Collégiale Saint-Barnard (Romans-sur-Isère-26)

La cité de Romans-sur-Isère, dotée du label « Ville et pays d’art et d’histoire », abrite un patrimoine architectural remarquable. Lors d'une étape sur la route de vos vacances, il faut cheminer dans la vieille ville aux ruelles pavées, depuis la tour Jacquemart jusqu'à la collégiale Saint-Barnard.

L'imposante Collégiale Saint-Barnard sur les rives de l'Isère, alliant vestiges romans et architecture gothique, est au nombre des plus beaux édifices religieux de la région. Parmi ses trésors, une tenture de la Passion du Christ et les vestiges du porche avec ses statues-colonnes du XIIe siècle. Tout commence en 837 lorsque l'archevêque de Vienne, Barnard, fonde une église près d'un gué sur l'Isère. Puis l'église deviendra une collégiale avec l'arrivée des chanoines au Xe siècle. 

C'est autour d'elle que la ville va progressivement se développer et devenir le cœur battant de Romans-sur-Isère. Les nombreux miracles, attribués aux reliques de Saint-Barnard conservé dans l'église, en firent un important lieu de pèlerinage à l'origine de la fondation de la ville de Romans.

La Collégiale Saint-Barnard a une histoire longue et mouvementée avec de fréquents dommages et reconstructions au cours des siècles... Barnard fonda, en 838, une abbaye bénédictine au bord de l'Isère près d'un gué très fréquenté et d'un ancien temple païen. L'église fut dédiée à Saint-Pierre et à Saint-Paul et en mémoire aux martyrs viennois Exupère, Félicien et Séverin : les trois Doms. Barnard y fit transférer leurs reliques en 840, année de la mort de Louis le Pieux. La mort de Louis le Pieux raviva la guerre que se livraient ses fils pour la succession.

Barnard naquit en 778 dans une illustre famille du Lyonnais. Compagnon d'armes de Charlemagne, il se maria en 796. En 801, il fonda l'abbaye d'Ambronay puis quitta femme et enfants en 802 pour se faire moine. Il devint abbé en 807. Sur les instances du pape Léon III et de Charlemagne, il fut élu archevêque de Vienne en 810. À la mort de Charlemagne, en 814, l'empire revint à Louis le Pieux qui, en 829, préleva un domaine sur les terres de ses fils ainés pour le donner à son fils cadet, Charles le Chauve. Ce qui provoqua la révolte de ces derniers qui réunirent un grand nombre de prélats, dont Barnard, qui déclarèrent Louis le Pieux incapable de régner et l'enfermèrent dans un monastère. Louis le Pieux parvint à se rétablir sur le trône en 830. Pour se venger des intrigants, il convoqua, en 835, un concile. Barnard fut contraint de se réfugier chez Lothaire en Italie. En 836 ou 837, Louis le Pieux accepta que Barnard redevienne archevêque de Vienne à condition qu'il se retire de la vie politique.

Barnard mourut le 22 janvier 842, à 64 ans, il Il fut enseveli suivant un usage cher à la piété chrétienne de ce temps, sous 1e larmier de l’église. Un tombeau vide, orné d’un nimbe crucifère, fut découvert en 1932 contre les fondations de la sacristie actuelle. On le brisa sous prétexte qu’il n’offrait ni cachet artistique, ni inscription. Un fragment de l’épitaphe du saint, retrouvé en 1845, a été encastré dans un des contreforts extérieurs de l’abside.

Les Normands, établis dans la Camargue, remontant le Rhône en 860, détruisirent l’abbaye de Barnard et son église.  Il faudra attendre l'an 908 pour sa reconstruction réalisée par l'abbé David installé en ces lieux par l'archevêque de Vienne Alexandre. Vers 908, Alexandre, archevêque de Vienne, qualifiait la création de Barnard « d’illustre monastère distingué tant par le culte divin que par les édifices matériels. » Les travaux se prolongèrent jusqu'en 920.

