 20 ans des travaux ont été inlassablement entrepris de tenter de remédier à la pénétration des eaux. Malgré l’évolution des techniques, ce problème d’humidité est hélas toujours présent, l’implantation de l’église avec un mur intégralement adossé à la colline, ne permettant pas une solution simple et peu onéreuse du problème. C’est pourquoi, depuis plusieurs années des travaux s’avéraient une fois de plus indispensables. Outre l’assainissement de l’église ils devraient contribuer à la mise en valeur de son architecture. L'église Saint-Jean-l’évangéliste est de plan allongé, collée au nord à la pente de la colline, et enchâssée à l'est et à l'ouest entre deux maisons. Porche sur la façade sud atteint par une large volée d'escaliers. Petit clocher mur à une arcade sur le mur mitoyen à l'ouest. La nef est de trois travées voûtées en arêtes et abside en cul de four. Deux petites chapelles formant un transept s'ouvrent sur la troisième travée.

Partant de la place de l'église, prendre à gauche de l’église les escaliers sous un passage voûté, où l’on peut voir la Maison des Seigneurs construite au XVIe siècle dans la ruelle qui porte ce même nom. Cette demeure, pourvue de magnifiques fenêtres à meneaux, appartenait à la puissante famille de Tournon. La famille de Tournon, qui prit son nom de la ville de Tournon, située sur la rive droite du Rhône, dans le Vivarais, était connue dès la fin du XIe siècle avec Pons de Tournon, abbé de La Chaise-Dieu en 1094, évêque du Puy en 1102, et son frère Gilbert, croisé en 1096, mais sa filiation remonterait à 1188, c'est-à-dire à l'hommage lige prêté par Odon de Tournon à Philippe-Auguste pour son château de Tournon. 

Pour continuer cette visite du vieux village de Beauchastel un choix multiple de ruelles et venelles s’offre aux promeneurs, avec des escaliers, des porches, de nombreuses fontaines d’eau potable… Venelles si étroites, que, en certains endroits, en se plaçant au centre on peut toucher les maisons situées de part et d’autre en écartant les bras. Ces vestiges médiévaux, très longtemps en ruines, a bien failli entièrement disparaître. Sa réhabilitation in extremis est une chance pour conserver la mémoire des lieux. Le Vieux Village a fait l’objet d’un impressionnant chantier de réhabilitation grâce à l’action de l'association "Enfants et Amis de Beauchastel", née en 1973. Une restauration exemplaire a été réalisée par des passionnés bénévoles sur des propriétés communales.

Poursuivre par la Rue Font du Chat, admirez la fontaine du Chat : la légende veut qu’un guérisseur habitait près de la fontaine. Il capturait et tuait les chats afin de récupérer leur graisse, pour confectionner des baumes thérapeutiques. Un dicton prétend : « Qui boit l’eau à la Fontaine du Chat, à Beauchastel reviendra ». Arrivée en haut du village, avant d’atteindre la tour, vous tomberez sur une place dominant la vallée de l’Eyrieux. La vue y est magnifique. Le théâtre de verdure donne une première vue sur la partie récente de la commune au bord de l’Eyrieux. Jusqu'en 1980, se trouvait en ces lieux le cimetière catholique. Au XVIe siècle il y avait deux cimetières sous la tour : le cimetière protestant et celui des catholiques. Le théâtre de verdure a été créé dans cet espace. Aujourd'hui, ce cadre remarquable sert de scène à tous les artistes qui se produisent tout au long de la saison estivale : concerts, théâtre

La tour du château est la seule trace encore visible du château défensif de Bellum Castellum : "beau château" détruit lors des guerres de religion.  Les ruines, aujourd’hui isolées, dominent le vieux village de Beauchastel. Le bâtiment ne présente pas d’ouverture visible et les étages paraissent avoir été uniquement planchéiés : il peut être daté du XIIe siècle. Rien n’est visible de l’enceinte ou des bâtiments qui devaient accompagner la tour. Au tout début du XVIIe siècle, le château de Beauchastel est déjà décrit comme ruiné. Le  château de Beauchastel, propriété privée, ne se visite pas, vestiges. En haut, au pied de la tour une table d’orientation aide à découvrir la région environnante. On peut redescendre par le chemin de la tour et passer par la ruelle du ruisseau de Lissignol, maintenu sous terre après ses nombreuses crues dont la dernière a eu lieu en 1979.

La Grand'rue, correspond à l'ancienne route royale, elle remontait la vallée de l'Eyrieux, à distance respectable de l'impétueuse rivière. Au début du XXe siècle, c'est le quartier commerçant du village. Le nombre et la diversité des commerces et ateliers d'artisans révèle l'importance de Beauchastel : 800 personnes vivaient ici en 1901 ! le village était également le lieu de quatre foires par an, autant d'occasions pour toute la région de faire commerce. Les vestiges du grenier à sel de forme octogonale sont également visible. Beauchastel eut son heure de gloire au XVII° et XVIII° siècle quand le village fut l’un des 70 greniers à sel du royaume de France. Le sel venait de Camargue et était chargé au port, lieu de tous les échanges. De 1905 à 1944, Alphonse Gurlhie sculpteur d'art brut a habité à Beauchastel. Pratiquant une expression populaire atypique, ce personnage hors du commun a fait un jardin exposant ces "totems" où figure un bestiaire coloré qui préfigure l'art brut.

Le village de Beauchastel se trouve à deux pas de la ville de Valence. Si vous avez décidé de vous y rendre, cela peut aussi être l’occasion de découvrir ce que Valence a à offrir comme la Cité des arts et des sciences, la cathédrale Sainte-Marie de Valence, la Loge de la soie, l’Oceanogràfic, le marché central de Valence ou encore le parc Gulliver.

N'oubliez pas !

Les lieux les plus enchanteurs sont souvent les plus vulnérables. L'affluence du tourisme pouvant fragiliser encore plus les lieux, veillez à en prendre soin et à ne laisser aucune trace de votre passage. Par respect pour les habitants et l'environnement, merci de respecter le droit de propriété et à la vie privée, respecter les panneaux signalétiques et consignes. 

• Veillez à toujours respecter les biens et les personnes lors de votre passage et de ne pas pénétrer sur les terrains privés.
• Observez le code de la route en tous lieux et en toutes circonstances, et soyez courtois avec les autres usagers que vous pourrez croiser sur votre chemin.
• Camping et Feux interdits (pas de barbecue) - La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
• Veuillez ramasser vos déchets avant de partir. Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne. L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre. ​Pensez boite à mégots.

Soyez vigilants et attentifs à tous ces petits gestes pour que nos petits et grands paradis le reste encore de nombreuses années et que les personnes qui passeront derrière nous en profitent tout autant.