L'abbaye Saint-Barnard ne subsista pas longtemps. Au cours d’un conflit entre Sobon. archevêque de Vienne élu en 927, et les moines de l’abbaye romanaise, le puissant seigneur Silvion de Clérieu, qui avait prit le parti de l’archevêque, livra aux flammes l’église et le monastère.  En pénitence pour cette destruction, le pape Jean XI imposa à Silvion de Clérieu un pèlerinage à Rome, la reconstruction de l'abbaye et la libération de 60 cerfs. Les moines furent cependant remplacés entre 932 et 939, probablement à l'initiative de l'archevêque, par un chapitre de chanoines réguliers dirigé par l'abbé Rainulphe.

En 944, fut procédé à l'élévation des reliques de Barnard. Elles furent placées dans une châsse d'argent à gauche de l'autel. De nombreux miracles furent alors constatés devant son tombeau et l'endroit devint un important lieu de pèlerinage. En 1025, Léger, l'arrière-petit-fils de Silvion de Clérieu, fut élu abbé de Saint-Barnard. Il devint archevêque de Vienne en 1031. C'est à lui que l'on doit la construction du premier pont, le "Pont Vieux", sur l'Isère. Il autorisa, en 1049, le chapitre à construire un cloitre contre le flanc sud de l'église et des maisons sur le côté nord.

Guignes, Dauphin et conte d'Albon, en conflit avec l'archevêque Étienne de Vienne incendia l'abbaye et la ville qui s'était établie autour d'elle en 1133. En 1134, quatrième incendie de l’église. C’était l’oeuvre de Guigues Dauphin, comte d’Albon, en lutte contre l’archevêque-abbé Etienne. Le feu n’avait pas tout détruit. On utilisa ce qui subsistait et l’on entreprit de pourvoir aux besoins du culte. L'archevêque Jean de Bernin fit construire, en 1219, la partie gothique du transept et du chœur de l'église. Il fit également reconstruire le pont sur l'Isère et plaça sur la première arche un hospice pour les femmes en couche.

Près d'un siècle plus tard, en 1342, les Romanais, exaspérés par la tyrannie exercée par les chanoines, se soumirent au Dauphin Humbert II. Le romanais devint alors une partie intégrale du Dauphiné. Humbert II, menant un train de vie au-dessus de ses moyens, céda le 30 septembre 1349, ses états du Dauphiné à la couronne de France pour pouvoir payer ses dettes, notamment au pape Clément VI. L'acte de vente fut signé dans l'église Saint-Barnard. Cet acte est à l'origine du nom de Dauphin que porta ensuite l'héritier du trône de France.

Le vandalisme protestant n’épargna point Saint-Barnard. Le bâtiment a subi de nouveaux dommages au XVIe siècle, durant les guerres de religion, l'abbaye fut saccagée, pillée, en 1562, par les troupes du baron des Adrets. En 1567, la façade fut mutilée par les bandes de Cardé et Geyssans, le clocher privé de ses cloches et de sa flèche, les parties hautes abattues. En octobre 1572, François de Belleforest ayant « commission du roi de pourtraire toutes les villes de son royaume » signala que l'église Saint-Barnard était ruinée. Les moines estimèrent alors le coût des dégâts à 200 000 livres. Entre 1574 et 1583 furent entrepris des travaux pour mettre l'église hors d'eau. Ces travaux furent cependant gênés par le manque de moyens et par des épidémies de peste.

En 1652, Charles de Lionne, sacristain deuxième poste après l'abbé, entreprit la reconstruction du chœur suivi de la nef qui sera achevé en 1720. À sa mort, en 1701, Charles de Lionne légua 2000 livres pour les travaux et les huit tentures exposées dans la chapelle du Saint-Sacrement. Ces tentures illustrent le mystère de la Passion et la résurrection du Christ.

Pendant la Révolution française, Saint-Barnard fut le théâtre de scènes « patriotiques » puis antireligieuses. Le cloître du XIe siècle a été en grande partie démantelé à cette époque. On mutila des sculptures, on enleva les cloches et l’on rafla les vases sacrés. L'église devint "Temple de la Raison" le 15 avril 1794, on fêta la « déesse Raison ». Pour plaire à Robespierre, la municipalité fit inscrire, sur le tympan du portail, ces mots, qu’on y lisait encore vers 1900 : « Le peuple français reconnaît l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme. » Le cloitre, les chapelles annexes et le vieux clocher furent vendus comme bien national en 1796 à des particuliers.

L'église fut rendue au culte catholique en 1801. Elle fut classée Monument historique par Prosper Mérimée en 1840, classement confirmé en 1952. Les orgues furent installés en 1843. Entre 1857 et 1863, la municipalité de Romans procéda à la destruction des parties restantes du cloître pour établir des quais le long de l'Isère malgré les protestations des Monuments historiques. Le souffle du dynamitage par les troupes françaises en 1940 du "Pont Vieux" détruisit la majeure partie des vitraux de l'église.

Le 14 mai 2003, la collégiale Saint-Barnard accueillit les cendres de Béatrix de Hongrie (1285-1354), fille de Charles, roi de Hongrie, roi de Naples et des Deux-Sicile, belle-sœur du roi de France, Louis X le Hutin, épouse du Dauphin Jean II en 1309 et mère du Dauphin Humbert II. Elle fut inhumée à sa mort dans le couvent Saint-Just de Claix. Après le saccage au XVIe siècle du couvent par les huguenots, ces restes furent transférés, en 1680, dans une chapelle du couvent Saint-Just de Romans. En 1906, la loi sur la séparation de l'église et de l'état obligea les religieuses à quitter le couvent qui devint une école et une caserne de gendarmerie. Les ossements de Béatrix furent alors transférés dans l'église Saint-Nicolas qui fut, elle aussi, fermée en 2003.

Malgré cette longue histoire, la collégiale Saint-Barnard présente de nombreux points d'intérêt lors de votre visite. La collégiale a une longueur de 65 m. Sa nef unique de quatre travées a une largeur de 11 m et une hauteur de 25 m. Le transept est large de 33 m. Le clocher, d'une hauteur de 36 m, est flanqué d'une tourelle d'escalier et abrite quatre cloches.

La nef possède des murs de style roman jusqu'à une hauteur de 12 m. Ils sont surmontés d'une galerie à colonnettes (160 arcades brisées) de style gothique. Dans les murs se trouvent, de chaque côté de la nef, onze colonnes engagées soutenant une arcature aveugle en plein cintre. La nef est couverte d'une voute d'ogive du XVIIe siècle. La nef possède un portail au nord (Saint-Jean) qui donne sur un passage dans une cour privée à l'emplacement d'une chapelle détruite. Un portail, du côté sud de la nef, donne sur la chapelle du Saint-Sacrement résultant de la fusion au XIVe siècle de deux petites chapelles

La façade de l'église a un clocher sur le côté gauche, et comprend une entrée de style roman qui a conservé certains de ses arcs, sculptures et colonnes d'origine, bien que les statues de l'entrée de Saint-Pierre, Saint-Jean et deux autres saints n'ont pas leurs têtes, dégradé par les protestants durant les guerres de religion. Il y a un arc et des fenêtres de style gothique dans la partie supérieure de la façade.

À l'intérieur, l'église présente une disposition simple avec une seule nef, un transept et un chœur. La majeure partie de l'église est de la reconstruction de style gothique, bien que des parties de la construction de style roman antérieur puissent être vues dans la première partie de la nef. À mi-hauteur des murs de la nef, le triforium a une longue rangée d'arcs en pierre et au-dessus de cela vous pouvez voir les arcs gothiques avec les vitraux. Les chapiteaux sculptés sur les colonnes de la nef sont l'une des caractéristiques les plus intéressantes de l'église Saint-Barnard, et comprennent des statues et des bustes ainsi que des représentations de feuillages et d'animaux.

La chapelle du Saint-Sacrement est décorée de fresques du XVe siècle illustrant la légende des trois Doms et par les huit tentures de 1555 légué par Charles de Lionne. Dans le chœur, des peintures murales du XIVe siècle sont remarquables de couleurs, motifs géométriques et représentations figuratives. Le chœur de la collégiale possède une abside polygonale richement décorée de fresques du XIVe siècle représentant la Jérusalem celeste avec des saints et des anges, et nous rappellent que l'intérieur de nombreuses églises a été peint à l'époque médiévale, contrairement à la pierre nue que nous voyons plus souvent aujourd'hui.

D'autres peintures peuvent être vues dans la chapelle Saint-Sacrement, accessible par une porte de style roman sur le côté sud de la nef: vous pourriez reconnaître le Palais des Papes à Avignon dans l'une de ces peintures du XVe siècle, et une autre montre le pont en Romains -sur-Isère qui a été bombardée pendant la guerre. Toujours dans cette chapelle, vous pouvez voir une sculpture peinte du XVIIe siècle de la "Mise au Tombeau" et une magnifique tapisserie brodée de la Passion. Un ajout plus récent est les vitraux du côté ouest de l'église. En 2000, six vitraux figuratifs contemporains furent installés sur la façade occidentale pour remplacer ceux détruits durant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont été réalisés par l'artiste allemand Georg Ettel en collaboration avec l'atelier valentinois Thomas Vitraux et mettent en scène l'Apocalypse de l'apôtre saint Jean.

La grande sacristie abrite de superbes boiseries en noyer du XVIIIe siècle et de nombreux objets d'art sacré. Parmi les reliques de la collégiale Saint-Barnard de Romans-sur-Isère se trouve une mule ou pantoufle du pape Pie VI mort à la citadelle de Valence, le 29 août 1799, alors qu’il y était prisonnier. Cette mule été donnée à la collégiale Saint-Barnard, par le père Tourel, curé de Cliousclat, qui la tenait, depuis 1851, de la famille de Ravel. Lorsque le pape Pie VI fut emprisonné à la citadelle de Valence, en 1799, on demanda à quelques gros propriétaires de la ville de faire apporter tous les meubles qu’ils voudraient bien prêter.

Des expositions temporaires et des concerts ont lieu plusieurs fois par an dans la Collégiale Saint-Barnard. Des visites guidées sont possibles pour les groupes comme pour les particuliers. En été, tous les week-ends, la sacristie et la Chapelle du Saint Sacrement sont accessibles au public. Pour les visites guidées, se référer au programme "Rendez vous Valence Romans Agglo" édité par le Pays d'Art et d'Histoire. 

N'oubliez pas !

Les lieux les plus enchanteurs sont souvent les plus vulnérables. L'affluence du tourisme pouvant fragiliser encore plus les lieux, veillez à en prendre soin et à ne laisser aucune trace de votre passage. Par respect pour les habitants et l'environnement, merci de respecter le droit de propriété et à la vie privée, respecter les panneaux signalétiques et consignes. 

• Veillez à toujours respecter les biens et les personnes lors de votre passage et de ne pas pénétrer sur les terrains privés.
• Observez le code de la route en tous lieux et en toutes circonstances, et soyez courtois avec les autres usagers que vous pourrez croiser sur votre chemin.
• Camping et Feux interdits (pas de barbecue) - La nature est fragile et des chutes de pierres sont parfois fréquentes.
• Veuillez ramasser vos déchets avant de partir. Plus que les sacs plastiques ou les pailles, ce sont les mégots de cigarettes qui pollueraient le plus les océans. les filtres à cigarettes se dégradent très lentement. Deux ans en moyenne. L'un des "petits gestes élémentaires" à accomplir : ne plus jeter ses mégots par terre. ​Pensez boite à mégots.

Soyez vigilants et attentifs à tous ces petits gestes pour que nos petits et grands paradis le reste encore de nombreuses années et que les personnes qui passeront derrière nous en profitent tout autant.